Bitt-Boy – Chapitre V.04

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Roger Burgi - Contemplation
Roger Burgi - Contemplation

BITT-BOY, LE PORTE-BONHEUR

Корабли в Лиссе

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Глава пятая - Chapitre cinq

Четвёртый эпизод - Episode quatre

V.3b - Dague

[...смертью, быть может?!]

Она [Режина] выпрямилась и сунула за корсаж руку, где, по местному обычаю, девушки носят стилет или небольшой кинжал.

Битт-Бой удержал её. Он молчал, поражённый новым знанием о близкой душе. Теперь решение его, оставаясь непреклонным, хлынуло в другую форму.

– Битт-Бой, – продолжала девушка, заговорённая собственной речью и обманутая подавленностью несчастного, – ты умница, что молчишь и слушаешь меня. – Она продолжала, приникнув к его плечу: – Всё будет хорошо, поверь мне. Вот что я думаю иногда, когда мечтаю или сержусь на твои отлучки. У нас будет верховая лошадь «Битт-Бой», собака «Умница» и кошка «Режи». Из Лисса тебе, собственно, незачем больше бы выезжать. Ты купишь нам всю новую медную посуду для кухни. Я буду улыбаться тебе везде-везде: при врагах, при друзьях, при всех, кто придёт, – пусть видят все, как ты любим. Мы будем играть в жениха и невесту – как ты хотел улизнуть, негодный, – но я уж не буду плакать. Затем, когда у тебя будет твой бриг, мы проплывём вокруг света тридцать три раза…

Голос её звучал сонно и нервно; глаза закрывались и открывались. Несколько минут она расписывала воображаемое путешествие спутанными образами, затем устроилась поудобнее, поджав ноги, и легонько, зевотно вздохнула. Теперь они плыли в звёздном саду, над яркими подводными цветами.

– … И там много тюленей, Битт-Бой. Эти тюлени, говорят, добрые. Человеческие у них глаза. Не шевелись, пожалуйста, так спокойнее. Ты меня не утопишь, Битт-Бой, из-за какой-то там, не знаю… турчаночки? Ты сказал – я Королева Ресниц… Возьми их себе, милый, возьми все, все…

Ровное дыхание сна коснулось слуха Битт-Боя. Светила луна. Битт-Бой посмотрел сбоку: ресницы мягко лежали на побледневших щеках. Битт-Бой неловко усмехнулся, затем, сосредоточив все движения в усилии неощутимой плавности, высвободился, встал и опустил голову девушки на клеёнчатую подушку дивана. Он был ни жив ни мёртв. Однако уходило время; луна поднялась выше… Битт-Бой тихо поцеловал ноги Режи и вышел, со скрученным в душе воплем, на улицу.

По дороге к гавани он на несколько минут завернул в «Колючую подушку».

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Eugène Carrière - La dormeuse
Eugène Carrière (1849-1906), La dormeuse

"– ...La mort, peut-être ?"

Cécilia se redressa et glissa la main derrière son corsage, là où, comme le voulait l’usage, les jeunes femmes dissimulaient un stylet ou un petit poignard.

Bitt-Boy la retint, sans voix et tout étonné de découvrir le tréfonds de cette âme qu’il pensait pourtant si bien connaître. Alors, sa détermination, jusque là irrévocable, sembla sur le point vaciller.

"– Bitt-Boy, - continua la jeune femme, emportée par son propre discours et abusée par le désespoir de son malheureux amant -, sois sage et bon garçon, écoute-moi..."

Elle posa sa tête contre l’épaule du jeune pilote.

"– Tout ira bien, crois-moi. C'est ce que je me dis parfois, quand je rêve tout éveillée ou que je me fâche de tes trop longues absences... Nous aurons ‘Bitt-Boy’ comme cheval de monte, ‘Sage’ sera notre chien et ‘Cécilia’ notre petite chatte... A la fin, tu n’auras plus besoin de repartir. Tu nous achèteras tout un nouvel assortiment de casseroles de cuivre. Je garderai tout le temps, partout, le même sourire : avec les amis comme avec ceux qui nous seront hostiles, avec tous ceux qui viendront, afin que chacun voie combien nous nous aimons.

"...Nous jouerons aux fiancés – Et tu voulais te défiler, mauvais garçon que tu es ! – Mais jamais je ne pleurerai. Ensuite, lorsque tu auras ton propre navire, nous ferons ensemble le tour du monde, trente-trois fois..."

Bien que presque endormie, sa voix restait vibrante. Ouvrant et refermant les paupières, elle lui décrivit leur voyage imaginaire à l’aide d’images confuses, puis elle s’abandonna, les jambes repliées, et eut un léger bâillement.

Et tous deux alors se laissèrent emporter, bercés dans un jardin d’étoiles, au-dessus de fleurs marines luminescentes.

"– … Et là-bas il y aura beaucoup d’otaries, Bitt-Boy, poursuivit-elle... On dit que ce sont des animaux gentils, qu’elles ont des yeux presque humains. Arrête de bouger… s’il te plaît ! Voilà... c’est mieux comme ça.. Et tu ne m’abandonneras pas en mer, Bitt-Boy, pour quelque..., je ne sais…, fille ottomane, n’est-ce pas ? Tu l’as dit toi-même : je suis la Reine des Cils. Regarde-les… Oui ! Prends-les ! ils sont tout à toi ! O mon chéri, prends-les, prends tout…"

Au-dessus d’eux, la lune brillait.

La jeune femme s’était endormie. Son souffle régulier caressait l’oreille de Bitt-Boy. Sans tourner la tête, de côté, il la dévisageait : ses longs cils reposaient doucement sur ses joues pâles. Il eut un petit rire maladroit, puis, avec une extrême précaution, dans un effort d'une douceur imperceptible, il se libéra de son étreinte, se leva et posa délicatement la tête de Cécilia sur le coussin du sofa. Son âme flottait comme suspendue entre la vie et la mort.

L’heure cependant avançait, la lune était à présent haut dans le ciel... Bitt-Boy embrassa doucement les pieds de la jeune femme et sortit, regagnant la rue, le cœur déchiré de tristesse.

Sur le chemin du port, il prit le temps de s’arrêter à l’auberge du ‘Coussin de paille’...