• Alice – Sur l’île des contrebandiers (VII.01)

    Chapitre sept :
    Sur l’île des contrebandiers

    Глава седьмая:
    На острове контрабандистов

     

    Premier épisode  - Первый эпизод

    Petites-nouvelles-russes - Alice - La cabane des contrebandiers
    La cabane des contrebandiers

    Остров, к которому причалила лодка с пленниками, был невелик, каменист, и, хоть лежал неподалёку от берега, к нему редко приставали лодки. Нечего тут было смотреть. Когда-то, лет двести-триста назад, на острове жили контрабандисты и соорудили здесь каменный дом, вернее, хижину. Крыша давно обвалилась, но в ней можно было укрыться от ветра. Недавно здесь работали археологи. Археологи ничего не нашли, но оставили после себя несколько ям и траншей, прорезавших центр острова.На картах остров не значился — слишком он мал и незначителен, а для судоходства он никакой опасности не представлял — в этот пустынный уголок Крымского побережья редко заглядывали суда.

    Всего этого Алиса, конечно, не знала. Для неё остров был большой скалой, вылезающей из воды, скалой пустынной, без единого деревца. Солнце уже зашло, и остров был сиреневым и мрачным. Баржа, приткнувшаяся к нему, казалась чёрной.

    Когда лодка подошла к самому берегу, из развалин хижины вышел робот, такой же большой и ржавый, как те, что взяли в плен Алису, и спустился к воде.

    — Добыча есть? — спросил он.
    — Один большой человек и один маленький, — сказал робот.
    — Для начала неплохо, — сказал новый робот. — Я доложу шефу.

    Он повернулся, скрипнув суставами, и скрылся в развалинах — бывшем приюте контрабандистов.

    Робот вывел Алису и старика на берег, отключил пульт управления. Другой развязал пленникам руки и вынул кляп изо рта Алисы.

    — Хулиганы какие-то! — сказала Алиса, отдышавшись. — Со мной-то вы справились, а каково вам будет, когда люди возьмутся за вас в серьёз!

    Роботы как будто не слышали eё. Они стали по стойке «смирно», ожидая, когда снова вышедший из развалин робот подойдёт к ним.

    — Шеф благодарит за службу, — сказал он.

    Роботы в ногу потоптались на месте и замерли.

    — Шеф не может сейчас смотреть добычу. Он есть занят.

    Роботы снова потоптались и снова замерли.

    — Можете отдыхать, — сказал местный робот. — Но только знать меру. Ясно?
    — Так точно! — сказали роботы хором, мигнули круглыми глазами и ушли, сразу забыв о пленниках.

    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    L'île sur laquelle vient de s’amarrer le canot avec les captifs est petite, rocheuse, et bien qu'elle se trouve non loin de la côte, les bateaux ne s'y rendent que rarement. Il n'y a rien à voir. Autrefois, il y a deux ou trois cents ans, des contrebandiers séjournaient sur cet îlot et y avaient construit une baraque en pierre. Depuis longtemps son toit s’était effondré mais il était encore possible de s'y abriter du vent. Plus récemment, des archéologues s’y étaient rendus et n'y avaient rien découvert. Seulement avaient-il fait plusieurs trous et laissé des tranchées à ciel ouvert qui traversaient l’île de part en part.

    L'île n'apparaissait sur aucune carte - elle était trop petite et insignifiante, et pour la navigation elle ne présentait aucun danger - les navires fréquentent rarement ce coin désert de la côte de Crimée.

    Tout cela, Alice, bien sûr, l’ignore. Pour elle, l’îlot n’est que ce gros rocher sortant de l'eau qu’elle avait vu de loin, un rocher désertique sans un seul arbre. Le soleil s’était déjà couché et dans l’obscurité naissante l'île s’était colorée de teintes lilas. Une barge était amarrée là et en ce début de nuit sa coque paraissait plus noire encore.

    Avant que le canot n’accoste, un robot est sorti des ruines de l’ancienne cabane des contrebandiers, un robot aussi grand et rouillé que ceux qui ont capturé Alice. S’approchant de l’embarcation il demande :

    - Alors, votre butin ?
    - Un humain adulte et un plus petit, lui déclare le robot depuis le canot.
    - Pas mal pour une première expédition. J’en ferai rapport au chef.

    Quand il se retourne et repart vers la ruine, la fillette peut entendre grincer tous les rouages de ses articulations.

    Sur le canot, le robot a coupé le moteur tandis que le second, après avoir débarqué les deux captifs, leur délie les mains puis retire le bâillon de la bouche d'Alice.

    - Vous n’êtes que des voyous ! leur lance-t-elle, en reprenant sa respiration. Avec moi, vous vous en êtes bien tirés, mais quand vous aurez affaire à mes amis vous allez voir !

    Les robots ne semblent pas vouloir l’entendre. Ils se tiennent au garde-à-vous, attendant que le garde qui les a accueillis sorte à nouveau de la vieille baraque.

    Quand celui-ci réapparaît, il leur déclare solennel :

    - Le chef vous félicite...

    A ces mots, les robots se mettent à trépigner puis se figent.

    - Le chef ne peut examiner votre butin maintenant : il est très occupé...

    Les robots secouent à nouveau leur carcasse et se figent à nouveau.

    - Allez vous reposer, mes braves, leur dit le robot de garde. Mais gardez un œil ouvert... Est-ce clair ?
    - Compris, mon caporal ! répondent d’une seule voix les deux robots en faisant clignoter leurs yeux ronds. Leur mission accomplie, ils s’éloignent, comme s’ils avaient déjà oublié le sort des captifs...

  • Alice – Les pirates du crépuscule (VI.04)

    Chapitre six :
    Les pirates du crépuscule

    Глава шестая:
    Пираты на закате

     

    Episode quatre  - Четвёртый эпизод

    Petites-nouvelles-russes - Alice - Le canot s'éloigne

    Показался второй робот с чемоданчиком. И Алиса узнала чемодан Светланы Одинокой! Робот шёл медленно и важно, и последние лучи солнца играли на его теле. Он нёс в руке палку и тыкал ею в спину старику – типовому деду, которого гнал перед собой.Ой, – сказала Алиса, – старик!

    Руки деда были связаны за спиной, борода повисла на грудь, но рот был свободен. Старик что-то сердито бормотал.

    «Робот робота ведёт», – хотела сказать Алиса, но удержалась. Ведь старик был самым обыкновенным и хорошо сделанным роботом, хоть и с причудами, потому что был кинозвездой. Он, правда, грозил Алисе палкой на бульваре, но, как потом объяснил Герман, никогда бы её не ударил. Просто у него была такая роль в кино – сердитый старик.

    – Ох, грехи наши тяжкие! – бормотал старик, забираясь в лодку. – За что же это такая напасть – поймали меня железные люди-антихристы!

    Тут он увидел Алису и совсем расстроился.

    – Дитё-то за что? Это как же получается? Дитё-то малое…
    – Молчать! – сказал робот. – Неповинующихся мы отправляем за борт.
    – Ой-ой-ой! – сказал старик и умолк.

    Робот включил двигатель, и лодка бесшумно прокралась к выходу из бухты. Роботы вели её поближе к скалам – видно, боялись попасться на глаза киношникам. Только отойдя вдоль берега на большое расстояние, лодка повернула в открытое море. Роботы приказали пленникам лечь на дно, а сами достали из-под скамейки широкие мексиканские шляпы, надели их и издали стали похожи на отдыхающих.
    Тихонько шипел двигатель, стучали волночки о пластиковый борт лодки, и Алисе показалось, что с берега кто-то кричит:

    – Алисааа! Где ты?

