M. Zochtchenko – Un petit vieux bien agité (03)

Petites nouvelles russes : Le réveil du petit vieux
Le réveil du petit vieux, Léonid Baranov (Леонид Баранов), détail

Un petit vieux bien agité
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Расска́з о беспоко́йном старике́

Troisième épisode - Третий эпизод

Lecture : Viola Rodiolova (Виола Родиолова)

Спéшно вы́звали домоуправлéние, кото́рое никако́й рационализа́ции не внесло́ в э́то дéло.

Бы́ло сдéлано предложéние поста́вить э́то сооружéние во двор. Но управдо́м реши́тельно заяви́л: - Э́то, говори́т, мо́жет вы́звать нездоро́вое замеша́тельство среди́ жильцо́в, оста́вшихся в живы́х, и, гла́вное, невзно́с кварти́рной пла́ты, кото́рая и без того́ заде́рживается, как пра́вило, по полго́да.

Тогда́ ста́ли раздава́ться кри́ки и угро́зы по а́дресу владе́льца старичка́, кото́рый закры́лся в своéй ко́мнате и сжига́л тепе́рь ра́зные старико́вские ошмётки и оста́вшееся ерундо́вое иму́щество.

Решено́ бы́ло си́лой откры́ть дверь и водвори́ть э́то сооружéние в ко́мнату.

Ста́ли крича́ть и дви́гать стол, по́сле чего́ поко́йник тихо́нько вздохну́л и нача́л шевели́ться.

Пóсле небольшо́й па́ники и замешáтельства жильцы́ освóились с нóвой ситуáцией.

Они́ с нóвой си́лой ри́нулись к кóмнате. Они́ на́чали стучáть в дверь и кричáть, что стари́к жив и прóсится в кóмнату.

Однакó запе́ршийся дóлгое врéмя не отвечáл. И тóлько чéрез час сказáл: - Брóсьте свои́ арáпские штýчки. Знаю, вы меня́ на плешь хоти́те поймáть.

Пóсле дóлгих переговóров владéлец старикá попроси́л, чтóбы э́тот послéдний по́дал свой гóлос.

Стари́к, не отличáвшийся фанта́зией, сказáл тóнким гóлосом: - Хо-хо…

Э́тот по́данный гóлос запёршийся всё равнó не признáл за настоя́щий.

Наконéц, он стал глядéть в замóчную сквáжину, предвари́тельно попроси́в постáвить старикá напрóтив.

Постáвленного старикá он дóлгое врéмя не хотéл признáть за живóго, говоря́, что жильцы́ нарóчно шеве́лят ему́ ру́ки и нóги.

Стари́к, вы́веденный из себя́, на́чал буя́нить и беспощáдно ругáться, как бывáло при жи́зни, пóсле чегó дверь откры́лась, и стари́к был торже́ственно водворён в кóмнату.

Побрани́вшись со свои́м рóдственником о том, о сём, ожи́вший стари́к вдруг замéтил, что иму́щество егó исчéзло и части́чно тле́ет в пéчке. И нéту раскиднóй кровáти, на котóрой он тóлько что извóлил померéть.

Тогдá стари́к, по сóбственному почи́ну, со всем нахáльством, прису́щим э́тому вóзрасту, лёг на óбщую кровáть и велéл подáть ему́ ку́шать. Он стáл ку́шать и пить молокó, говоря́, что он не посмо́трит, что э́то егó рóдственники, а подáст на них в суд за расхищéние иму́щества.

Вскóре прибылá из Сестрорéцка егó женá, то есть дочь э́того умéршего пáпы.

Бы́ли кри́ки ра́дости и испу́га. Молодо́й ребё́нок, не вдава́вшийся в подро́бности биоло́гии, дово́льно терпи́мо отнёсся к воскре́сению. Но ня́нька, э́та шестнадцатиле́тняя ду́ра, вновь ста́ла проявля́ть при́знаки нежела́ния служи́ть э́той семье́, у кото́рой то и де́ло то умира́ют, то вновь воскреса́ют лю́ди.

Séparateur 1

On appelle en toute hâte le syndic qui ne contribue en rien à rationaliser l’affaire.

On propose de ranger l'assemblage dans la cour. Mais le syndic déclare résolument : - Ça peut provoquer une confusion malsaine parmi les occupants restés en vie, et surtout leur refus de régler loyers et charges qui, sans besoin de ça, sont déjà bien en retard, généralement d’au moins six mois.

Alors s’élèvent des cris et des menaces à l’encontre du propriétaire du petit vieux - le père - qui à présent s’est barricadé et brûle divers papiers et d’autres petites choses ayant appartenu au défunt.

On décide de forcer la porte de la chambre afin d’y rapatrier l'assemblage. On se met à gueuler et à déplacer la table.

A la suite de cela, voilà que le défunt pousse un profond soupir et commence à bouger.

Après un peu de panique et de confusion, les locataires, s’adaptant à la nouvelle situation, se ruent avec une énergie renouvelée vers la chambre. Ils se mettent à frapper et à hurler que le vieillard est bien vivant et qu’il demande à regagner ses pénates.

Cependant, à l’intérieur, le reclus barricadé pendant longtemps refuse de répondre. Et c'est seulement au bout d’une heure qu'il dit : - Laissez tomber vos trucs à la con ! Je sais parfaitement que vous voulez m’avoir en traître !

Après de longues négociations le propriétaire du vieux demande à ce dernier qu’il lui fasse entendre sa voix. Le vieux qui ne brillait pas par son originalité, dit d'un ton faible : - ...Ho ...Ho !

Mais le reclus ne reconnaît en rien cette voix pour authentique. En fin de compte il jette un coup d’œil par la serrure, demandant au préalable qu'on place le vieux bien en face du trou.

Pendant longtemps, il refuse de reconnaître le vieux que les voisins ont ainsi disposé comme bien vivant, disant qu’ils font exprès de lui agiter les bras et les jambes.

Le vieux sort alors de ses gonds et pique une crise ; il se met à gueuler sans pitié, comme du temps de son vivant.

Et là, la porte s'ouvre et on réinstalle solennellement le vieillard dans la chambre.

Après s’être engueulé avec son gendre à propos de ceci et cela, revenu à la vie, le vieux remarque soudain que ses affaires ont disparu et qu’elles se consument partiellement dans le poêle. Et qu'il manque le lit pliant sur lequel il avait daigné rendre l'âme.

Alors, le vieux, de son propre chef, avec l'effronterie propre à son âge, se couche dans le grand lit et ordonne qu'on lui serve à manger. Il se met à grignoter et à boire du lait, disant que, proches parents ou pas, ça lui est bien égal, et qu'il va déposer plainte pour vol.

Bientôt l’épouse rentre de Sestroretsk (c'est-à-dire la fille de feu son papa). Il y a des exclamations de peur et de joie. Le bambin, n'ayant pas étudié à fond les détails de la biologie, affiche une certaine tolérance à l’égard de cette résurrection. Alors que la nounou, cette connasse de seize ans, manifeste quant à elle des symptômes révélant l'absence de désir à vouloir servir plus longtemps une famille pareille, chez laquelle les gens tantôt meurent, tantôt ressuscitent.