IIya Varchavsky – La Terre ne répond plus (01)

Petites nouvelles russes - Paysage spatial
5000 ans à travers la galaxie

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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­Земля́ не отвеча́ет на позывны́е -
La Terre ne répond plus
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(Publié après le décès de l’auteur, en 2011)­

Пе́рвый эпизо́д - Premier épisode

Звездолёт Пе́рвой Межгалакти́ческой Экспеди́ции вновь вошёл в преде́лы Со́лнечной Систе́мы.

— Не понима́ю, в чём де́ло, — сказа́л Навига́тор, входя́ в сало́н, — Земля́ не отвеча́ет на на́ши позывны́е. Не мо́жет быть, что́бы за пять ты́сяч лет они́ разучи́лись принима́ть радиосигна́лы.

Био́лог ве́село рассмея́лся.

— Начина́ются сюрпри́зы. Вероя́тно, про́сто э́тот вид свя́зи на Земле́ давно́ сда́ли в архи́в.

Навига́тор не отвеча́ет. Присе́в на ко́рточки, он что́-то ище́т в буфе́те.

— Есть! Дава́йте, ма́льчики, вы́пьем за здоро́вье на́шей стару́шки Земли́!

Янта́рная жи́дкость све́тится в хруста́льных бока́лах.

— Пять ты́сяч лет, — мечта́тельно повторя́ет Био́лог. — Стра́шно поду́мать, что за э́то вре́мя произошло́ на Земле́. Ведь мы, по сравне́нию с ни́ми, дикари́, почти́ первобы́тные лю́ди.

Инжене́р бере́т в ру́ки бока́л.

— Ерунда́! У нас с ни́ми бы́стро найдётся о́бщий язы́к. Како́е сча́стье, что мы возвраща́емся совсе́м молоды́ми. Э́ти анабио́зные ва́нны — отли́чная вы́думка! Стра́нно, — говори́т он по́сле небольшо́й па́узы. — С тех пор как вы́яснилось, что никако́й жи́зни в ко́смосе бо́льше нет, я по́лон го́рдости. Шу́тка ли: моя́ плане́та — исклю́чение из пра́вил, колыбе́ль велича́йшего парадо́кса во вселе́нной, а я сам — живо́е существо́, явле́ние, лежа́щее за преде́лами вероя́тного.

Мелоди́чно звеня́т по́днятые бока́лы.

— Что ты собира́ешься де́лать по́сле возвраще́ния? — спра́шивает Био́лог.

— Год о́тпуска. Горя́чий песо́к на пля́жах, настоя́щие зака́ты, шум прибо́я, родно́й во́здух, и апельси́ны, я зве́рски соскучи́лся по апельси́нам.

— Де́вушки, — добавля́ет Навига́тор. — Не забу́дьте про де́вушек. Тро́е холостяко́в, прорва́вшихся сквозь тьму веко́в, — э́то же для них сенса́ция!

— Вам хорошо́! — вздыха́ет Био́лог. — Вы́шли из корабля́ и — в о́тпуск, а мне придётся отдува́ться за всех. Деся́тка два докла́дов во вся́ких акаде́миях о том, что, мол, обша́рив две гала́ктики, и так да́лее. Бесконе́чные вопро́сы. Представля́ю себе́ како́го-нибу́дь седовла́сого акаде́мика семидеся́того столе́тия: очки́ на носу́ и гне́вно по́днятый перст. «Отвеча́йте, молодо́й челове́к, как э́то, по ва́шему мне́нию, появи́лась жизнь на Земле́, е́сли её нигде́ бо́льше не существу́ет?»

— Они́, наве́рное, уже́ всё са́ми зна́ют, — говори́т, поднима́ясь, Навига́тор. — Пойду́ попро́бую вы́звать Зе́млю на световы́х часто́тах.

Инжене́р потя́гивается в кре́сле.

— Открове́нно говоря́, мне наплева́ть на все э́ти гала́ктики. Меня́ вполне́ устра́ивает жизнь на мое́й родно́й плане́те, замеча́тельная земна́я жизнь!

Бип… бип… бип… интерва́л… бип… бип… бип…

— Я́сно, почему́ они́ не отвеча́ют, — говори́т Инжене́р, отходя́ от спектро́графа, — у неё нет атмосфе́ры…

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - Gargouille

De retour de la première expédition intergalactique, le vaisseau a enfin rejoint le système solaire...

- Je ne comprends pas ce qui se passe, dit le navigateur en entrant dans le mess. La Terre ne répond pas. Ce n'est pas possible qu'en cinq mille ans ils aient oublié comment recevoir des appels radio.

Le biologiste de l’équipe éclate d’un rire franc :

- Les surprises commencent. Probablement, c'est juste que sur Terre ce mode de communication est depuis longtemps obsolète...

L’officier navigateur ne répond pas. Accroupi, il est occupé à chercher quelque chose au fond du le buffet.

- La voilà  ! Allez, les gars, on va trinquer à la santé de notre bonne vieille planète !

La couleur ambrée du cognac luit à travers le cristal des verres.

- Cinq mille ans..., répète rêveusement le biologiste. C'est effrayant de songer à ce qui a pu se passer sur Terre durant tout ce temps. Après tout, comparés à eux, nous sommes des sauvages, presque des êtres à demi primitifs.

L'ingénieur lève son verre.

- Allons, ça n’a pas de sens ! Nous trouverons rapidement un langage afin de communiquer. Quelle bénédiction que nous soyons de retour bien jeunes encore. Ces caissons anabiotiques sont une belle trouvaille !

...C’est étrange, poursuit-il après une courte pause, depuis que nous savons qu'il n'y a aucune forme de vie ailleurs, je me sens tout fier. Sans blague : notre planète est une exception à la règle, le berceau d’un des plus grands paradoxes de l'univers, et moi-même, comme être vivant, je suis un phénomène au-delà de toute probabilité.

Tous trinquent avec lui et les verres s’entrechoquent mélodieusement.

- Que vas-tu faire à ton retour ? demande le biologiste.

- Prendre une année sabbatique, lui répond l’ingénieur. Le sable chaud des plages, de vrais couchers de soleil, le bruit des vagues, respirer l’air de notre planète et le goût des oranges. Les oranges m’ont terriblement manqué.

- Et les filles ! ajoute le navigateur. N'oublions pas les filles. Trois célibataires qui ont traversé des siècles de ténèbres – quelle sensation ça va être !

- Pour vous oui ! Le biologiste soupire. Vous débarquerez et serez en vacances, alors que moi je vais devoir me payer tout le travail. Une bonne vingtaine de communications à rédiger pour décrire comment nous avons... ‘fourragé’ dans tous les coins de la galaxie, etc, etc, etc... Des questions sans fin. J'imagine la tête d’un de ces académiciens aux cheveux gris du soixante-dizième siècle, lunettes sur le nez me pointant du doigt avec colère : « Répondez donc, jeune homme, comment pensez-vous que la vie soit apparue sur Terre si elle n'existe nulle part ailleurs ? »

- Ils savent probablement déjà tout ça, dit le navigateur en se levant. Je vais tenter de les contacter sur d’autres fréquences.

L'ingénieur s'étire sur son siège.

- Franchement, je me contrefiche qu’il n’y ait aucune vie ailleurs, dans d’autres galaxies. Celle – si merveilleuse - que nous offre notre planète natale me suffit amplement !

Bip... bip... bip... pause... bip... bip... bip…

- La raison pour laquelle personne ne répond est claire, dit l'ingénieur en se tournant du spectrographe : la Terre a perdu son atmosphère…