    Но, может быть, ей это только показалось.

    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    Le second robot revient portant une petite valise. (Alice reconnaît le minimiseur de Svetlana Solitaria !) Il marche lentement et d'un pas solennel. Les derniers reflets du soleil couchant jouent sur son corps métallique. De son autre main, il enfonce un bâton dans le dos d’un vieil homme, le poussant devant lui.

    - Ho, dit la fillette : le grand-père robot !

    Celui-ci a les mains attachées dans le dos, sa barbe pendouille sur sa poitrine, mais lui n’a pas été bâillonné. Il marmonne entre ses dents et semble très énervé.

    « Voilà qu’un robot dirige un autre robot... », voudrait dire Alice, mais elle se retient.

    « Après tout, pense-t-elle, le grand-père est un robot bien bâti et bien imaginé, avec des bizarreries, certes, mais c’est parce qu’il est une star du cinéma : bien sûr, il m’a menacé avec un bâton quand nous étions sur le boulevard, se souvient-elle, mais comme Hermann me l’a expliqué, il ne m'aurait jamais frappée…. C'est juste qu'il devait jouer un rôle dans le film : celui d’un vieux grognard grognon... »

    - Oh, graves sont nos péchés ! murmure le vieillard en montant dans la barque. Pourquoi un tel malheur ? Les antéchrists du peuple de fer m'ont capturé !

    Voyant la fillette, il s’écrie tout bouleversé :

    - Pourquoi le loupiot ? Comment pouvez-vous lui faire ça ? Cette enfant, si petite encore...
    - Silence ! lui lance le robot de métal. Nous jetons les rebelles par-dessus bord !
    - Oh, quel grand malheur ! soupire le grand-père et puis il se tait...

    Les robots ont démarré le canot qui glisse à présent sans bruit vers la sortie de la baie. Tels des pirates, les robots naviguent au plus près des rochers. Apparemment, ils ont peur d'attirer l'attention des cinéastes. Ce n'est qu'après avoir longtemps longé la côte qu’ils mettent le cap vers la haute mer. Ils ont forcé les captifs à s'allonger dans le fond du canot et pour eux-mêmes ont sorti de dessous le banc deux larges chapeaux mexicains qu’ils mettent sur leur tête afin de ressembler, de loin, à des vacanciers.

    Le moteur de l’embarcation ronronne doucement, les vagues battent sa coque en plastique. Il semble qu’à ce moment-là Alice entend crier depuis le rivage :

    - Aliiice ! Où es-tu ?

    Ou peut-être la fillette l’a-t-elle seulement imaginé...

  • Alice – Les pirates du crépuscule (VI.03)

    Petites-nouvelles-russes - Alice prisonnière du robot
    Alice prisonnière du robot - Illustration d'après Evguéni Migounov

    Chapitre six :
    Les pirates du crépuscule
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    Глава шестая:
    Пираты на закате

     

    Episode trois  - Третий эпизод

    Алиса открыла рот, чтобы крикнуть, но металлическая трёхпалая рука в мгновение ока оказалась у её рта и так сильно нажала на лицо, что Алисе показалось, что у неё расплющен нос.– М-мм! – она завертела головой.

    Но тут же робот, не отпуская руки, взвалил её на спину – земля перевернулась и оказалась далеко внизу – и быстро затопал вниз, к лодке.

    Металл неприятно пахнул смазочным маслом и морской водой.

    Одна рука у Алисы была свободна, и она решила бросить что-нибудь на землю, чтобы Герман догадался, что её украли. А то подумает, что утонула, – вот будет переживать! Но кинуть было нечего. Если только сумку, но в сумке миелофон.

    Так Алиса ничего и не придумала.

    Робот приостановился, сделал широкий шаг, и небо над головой зашаталось. Робот опустил Алису на дно лодки и быстро – она даже не успела опомниться, – заткнул ей рот какой-то тряпкой. Тряпка была вонючей, старой, она прижала язык, было трудно дышать. Робот завязал Алисе за спиной руки проволокой, потом посадил её, чтобы она не занимала в лодке много места.

    – Стереги её, – сказал второй робот, который шёл всё время сзади, а теперь остался на берегу. – Я второго принесу.

    Алиса пошевелила пальцами. Проволока была завязана крепко и впивалась в тело. Нет, так её не развяжешь.

    – Подслушивать чужие разговоры плохо, – сказал робот, уставившись на неё круглым глазом. – Не подслушивала бы, ушла бы домой. Теперь ты есть наш пленник.

    Алиса хотела ему возразить, но это очень трудно сделать с кляпом во рту. Она только покачала отрицательно головой, и это не понравилось роботу.

    – Человек, – сказал он, – надо признавать факты. Ты потерпел поражение, а я победил. Значит, будешь слушаться.
    Алиса снова помотала головой. Она, будь у неё возможность, сказала бы сейчас роботу всё, что о нём думала. Никто на свете не имеет права плохо обращаться с детьми. Уж не говоря о роботах. Но даже если бы Алиса и не была ребёнком, всё равно человек всегда сильнее любой машины. Тут уж ничего не поделаешь. И Алиса снова отрицательно помотала головой, чтобы показать, что никакому взбесившемуся роботу с человеком не справиться.
    Робот ещё больше рассердился.

    – Будешь сопротивляться, – сказал он, – я тебя положу в воду, и ты погрузишься в неё с головой и перестанешь получать кислород для дыхания.

    Алиса на всякий случай перестала мотать головой. Если роботу могла прийти в его железную голову мысль напасть на человека, то он может и утопить. И Алиса пожалела, что в своё время мама не захотела сделать ей операцию по вживлению жабр. Некоторым детям такую операцию делают, особенно тем, кто живёт у моря или на искусственных островах. С синтежабрами можно быть под водой сколько угодно. «Приеду домой, – решила Алиса, – обязательно уговорю маму согласиться на операцию. Она ведь безболезненная и ничем не грозит. Наверно, уже миллионов пять людей живут с жабрами. И хоть бы что».

    Petites-nouvelles-russes - Alice - Le canot des robots

    Alice tente alors de crier, mais en un clin d'œil la main métallique du robot, une main à trois doigts, se pose brusquement sur sa bouche et appuie si fort sur son visage qu’elle sent son nez qui s’aplatit.

    - Mmm ! se débat-elle en secouant la tête.

    Mais le robot, la saisit de son autre main, et la bascule sur son dos : elle a l’impression que la terre s'est retournée et que le sol est très loin au-dessous d’elle. De sa lourde démarche, le robot l’emporte vers le canot.

    L’odeur du robot est désagréable : une odeur de métal et d’un mélange de graisse de moteur et d'eau de mer.

    Une des mains d'Alice est libre, et elle décide de jeter quelque chose par terre pour qu’Hermann sache qu’elle a été kidnappée… « Sinon, il croira que je me suis noyée, s’inquiète-t-elle. » Mais elle ne trouve rien à jeter. Elle n’a sur elle que son sac, et dans un sac il y a le précieux myélophone !

    Il ne lui vient sur le moment aucune autre idée...

    Le robot fait une longue enjambée puis s’arrête. La fillette a l’impression que le ciel se balance au-dessus de sa tête. Enfin, il la dépose au fond du canot et, d’un geste rapide (Elle n’a pas même le temps de reprendre son souffle), lui bâillonne la bouche avec un vieux chiffon. Le chiffon empeste et lui écrase les dents. Alice peut à peine respirer. Puis le robot lui lie les mains derrière le dos avec un câble, et la pousse dans un coin du canot afin qu'elle prenne le moins de place possible.

