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Ilya Varchavsky – Robi (01)

Ravi de faire votre connaissance !... Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
Ро́би (1962) Robi
Пе́рвый эпизо́д - Premier épisode
(Enregistrements audio version française : Bruno et Roselyne Marmottant - Version russe réalisée par Intelligence Artificielle)
Не́сколько ме́сяцев наза́д я пра́здновал своё пятидесятиле́тие.
По́́сле мно́гих то́стов, в кото́рых превозноси́лись мои́ досто́инства и ума́лчивалось о сво́йственных мне недоста́тках, с бока́лом в руке́ подня́лся нача́льник лаборато́рии ра́диоэлектро́ники Стреко́зов.
- А тепе́рь, - сказа́л он, - юбиля́ра бу́дет приве́́тствовать са́мый молодо́й представи́тель на́шей лаборато́рии.
Взо́ры прису́тствующих почему́-то обрати́лись к две́ри.
В наступи́вшей тишине́ бы́ло слы́шно, как кто́-то снару́жи цара́пает дверь. Пото́м она́ откры́лась, и в ко́мнату въе́хал ро́бот.
Все зааплоди́ровали.
- Э́тот ро́бот, - продолжа́л Стреко́зов, - принадлежи́т к разря́ду самообуча́ющихся автома́тов. Он рабо́тает не по за́данной програ́мме, а разраба́тывает её сам в соотве́тствии с изменя́ющимися вне́шними усло́виями. В его́ па́мяти храни́тся бо́льше ты́сячи слов, причём э́тот лексико́н непреры́вно пополня́ется. Он свобо́дно чита́ет печа́тный текст, мо́жет самостоя́тельно составля́ть фра́зы и понима́ет челове́ческую речь. Пита́ется он от аккумуля́торов, сам подзаряжа́я их от сети́ по ме́ре на́добности. Мы це́лый год рабо́тали над ним по вечера́м для того́, что́бы подари́ть его́ вам в день ва́шего юбиле́я. Его́ мо́жно обучи́ть выполня́ть любу́ю рабо́ту. Поздоро́вайтесь, Ро́би, со свои́м но́вым хозя́ином, - сказа́л он, обраща́ясь к ро́боту.
Ро́би подъе́хал ко мне и по́сле небольшо́й па́узы сказа́л:
- Мне доста́вит удово́льствие, е́сли вы бу́дете сча́стливы приня́ть меня́ в чле́ны ва́шей семьи́.
Э́то бы́ло о́чень ми́ло ска́зано, хотя́ мне показа́лось, что фра́за соста́влена не о́чень пра́вильно.
Все окружи́ли Ро́би. Ка́ждому хоте́лось полу́чше его́ разгляде́ть.
- Невозмо́жно допусти́ть, - сказа́ла тёща, - чтобы он ходи́л по кварти́ре го́лый. Я обяза́тельно сошью́ ему́ хала́т.

Il y a quelques mois, je fêtai mon cinquantième anniversaire.
Après de nombreux toasts au cours desquels mes vertus furent vantées et mes défauts passés sous silence, Strekozov, le chef du laboratoire de radio-électronique, se leva, une coupe à la main.
- Et maintenant, dit-il, la plus jeune recrue de notre laboratoire va venir saluer notre héros du jour.
Sans que je sache pourquoi, les yeux de tous se tournèrent vers la porte.
Il y eut un silence et l’on entendit comme si quelqu'un à l’extérieur grattait à la porte. Puis celle-ci s’ouvrit et un robot entra dans la pièce.
Tout le monde applaudit.
- Ce robot, continua Strekozov, est un automate auto-apprenant : il ne fonctionne pas selon un programme préinstallé, mais développe lui-même ses capacités en fonction des modifications des conditions de son environnement. Plus d'un millier de mots sont stockés dans sa mémoire, et ce lexique est constamment mis à jour. Il lit sans problème des textes imprimés, peut composer par lui-même des phrases et comprend la parole humaine. Il est alimenté par des batteries qu’il sait lui-même recharger à partir du réseau selon ses besoins.
...Nous avons travaillé tous les soirs, pendant toute une année, afin qu’il soit prêt le jour de votre anniversaire. Il peut être conditionné pour faire n'importe quel travail.
...Dites bonjour, Robi, à votre nouveau maître, conclut Strekozov, s’adressant au robot.
Robi s'approcha de moi et après une courte pause me dit :
- Cela me fera plaisir si vous serez heureux de m'accepter comme membre de votre famille.
C'était très gentiment dit, même s'il me semblait que la phrase n'était pas grammaticalement tout à fait correcte.
Tout le monde entourait Robi. Tout le monde voulait le voir et l’approcher.
- Impossible, dit ma belle-mère, qu'il se balade tout nu dans l'appartement. Je vais certainement devoir lui coudre un peignoir.
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Introduction – Ilya Varchavsky

Sommaire et liens
"Je peux seulement dire que j'écris des nouvelles parce que je ne peux pas écrire de romans et, si je le pouvais, j'en écrirais certainement, mais alors je devrais expliquer pourquoi je n'écris pas de nouvelles..." I. Varchavsky. Lire la suite...
Robi - Lire ; Conflit - Lire ; Les fantômes - Lire ; Les vieux - Lire ; Journal intime - Lire ; L'automate - Lire ; Homunculus - Lire ; Un conte des temps présents - Lire ; Interlude musical : La poupée qui renaît à la vie - Ecouter ; La poupée - Lire ; Le juge - Lire ; L'héritier - Lire ; Le soleil se couche sur Donomag - Lire ; Perpetuum mobile - Lire ; Symposium - Lire.
Le jeu - Lire ; La boutique des rêves - Lire ; Le dictateur - Lire ; interlude musical : V. Vyssotski : La Marche des gredins de l’espace - Ecouter ; La Terre ne répond plus - Lire ; Tout bien selon les règles - Lire ; Opération Rock ‘n Roll - Lire : Sur l'atoll - Lire ; Une violette - Lire ; Le Café moléculaire - Lire.
Aux écrivains de science-fiction - Lire ; Le Panthéon de l'immortalité - Lire ; L’homme qui avait vu l’anti-monde - Lire ; Leçon de parapsychologie - Lire ; Un bal maqué - Lire ; L'amour et temps - Lire ; Interlude musical : Ch. Aznavour : un amour éternel - Ecouter ; Les fourberies de Cupidon - Lire ; La petite clé - Lire ; L'album - Lire .
Introduction
Voici un auteur ignoré en France dont nous présentons ici quelques nouvelles, la plupart très brèves, qui permettront aux lecteurs de découvrir son univers. Ne vous étonnez pas d’y croiser un robot qui n’en fait qu’à sa tête, un vieil homme et une machine perdus dans un monde vidé de ses habitants, une âme amoureuse qui erre, égarée, le long d’une autoroute, et même Dieu tout-puissant qui joue à pile ou face avec une machine confectionnée par le Démon : c’est de la science-fiction (en russe : научная фантастика, de la ‘science fantastique’).
‘Donomag’ :
Nombre des récits que nous vous présentons ici sont extraits du recueil ‘Le soleil se couche sur Donomag’ (Солнце заходит в Дономаге), publié en 1966. Donomag, une ville imaginaire, tentaculaire, où les hommes et les machines cohabitent pour le meilleur (des mondes) et peut-être pour le pire.

