M. Zochtchenko – Histoire de changer de costume (2)

Petites nouvelles russes - Vieille clé d'hôtel

Histoire de changer de costume
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Исто́рия с переодева́нием

Second épisode - Второй эпизод

Lecture : Vladimir Samoïlov (Владимир Самойлов)

...Я говорю́ ло́маным испа́нским языко́м:

Яво́ль, говорю́, би́тте-цурби́тте. Неси́те, говорю́, поскоре́й чемода́н в мою́ номеру́лю. А по́сле, говорю́, мы поговори́м, разберёмся, что к чему́.

Яво́ль, яво́ль, отвеча́ет портье́, не беспоко́йтесь.

А у самого́, вида́ть, комме́рческая ли́ния переве́шивает.

Плати́ть-то как, говори́т, бу́дете? Инвалю́т о́дер всё-таки неуже́ли на́шими?

И сам де́лает из свои́х па́льцев зна́ки, поня́тные приезжи́м иностра́нцам, но́лики и едини́цы. Я говорю́:

Э́то я как раз вас не понима́ет. Неси́, говорю́, холе́ра, чемода́н поскоре́е.

Мне бы, ду́маю, то́лько но́мер заня́ть, а там пуща́й из меня́ лепёшку де́лают.

Вот хвата́ет он мой чемода́н. И от стара́тельности до того́ энерги́чно хвата́ет, что чемода́н мой при плохо́м замке́ раскрыва́ется.

Раскрыва́ется мой чемода́н, и, коне́чно, отту́да выва́ливается, пря́мо ска́жем, ра́зная дрянь. Ну, там, бельи́шко зала́танное, полукальсо́ны, мы́льце Кил и про́чая оте́чественная чертовщи́на.

Портье́ погляде́л на э́то иму́щество, побледне́л и сра́зу всё по́нял.

А ну-те, говори́т, испа́нский подле́ц, покажи́ докуме́нт.

Я говорю́:

Не понима́ет. А е́сли, говорю́, номеро́в не́ту, я уйду́.

Портье́ говори́т швейца́ру:

Вида́ли? Он пыта́лся пройти́ под фла́гом иностра́нца.

Я хочу́ поскоре́й уйти́, но швейца́р говори́т:

Тс-с, това́рищ, подойди́те сюда́. Не бо́йтесь. Ска́жите, неуже́ли вам так ну́жен но́мер?

Я говорю́:

На парохо́де закача́ло е́ле стою́. И да́же согла́сен дать пре́мию, то́лько чтоб мне да́ли в но́мере полежа́ть.

Портье́ говори́т:

У нас взя́ток не беру́т. А е́сли вам так ну́жен но́мер, то я вам могу́ дать про́сто так. Безвозме́здно. Но он без ключа́. Но́мер за́перт, а ключ поте́рян. За э́то вы сле́сарю запла́тите пятна́дцать рубле́й. Он вам откро́ет и ключ подберёт из старья́.

Я плачу́ э́ти де́ньги и получа́ю но́мер.

А ве́чером узнаю́, что никто́ от э́того но́мера ключа́ не теря́л, а про́сто они́ мне загна́ли за пятна́дцать целко́вых обыкнове́нный ключ от э́того но́мера. Об э́том мне сказа́л сосе́д, с которо́го они́ взя́ли за то же са́мое де́сять целко́вых. А с меня́ на пять рубле́й доро́же как с бы́вшего испа́нца.

В о́бщем, я был дово́лен, что получи́л но́мер.

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Je poursuis dans mon espagnol toujours aussi approximatif : - Ya-vol, lui dis-je, bitte-zur-bitte. Prendi presto mein valise dans meine chamber-zimmer. Et puis, ajouté-je, nous bafarderons et je vous dirai le pourquoi du comment.

- Ya-vol, ya-vol, répond le réceptionniste, sans souci, grandé Signor !

Mais apparemment, bien vite la visée mercantile reprend le dessus : - Comment allez-vous régler ? me demande-t-il. En devises estrangères oder en valoutas bien de chez nous ?

Et il trace de ses doigts des signes évidents pour tout étranger en villégiature : une suite de zéros et de un.

Je lui dis : - Moi, là tout simplement pas comprendre vous. Peste soit vous ! Porto presto mein valise.

Je me dis qu’il me faut juste qu’il me refile une chambre et, ensuite, ils pourront faire de moi ce qu’ils voudront.

Et donc il saisit ma valise d’une main. Et dans son emportement voilà-t-y qu’elle s'ouvre à cause de son mauvais fermoir.

Elle s'ouvre et là, bien sûr, tout un saint-frusquin de misère dégringole. Et par-ci, des sous-vêtements rapiécés, et par là des demi-caleçons, et puis une savonnette et d’autres conneries tout aussi locales et compatriotiques.

Le réceptionniste voit tout mon fatras, et devient pâle. Soudain il a tout compris.

- Allez, dit-il, espèce de canaille espagnole, montre-moi donc ton passeport.

Je réponds : - Niet comprendo. Et si, ajouté-je, pas de chambre, alors moi ficher la poudre d’escampette.

Le réceptionniste s’adresse au portier : - Non mais t’as vu ça ? Il a tenté de passer sous pavillon estranger !

Je m’apprête à décamper quand le portier me dit : - Ts-ts, camarade, venez par ici. N'ayez pas peur. Dites-moi, désirez-vous vraiment une chambre ?

Je réponds: - Sur le vapeur, j’avais si mal au cœur que je tenais à peine debout. J'accepterais même de verser un surplus, juste pour m'allonger et profiter d’un lit.

Le réceptionniste rétorque : - Nous n'acceptons pas les pots-de-vin. Mais, ajoute-t-il, si vous avez vraiment besoin d’une chambre, je peux vous en fournir une, simplement. Et gratis. Mais elle n'a pas de clé. La clé a été perdue. Pour cela, vous paierez au serrurier quinze roubles pour les réparations. Il vous ouvrira la porte, et vous remettra une clé tirée de son assortiment de vieilleries.

Je m’acquitte de la somme et j'obtiens enfin la chambre.

Et, le soir venu, je découvre que personne n’a jamais perdu de clé : qu’on m’en a juste refilé une bien ordinaire pour une chambre que j’ai payée quinze roubles. Le type de la chambre d’à côté m'en a touché deux mots : à lui, pour la même chose, ils ne lui ont facturé que dix roubles. Et voilà qu’à moi ça m’a coûté cinq roubles supplémentaires en qualité de ci-devant Espagnol.

Mais, dans l’ensemble, j’ai quand même été content d’avoir dégoté une chambre.

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