    - Surveille-la, dit le second robot. Mais, au lieu de monter lui aussi sur le canot, voilà qu’il annonce : Je vais chercher l’autre...

    Alice tente de bouger les doigts. Mais le câble est étroitement serré et s’enfonce dans sa chair.

    Non, Alice, il te sera impossible de te détacher ainsi !

    - Ecouter les conversations des autres c'est très très mal, lui déclare le robot en la fixant de son œil rond. Si tu n'avais pas été si curieux, humain, tu serais rentré bien tranquillement chez toi. Maintenant tu es notre prisonnier.

    La fillette veut répliquer, mais il lui est bien difficile de répondre avec un bâillon sur la bouche. Alors juste elle secoue la tête pour montrer qu’elle n’est pas du tout d’accord. Mais ce geste ne plaît pas au robot.

    - Humain, dit-il, c’est comme ça ! Tu as perdu et j'ai gagné. Alors tu obéiras.

    Alice secoue à nouveau la tête. Si elle le pouvait, elle lui dirait tout ce qu'elle pense de lui : personne au monde n'a le droit de maltraiter les enfants, et surtout pas les robots ! Mais même si elle n’est encore qu’une enfant, un humain est toujours plus fort que n'importe quelle machine. C’est ainsi et pas autrement ! Alors elle secoue encore et encore négativement la tête pour montrer qu'aucun robot diabolique ne peut gagner contre un humain.

    Le robot, lui, est de plus en plus en colère…

    - Si tu résistes, dit-il, je mettrai ta tête sous l'eau, et tu n’auras plus d'oxygène pour respirer.

    Alice arrête alors de secouer la tête. On ne sait jamais. Si un robot peut avoir dans sa caboche de fer l'idée de s’en prendre à une personne, il peut tout aussi bien vouloir la noyer. Elle regrette alors que sa mère n'ait pas accepté l’opération pour que lui soient implantées des branchies, comme en ont les poissons. Sur certains enfants de telles interventions sont pratiquées, notamment pour ceux qui vivent au bord de la mer ou sur des îles artificielles. Avec des branchies artificielles, on peut rester sous l'eau aussi longtemps qu’on veut.

    « Quand je rentrerai à la maison, se dit-elle décidée, je persuaderai certainement maman d'accepter qu’on m’opère. C’est indolore et sans danger. Probablement cinq millions de personnes vivent déjà avec des branchies, et s’en portent très bien... »

  • Alice – Les pirates du crépuscule (VI.02)

    Petites-nouvelles-russes - Alice prisonnière

    Alice prisonnière - Illustration d'Evguéni Mougounov

    Chapitre six :
    Les pirates du crépuscule
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    Глава шестая:
    Пираты на закате

     

    Episode deux  - Второй эпизод

    – Ты иди, а я просохну на солнце, – сказал робот, выбравшись на сухое.
    – Нет, – ответил другой, – иди ты. Я уже ходил.
    – Я должен сохнуть. У меня вода в суставах. Иди, а то доложу.Это был очень странный разговор, и роботы, несмотря на то что голоса их никаких чувств не выражали, показались ей злыми.
    Наконец один из роботов начал медленно карабкаться на гору, а второй стал на солнце, стараясь обсохнуть под его почти горизонтальными закатными лучами.Алиса ещё некоторое время посидела на камне и тут почувствовала, что у неё затекли ноги, зачесался нос и глаз. Она с полминуты крепилась, а потом тихо-тихо, чтобы не заметил сохнущий робот – а стоял он всего в двадцати шагах от неё, – подняла руку и почесала нос. Ничего не случилось. Тогда Алиса почесала глаз и опустила затёкшую ногу вниз…Всё в порядке. Алиса вздохнула и решила, что пора отступать. «Интересно, если я побегу, – подумала она, – он меня догонит или нет? Он ведь металлический, и у него суставы мокрые».Алиса скатилась с камня, надела сумку на плечо и сделала маленький шаг в сторону. Ещё один шаг, ещё шаг… Потом она повернулась спиной к роботу и бросилась бежать.Сзади что-то звякнуло, и голос робота сказал:– Человек, стой!Алиса уже карабкалась по склону вверх. Сумка больно била по ногам, камешки, осыпавшиеся вниз, тянули за собой ноги, и поэтому Алисе казалось, что она взбирается очень медленно. Тяжёлые шаги робота бухали сзади, но Алиса боялась обернуться, чтобы не испугаться ещё больше. И в этот момент с разбегу уткнулась головой во что-то твёрдое.Железная рука со следами ржавчины опустилась ей на плечо, и когда Алиса подняла голову, взгляд её долго скользил по металлическим ногам, туловищу робота и только высоко, почти в самом небе, она увидела склонённую к ней грубо сделанную голову с одним большим, как у стрекозы, глазом посередине.Шаги сзади умолкли. Второй робот остановился за её спиной.– Что это есть такое? – спросил робот, поймавший Алису.
    – Я не знаю. Этот человек следил за нами.
    – Почему ты дал ему убежать?
    – Я его не заметил.
    – Он всё слышал?
    – Он всё слышал.
    – Мы возьмём его с собой?
    – Да.

    Алисе не понравилось, что роботы разговаривают о ней так, будто она не живой человек, а вещь.

    – Никуда вы меня не возьмёте, – сказала она. – А то я сейчас крикну, и все наши прибегут.

    Petites-nouvelles-russes - Alice tente de s'enfuir
    Alice tente de s'enfuir - Illustration d'Evguéni Migounov

    - Toi vas-y, pendant que moi je me sèche au soleil, dit le robot qui avait dû patauger dans l’eau.
    - Non, lui répond l’autre, vas-y toi. Moi j’ai déjà suffisamment marché.
    - Je dois me sécher. J'ai les rouages tout mouillés. Vas-y ou bien je ferai un rapport au chef.

    La conversation paraît à Alice bien étrange, et les robots, malgré le fait que leurs voix n'expriment aucun sentiment, semblent méchants.

    Enfin, l'un des robots se décide à gravir lentement la pente, pendant que le second essaie de se sécher sous les rayons à présent presque horizontaux du soleil couchant.

    La fillette, qui se tient accroupie depuis un moment, sent ses jambes tout engourdies, son nez et ses yeux la démangent. Alice a très envie de se gratter mais elle arrive à se retenir une demi-minute, puis doucement, pour ne pas que le robot, qui ne se trouve qu'à quelques pas d'elle, la remarque, elle lève la main et se gratte le nez... Ouf ! Il n’a rien entendu. Puis elle se gratte l'œil qui la démangeait aussi et étire sa jambe toute raidie...

    Tout va bien. Elle pousse un soupir de soulagement et se dit qu'il est temps de battre en retraite.

    « Je me demande : si je m’enfuis en courant, pourra-t-il me rattraper ? Après tout, il est en métal et ses rouages sont tout mouillés... »

    Alice met son sac sur l’épaule et sort tout doucement de derrière le rocher qui la dissimule. Elle tente un petit pas..., puis un autre…, et un autre encore... Enfin, sans regarder en arrière, elle prend ses jambes à son cou et se met à courir.

    Elle gravit déjà la pente quand, dans son dos, elle entend comme un cliquetis de casserole, et une voix métallique qui lui ordonne :

    - Stop, humain, arrête-toi !

    Alice a le sentiment de grimper très lentement et le ravin paraît si haut. Son sac, contenant le myélophone frappe ses genoux, les cailloux roulent sous ses pieds. Elle entend les pas lourds du robot qui résonnent derrière elle mais elle craint de se retourner de peur d’être encore plus effrayée. Et à ce moment, elle se cogne la tête contre quelque chose de dur.