'Le soleil se couche sur Donomag' Voici ce qu’en dit l’auteur en guise d’introduction :
« Le sociologue s'intéresse à la société en tant que telle, l'écrivain s'intéresse aux personnes de cette société.
« J'ai écrit des histoires sur les habitants de Donomag, le conflit entre l'homme et la science dans un système social où la science commence inévitablement à servir les objectifs de l'esclavage.
[…]
« Donomag est un pays fictif, je l'ai créé. Et il s'est détruit, même si je lui ai donné tout ce à quoi il aspirait… »Lire (en russe) le recueil ‘Le soleil se couche sur Donomag’ (1966) dans son intégralité. Et écouter sur Youtube (en russe).

Ilya Varchavsky (1908-1974) Quelques mots sur l’auteur :
Ilya Varchavsky (Илья Иосифович Варшавский) est né à Kiev en 1908. Diplômé de l'École navale de Leningrad, il travaille d’abord comme mécanicien de navires avant de devenir ingénieur. Il publie en 1929 un premier ouvrage : ‘Le tour du monde sans billet’ (Вокруг света без билета) et quelques billets dans divers périodiques (sous différents pseudonymes) avant de ne plus rien écrire (ou du moins de ne plus rien publier) jusqu’en 1962, soit plus de trente ans de silence.
Tout cela, raconta Varchavsky, commença à cause d'une dispute avec son fils Viktor, ingénieur cybernétique et grand fan de science-fiction :
« - Pourquoi perds-tu ton temps à lire des livres aussi creux ? reprocha le père. Ceux qui écrivent ça ne pondent que des absurdités !
- Et toi, essaie donc ! invente de telles absurdités ! lui rétorqua Viktor... »

Le café moléculaire, 1964 Ce sera ‘Robi’ (Роби) qui marquera son retour sur la scène littéraire - la première nouvelle que nous vous présentons ici. ‘Robi’ sera suivi d’autres nouvelles qui seront rassemblées dans un premier recueil sorti en 1964 : ‘Le café moléculaire’ (Молекулярное кафе).
Durant la dizaine d’année qui suivit, Varchavsky publia plus de quatre-vingts récits. Il décédera à Léningrad, l’actuelle Saint-Pétersbourg, en 1974. Certains de ses écrits, parmi ceux que nous avons traduits, ne parurent que bien après sa mort.
Nulle part, à ma connaissance, il ne fit référence à sa 'judaïcité', si ce n'est dans un propos rapporté : "Je suis allé chercher un emploi à Bakou - ils ne m'avaient envoyé nulle part ailleurs ; en tant que Juif, c'est naturel. Et à Bakou, ils m'ont embauché au tout premier endroit où j'ai postulé. Ça m'avait frappé ! J'ai demandé, comment est-ce possible ? Ils m'ont expliqué : ils te prennent tout de suite, parce que tu n'es pas Russe..." (Mikhaïl Kheifets, En souvenir d'Ilya Iosifovich Varshavsky) ;
En cela, il s'inscrivait dans une longue 'tradition' d'auteurs soviétiques de S.F. d'origine juive. Lire (en anglais) : The Secret Jewish Language of Soviet Era Science Fiction.Lire (en russe) 'D'une entame d'une autobiographie' (Из начатой автобиографии).
Lire (en russe) une biographie d'Ilya Varchavsky et la liste de ses œuvres.
Lire (en russe) une anthologie de ses œuvres.
Les férus francophones pourront rechercher quelques traductions de ses nouvelles dans d’anciennes anthologies consacrées à la science-fiction soviétique : Lien.
« Планета есть колыбель разума, но нельзя вечно жить в колыбели. » Константин Циолковский. 1911
"La Terre est le berceau de l'Intelligence, mais l'on ne peut éternellement passer sa vie dans un berceau." Constantin Tiolkovsky. 1911

Nous sommes nés pour que nos rêves deviennent réalité La science-fiction russe et soviétique :
Si la France peut s’enorgueillir de posséder l’écrivain qui a, en quelque sorte, rendu le genre universel, en la personne de Jules Verne, la science-fiction, - le roman d’anticipation -, est restée dans notre pays un domaine largement ignoré de la ‘grande’ littérature. Par contre, en Russie, dès avant la Révolution de 1917, et plus encore ensuite en URSS, ce genre a su se forger une place de premier plan. Des auteurs, tels qu’Alexis Tolstoï, Mikhaïl Boulgakov, Ivan Efremov, les frères Arcadi et Boris Strougatski, et tant d’autres en témoignent.
Durant l’ère soviétique, la confiance dans un progrès technique et social qui devait propulser l’humanité dans un monde radieux – et dont la figure emblématique fut peut-être Iouri Gagarine, le premier homme dans l’espace - était presque érigé en ‘dogme d’État’. Enfin, dans ce meilleur des Mondes à venir, les robots allaient délivrer ‘les prolétaires de tous les pays’ des corvées les plus pénibles et les plus dangereuses ! ‘L’Union des Soviets’¹ avait vocation à gouverner non seulement la Planète entière mais à s’étendre aussi jusqu’aux confins de l’univers (du ‘Cosmos’ pour reprendre la terminologie russe).
Tout cet idéal, cette utopie, se termina, nous le savons aujourd’hui tragiquement : par la catastrophe de Tchernobyl (1986), précédant la chute de l’URSS (fin 91). Mais cela, me direz-vous, est une autre histoire. Une uchronie qu’ont semblé pourtant évoquer, si ce n’est prédire, plusieurs auteurs de science-fiction bien des années auparavant. Ainsi, projetant leurs lecteurs dans des mondes lointains ou imaginaires, s’ingéniaient-ils parfois à une critique à peine voilée du système techno-industriel ; le subterfuge de la science-fiction leur permettant d’échapper (parfois) aux fourches de la censure soviétique.
1- L’Union soviétique (URSS) était, à ma connaissance, le seul Etat moderne dont le nom ne comportait aucune référence – et donc limite - géographique quelconque.
Pour en savoir plus :
- P. et V. Lajoye : ‘Étoiles rouges - La littérature de science-fiction soviétique’ (2017) : Lien.
- Le Livre d'Or de la science-fiction : La science fiction soviétique : Lien.
- Affiches de propagande soviétique à la gloire de la conquête spatiale : Voir.
Notes sur la traduction :
Les nouvelles ont été découpées en petits épisodes afin d’en rendre la lecture plus aisée sur Internet.
Comme l’écriture est contemporaine et le style fluide, ces nouvelles peuvent être un bon moyen d’approfondir, pour des étudiants, l’apprentissage du russe. C’est dans ce but que nous y avons généralement fait figurer les accents toniques, essentiels à la compréhension de cette langue. Cet accent tonique que l’on voudrait, comme en français, voir une bonne fois pour toutes ‘cloué’ à un seul endroit...
Remerciements :
- Svetlana Weiss qui m’a accompagné tout au long de ces traductions ;
- Olga Moutouh pour sa relecture, ses remarques et ses corrections ‘côté russe’ ;
- Martine Guille et Bernard Pollet pour leur relecture ‘côté français’.Conception Web : Eléna Ogievetsky – EK-PRINT-WEBDESIGN, que je remercie chaleureusement.
Georges Fernandez, janvier 2023 ©Quand l'imagination d'un créateur rejoint la science-fiction :
Robot - Un spectacle de Blanca Li, 2013

