Les petits chevaux
Les petits chevaux iront au Paradis...
Dédié à Karine Rousset, pour son amour des chevaux,
Avec toute notre amitié : Georges et Svetlana
Voici trois petits poèmes russe et un français pour celles et ceux qui aiment les chevaux, comme Karine sait les aimer.
En espérant que ces vers les conduisent un jour jusqu'au Ciel...
Les chevaux - Кони
Больше всего на свете
Любят побегать вволю
По лесу, лугу, полю.
Любят в траве валяться,
В теплой реке купаться,
И спят они очень тихо,
Не терпят чужого крика.
Скрипа возов гружёных,
Вожжей да хлыстов тяжёлых,
Поэтому и не странно,
Что кони седеют рано…
Les chevaux sont comme des enfants :
Ce qu’ils aiment le plus au monde
C’est de pouvoir courir à l’envi,
Par les forêts, les champs, la plaine.
Ils aiment se rouler dans l’herbe,
Se baigner dans l’eau tiède des rivières,
Et dormir paisiblement,
Sans supporter ni les cris dérangeants,
Ni le grincement des chariots surchargés,
Ni les rênes, ni les coups de fouet.
Voilà pourquoi il n’est pas étonnant
Que les chevaux grisonnent si précocement...
Des chevaux dans le creux de la main - Кони на ладони
Зачерпнул воды рукой.
Вдруг смотрю, а по ладони
беспокойно мчатся кони.
Дышат белые бока
До чего же быстро гонит
ветер в небе облака.
Je me suis penché au-dessus de la rivière.
J’ai pris de l'eau pour me désaltérer.
Soudain dans le creux de la main
Je vois des chevaux qui galopent, inquiets,
Leurs flancs blancs tout haletant.
C’est le vent sans relâche
Qui pousse les nuages.
Весь мир мы смогли потерять.
А наши прекрасные кони
В тот миг разучились летать.
Никто не отыщет пропажи,
Никто и не вспомнит о том,
Что кони прекрасные наши
Питались лучистым овсом.
Лишь лики на древней иконе
Сочувствуют нашей беде.
А наши прекрасные кони
Умели ходить по воде.
Страшнее не будет потери.
Не глядя друг другу в глаза,
Мы, словно пугливые звери,
Уходим в густые леса.
В краях, где иные законы
Мы будем судимы не раз.
А наши прекрасные кони?..
Они не покинули нас.
Идут рядом с нами в бессилье,
Не жалуясь и не крича,
Свои белоснежные крылья
По чёрной земле волоча.
Nous tenions le monde dans le creux de la main
Et nous l’avons laissé échapper.
Et nos beaux chevaux, à cet instant,
Ont oublié comment s’envoler.
Personne ne retrouvera ce qui a été perdu,
Personne ne se souviendra
Que nos beaux chevaux
Ont mangé l’avoine dans les Cieux.
Seuls les saints visages sur l’icône
Compatissent à notre malheur.
Nos beaux chevaux,
Eux, savaient marcher sur l'eau.
Il n'y aura pour nous de pire perte.
Sans se regarder dans les yeux
Nous voilà comme des animaux apeurés,
Nous enfonçons dans les forêts profondes.
Dans ces contrées où les lois sont différentes
A la fin c’est nous qui serons jugés.
Et nos beaux chevaux ? ..
Eux ne nous ont pas abandonnés :
Ils marchent à nos côtés, épuisés,
Sans se plaindre ni hennir,
Laissant traîner sur la terre noire
Leurs ailes blanches comme neige.
***
Voici un poème français, traduit en russe : Le petit cheval blanc de Paul Fort. Sa simplicité naïve n'a d'égale que la profondeur des émotions qu'il provoque : joie, bonheur et tristesse à la fois...
Complainte du petit cheval blanc
Грустная народная песня маленькой белой лошади
Paul Fort (1913) Пол Фор
Traduction en russe : Svetlana Weiss / Перевод на русский: Светлана Вейс
Le petit cheval dans le mauvais temps, qu’il avait donc du courage ! C’était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n’y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage. Il n’y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.
Mais toujours il était content, menant les gars du village, à travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage. C’est alors qu’il était content, eux derrière et lui devant.
Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu’il était si sage, il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps, qu’il avait donc du courage ! Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.
Маленькая лошадь во время ненастья, как у неё хватало мужества! Это была маленькая белая лошадь, все позади, а она впереди.
В этом унылом месте никогда не было хорошей погоды. Весны никогда не было, ни раньше, ни потом.
Но она всегда была довольна, везя деревенских ребят, через чёрный дождь полей, все позади, а она впереди.
Повозка катилась, преследуя её красивый дикий хвостик. Как же она была счастлива! они позади, а она впереди.
Но однажды в ненастье, в тот день, когда она была такой мудрой, она умерла от удара белой молнии, все позади, а она впереди.
Она умерла, так и не дождавшись хорошей погоды: какой же она была смелой! Она умерла, так и не увидев весну, ни раньше, ни потом.
Voici l'interprétation émouvante de Georges Brassens (1952)...
Lecture : Svetlana Weiss.
Les trois poèmes russes sont extraits de l'ouvrage de Vladimir. A. Stepanov 'Les chevaux dans le creux de la main' ('Кони на ладони') - 1981.
Le poème de Paul Fort est extrait de « Ballades du beau hasard - Lieds, complaintes, élégies » (1913)
Un commentaire
rousset karine
Merci Georges,Sveta, Elena pour ces textes magnifiques qui me touchent infiniment….C’est toute ma steppe kirghize qui me revient grâce à vos mots et vos voix…AAAhhh !!!