    Une main de fer couverte de traces de rouille se plaque sur son épaule, et quand elle soulève la tête et tourne les yeux, d’abord elle n’aperçoit que deux jambes métalliques, puis, lentement, levant son regard, elle voit le corps du robot, et seulement à la fin, tout là-haut, presque dans le ciel, une tête grossière qui se penche au-dessus d’elle ; une tête avec - en plein milieu - un œil unique, grand comme celui d'une énorme libellule.

    Non loin, pendant ce temps, le second robot a fait demi-tour. Ses pas viennent de s’arrêter juste tout près.

    - C’est quoi cette chose ? interroge celui qui a capturé Alice.
    - Je ne sais pas. Un humain. Il nous a suivis.
    - Pourquoi l'as-tu laissé s'enfuir ?
    - Je ne l’avais pas vu.
    - Il a tout entendu ?
    - Oui, il a tout entendu.
    - Est-ce qu’on l’embarque avec nous ?
    - Oui !

    Alice n’apprécie pas du tout que les robots parlent d'elle comme si elle n'était qu’une simple chose et non une personne vivante.

    - Vous ne m’embarquerez nulle part, dit-elle. Sinon, je vais crier, et tous mes amis viendront en courant !

  • Alice – Les pirates du crépuscule (VI.01)

    Chapitre six :
    Les pirates du crépuscule

    Глава шестая:
    Пираты на закате

     

    Premier épisode - Первый эпизод

    Petites-nouvelles-russes - Alice - Paysage de Crimée, Fiodor Vassiliev, 1873
    Paysage de Crimée, Fiodor Vassiliev, 1873

    Море к вечеру стало совсем ровным и маслянистым. Только у самой кромки берега волны лениво шевелились, как край скатерти. Берег был покрыт крупным песком и мелкими ракушками, такими тонкими и хрупкими, что собирать их не было никакого смысла. Зато в воде и на полосе мокрого песка, зализанной волнами, блестели очень красивые камни.Некоторые были прозрачные и обкатанные водой, как бусины, а другие, разноцветные, хранили ещё неправильность обломков настоящей скалы, только углы у них были сглажены.

    Ещё на песке встречались, правда нечасто — таких больше на Кавказе, — плоские каменные лепёшки, серые и бурые. Их очень удобно кидать по воде, так, чтобы они подпрыгивали по многу раз.

    Когда Алиса набрала две горсти камней, ей это занятие надоело, и она выбрала несколько лепёшек и принялась кидать их так, чтобы они прыгали до самого горизонта. Но лепёшки были не самыми лучшими и после двух-трёх прыжков тонули, поднимая столбик густой, глянцевой воды. Наконец Алисе удалось отыскать лепёшку чуть толще бумаги и совсем круглую. Она должна была обязательно упрыгать до горизонта. Алиса прицелилась, кинула камень, и он послушно запрыгал по ровной воде. Раз-два-три-четыре-пять... На девятый раз он всё-таки ушёл под воду, и тотчас же в том месте из воды выпрыгнул дельфин.

    Он сейчас же нырнул обратно, но Алиса испугалась, что она его ушибла, и решила больше камней не бросать.

    Алиса даже немного устала, отошла от воды и уселась под скалу на похожий на подушку большой камень, чтобы отдохнуть. Пора было возвращаться в лагерь, а то Герман будет волноваться.

    Послышался шум воды, разрезаемой носом лодки. Наверно, ещё отдыхающие приехали, подумала Алиса. Лодка, небольшая, открытая, показалась из-за скалы и повернула к берегу.

    В лодке сидели два робота. Алиса хотела было встать и поздороваться, но роботы вели себя так, будто совсем не хотели, чтобы их кто-нибудь заметил. Они выключили мотор – Алиса услышала, как щёлкнула кнопка, – и, пригнувшись, ждали, пока лодка ударится о берег носом. Потом один из них прыгнул вперёд, на песок, и подошвы его глухо звякнули. Другой перевалил через борт и прошёл до берега вброд.

    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    La mer était d’huile, toute plate. Ce n'est que sur le bord du rivage que les vagues, paresseusement, ondulaient comme un voile. La plage était couverte de sable et de tout petits coquillages, des coquillages si minces et si fragiles qu'il était inutile de vouloir les ramasser. Mais plus loin, sur une bande de sable humide léchée par les vagues, de très belles pierres luisaient.

    Certaines d’entre elles étaient transparentes et lisses comme des perles, tandis que d'autres, multicolores, conservaient encore leurs aspérités, seuls leurs coins avaient été érodés par le ressac.

    Après avoir collecté deux jolies pierres qu’elle a enfouies dans son sac, Alice décide de changer d’activité. Il y a là, sur le sable, bien qu’en de rares endroits (il y en a plus au pied du Caucase¹) des galets tout plats, gris et bruns. Et les galets sont très pratiques pour faire des ricochets parce qu'ils rebondissent plusieurs fois.

    Elle en choisit quelques uns et commence à les lancer pour voir jusqu’où il peuvent aller. Mais tous se révèlent de bien piètres sauteurs et après deux ou trois rebonds, ils coulent, soulevant une fontaine d'eau épaisse et brillante. Finalement, Alice réussit à trouver une pierre à peine plus épaisse qu’une feuille. « Celle-ci elle devrait pouvoir rebondir jusqu’à l'horizon... », se dit la fillette. Elle vise, envoie la pierre et suit de l’œil son parcours. Le galet se met à rebondir docilement : une-deux-trois-quatre... huit fois ! Au neuvième ricochet, il finit quand même par couler. Aussitôt, à cet endroit, un dauphin surgit et bondit hors de l'eau.

    L’animal a immédiatement replongé, mais Alice craint de l'avoir blessé et décide de ne plus lancer de pierre.

    A présent un peu fatiguée, elle s’éloigne du bord et va s’asseoir à l’ombre d’un rocher sur une grosse pierre qui ressemble à un oreiller afin de se reposer.

    « Il est temps de retourner au camp, sinon Hermann va s’inquiéter. » se dit-elle.

    C'est alors qu’elle entend le ronronnement d’un bateau qui brise les vagues. « Probablement d'autres vacanciers... », pense la fillette. Un petit canot surgit de derrière les rochers et se dirige vers le rivage.

    A son bord, il y a deux robots. Alice s’apprête à se lever et aller leur dire bonjour, mais les robots se comportent comme s'ils ne voulaient pas du tout que quelqu'un les remarque. Ils coupent le moteur (Alice a entendu le déclic du bouton de contact) et, tout en se baissant, s’agrippent au bastingage jusqu’à ce que la proue de l’embarcation touche la terre ferme. Puis l’un d'eux pose le pied sur le sable qui crisse d’un bruit sourd sous le poids de ses semelles. En même temps, l’autre a sauté à pieds-joints dans l’eau et a gagné la rive en pataugeant gauchement.