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Alice – Annexe : Article de la revue Perspective – juin 2023
Partez en voyage dans l'espace avec Alice. Article paru en juin 2023 dans la revue Perspective - partiellement lisible - charger le lien pdf suivant pour lire.

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Alice – La chute du maréchal rouillé (XI.05)

Illustration d'Ekatarina Mouratova : Alice dit au-revoir à ses amis les dauphins Chapitre onze :
La chute du maréchal rouilléГлава Одиннадцатая:
Падение ржавого фельдмаршала
L’aventure ici s’achève - Приключение закончилось
Утром, выспавшись, всё рассказав, обклеенная пластырем и обмазанная лечебной мазью, Алиса вместе с киногруппой и журналистами поехала на пиратский остров. С ними была и Берта, которая примчалась из Москвы на метро. Она была одета в фиолетовый парик и живое платье из венерианских водорослей, которое всё время меняло цвет и рисунок.
Берта всю дорогу допрашивала Алису, не почудилось ли ей, что дельфины с ней разговаривали?
Остров был пустынен, в развалинах штаба робота-фельдмаршала гулял ветер. На ящике валялись большие ржавые ножницы и куски жести, из которой фельдмаршал вырезал награды для своих подчинённых.
Техник из киногруппы осторожно поднял тело старика-киноробота и отнёс на катер, чтобы срочно починить.
Алиса показала журналистам яму, в которой она сидела. На её стенке сохранились углубления-ступеньки, по которым Алиса выбралась из плена.
На обратном пути заглянули на полузатопленную баржу, и Алиса взяла сумку с миелофоном.
Остров постепенно уменьшался, уплывая в море. Катер возвращался к берегу. Приключение закончилось.
Светлана наклонилась к Алисе и прошептала:
— Я дозвонилась Никитину. Он попросил прощения.
— За что?
— За всё, в чём был и не был виноват, — сказала Светлана. — Он совсем не такой плохой.
— Я тоже так думаю.Совсем недалеко от берега катер догнала стая дельфинов. Они плыли некоторое время рядом, резвясь и ныряя. Потом повернули в открытое море. Один из них отстал, поглядел на катер и крикнул тонким голосом:
— Хорошо, Алиса!
— До свидания! Спасибо, дельфины! — ответила Алиса.Берта сначала не поверила собственным ушам, а когда поверила, упала в обморок.

Dessin d'enfant : Au-revoir Alice Au matin, après une bonne nuit de sommeil et après avoir tout raconté, Alice, enduite de pommade cicatrisante et couverte de pansements, est prête à retourner sur l’île des pirates.
Elle est accompagnée de caméramen et de journalistes venus spécialement. Bertha elle-même a fait le déplacement depuis Moscou en métro. (Elle porte cette fois-ci une perruque violette et une robe d'algues vénusiennes vivantes qui change continuellement de couleur et de motifs.)
Bertha interroge Alice avec intérêt durant tout le trajet :
- Est-ce que tu es bien sûre que les dauphins parlaient ? qu’ils parlaient notre langue ?
L'îlot est désert, le vent souffle sur les ruines de l’ex-quartier général des robots. Sur la caisse qui servait de table au robot-maréchal traînent une grande paire de ciseaux rouillés et des bouts de fer-blanc à partir desquels il confectionnait des médailles pour récompenser sa troupe.
Un technicien de l'équipe d’Hermann qui accompagne le groupe soulève délicatement le corps inanimé du grand-père Ci-et-là-itou et le transporte jusqu'au bateau afin qu’on puisse d'urgence le réparer.
Alice montre aux journalistes la fosse dans laquelle les robots l’avaient enfermée. Contre la paroi, tous peuvent voir encore les traces des marches qu’elle avait creusées pour grimper et réussir à s’enfuir.
Au retour, le groupe monte à bord de la péniche échouée. Là, Alice en profite pour récupérer le sac contenant le myélophone de son père.
Voilà. Le bateau s’éloigne, l'île au loin diminue progressivement, comme se noyant dans la mer. L’expédition regagne la terre ferme : l'aventure ici s’achève.
Svetlana Solitaria se penche vers la fillette et lui chuchote :
— J'ai réussi à joindre Nikitine. Il m’a demandé pardon.
- Pardon de quoi ?
- Pour tout ce dont il s’est rendu coupable… et même pour les choses dont il est innocent ! lui dit Svetlana avec un sourire. Ce garçon n’est pas mal du tout ! ajoute-t-elle.
- Je le pense aussi, conclut Alice.En regagnant le rivage, quelques dauphins accompagnent le bateau un moment, nageant à la surface et puis plongeant. Avant de s’éloigner, l'un d'eux soulève son museau au-dessus des flots, se tourne et crie d'une voix fluette :
- Tout est bien qui finit bien, Alice !
- Au revoir mes amis les dauphins ! Et merci encore !En entendant que les dauphins parlaient, qu’ils parlaient vraiment, Bertha ne put en croire ses oreilles et tomba dans les pommes...
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Alice – La chute du maréchal rouillé (XI.04)

