Bitt-Boy – Chapitre VI.01

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - La Felicità
La Felicità

BITT-BOY, LE PORTE-BONHEUR

Корабли в Лиссе

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Глава шестая- Chapitre six

Первый эпизод - Premier épisode

Было около десяти вечера, когда к «Фелицате», легко стукнув о борт, подплыла шлюпка. Ею правил один человек.

– Эй, на бригантине! – раздался сдержанный окрик. Вахтенный матрос подошёл к борту.
– Есть на бригантине, – сонно ответил он, вглядываясь в темноту. – Кого надо?
– Судя по голосу – это ты, Рексен. Встречай Битт-Боя.
– Битт-Бой?! В самом деле… – Матрос осветил фонарём шлюпку. – Вот так негаданная приятность! Вы давно в Лиссе?
– После поговорим, Рексен. Кто капитан?
– Вы его едва ли знаете, Битт-Бой. Это – Эскирос, из Колумбии.
– Да, не знаю.

– Пока матрос спешно спускал трап, Битт-Бой стоял посреди шлюпки в глубокой задумчивости. – Так вы таскаетесь с золотом?
Матрос засмеялся:
– О нет, – мы погружены съестным, собственной провизией нашей да маленьким попутным фрахтом на остров Санди.
Он опустил трап.

– А всё-таки золото у вас должно быть… как я понимаю это, – пробормотал Битт-Бой, поднимаясь на палубу.
– Иное мы задумали, лоцман.
– И ты согласен?
– Да, так будет, должно быть, хорошо, думаю.
– Отлично. Спит капитан?
– Нет.
– Ну, веди.

В щели капитанской каюты блестел свет. Битт-Бой постучал, открыл двери и вошёл быстрыми прямыми шагами.

Он был мертвецки пьян, бледен, как перед казнью, но, вполне владея собою, держался с твёрдостью удивительной. Эскирос, оставив морскую карту, подошёл к нему, прищурясь на неизвестного. Капитан был пожилой, утомлённого вида человек, слегка сутулый, с лицом болезненным, но приятным и открытым.
– Кто вы? Что привело вас? – спросил он, не повышая голоса.
– Капитан, я – Битт-Бой, – начал лоцман, – может быть, вы слышали обо мне. Я здесь…

Эскирос перебил его:
– Вы? Битт-Бой, «приносящий счастье»? Люди оборачиваются на эти слова. Всё слышал я. Сядьте, друг, вот сигара, стакан вина; вот моя рука и признательность.

Petites nouvelles russes - Bitt-Boy - Des bateaux dans la nuit

Il devait être dix heures du soir lorsqu'un canot conduit par un seul homme heurta légèrement le flanc de ‘La Felicità’.

Une voix lança un appel retenu : "– Ohé, du brigantin !"

Sur le pont, le marin de quart s’approcha de la rambarde, scrutant l'obscurité.

"– Qui va là et que cherches-tu ?", demanda-t-il d’une voix endormie.
"– A en juger à l’oreille, c’est toi, Rexen... C’est moi, Bitt-Boy !
"– Bitt Boy ?! Allons bon !... Le marin souleva sa lanterne, tentant d’éclairer le frêle esquif. Bien surpris de vous revoir, pilote ! Depuis combien de temps êtes-vous à Liss ?
"– Nous parlerons de ça plus tard, Rexen. Qui est le capitaine de ce navire ?
"– Vous ne devez sûrement pas le connaître Bitt-Boy. Il s’agit du Señor Esquiros, un Colombien.
"– En effet, je n’ai jamais entendu parlé du lui…"

Tandis que le marin déroulait une échelle de corde, Bitt-Boy, se tenant debout sur la chaloupe, tout songeur, demanda encore : "- Alors Rexen, vous vous baladez avec de l'or dans vos cales, à ce qu’on dit ?"

Le marin éclata de rire : "– Oh non ! Nous ne transportons que de la nourriture, nos propres provisions, et un peu de fret sans importance pour Sandy Island."

Bitt-Boy monta à bord.

"– Pourtant, vous devez avoir de l'or, si j’ai bien entendu ce qu’on raconte… avança le pilote.
"– C’est pas ce que nous imaginions, répondit Rexen.
"– Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? Es-tu de cet avis ? Interrogea Bitt-Boy.
"– Oui, et ça vaut mieux comme ça, je pense…
"– Parfait... Et ton capitaine, dort-il ?
"– Non, pas encore.
"– Eh bien, conduis-moi auprès de lui..."

La lumière d’une lampe brillait dans l’embrasure de la porte de la cabine. Bitt-Boy frappa et, sans même attendre, il entra d'un pas déterminé.

Le pilote était complètement ivre, aussi pâle qu'un condamné : manifestement il avait bu plus que de raison à l’hôtel du ‘Coussin de paille’. Pourtant, malgré cela, il gardait le total contrôle de lui-même et, étonnamment, tenait solidement sur ses jambes.

Quittant les cartes marines qu’il consultait, Esquiros s’avança, plissant les paupières pour tenter de reconnaître celui qui venait d’entrer. C’était un homme d’âge moyen qui paraissait fatigué, marchant légèrement voûté. Son visage, bien que maladif, était d’un abord agréable et ouvert.

"– Qui êtes-vous ? Et qu'est-ce qui vous amène à bord de mon navire ? demanda-t-il sans élever la voix.
"– Capitaine, je me nomme Bitt-Boy, répondit le pilote, vous avez peut-être entendu parler de moi. Je viens pour…"

Esquiros l'interrompit : "– Vous ? Vous êtes Bitt-Boy ? Bitt-Boy le Porte-bonheur ? J'ai entendu maintes histoires vous concernant : les gens se retournent lorsqu’ils entendent votre nom ! Asseyez-vous, mon ami. Tenez, prenez un cigare, et servez-vous un verre de vin ! Laissez-moi donc vous serrer la main en gage de respect."