Bitt-Boy – Chapitre III.02

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Les quatre capitaines

BITT-BOY, LE PORTE-BONHEUR

Корабли в Лиссе

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Глава третья - Chapitre trois

Второй эпизод - Еpisode deux

– Вот с Битт-Боём, – вскричал Дюк, – я не убоялся бы целой эскадры! Но его нет. Братцы-капитаны, я ведь нагружен, страшно сказать, взрывчатыми пакостями. То есть не я, а «Марианна». «Марианна», впрочем, есть я, а я есть «Марианна», так что я нагружен. Ирония судьбы: я – с картечью и порохом! Видит бог, братцы-капитаны, – продолжал Дюк мрачно одушевлённым голосом, – после такого свирепого угощения, какое мне поднесли в интендантстве, я согласился бы фрахтовать даже сельтерскую и содовую!

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Hugo Pratt - Le corsaire
Illustration d'Hugo Pratt : Le pirate

– Капер снова показался третьего дня, – вставил Эстамп.
– Не понимаю, чего он ищет в этих водах, – сказал Чинчар, – однако боязно подымать якорь.
– Вы чем же больны теперь? – спросил Рениор.
– Сущие пустяки, капитан. Я везу жестяные изделия и духи. Но мне обещана премия!

Чинчар лгал, однако. «Болен» он был не жестью, а страховым полисом, ища удобного места и времени, чтобы потопить своего «Пустынника» за крупную сумму. Такие отвратительные проделки не редкость, хотя требуют большой осмотрительности. Капер тоже волновал Чинчара – он получил сведения, что его страховое общество накануне краха и надо поторапливаться.

– Я знаю, чего ищет разбойник ! – заявил Дюк. – Видели вы бригантину, бросившую якорь у самого выхода? «Фелицата». Говорят, что нагружена она золотом.
– Судно мне незнакомо, – сказал Рениор. – Я видел её, конечно. Кто её капитан?

Никто не знал этого. Никто его даже не видел. Он не сделал ни одного визита и не приходил в гостиницу. Раз лишь трое матросов «Фелицаты», преследуемые любопытными взглядами, чинные, пожилые люди, приехали с корабля в Лисс, купили табаку и более не показывались.

– Какой-нибудь сопляк, – пробурчал Эстамп. – Невежа! Сиди, сиди, невежа, в каюте, – вдруг разгорячился он, обращаясь к окну, – может, усы и вырастут!

Капитаны захохотали. /.../

0. Trèfle

''– Si Bitt-Boy était là, s'écria Duke, je n'aurais pas peur de toute une escadre ! Mais il ne l'est pas…''

Il devint grave : ''– Frères-capitaines, c’est terrible à dire, mais me voilà bourré de foutus explosifs ! Ce n'est pas moi bien sûr qui suis bourré, mais ‘La Marianna’, mon navire. Cependant ‘La Marianna’ c'est moi, et donc JE suis ‘La Marianna’ …et me v’là bien ‘bourré’... Quelle ironie du sort ! Moi, avec de la chevrotine et de la poudre à canon dans mes cales !

"...Mes frères capitaines, continua Duke d'une voix sombre et animée, que Dieu m'en soit témoin : après l’étouffe-gueule qu’ils m'ont servi à la capitainerie, j’aurais accepté de charger même de l’eau minérale et de la limonade s’ils me l’avaient commandé !''

''– On a revu le bateau de Kaper avant-hier, annonça Destampe...
"– Je ne comprends pas ce que ce satané corsaire cherche dans ces eaux, déclara Chinchar ; à cause de lui je crains de lever l’ancre...
"– Et en quoi cela vous turlupine ? lui demanda Renior.
"– Moi ?... Euh… en rien, mon cher Capitaine. Je ne transporte dans mes cales que du fer blanc et du parfum mais... on m’en a promis un bon prix !''

Chinchar mentait pourtant. ‘Turlupiné’, il l'était vraiment. Pas tant au sujet du fer-blanc qu’il transportait, mais à cause du poids de sa police d'assurance. Son souci, pour l’heure, était de trouver l’endroit et le moment propices pour couler son ‘Ermite’ et empocher ainsi une somme importante. (De telles combines – si détestables soient-elles - ne sont pas si rares en ce bas-monde, même si elles nécessitent la plus grande discrétion). Et, en effet, la présence du navire corsaire dans les parages préoccupait Chinchar : il avait reçu des informations selon lesquelles sa compagnie d'assurance était au bord de la faillite, et il devait donc se hâter de mettre son habile plan à exécution.

''– Je sais bien moi ce que cherche ce brigand de Kaper ! déclara Duke... Avez-vous vu le brigantin qui a jeté l'ancre à l’entrée même du port ? ‘La Felicità’ qu’il se nomme. On dit que ses cales sont chargées d'or.
"– Je ne connais pas ce navire..., lui répondit Renior. Je l’avais repéré, bien entendu. Savez-vous qui est son capitaine ?...''

Ça personne ne le savait. Personne ne l’avait même entraperçu. Personne ne l’avait jamais vu, ni à l’auberge ni à terre. Une fois seulement, trois de ses matelots – des bonshommes à l’allure convenable, d’âge moyen – avaient débarqué, suivis par des regards curieux, pour acheter du tabac, et jamais plus on ne les avaient croisés sur le quai.

''– Un morveux que ce capitaine ! grommela Destampe. Un petit voyou ! Reste donc dans ta cabine, malappris ! dit-il tout échauffé, lorgnant par la fenêtre vers le port. Peut-être qu’un jour du poil te poussera au menton !''

Les autres capitaines éclatèrent d’un rire bruyant.