Alice raconte à ses amis ses aventures Chapitre onze :
La chute du maréchal rouilléГлава Одиннадцатая:
Падение ржавого фельдмаршала
Episode quatre - Четвёртый эпизод
Стояла глубокая ночная тишина. С берега долетало пение цикад.
Лодка ткнулась носом в камни.
Алиса вытащила на берег минимизатор.
И тут услышала, как её зовут.
— Алиса! — перекатывалось по обрыву. — Алиса? Ты где? Алисаааа!
— Я здесь! — крикнула Алиса. — Я здесь.Через минуту она оказалась в центре толпы.
Кого здесь только не было! И спасатели, и Вася, и Герман, и конечно же Светлана Одинокая.
— Ты жива, ты не ранена? Тебе не больно? Где ты была? — слышалось со всех сторон.
— Я всё расскажу, — ответила Алиса. — Но сначала я должна отдать Светлане минимизатор.
— Спасибо, Алиса, — сказала Светлана. — А я голову ломала, зачем ты его взяла?
— Нет, не я его взяла, — сказала Алиса, чувствуя, что у неё подгибаются ноги.И тут она увидела, что Светлана, положив минимизатор на камни, открывает его.
— Осторожнее! Нельзя! — крикнула Алиса.
Но было уже поздно.Светлана вскрикнула.
Все фонари были направлены на неё. Светлана прижала к щеке пальцы, и между ними текла тоненькая струйка крови.
— Что это? — Светлана вытащила из щеки вонзившуюся в неё булавку.
— Это боевая стрела, — сказала Алиса. — В минимизаторе сидят боевые роботы, которые хотят завоевать Землю.И в самом деле, в следующее мгновение булавка превратилась в большую железную стрелу.
Поэтому минимизатор пришлось закрыть.
В следующий раз его открыли уже только на заводе по переплавке металла.

Dans la nuit profonde, tout est redevenu silencieux. Lui parvenant de la côte, Alice peut déjà entendre le chant des cigales.
Enfin elle atteint la rive rocheuse et descend à terre sans oublier, bien sûr, le minimiseur.
Là-haut, au-dessus du ravin, elle entend qu’on crie son nom.
— Alice ! Alice ! Où es-tu ? Ali-i-i-ce !
- Je suis là ! crie-t-elle à pleins poumons. Je suis là !Une minute plus tard, une foule de gens déjà l’entoure. Parmi eux elle reconnaît Vassia et Hermann, de l’épique de tournage, et son amie Svetlana Solitaria.
- Dieu soit loué, tu es vivante ! Es-tu blessée ? Où étais-tu ?
Tous veulent savoir.
- Je vais tout vous dire. Mais d'abord, Svetlana, voici votre minimiseur.
- Merci, Alice. Mais dis-moi pourquoi l'as-tu pris ?
- Non, je ne l’avais pas pris, lui répond la fillette, sentant d’un coup ses jambes défaillir.Voyant que Svetlana ouvre la valise, elle s’écrie :
- Attention ! ne faites surtout pas ça !
Mais déjà il est trop tard.
Svetlana pousse un cri de douleur. Toutes les lampes-torches se braquent vers elle. Svetlana porte ses doigts au visage. Un mince filet de sang s’écoule.
- Mais c’est quoi, ça ? demande-t-elle en retirant de sa joue ce qui ressemble à une épingle.
- C'est une flèche de guerre, lui dit Alice.Dans le minimiseur toute une rangée de robots de combat sont prêts à passer à l’attaque.
- Ils veulent conquérir la Terre !
Et, en effet, une seconde après, dans la main de Svetlana, la petite épingle s'est transformée en une grosse flèche métallique.
- Il faut surtout que plus personne n’ouvre la valise !
Plus tard, des spécialistes inspectèrent le minimiseur et finalement décidèrent qu’il valait mieux le détruire, ainsi que tout ce qu’il contenait. Il fut fondu dans les hauts-fourneaux d’une aciérie.
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Alice – La chute du maréchal rouillé (XI.03)

Illustration d'Evguéni Migounov Chapitre onze :
La chute du maréchal rouillé
Глава Одиннадцатая:
Падение ржавого фельдмаршала
Episode trois - Третий эпизод
И в тот же момент упругое тело дельфина ударило снизу. Она инстинктивно схватилась за высокий скользкий плавник. Дельфин пошёл в сторону, и Алиса не увидела, но почувствовала, как вонзился в воду железный гарпун.
Второй дельфин подплыл к Алисе. Вдвоём дельфины быстро понесли её к берегу.
Рядом можно было разглядеть спины и смеющиеся рыла других дельфинов.
— Стой! — рычал робот, шаря лучом фонаря по воде.
Стрела шлёпнулась о воду рядом с ними.
Вторая поразила одного из дельфинов.
Он застонал, как человек.
— Не смей! — крикнула Алиса, но, конечно, за плеском и шумом её голос был не слышен.
Берег был уже совсем близко — его чёрный обрыв закрывал звёздное небо. И над обрывом мелькали яркие огоньки.
— Плохие люди, — сказал дельфин. — Мы таких не знаем.
— Это не человек! — сказала Алиса, совсем не удивившись, что дельфины говорят — не до удивления было. — Это железные роботы. Это машины. Это злые машины.Дельфины запищали, засвистели, видно, старались понять, что же произошло.
— Это не люди? — спросил снова дельфин, который помогал Алисе.
— Это враги людей.Дельфин громко свистнул, и тут же чёрные спины других дельфинов ушли в сторону.
— Смотри, — сказал дельфин, разворачиваясь.
И Алиса увидела, как сразу несколько дельфинов ударили в борт надувной лодки, посреди которой стоял робот-фельдмаршал.
Лодка накренилась, зачерпнула воды, робот не удержал равновесия и рухнул в воду, подняв высокий фонтан брызг.
— Молодцы! — закричала Алиса. — Ура!
И тут же сообразила, что там, в лодке — минимизатор. Он тоже утонет!
— Лодка! — крикнула Алиса, глядя, как та раскачивается на волнах. — Мне надо в лодку!
Дельфин не стал ничего спрашивать. Он в несколько секунд доплыл до лодки и замер рядом.
Алиса перебралась в лодку.
Чемодан-минимизатор лежал на дне.
— Спасибо вам, дельфины! — крикнула Алиса.
— Пожалуйста, смелая девочка.
— У вас есть раненый, — сказала Алиса, направляя лодку к берегу. — Вам нужна помощь? Я вызову врача?
— Не надо, — ответил дельфин. — Рана не опасная.И дельфины растворились в ночи.
Будто их и не было.