    1- Le Caucase est une grande chaîne de montagne au sud de la Russie.
  • Alice – La valise de Svetlana Solitaria (V.06)

    Chapitre cinq :
    La valise de Svetlana Solitaria

    Глава пятая:
    Чемодан Светланы Одинокой

     

    Episode six - Шестой эпизод

    Petites-nouvelles-russes - Alice et le myélophone
    Alice et le myélophone - Illustration d'Evguéni Migounov
    — Это вы изобрели? — в восторге спросила Алиса.
    — Любой предмет, попадающий в наш минимизатор, — сказала Светлана, — уменьшается в сорок шесть раз. Причём не только в размере, но и по весу.
    — Как замечательно!
    — Наше изобретение — неоценимая подмога любой экспедиции, — не без гордости сказала Светлана. — Ты можешь взять с собой минимизатор, вместо того чтобы загружать целый вагон.
    — А на дальних планетах! — сказала Алиса.
    — А для туристов! — сказала Светлана.
    — И для путешественников, и даже когда переезжаешь из дома в дом!
    — Но испытания ещё не закончены, — сказала Светлана. — Пока что минимизатор — очень дорогой, существует всего один экземпляр. А этот Никитин вместо Северного полюса отправил меня сюда!
    — Я очень рада, что вы прилетели, — сказала Алиса. — И я рада, что мы с вами познакомились.
    — Ты мне тоже понравилась, — сказала Светлана.Алису так и подмывало признаться Светлане, что у неё тоже есть уникальный прибор — миелофон, который читает чужие мысли. Но тут она вспомнила, что взяла миелофон без спроса, и ей стало стыдно.Тем временем Светлана достала термос, разлила по чашкам лимонный чай и спросила:— А почему ты решила, что он не хотел меня обидеть?
    — Кто?
    — Ну конечно же Никитин! Я так на него рассердилась... Но если он не хотел меня обидеть, значит, я зря на него рассердилась?
    — А вам он нравится? — спросила Алиса.
    — Алиса! — возмутилась Светлана. — Ты еще не в том возрасте, когда можно говорить о таких вещах!
    — Почему? Мне уже двенадцатый год, и я могу говорить абсолютно обо всех вещах.Светлана пожала плечами, посмотрела на море, на вечереющее небо... Потом сказала:
    — Честно говоря, он довольно хороший человек. И неплохой экспериментатор. У него есть положительные качества.
    — Тогда вы зря на него сердитесь. Вот он сейчас сидит в Москве, беспокоится, как вы тут устроились, и ждёт, что вы снова будете ругаться...
    — И в самом деле! — сказала Светлана. — Я должна сообщить ему, что устроилась. Что эксперимент начался. И весьма удачно. Дай мне, пожалуйста, видеорацию.
    — Я боюсь, что она сломалась, — сказала Алиса, протягивая видеорацию Светлане. — Вы так сильно её швырнули.
    — Это он меня довёл, — сказала Светлана и принялась нажимать на кнопки, трясти и даже бить несчастный прибор. Но тот молчал.
    — Ну вот, — сказала Светлана. — Такой простой вещи изобрести не могут! Лёгкий толчок — и нет прибора! Что же теперь делать? Как я сообщу Никитину, что эксперимент начался? Скажи, как?
    — Наверное, вам надо спуститься в киногруппу, там есть своя рация. И вызвать Москву.
    — Правильно. Умница.
    — Я вас провожу, это недалеко, двести метров по тропинке.
    — И не думай. Что я, сама не найду? Как зовут твоего режиссёра?
    — Герман. А я?
    — А ты загорай, купайся. Ты же для этого сюда прилетела. И поглядывай одним глазом за моим оборудованием.Алиса согласилась.Светлана быстро пошла по тропинке.
    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    - C’est vous qui avez inventé ça ? demande Alice pleine d’enthousiasme.
    - Tout objet que j’entre dans le minimiseur, lui déclare Svetlana, est réduit de quarante-six fois. Et pas seulement en taille, mais aussi en poids.
    - Super formidable ! s’exclame Alice
    - Cette invention est une aide précieuse pour tous les explorateurs, annonce Svetlana non sans fierté. On peut transporter le minimiseur d’une main au lieu de devoir charger une voiture du coffre au plafond.
    - Et jusque vers les plus lointaines planètes ! s’émerveille la fillette.
    - Et aussi pour les touristes ! ajoute Svetlana.
    - Pour tous ceux qui voyagent, ou même quand on décide de déménager !
    - Mais les tests ne sont pas encore terminés, prévient Svetlana. Le minimiseur vaut très cher, il n'en existe qu'un seul exemplaire : celui-ci. Et Nikitine, cet âne, qui s’est trompé et m'a envoyée ici au lieu du pôle Nord !
    - Je suis très contente que vous soyez venue et d’avoir fait votre connaissance, dit Alice.
    - Je te trouve aussi très sympathique, lui répond Svetlana.

    Alice est tentée de dire à Svetlana qu'elle aussi possède un appareil unique - le myélophone -, qui lit dans les pensées. Mais ensuite, se souvenant qu'elle l’a pris dans le bureau de son père sans demander la permission, tout honteuse, elle n’ose rien avouer à sa nouvelle amie.

    Pendant ce temps, Svetlana a sorti un thermos et a versé du thé au citron dans deux jolies tasses tout en demandant à Alice :

    - Et pourquoi as-tu pensé qu'il ne voulait pas se moquer de moi ?
    - Qui ?
    - Eh bien voyons, je parle de Nikitine bien sûr ! J'étais tellement en colère... Mais s'il ne voulait pas se moquer, alors je me suis énervée pour rien ?
    - Est-ce que vous êtes amoureuse ? demande Alice.
    — Alice, voyons ! Svetlana paraît outrée. Tu n'as pas encore l'âge de parler de telles choses !
    - Pourquoi ? J'ai presque douze ans et je peux parler absolument de tout.

    Svetlana ne répond rien et hausse les épaules puis regarde la mer, le ciel, le soir qui tombe...

    Enfin elle dit :

    - Pour dire vrai, c'est quelqu'un de bien. Et c’est un bon expérimentateur. Il a des qualités !
    - Alors vous n’auriez pas dû vous mettre en colère contre lui. Maintenant, là-bas, à Moscou, il doit être mort d’inquiétude de ne pas savoir comment ça se passe ici pour vous, s' attendant à ce que vous le grondiez à nouveau...
    - En effet ! dit Svetlana. Je vais lui dire que le travail a commencé, que l'expérience se poursuit avec succès ! Passe-moi, s’il te plaît, le visiophone.
    - J'ai bien peur qu'il soit cassé, dit Alice en tendant l’appareil à Svetlana. Vous l’avez jeté par colère...
    - Ça c’est encore de sa faute ! s’emporte Svetlana qui commence à appuyer sur tous les boutons du malheureux appareil, à le secouer et même à frapper dessus. Mais sans résultat : l’écran refuse définitivement de s’allumer.

    - Eh voilà ! dit Svetlana, pourquoi les hommes inventent-ils des choses aussi fragiles !? une légère chute est l’appareil est h.s. - hors service : plus de visiophone ! Que faire maintenant ? Comment avertir Nikitine que l'expérience a commencé ? Donne-moi une idée...
    - Le mieux c’est d’aller demander à l’équipe de tournage. Ils vous prêteront leur propre visiophone et vous pourrez joindre Moscou...
    - Voilà qui est bien dit. Brave Alice !
    — Je vais vous y conduire, ce n'est pas loin, deux cents mètres en suivant ce chemin.
    - Ne te fatigue pas, je les trouverai toute seule. Comment s'appelle leur directeur ?
    - Hermann. Et moi qu’est-ce que je fais pendant ce temps ?
    — Prends le soleil et va nager. Tu es venue ici pour ça. Et surtout garde un œil sur mon matériel, tu sais combien il est précieux.
    - D’accord, acquiesce la fillette...

