Bitt-Boy – Chapitre III.01

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Odessa - Le port
Odessa - Le port

BITT-BOY, LE PORTE-BONHEUR

Корабли в Лиссе

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Глава третья - Chapitre trois

Первый эпизод - Premier épisode

В тот момент как начался наш рассказ, за столом гостиницы «Унеси горе», в верхнем этаже, пред окном, из которого картинно была видна гавань Лисса, сидели четыре человека. То были: капитан Дюк, весьма грузная и экспансивная личность; капитан Роберт Эстамп; капитан Рениор и капитан, более известный под кличкой: «Я тебя знаю», благодаря именно этой фразе, которой он приветствовал каждого, даже незнакомого человека, если человек тот выказывал намерение загулять. Звали его, однако, Чинчар.

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Roger Burgi - Les quatre capitaines
Illustration : Roger Burgi - Les quatre capitaines

Такое блестящее, даже аристократическое общество, само собой, не могло восседать за пустым столом. Стояли тут разные торжественные бутылки, извлекаемые хозяином гостиницы в особых случаях, именно в подобных настоящему, когда капитаны – вообще народ, недолюбливающий друг друга по причинам профессионального красования, – почему-либо сходились пьянствовать.

Эстамп был пожилой, очень бледный, сероглазый, с рыжими бровями, неразговорчивый человек; Рениор, с длинными чёрными волосами и глазами навыкате, напоминал переодетого монаха; Чинчар, кривой, ловкий старик с чёрными зубами и грустным голубым глазом, отличался ехидством.

Трактир был полон; там – шумели, там – пели; время от времени какой-нибудь весёлый до беспамятства человек направлялся к выходу, опрокидывая стулья на своём пути; гремела посуда, и в шуме этом два раза уловил Дюк имя «Битт-Бой». Кто-то, видимо, вспоминал славного человека. Имя это пришлось кстати: разговор шёл о затруднительном положении.

Voici que notre histoire commence ici...

Quatre hommes se trouvaient assis à une table de ‘l’Hôtel du Sans-souci’, au premier étage, devant une fenêtre d'où l’on pouvait voir le port de Liss comme en carte postale.

Il y avait là l’expansif et corpulent capitaine Duke, maître à bord de la gracieuse ‘Marianna’ ; à côté de lui, Robert Destampe, le sévère capitaine de "L’Arameya" ; Renior qui commandait ‘Le Président’ ; et, enfin un quatrième capitaine qu’on surnommait : ‘Toi, j’te-connais’, précisément parce qu'il saluait tout le monde par cette phrase, même un étranger, surtout si celui-ci montrait l'intention de sortir son argent pour le dépenser à boire. Son vrai nom cependant était Chinchar. Il s’agissait du capitaine Chinchar, maître après Dieu du lourd vaisseau ‘L’Ermite’.

Une société aussi brillante – quasi-aristocratique - ne pouvait évidemment pas s'asseoir autour d’une table vide : l'aubergiste leur avait servi diverses bouteilles de cérémonie, bouteilles qu’il ne débouchait que lors d'occasions très spéciales - tout comme alors -, quand des capitaines (des gens qui, en général, ne s’aiment pas d’amour, et ce pour des questions de forfanterie professionnelle) décidaient pour une raison ou une autre de mettre le cap sur son établissement dans le but de se rincer le gosier.

Destampe était un homme déjà âgé, très pâle, aux yeux gris, aux sourcils roux et à l’humeur taciturne. Renior, lui, avait de longs cheveux noirs et des yeux exorbités qui le faisaient ressembler à un moine grimé. Chinchar, le capitaine ‘Toi, j’te connais’, était tout vieux, tout tordu mais néanmoins encore agile : ses dents étaient noires et son regard d’un bleu d’une profonde tristesse. Il se distinguait par une langue bien pendue.

Ce jour-là, l'auberge était pleine : là on chantait, plus loin on parlait fort. De temps à autre, un marin éméché et joyeux titubait en regagnant la porte, renversant des chaises sur son passage. Par deux fois, dans un tintement de vaisselle et le brouhaha ambiant, le capitaine Duke entendit prononcer le nom de ‘Bitt-Boy’.

De toute évidence, quelqu'un, à une autre table évoquait ce glorieux personnage. Et ce nom tombait à point nommé. En effet, la conversation des quatre loups de mer portait sur une question bien plus que délicate...