La chute du général rouillé, Illustration d'après Evguéni Migounov Au moment où Alice pense que tout est perdu, elle sent au-dessous d’elle le corps souple et glissant d’un dauphin qui la frôle. Elle saisit instinctivement sa nageoire dorsale. Le dauphin l’entraîne puis brusquement fait un écart. Elle se rend compte, sans le voir, qu’un harpon métallique vient de transpercer la surface de la mer.
Un second dauphin s’approche. Ensemble, les deux cétacés emportent la fillette à toute vitesse. Autour, elle aperçoit le dos et le rostre rieur de plusieurs de leurs amis.
- Stop ! Je t’ordonne de t’arrêter ! lui crie le maréchal depuis le canot, projetant le faisceau de sa lampe frontale sur l'eau. Et il lance une puissante flèche qui vient s’abattre tout près.
Il décoche une seconde flèche qui atteint le dos d’un des dauphins. Celui-ci gémit comme un enfant qui a mal.
- Ne fais pas ça ! lui lance Alice, je t’interdis ! mais, bien sûr, dans le bruit et les vagues, sa voix ne porte pas.
Le rivage est là, tout proche. Elle peut à présent distinguer parfaitement les hautes falaises noires masquant le ciel étoilé et, sur ses flancs, les petites lumières qui scintillent.
- Une bien mauvaise personne, s’exclame un des dauphins en parlant du robot-maréchal. Jamais nous n’en avons vu de pareille.
- Ce n'est pas un être humain ! lui répond la fillette, pas du tout surprise que les dauphins sachent parler. C’est un robot de fer. C’est une machine, une très méchante machine.Les dauphins couinent, sifflent, s’interpellent, essayant apparemment de comprendre ce qui se passe.
- Ce ne sont donc pas des gens de ton espèce ? demande à nouveau le dauphin qui porte Alice sur son dos.
- Non : ce sont des ennemis de l’humanité.Le dauphin émet alors un sifflement strident et aussitôt ses compagnons se lancent à l’assaut de la barque.
- Regarde..., dit l’animal en virant de bord.
Et Alice voit alors comment les dauphins frappent de leur museau le canot pneumatique auquel tente de se cramponner maladroitement le robot-maréchal. Le canot s’incline et bientôt prend l’eau. Le maréchal perd soudain l'équilibre et tombe à la renverse par-dessus bord, soulevant, dans sa chute, un geyser d’écume.
- Vous êtes des champions ! s’écrie la fillette. Hourra, vive les dauphins !
« Mais le minimiseur de Svetlana ? Il va couler aussi !… » se rend-elle compte soudain.
- Ramène-moi jusqu’au canot ! ordonne-t-elle au dauphin...
Le dauphin s’exécute sans poser de question. En quelques secondes, il nage jusqu'à l’embarcation et s’immobilise contre son flanc afin qu’Alice puisse y monter.
Ouf ! La valise est bien là.
- Merci, merci à vous les dauphins ! s’exclame-t-elle.
- De rien, c’était un immense plaisir, courageuse enfant.
- Mais l’un d’entre vous est blessé ? s’inquiète la fillette. A-t-il besoin d'aide ? Faut-il lui trouver un médecin ?
- Inutile, lui répond l’animal. C’est juste une égratignure.Et les dauphins immédiatement disparaissent dans la nuit comme s’ils n’étaient jamais venus.
A présent aux commandes du canot, la fillette met le cap vers le rivage.
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Alice – La chute du maréchal rouillé (XI.02)

Des dauphins nagent en cercle Chapitre onze :
La chute du maréchal rouilléГлава Одиннадцатая:
Падение ржавого фельдмаршала
Episode deux - Второй эпизод
— Теперь вы будете побеждены, — сказал робот. — И даже не сообразите, как это случилось.
— Но я вам зачем? — спросила Алиса.
— Ты нам нужна, — сказал он , — чтобы ввести в заблуждение охрану побережья.Он поднял со дна лодки мексиканскую шляпу и натянул её на свою голову.
— Теперь мы с тобой как мирные люди, которые катаются на лодочке. И если кто-то нас выслеживает, он никогда не догадается, что началось великое наступление. Если ты, человечий детёныш, будешь вести себя смирно и исполнять все мои указания, я тебя отпущу живой и, может, даже награжу медалью. Но если ты попытаешься меня обмануть, то ты не проживёшь и секунды!
И тут Алиса в самом деле испугалась. Она понимала, что они с каждой минутой всё ближе подплывают к берегу, на котором отдыхают тысячи людей. Люди сейчас собираются спать, ходят по берегу, любуются звёздами, укачивают детей — и не подозревают, что к берегу приближаются настоящие безжалостные убийцы.
— Хорошо, — сказала Алиса, — я буду вам помогать. Только отпустите мою руку. Мне больно.
— Я этого не сделаю, — сказал робот, — я тебе не верю. Я никому не верю. Я даже себе самому не верю.
— Но куда я уплыву! — воскликнула Алиса. — Ведь ваша лодка плывёт быстрее меня, вы же меня догоните!
— Ты так думаешь? — Хватка робота ослабла.И тут Алиса увидела, что в воде недалеко от лодки скользит чёрная полоса.
Неужели дельфины?
Было почти совсем темно, и тёмные тени двигались быстро и беззвучно. Конечно же дельфины. Как жаль, что они всё-таки не умеют говорить... Но, может, они поймут?
Если бы удалось схватиться за плавник дельфина — тогда бы лодка её не догнала!
Рискнуть? А вдруг дельфины испугаются?
Но нельзя же сидеть так и ждать, пока военные роботы начнут топать по мирному берегу?
— Дельфины! — крикнула Алиса. — На помощь!
И, вырвав руку у робота, она кинулась в воду.
Вода сразу забурлила вокруг. Алиса вынырнула и поняла, что ни одного дельфина рядом нет.
А нос лодки разворачивался в её сторону. Она увидела чёрный силуэт робота, который поднялся над лодкой и занёс руку с железным гарпуном. Вспыхнул свет его фонаря...
Всё погибло, подумала Алиса.