    Svetlana d’un pas rapide s’éloigne sur le chemin…

  • Alice – La valise de Svetlana Solitaria (V.05)

    Petites-nouvelles-russes - Alice - Svetlana Solitaria et Alice
    Svetlana Solitaria et Alice - Illustration d'Evguéni Migounov

    Chapitre cinq :
    La valise de Svetlana Solitaria
    ­

    Глава пятая:
    Чемодан Светланы Одинокой

     

    Episode cinq - Пятый эпизод

    Светлана почему-то была очень недовольна мужчинами, хотя Никитин показался Алисе очень милым и воспитанным человеком.— А почему вы так сердитесь на мужчин? — спросила Алиса.
    — Мне страшно надоел Никитин, — сказала Светлана. — Он мой соавтор. Ужасно бестолковый. А рассеянный — ты не представляешь, до чего он рассеянный! Вчера зачем-то купил целый букет роз. Принёс в лабораторию. И что же ты думаешь? Поставил по рассеянности на мой стол. Прямо на мои расчёты! Это же отвлекает! Они пахнут!
    — А может быть, он специально поставил букет к вам на стол? — спросила Алиса.
    — Тогда ещё хуже! Значит, он надо мной издевается.
    — А если не издевается? — спросила Алиса.
    — Как так?
    — А если вы ему нравитесь? — сказала Алиса. — И он хотел сделать вам приятное.
    — Нет! Он знает, что если хочешь сделать мне приятное, почини компьютер!Тут они вышли на небольшую площадку над самым морем. Внизу был невысокий обрыв, под ним шуршали волны, облизывая узкую полоску камней.— Вот мы и пришли, — сказала Алиса.
    — Ну что же, — сказала Светлана. — Если нет более экстремальных условий, будем ждать их здесь. Ведь здесь бывают штормы, ветры и землетрясения?
    — Могут быть, — согласилась Алиса.Она подошла к обрыву и посмотрела в море. Прямо перед ней был островок с баржей. Неловкие фигурки все бродили по берегу.— Тебе сделать чаю? — спросила Светлана.Алиса обернулась.И чуть не упала от удивления. Светлана сидела в лёгком плетёном кресле, за столиком. На столе стояли чашки. Над столом был раскрыт большой полосатый зонт.— Как так? — удивилась Алиса.
    — Очень просто. — Светлана была довольна эффектом. Она показала на раскрытый чемодан. — Всё это из минимизатора. Хочешь посмотреть?Алиса подошла к чемодану и заглянула внутрь. В чемодане лежало множество игрушечек. Светлана присела на корточки возле чемодана, быстро опустила в него руку, и Алиса увидела, как её рука уменьшается. Светлана выхватила из чемодана кусочек оранжевой резины и выбросила наружу. Рука тут же стала такой же, как раньше, а оранжевый комок превратился в надувную лодку, большую, на несколько человек. Следующим движением Светлана вынула из чемодана насос, подключила к лодке, и через несколько минут лодка была уже надута.
    Petites-nouvelles-russes - Alice - Parasol et chaises longues

    Pour une raison qu’Alice ignore, Svetlana paraît très remontée contre les garçons, bien que Nikitine ait semblé être une personne gentille et bien élevée.

    - Pourquoi êtes-vous si en colère contre les garçons ? demande la fillette.
    - Nikitine m’épuise. C’est mon collègue de travail. Un homme terriblement distrait et désorganisé ; tu ne peux pas savoir à quel point il est tête en l’air ! Hier, il a acheté tout un bouquet de roses qu’il a ramené au laboratoire. Et le croiras-tu ? Il l’a posé distraitement sur ma table. Exactement là, au milieu de mes calculs ! Tout ça me détourne de mon travail ! Imagine : des roses toutes parfumées, en plus !
    - Peut-être qu'il avait mis exprès le bouquet sur votre table ? suggère Alice.
    - C'est encore pire ! Alors c’est qu’il se moque de moi.
    - Et s'il ne se moquait pas ? dit Alice.
    - Comment ça ?
    - Et s'il vous aimait et qu’il voulait vous faire plaisir ?
    - Des blagues ! Il sait bien que s’il avait voulu me plaire, il aurait réparé mon ordinateur !

    Tout en continuant à bavarder ainsi, Alice et Svetlana arrivent sur une petite plate-forme qui domine la mer. Juste en contrebas, les vagues bruissent, léchant une étroite plage couvertes de galets.

    - Nous sommes arrivées, dit Alice.
    - Eh bien, dit Svetlana, c’est donc ici que nous attendrons les conditions extrêmes. Après tout, il y a sûrement des tempêtes, des bourrasques et des tremblements de terre ici ?
    - Oui, sûrement, il doit y en avoir..., en convient Alice.

    La fillette s'approche du ravin et regarde en direction de l’île où plus tôt elle avait vu la barge. Les mêmes silhouettes maladroites, celles qu’auparavant elle avait aperçues, errent toujours le long du rivage.

    - Prendras-tu une tasse de thé, Alice ? lui demande Svetlana. Alice se retourne...

    Quelle surprise ! Svetlana est assise dans un fauteuil en osier devant une table, sous un grand parasol rayé jaune et bleu. Et sur la table il y a des tasses.

    - Comment est-ce possible ? s’exclame la fillette tout étonnée.
    - Rien de plus simple, lui répond Svetlana, satisfaite de l'effet produit. Elle montre du doigt la valise ouverte. Tout cela sort du minimiseur. Tu veux que je te montre ?

    Alice s’approche de la valise et regarde à l'intérieur. Dedans il y a plein de choses, des sortes de petits jouets. Svetlana y plonge la main. Alice voit alors à quel point la main de Svetlana rétrécit. Sortant du minimiseur un bout de caoutchouc orange, Svetlana le jette quelques mètres plus loin. Sa main est immédiatement redevenue comme avant, pendant que le bout de caoutchouc se transforme en un canot pneumatique, assez grand pour plusieurs personnes. Encore un geste et Svetlana sort une pompe qui lui permet, en quelques minutes, de gonfler le canot.

  • Alice – La valise de Svetlana Solitaria (V.04)

    Petites-nouvelles-russes - Alice - Nikitine au bout de la ligne
    Nikitine au bout de la ligne...

    Chapitre cinq :
    La valise de Svetlana Solitaria

    Глава пятая:
    Чемодан Светланы Одинокой

     

    Episode quatre - Четвёртый эпизод

    Светлана Алисе понравилась, и ей совсем не хотелось, чтобы она улетала на Северный полюс.

    — А скажите, — спросила Алиса, — нельзя ли вам проводить испытания здесь?
    — Здесь? В Крыму? Какие же здесь экстремальные условия? А впрочем...

    Светлана включила видеорацию. На экранчике возникло лицо Никитина.

    — Слушай, Никитин, — строго сказала Светлана. — Я получила предложение от аборигенов, — она показала на Алису, — провести серию испытаний здесь. Ты как к этому относишься?
    — А ты выяснила, где находится это «здесь»?
    — Неужели непонятно? Конечно же в Крыму, на Карадаге. Вместо того чтобы нажать на кнопку КАРское море, ты заставил меня нажать на кнопку КАРадаг!
    — Светочка, ну как я мог тебя заставить, если ты сидела во флаере, а я был в институте?
    — Никитин, ты жалкий трус! — воскликнула Светлана.

    Она в гневе кинула в сторону видеорацию и заявила Алисе:

    — Проводим испытания здесь! Мне нужна площадка!
    — Здесь недалеко есть, — сказала Алиса. — Давайте я вас провожу.

    Светлана подняла чемодан, накинула на плечи шубу. Алиса взяла её шапку, очки и подобрала видеорацию. Экран видеорации не горел. Алиса заподозрила, что Светлана кинула её слишком сильно.

    Алиса шла впереди, Светлана на два шага сзади.

