M. Zochtchenko – Un petit vieux bien agité (04)

Petites nouvelles russes : Le repas du petit vieux
Le repas du petit vieux, Léonid Béranov (Леонид Баранов)

Un petit vieux bien agité
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Расска́з о беспоко́йном старике́

Quatrième épisode - Четвёртый эпизод

На девя́тый день вдруг прие́хала бе́лая колесни́ца с фа́келами, запряжённая в одну́ чёрную ло́шадь с нагла́зниками.

Муж, э́тот глава́ семьи́, не́рвно гляде́вший в окно́, пе́рвый уви́дел э́то прибы́тие. Он говори́т: — Вот, папа́ня, наконе́ц, за ва́ми прие́хали ло́шади.

Стари́к на́чал плевáться и говори́ть, что он бо́льше никуда́ не пое́дет.

Он откры́л фо́рточку и на́чал плевáть на у́лицу, крича́ сла́бым го́лосом, чтоб ку́чер уезжа́л поскоре́й и не мозо́лил бы глаза́ живы́м лю́дям.

Ку́чер в бе́лом сюртуке́ и в жёлтом цили́ндре, не дожда́вшись вы́носа, подня́лся наве́рх и на́чал гру́бо руга́ться, тре́буя, чтоб ему́, наконе́ц, да́ли то, заче́м он прие́хал, и не заставля́ли бы его́ дожида́ться на сыро́й у́лице.

Он говори́т: — Я не понима́ю ни́зкий у́ровень живу́щих в э́том до́ме. Всем изве́стно, что ло́шади о́стро дефици́тные. И зря вызыва́ть их — э́тим мо́жно оконча́тельно расстро́ить и погуби́ть тра́нспорт. Нет,— говори́т,— я в э́тот дом бо́льше не ездо́к.

Собра́вшиеся жильцы́ совме́стно с ожи́вшим старичко́м вы́пихнули ку́чера на площа́дку и ссы́пали его́ с ле́стницы вме́сте с сюртуко́м и цили́ндром.

Ку́чер до́лго не хоте́л отъезжа́ть от до́ма, тре́буя, чтоб ему́ в кра́йнем слу́чае подписа́ли ка́кую-то путёвку. Без чего́ он никуда́ не пое́дет.

Ожи́вший стари́к плевáлся в фо́рточку и кулако́м грози́л ку́черу, с кото́рым у них завязáлась о́страя перебрáнка.

Наконéц ку́чер, охри́пнув от кри́ка, утомлённый и поби́тый, уéхал, пóсле чегó жизнь потеклá свои́м чередо́м.

На четы́рнадцатый день старичо́к, простуди́вшись у раскры́той фо́рточки, захворáл и вскóре по-настоя́щему по́мер.

Сначáла никтó э́тому не повéрил, ду́мая, что стари́к по-прéжнему валя́ет дуракá, но вы́званный врач успокóил всех, говоря́, что на э́тот раз всё без обмáна.

Тут произошлá совершéнная пáника и замешáтельство среди́ живу́щих в коммунáльной кварти́ре.

Мнóгие жильцы́, замкну́в свои́ кóмнаты, врéменно выéхали кто кудá.

Женá, то есть, прóще сказáть, дочь её пáпы, пуга́ясь заходи́ть в бюрó, снóва уéхала в Сестрорéцк с ребёнком и реву́щей ня́нькой.

Муж, э́тот глава́ семьи́, хотéл бы́ло устрóиться в дом óтдыха. Но на э́тот раз колесни́ца неожи́данно прибылá на вторóй день.

В о́бщем, тут была́, как оказа́лось, не́которая нечёткость рабо́ты с колесни́цами, вре́менное затрудне́ние, а не постоя́нное запа́здывание.

И тепе́рь, говоря́т, они́ испра́вили все свои́ похоро́нные недочёты и подаю́т так, что пря́мо — красота́. Лу́чше не на́до.

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Le neuvième jour, voilà qu’un corbillard blanc arrive sans crier gare, paré de flambeaux, tiré par un cheval noir portant œillères. Le mari, ce chef de famille, qui regardait nerveusement par la fenêtre, est le premier à remarquer son arrivée.

Il s’écrie : - Voilà enfin, beau-papa, les chevaux venus pour vous !

Le vieux se met à cracher et dit qu'il n'ira plus nulle part. Il ouvre le vasistas et commence à postillonner dehors en criant au cocher d'une faible voix de ficher le camp dare-dare et de ne pas venir casser les pieds aux vivants.

Le cocher en redingote blanche et haut-de-forme jaune, après avoir attendu en vain la levée du corps, grimpe à l’étage et se met à jurer grossièrement, exigeant qu'on lui remette ce pour quoi il est venu et qu'on ne l’oblige pas à attendre en bas sous la pluie.

Il s’exclame : - Je ne comprends pas le niveau de débilité des habitants de cet immeuble. Tout le monde sait qu'il y a une pénurie énorme de chevaux. Et d’en faire ainsi la demande, sans raison, peut à la fin bouleverser les convois. Non, ajoute-t-il, plus jamais je ne pousserai jusqu’ici.

Les voisins rassemblés, de concert avec le petit vieux, fichent le cocher dehors, sur le palier, et le poussent dans l’escalier, lui, sa redingote et son haut-de-forme.

Pendant longtemps le cocher ne voulut pas s'éloigner de la maison, exigeant qu'on lui signât au moins une feuille de route. Sans quoi il n’irait nulle part.

Le vieillard ressuscité cracha par la fenêtre et menaça du poing le cocher avec qui il avait débuté cette vive altercation. Finalement, ce dernier, la gorge enrouée à cause de tous ses cris, de guerre lasse, épuisé, finit par s’éloigner.

Par la suite, la vie reprit son cours habituel.

Le quatorzième jour, le petit vieux qui avait pris froid à cause du vasistas ouvert tomba malade et mourut rapidement, cette fois-ci pour de bon.

D'abord, personne ne voulut y croire, pensant que le vieux faisait toujours l'idiot, mais le médecin qu’on avait appelé rassura tout le monde en disant que cette fois ce n'était pas de la triche.

Alors là, ce fut la panique totale et le charivari parmi les occupants de l'appartement communautaire. Beaucoup bouclèrent leur chambre à double-tour et partirent un temps, qui par ci, qui par là.

La femme, c'est-à-dire, plus simplement, la fille à son papa, ayant peur de se rendre aux pompes funèbres, quant à elle repart pour Sestroretsk emmenant l'enfant et la nounou qui n’en finit pas de chialer. Le mari, ce chef de famille, a bien envie de trouver refuge dans une maison de vacances.

Mais cette fois, le corbillard arriva de façon inattendue deux jours après.

En définitive, il s’avéra qu'il y avait eu un dysfonctionnement dans la gestion des corbillards, due à une difficulté temporaire et non à un retard permanent.

Et à présent, on dit que tous ces dysfonctionnements funéraires ont été ont corrigés et que tout se passe en définitive de la plus belle des manières. Mieux serait impossible.

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