- Vous serez vaincus, anéantis, triomphe le robot. Et vous ne saurez même pas comment c'est arrivé.
- Mais pourquoi avez-vous besoin de moi ? demande Alice.
- Tu me seras bien utile pour tromper les garde-côtes...Tout en disant cela il ramasse un chapeau mexicain au fond du bateau et l’enfonce sur sa tête.
- Maintenant, toi et moi sommes de paisibles touristes sur une barque. Et si quelqu'un nous aperçoit, il ne devinera jamais que la grande offensive a commencé. Si toi, petit humain, tu te comportes sagement et suis tous mes ordres, je te laisserai la vie sauve et peut-être même auras-tu droit à une médaille. Mais si tu t’avises de vouloir me tromper : couic !
A présent, Alice a vraiment peur. Elle voit, mètre après mètre, minute après minute, la côte se rapprocher. Là-bas, des milliers de gens se reposent ou se promènent le long du rivage, admirant les étoiles, certains s’apprêtent à aller se coucher, d’autres enfin bercent leurs enfants pour qu’ils s’endorment - et aucun ne se doute que s'approchent d’impitoyables tueurs.
- D’accord, dit-elle, je vais vous aider. Mais lâchez juste un peu ma main. Vous me faites mal.
- Pas question ! dit le robot, je ne te crois pas. Je ne crois personne. Je n’ai même pas confiance en moi-même.
- Mais où voudriez-vous que j’aille ? s'exclame la fillette. Après tout, avec votre canot vous aurez vite fait de me rattraper !
- Oui, c’est pas bête... Et le robot desserre sa poigne autour du bras de la fillette.Au même moment, Alice aperçoit au-dessus des vagues une bande sombre, comme un trait qui glisse à la surface. Le ciel s’est obscurci, la nuit est presque noire. Nageant autour du canot, ces ombres se déplacent rapidement, silencieusement.
« Ce sont peut-être les dauphins ? se dit la fillette. »
Bien sûr, Alice ce sont les dauphins !
« Dommage qu'ils ne puissent pas parler, pense-t-elle. Mais peut-être comprendront-ils ce qui se passe ? Si je réussissais à m'accrocher à la nageoire de l’un d’eux, le canot ne pourra pas me rattraper !... »
Va-t-elle tenter de s’échapper ? Et si les dauphins prenaient peur ? De toute façon, elle ne peut tout simplement pas rester à ne rien faire et attendre que l’armée des robots débarque sur la côte où tout est encore paisible.
- Ohé, les dauphins ! crie-t-elle. A l’aide, à l’aide !
Et, s’arrachant de l’étreinte du robot, elle se jette à l’eau.
La mer autour d'elle se met à bouillonner. Et quand elle refait surface... elle se rend compte qu'il n'y a plus le moindre dauphin à proximité.
Mais déjà la proue du canot a viré dans sa direction et elle voit la sombre silhouette du maréchal qui se dresse tenant pointé vers elle le harpon de fer. La lumière de sa torche-frontale clignote de colère.
« Tout est perdu... », se dit Alice.
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Alice – La chute du maréchal rouillé (XI.01)

Alice plonge pour échapper aux robots Chapitre onze :
La chute du maréchal rouilléГлава Одиннадцатая:
Падение ржавого фельдмаршала
Premier épisode - Первый эпизод
Оказывается, роботы были не так уж глупы. Они успели спустить в воду надувную лодку и даже запустить её беззвучный мотор — поэтому Алиса и не заметила их приближения.
Сколько до берега? Меньше километра.
Алиса пыталась нырнуть, но и тут роботы её перехитрили.
Как только её голова вновь показалась над водой — рука робота схватила её за волосы и втащила в лодку.
Алиса пыталась отдышаться. Железная рука придавила её грудь, и Алисе казалось, что сейчас робот раздавит её. Дышать было очень трудно.
— Раз-два-три-четыре! — скомандовал робот.
Лодка закачалась, вокруг Алисы шла какая-то суетня.
Потом всё стихло.
И робот-генерал, резким движением перехватил Алисину руку, посадил её рядом с собой и сказал:
— Смотри и удивляйся, человеческий шпион!
Алиса посмотрела вокруг. И в самом деле было отчего удивляться. Лодка оказалась пустой.
Только она и робот-генерал с железным гарпуном в лапе.
— А где все остальные? — спросила Алиса.
Робот довольно захохотал. Хохот у него был такой, словно били колотушкой по бочке.
— А это видишь? — спросил он, показывая на минимизатор.
Чемодан Светланы Одинокой стоял у его ног, закрытый, чёрный, мирный.
— Я не такой дурак, — сказал робот. — Я принёс этот ящик к себе в штаб. Я стал смотреть внутрь. Я увидел — сколько в нём лежит маленьких вещей. Я их стал вынимать, и вещи стали большие. Это очень хитрое военное изобретение. Мне оно понравилось.
— Это совсем не военное изобретение, — сказала Алиса.
— Не возражать! Это универсальное десантное средство. Я всё понял. За это я был награждён следующим чином. Можешь обращаться ко мне: господин фельдмаршал.
— Но зачем вам оно?
— Не притворяйся.Не отпуская Алисиной руки, робот-фельдмаршал открыл минимизатор и позволил Алисе заглянуть внутрь. Сам же он направил в минимизатор свет своего налобного фонаря.
И Алиса с ужасом убедилась в том, что внутри минимизатора стоят рядами ржавые роботы — махонькие, как игрушки, каждый меньше мизинца.
Робот-фельдмаршал захлопнул минимизатор.