    — А ты что здесь делаешь? — спросила Светлана. — Ты в самом деле абориген?
    — Никакой я не абориген, — ответила Алиса. — Я в школе учусь, в Москве. А сюда я на один день приехала со знакомой киноэкспедицией, они будут снимать закат для фильма «Историческая сказка»
    — Мужчины, наверное?
    — Да, — сказала Алиса. — Все мужчины и даже один старичок-моховичок, который с Наполеоном воевал.

    Алиса представила старого дедушку, но Светлана не заметила, что он был робот.

    — Вот именно, — произнесла Светлана гневно. — Вот именно! Только мужчины!

    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    Alice trouve Svetlana très sympathique et ne veut pas du tout qu'elle s’en aille au pôle Nord.

    - Dites-moi, propose la fillette, pourquoi ne feriez-vous pas vos tests ici ?
    - Ici ? En Crimée ? Où sont les conditions extrêmes ici ?... Puis après avoir réfléchi elle ajoute : pourquoi pas ?...

    Svetlana rallume son visiophone. Le visage de Nikitine apparaît sur l'écran.

    - Écoute, Nikitine, déclare-t-elle sévèrement. J'ai reçu une offre des indigènes - en disant cela elle oriente la caméra du visiophone vers Alice pour que Nikitine la voie. Ils me proposent d’effectuer la série de tests ici. Qu’en penses-tu ?
    - As-tu découvert où se trouve ce ‘ici’ ? interroge Nikitine.
    N’est-ce pas suffisamment clair ? Bien sûr : en Crimée, j’ai atterri sur la côte du Karadag. Au lieu d'appuyer sur le bouton ‘MER DE KARA’, tu m’as fait appuyer sur le bouton ‘KARADAG’ !
    - Svétochka¹, écoute, comment aurais-je pu te forcer à appuyer sur ce bouton alors que j'étais à l'Institut et toi dans le flyer ?
    - Nikitine, tu n’es qu’un pitoyable lâche ! s’exclame Svetlana.

    En colère, elle jette par terre son visiophone et se tournant vers Alice elle dit d’une voix décidée :

    - C’est d’accord : on teste ici ! J'ai besoin d’un endroit où m’installer avec mon matériel !
    - Il y a une plate-forme pas loin d'ici, lui annonce Alice. Je vais vous y conduire.

    Svetlana saisit son manteau de fourrure et sa valise. Alice prend son chapeau, récupère ses lunettes de soleil et ramasse sur le sable le visiophone que Svetlana a jeté. Son écran est éteint. La fillette se dit que Svetlana a dû, dans sa colère, l’envoyer valser trop fort.

    Alice marche devant, Svetlana la suit deux pas derrière.

    - Que fais-tu ici ? demande celle-ci. Es-tu une indigène de ces contrées ?
    - Je ne suis pas une indigène du tout, je suis de Moscou où je vais à l'école, et je suis venue ici pour la journée avec une célèbre équipe cinématographique qui doit filmer un coucher du soleil pour le film "Un conte de fée historique".
    - Cette équipe, que des hommes, je suppose ?
    - Oui, dit Alice, que des garçons et aussi un vieux grognard qui a combattu avec Napoléon.

    Elle veut lui présenter le vieux grand-père mais Svetlana ne remarque même pas qu'il s’agit d'un robot.

    - C’est bien ça, éclate Svetlana avec colère. C'est ça ! Que des garçons...

    1- Svétochka : diminutif affectif de Svetlana.
  • Alice – La valise de Svetlana Solitaria (V.03)

    Petites-nouvelles-russes - Alice - Svetlana Solitaria
    Svetlana Solitaria

    Chapitre cinq :
    La valise de Svetlana Solitaria

    Глава пятая:
    Чемодан Светланы Одинокой

     

    Episode trois - Третий эпизод

    Существо подбежало к Алисе, крича по-английски, потом по-французски.

    — Остановитесь, добрый человек! Я не причиню вам зла! Я потерялась! Скажите, как называется ваша страна!
    — Да вы же в Крыму! — ответила Алиса.
    — Ты говоришь по-русски! — удивилось существо.
    — Конечно.
    — Так чего же ты молчала?
    — Я не молчала. Я хотела вам сказать, что вы на Карадаге¹, на Южном берегу Крыма.
    — Ну вот, я так и знала, — сказало существо и сбросило мохнатую шапку. У существа обнаружились длинные тёмные волнистые волосы.

    Существо сняло очки, и под ними оказалось прелестное молодое лицо и громадные синие глаза. Существо вылезло из шубы и превратилось в стройную молодую женщину.

    Женщина протянула Алисе руку и представилась:

    — Светлана. Светлана Одинокая.
    — Алиса Селезнёва.
    — Спасибо. Ты меня спасла. Без тебя я бы погибла.
    — Здесь трудно погибнуть. На каждом шагу люди.
    — Но нашла меня ты!
    — У вас красивая фамилия, — сказала Алиса. — Вы, наверное, пишете стихи.

    Почему-то это предположение вызвало у Светланы Одинокой бурю негодования.

    — Как ты только могла такое заподозрить! — воскликнула она. — Пускай мужчины вздыхают по рассветам и закатам. Я — настоящий учёный. И сюда я прилетела не развлекаться, а проводить ответственные испытания уникального прибора, который именуется минимизатор-2. Два — это порядковый номер модели.

    — А как же вы будете его испытывать? — спросила Алиса.

    Никакого прибора не было видно. Меховая шуба и шапка лежали на чемодане, в руке у Светланы была только выключенная видеорация.
    — В экстремальных условиях Северного Ледовитого океана! — сказала Светлана.
    — Но ведь вы промахнулись?
    — Не важно! Сейчас ты проводишь меня до ближайшей станции флаеров, и я продолжу путешествие.

    1- Кара-Даг, или Карадаг («чёрная гора» по-татарски) — горный массив, расположенный на юго-восточном побережье Крыма.
    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    La créature en manteau de fourrure se précipite vers Alice et lui crie en anglais, puis en français :

    - Je vous en prie, habitant de ces contrées sauvages ! je ne vous veux aucun mal ! Je me suis perdue ! Dites-moi le nom de ce pays !
    - Vous êtes en Crimée ! lui répond Alice.
    - Tu parles russe ! s’étonne la créature.
    - Oui, parfaitement.
    - Pourquoi donc avoir gardé le silence ?
    - Je n'ai pas gardé le silence. Je voulais vous dire que vous êtes au Karadag¹, sur la côte sud de la Crimée.
    - Ah ? Au Karadag..., j’aurais dû m’en douter, dit la créature en jetant sur le sol son chapeau de fourrure, libérant ainsi une longue chevelure brune et ondulée.

    D’un geste élégant, elle enlève ses lunettes, révélant son beau visage et d'immenses yeux bleus. S’extirpant du manteau de fourrure qui la tenait prisonnière la créature se transforme en une jeune femme élancée.

    Tendant la main à la fillette elle dit :

    - Je m’appelle Svetlana. Svetlana Solitaria.
    - Moi c’est Alice Selezneva².
    - Merci. Tu m'as sauvé la vie. Sans toi, je serais morte abandonnée.
    - C'est dur de mourir abandonné ici. Il y a du monde partout !
    - Mais c’est toi qui m’as secourue !
    - Votre nom de famille est joli, lui dit la fillette. Vous écrivez probablement des poèmes.

    Pour une raison qu’Alice ignore, cette hypothèse provoque une tempête d'indignation chez Svetlana Solitaria.