En fait, les robots n'étaient pas aussi stupides qu’on aurait pu le croire. Ils avaient réussi à mettre à l’eau leur canot pneumatique et même su démarrer son moteur électrique. Comme celui-ci était fort silencieux, Alice n’avait pu entendre qu’ils approchaient.
Combien encore te faut-il nager jusqu’à la côte, Alice ? Moins d’un kilomètre...
La fillette essaie bien de plonger sous l’eau, mais là aussi les robots ne se laissent pas tromper. Dès qu’elle ressort la tête, une main de fer la saisit par les cheveux et la hisse sur le canot.
Elle tente de reprendre sa respiration mais la main métallique lui serre la gorge ; il lui semble que le robot va l’étouffer. Elle peut à peine respirer.
- A la une, à la deux, à la trois ! ordonne soudain le général-robot à sa troupe.
Le bateau d’un coup se met à tanguer : à bord, c’est le remue-ménage. Puis tout redevient calme.
Le général saisit alors le bras d'Alice d'un mouvement brusque, l’assoit à côté de lui et s’écrie :
- Regarde et émerveille-toi, espion humain !
La fillette regarde autour d'elle. En effet, elle a de quoi être étonnée : à part elle et le général qui tient dans sa grosse patte rouillée un harpon de fer, le canot est vide !
- Où sont passés les autres ? demande-t-elle.
Le robot éclate de rire, et son rire résonne comme le son d’un tonneau sur lequel on cognerait à l’aide d’un maillet.
- Est-ce que tu vois cette chose-là ? dit-il en pointant le minimiseur.
En effet, à ses pieds se trouve la valise de Svetlana Solitaria : fermée, noire, paisible.
- Je ne suis pas si bête, déclare-t-il. J’ai moi-même ramené cette chose à mon quartier général. J'ai commencé à regarder ce qu’il y avait à l’intérieur. J'ai vu combien d’objets miniatures il y avait dedans. Quand j’ai commencé à les sortir j’ai été surpris de voir qu’ils grossissaient. C'est là une invention militaire très intelligente. Vraiment elle m’a beaucoup plu.
- Ce n'est pas du tout une invention militaire, lui dit Alice.
- Pas d’objection ! C’est l’engin parfait pour réussir le débarquement. J'ai tout compris… Et pour cela, je m’attribue le grade suprême. Maintenant, tu devras m’appeler ‘Maréchal’, et mieux encore : son ‘Excellence maréchal’...
- Mais pourquoi avez-vous besoin de faire cela ? interroge Alice.
- Ne fais pas la naïve !Retenant toujours fermement la main de la fillette, l’ex-général, à présent maréchal, ouvre la valise et lui permet de regarder dedans, dirigeant lui-même à l’intérieur la lumière de sa lampe frontale. Et Alice est horrifiée de voir qu'à l'intérieur des rangées de robots rouillés sont alignées. Des robots tout petits, minuscules, comme des jouets, tous plus petits que son petit doigt.
Dans un rire sardonique, le robot-maréchal claque la valise dissimulant son armée.
-
Alice – Branle-bas de combat ! (X.07)
Chapitre dix :
Branle-bas de combat !Глава десятая:
Оружие к бою!
Episode sept - Седьмой эпизод

Il faut plonger Alice ! Флаер улетел, и роботы, включив прожекторы, шарили лучами по воде, думая, наверно, что Алиса попыталась уплыть с острова и не успела отплыть далеко.
— Человек мог спрятаться на барже, — сказал вдруг явственно скрипучий голос на берегу.
— Но мы теряем время. Пора в поход.
— Сначала убьём человека. Проверьте баржу.Алиса поняла, что больше ждать нельзя. Она спрятала сумку с миелофоном в углубление на палубе баржи, надеясь, что роботы в спешке не найдут аппарата. Потом она спустила ноги за борт, повисла на руках и, оторвавшись от борта, сразу ушла вглубь.
Вынырнула и поплыла к берегу. На ветру было холодно, и вода поэтому показалась ей в первый момент тёплой, как будто её специально нагрели.
Алиса плыла, и ей казалось, что вот-вот должен раздаться сзади крик: «Вот она!» – луч прожектора должен догнать её…
И когда луч прожектора в самом деле настиг её и, поймав в круг света мокрые светлые волосы, поплыл рядом с ней, она даже не удивилась и не очень испугалась. Она просто поплыла быстрее, хоть и понимала или, по крайней мере, должна была понимать, что так ей долго не продержаться.
– Вот она! – догнал её голос шефа-робота. – Оружие к бою!
Алиса не оборачивалась, но и без этого она чувствовала, как роботы натягивают большие луки. «Вз-з!» – пролетела сбоку стрела. Вторая шлёпнулась в воду далеко впереди.
Алиса почувствовала, что устаёт. «Ещё немного, – говорил она себе, – совсем немного, берег близко». Но она обманывала себя. До берега было ещё очень далеко.
– Спускайте лодку! – приказал шеф-робот. – Жаль, нет у меня моего верного пистолета. Я бью из него без промаха на тысячу метров.
Алиса даже удивилась, как хорошо она слышала слова робота, хоть сердце её стучало так громко, что казалось, молоточки бьют по вискам.
– Заводи! – догонял её неумолимый голос. – Пошли!
Всё погибло, поняла Алиса, и ей стало очень жалко себя, потому что теперь она никогда не полетит в Париж на праздники, и никогда не придёт снова в школу, и никогда не прокатится на дорожке, которая идёт туда, куда ты захочешь.

Le flyer s'est éloigné. Les robots, rallumant leurs projecteurs, balaient la surface de la mer. Ils se disent que, probablement, Alice a tenté de s’enfuir à la nage et qu’elle n’aura pas eu le temps encore d’aller bien loin...
- L’humain a pu se cacher dans la barge, dit très distinctement une voix rauque depuis le rivage, tout près de l’endroit où est blottie la fillette.
- Nous perdons de précieuses minutes : il est temps de lancer l’assaut à terre, lui répond une autre voix.
- Mais d'abord il nous faut tuer l’humain. Explorez la barge ! commande la première voix.Alice comprend qu'elle ne peut plus attendre. Elle dissimule le sac contenant le myélophone dans un coin, espérant que les robots ne le trouveront pas. Elle met une jambe dans l’eau tout en s’agrippant d’une main à la coque, et puis, se laissant glisser, elle plonge le plus profond possible.
Quand elle refait surface, elle s’élance à toute brassée vers le rivage. Le vent est froid, et donc, sur le moment, l'eau lui semble chaude, un peu comme à la maison, quand elle prend le bain.
Elle nage, elle nage. Elle redoute d’entendre bientôt crier : « La voici, la voilà ! », et que le projecteur de l’un des robots ne la rattrape…
Et, effectivement, lorsque au-dessus des flots sa chevelure blonde se trouve prise sous le feu d’un rayon de lumière, elle n'est même pas surprise, ni même trop effrayée. Simplement, elle tente de nager plus vite, même si elle sait bien (ou du moins devrait-elle s’en douter) que les robots vont vite la rattraper.
- La voilà, la voici ! retentit la voix du robot-général. Branle-bas de combat !
Alice ne se retourne pas. Elle peut juste entendre le sifflement des flèches que tirent les robots : tsé-tsé... Une flèche vient de la frôler. Une deuxième s’abat tout près.
Elle est si fatiguée ! « Encore un peu, se dit-elle, juste encore un peu, la côte est proche... »
Mais tu te trompes fillette : la côte est encore très loin !
- Qu’on mette le canot à la mer ! ordonne le robot-général. Quel dommage que je n’aie pas pris mon fidèle pistolet : avec lui j’atteins une cible à plus de mille mètres !
Alice est surprise d’entendre si distinctement les paroles du chef des robots, alors qu’en même temps son cœur bat si fort et que son sang frappe ses tempes comme des coups de marteau.
- En avant ! crie la voix qui inexorablement se rapproche. A l’abordage !
Tout est perdu, se dit Alice, et elle est vraiment bien triste, car maintenant, pense-t-elle, « …Je n’irai jamais à Paris pour les vacances, je ne retournerai jamais à l'école, et ne ferai jamais de ma vie une balade sur la piste qui va où on veut quand on le lui commande... »