    - Comment peux-tu imaginer une chose pareille ! s'exclame-t-elle. Je laisse ça aux garçons de perdre leur temps à soupirer devant un lever ou un coucher du soleil. Je suis une véritable scientifique. Et je ne suis pas venue ici pour m'amuser mais pour effectuer des tests de la plus haute importance ; je teste un appareil prototype : le minimiseur-2. ‘Deux’ c’est son numéro de série.

    - Comment allez-vous le tester ? demande Alice. Je ne vois aucun appareil.

    En effet, seuls le manteau de fourrure et le chapeau de Svetlana sont posés sur la valise, et dans sa main, elle ne tient que son visiophone.

    Je dois le tester dans les conditions extrêmes de l'océan Arctique ! dit Svetlana.
    - Pour les conditions extrêmes, ici c’est raté !
    - Ce n’est qu’un contre-temps ! Pourrais-tu m’accompagner jusqu'à la station de flyers la plus proche afin que je poursuive mon voyage ?

    1- Le Kara Dag, ou Karadag (« montagne noire » en tatar) est un massif montagneux situé sur la côte sud-est de la Crimée.
    2- En russe, la plupart des noms de famille se déclinent et s’accordent au féminin. Comme le père d’Alice est le Professeur Séleznev, Alice s’appelle donc Sélezneva...
  • Alice – La valise de Svetlana Solitaria (V.02)

    Petites-nouvelles-russes - Alice - La créature
    La créature

    Chapitre cinq :
    La valise de Svetlana Solitaria

    Глава пятая:
    Чемодан Светланы Одинокой

     

    Episode deux - Второй эпизод

    Существо сидело на чемодане, держало в руке видеорацию и говорило:

    — Никитин, ты куда меня прислал? Нет, ты признайся, куда ты меня прислал?
    — Я тебя никуда не присылал, — отвечал голос из видео. — Куда ты летела, там ты и есть.
    — А куда я летела?
    — Ты летела на Карское море¹, на остров Уединение.
    — Значит, к Северному полюсу?
    — Вот именно.
    — А скажи, пожалуйста, то, что ты видишь вокруг, похоже на Северный полюс?

    Существо в шубе подняло руку в варежке и обвело окрестности видеорацией, чтобы тот, кто разговаривал с ним, убедился, что окрестности и в самом деле не похожи на Северный полюс.

    Ситуация была такая необычная, что Алиса еле удерживалась от смеха.

    — Нет, это не похоже на Северный полюс, — послышался печальный голос из видеорации. — Как же это могло случиться?
    — Я у тебя хотела спросить, — ответило существо. — Что мне теперь делать?
    — Наверное, тебе придётся сесть снова во флаер и выяснить, какая кнопка нажата на пульте.
    — Всё-таки мужчины — совершенно наивные люди! — воскликнуло существо в шубе. — Неужели непонятно, что я, как только прилетела, сразу поставила флаер на автоматику и отправила обратно.
    — Грустно, — сказал голос из видеорации. — Придётся мне прислать за тобой другой флаер.
    — Гениально! — возмущённо воскликнуло существо в шубе. — Другого ответа я от тебя и не ждала. И скажи, пожалуйста, Никитин, куда ты намерен послать за мной флаер?
    — Ну куда... где ты есть...
    — А где я есть?
    — Да, кстати, где ты?
    — А я не имею представления! Может быть, я на Гавайских островах! Может, я в Тасмании²! Может, я на необитаемом острове Тристан-да-Кунья³ и раньше чем через полгода сюда не придёт ни один корабль!
    — Не паникуй! — ответила видеорация. — Мы что-нибудь обязательно придумаем!

    Тут уж Алиса не выдержала и рассмеялась вслух.

    Существо в шубе услышало смех и быстро вскочило.

    — Погоди! — воскликнуло оно. — Тут кто-то есть. Может быть, дикий зверь... кажется, гиена.
    — Никакая я не гиена! — сказала Алиса.

    И вышла из зарослей.

    — Абориген4! — закричало существо в шубе. —Никитин, жди связи. Я постараюсь найти с ним общий язык.

    1- Карское море расположено на самом севере России у Северного Ледовитого океана.
    2- Тасмания — большой остров у берегов Австралии.
    3- Остров Тристан-да-Кунья расположен в Южной Атлантике.
    4- Абориген: первопоселенец страны, населённой, нецивилизованными племенами. Синоним: коренной житель, туземец.
    Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

    La créature est assise sur une valise et tient un visiophone dans la main :

    - Nikitine, où m'as-tu envoyée ? Non, avoue-le, où m'as-tu envoyée ?
    - Je ne t'ai envoyée nulle part, répond la voix dans l’appareil. Tu es là où tu as voulu aller...
    - Et, c’est-à-dire ?
    - Au bord de la mer de Kara¹, sur l'île de la Solitude.
    - Alors, ça veut dire que je suis au pôle Nord ?
    - C'est ça.
    - Et dis-moi, à ton avis, ce que tu vois autour, ça ressemble au pôle Nord ?

    La créature en manteau de fourrure lève sa main emmitouflée dans une moufle et fait le tour du paysage environnant avec son visiophone, de sorte que son interlocuteur ne peut que reconnaître que ça ne ressemble pas du tout au pôle Nord.

    La chose paraît si drôle qu'Alice réussit à peine à se retenir de rire.

    - Effectivement, ça ne ressemble pas vraiment au pôle Nord, dit d’une voix triste la personne à l’autre bout de la ligne. Comment cela a-t-il pu arriver ?
    - C’est ce que j’aimerais que tu me dises, répond la créature. Et qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
    - Le mieux, probablement, c’est que tu retournes dans le flyer et que tu vérifies sur quel bouton tu as appuyé.
    - Ah, ces hommes, toujours aussi naïfs ! s'écrie la créature au manteau de fourrure. N’as-tu pas compris que dès mon arrivée, j'ai immédiatement mis le flyer en mode retour-automatique et qu’il a redécollé...
    - Voilà qui est bien embêtant... déclare la voix du visiophone. Je vais devoir t’envoyer un autre flyer.
    - Génial ! s'exclame la créature avec indignation. Je n'attendais pas d'autre réponse de ta part ! Et dis-moi, s'il te plaît, Nikitine, où as-tu l'intention d'envoyer ce flyer pour venir me chercher ? Dis-moi OÙ ?!!
    - Eh bien, euh... où tu es...
    - Et où suis-je ???
    - Oui, au fait, où est-ce que tu es ?
    - Je n'en ai aucune idée ! Peut-être que je suis dans les îles hawaïennes ! Je suis peut-être en Tasmanie² ! Peut-être sur l'île inhabitée de Tristan da Cunha dans l’Atlantique sud et que pas un seul navire ne viendra ici me chercher avant six mois !
    - Ne panique pas ! lui répond son interlocuteur. Je vais certainement trouver un moyen !

    À ce stade de la discussion, Alice est effondrée de rire.

    Et voilà que la créature au manteau de fourrure toujours assise sur sa valise, entend le rire de la fillette et se retourne.

    - Attends une minute ! s'écrie-t-elle. Il y a quelque chose là derrière. Peut-être une bête sauvage... peut-être le ricanement d’une hyène...
    - Je ne suis pas une hyène ! dit Alice en sortant du bosquet.
    - Un aborigène³ ! crie la créature. Nikitine, ne coupe pas. je vais tenter de communiquer avec lui !...

    1- La mer de Kara est située tout au nord de la Russie près de l’océan Arctique.
    2- La Tasmanie est une grande île au large de l’Australie.
    3- Aborigène : habitant d’une contrée, généralement primitif. Synonyme : indigène.