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Alice – Branle-bas de combat ! (X.06)
Chapitre dix :
Branle-bas de combat !Глава десятая:
Оружие к бою!
Episode six - Шестой эпизод

Les robots à la poursuite d'Alice Алиса вошла в воду, подняв высоко над головой сумку с миелофоном, и, как только вода достигла груди, поплыла, подгребая одной рукой и стараясь не производить никакого шума.
Сумка оказалась тяжёлой, и очень хотелось бросить её в воду, но Алиса знала, что миелофон — ценный аппарат, и надо его обязательно сберечь.
Плавала Алиса неплохо и даже сейчас, усталая и избитая, добралась до чёрного носа минуты за три, перебралась через борт и уселась на угол рубки, уходящей в воду.
На берегу шум боя утихал. Железные роботы доламывали своих пластиковых противников. Всё-таки их было как-никак десять штук, и они были специально приспособлены для того, чтобы убивать. Пластиковые же роботы хорошо умели готовить пищу и носить вещи.
Как только бой кончился, беготня железных роботов возобновилась. Они обнаружили, что пленница исчезла, и снова затопали по острову, разыскивая её. Вот один подбежал к самому берегу напротив баржи и осветил фарой песок, чтобы разыскать следы. Алисе было холодно и хотелось попрыгать, чтобы согреться, а приходилось сидеть и не двигаться.
Стрекотание флаера послышалось почти над головой. Флаер зажёг прожектор и рыскал им по острову. Роботы замерли и замолчали. Луч скользнул по берегу, по барже, но Алиса не посмела пошевелиться и привлечь внимание лётчика к себе. Вдруг тогда роботы догадаются, что она прячется так близко от них, и заберутся на баржу раньше, чем придёт помощь!
Теперь Алиса не сомневалась, что флаер был послан её друзьями. Её разыскивают. И обязательно найдут. Но сейчас важнее было другое — надо предупредить людей на берегу, что роботы собираются вот-вот начать наступление. А ведь люди там, туристы и отдыхающие, даже не подозревают, что роботы могут нападать на людей. И роботы застанут их врасплох и могут кого-нибудь убить или ранить. Жалко, что не удалось найти, где у них спрятана лодка. Хотя лодку они, как сказал генерал, охраняют. «Придётся, видно, плыть к берегу, — решила Алиса. — Может быть, я не утону и тогда успею раньше, чем роботы. Только надо это сделать незаметно. Подождать, пока они не прекратят поиски».

Alice, en ne faisant aucun bruit, entre dans l'eau tout habillée. Elle fait attention de bien mettre son sac contenant le myélophone au-dessus de sa tête pour ne pas qu’il se mouille. Et dès que l'eau lui arrive au niveau de la poitrine, elle nage, pagayant d'une main et maintenant le sac bien haut de l’autre.
Comme il est lourd ! Elle a presque envie de s’en débarrasser et de le laisser couler, mais elle sait combien l’appareil qu’il contient est précieux : il faut le sauver coûte que coûte.
La fillette est bonne nageuse, et même dans ces conditions : fatiguée, affamée, assoiffée, embarrassée par son sac, en moins de trois minutes elle atteint la proue de l’épave. Elle s’y accroche, grimpe à bord puis trouve un coin où se blottir.
Sur le rivage, le bruit de la bataille s'est apaisé. Les robots de fer ont finalement terrassé leurs adversaires de plastique. Ils étaient dix contre deux et avaient été spécialement conçus pour tuer ; les robots de plastique, eux, sont plutôt faits pour porter les commissions ou faire la vaisselle, sans parler qu’ils sont en général d’excellents cuisiniers !
Dès la fin des combats, les robots de fer sont repartis à la recherche d’Alice. Ils la cherchent d’un coin à l’autre de l'île. Là-bas, l’un deux fonce jusqu'au côté opposé du rivage et éclaire chaque centimètre de sable. Elle, cachée dans la barge, a froid et voudrait remuer ses jambes pour se réchauffer, mais elle sait qu’elle doit rester immobile et blottie.
Au-dessus, elle entend le bourdonnement d’un flyer qui, à la lueur de son projecteur, explore lui aussi chaque recoin de l’île. Les robots l’ont entendu. Il se figent et font silence. Le faisceau lèche la rive, frôle la barge. Mais la fillette n'ose pas bouger ni faire un geste. Elle voudrait bien attirer l'attention du pilote mais elle sait bien que si elle le fait, les robots devineront qu'elle est cachée là, si près d'eux, et elle se dit qu’ils auront tôt fait de grimper sur la barge avant l'arrivée des secours !
A présent elle ne doute plus que le flyer a été envoyé par ses amis à sa recherche. Et ils finiront bien par la retrouver ! Mais il y a aussi quelque chose d'autre à faire, quelque chose de plus important encore : avertir ses amis et tous ceux qui la cherchent que les robots sont sur le point de passer à l’attaque.
Personne là-bas, touristes ou habitants, n’a idée qu’en cette nuit des robots ont prévu d’attaquer ! Alice sait bien que l’armée de fer agira par surprise et que ses soldats n’hésiteront pas à blesser voire même à tuer des êtres humains. Dommage qu’elle ne sache pas où les robots ont amarré leur canot (celui à bord duquel le grand-père et elle ont été ramenés sur l’île).
« De toute façon, sûrement, ils doivent le surveiller, comme l'a dit leur général ».
« Je vais probablement devoir nager jusqu'au rivage, réfléchit-elle. Peut-être que je ne me noierai pas et que j’y arriverai avant les robots. Il faut que je sois discrète, que j’attende qu'ils cessent de me chercher... »

