Ilya Varchavsky – Homunculus (05)

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - La poupée
La poupée

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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Гому́нкулус - Homunculus

Пя́тый эпизо́д - Episode cinq

Че́рез не́сколько мину́т к до́му подъе́хал автомоби́ль с тре́мя милиционе́рами.

- Престу́пник в э́той кварти́ре? - спроси́л бра́вый старшина́, расстёгивая кобуру́ пистоле́та. - Кому́ изве́стно расположе́ние ко́мнат?

- Пистоле́том вы ничего́ не сде́лаете, - обрати́лся к нему́ Смирно́в. Ко́рпус ро́бота изгото́влен из хро́мово-молибде́новой ста́ли. Подожди́те, я спущу́сь вниз и постара́юсь доста́ть брезе́нт от автомаши́ны. Еди́нственный спо́соб обезвре́дить Гому́нкулуса - э́то пойма́ть его́ в сеть.

Вско́ре он вновь появи́лся на ле́стнице в сопровожде́нии дю́жего дво́рника, тащи́вшего большо́й кусо́к брезе́нта.

Тепе́рь нас бы́ло ше́стеро. Шесть мужчи́н, по́лных реши́мости обезвре́дить э́то электро́нное исча́дие а́да. И всё же ка́ждый из нас испы́тывал сму́тную трево́гу.

- Он, ка́жется, в кабине́те, - прошепта́л Смирно́в, загля́дывая в дверь, иди́те за мной. Мо́жет быть, мне уда́стся на мгнове́ние его́ отвле́чь, а вы набра́сывайте на него́ брезе́нт. Не ме́шкайте, потому́ что он вооружён стально́й дуби́нкой!

Сохраня́я по́лную тишину́, затаи́в дыха́ние, мы ме́дленно продвига́лись по коридо́ру. Смирно́в вошёл пе́рвым, и сра́зу же послы́шались хри́пы челове́ка, кото́рого стально́й руко́й схвати́ли за го́рло.

То, что мы уви́дели в кабине́те, заста́вило нас засты́ть на ме́сте.

Припа́в голово́й к стене́, Смирно́в хохота́л захлёбывающимся истери́чным сме́хом.

На полу́, си́дя среди́ разбро́санных радиодета́лей и всевозмо́жного металличе́ского ло́ма, пе́ред разло́женными ру́кописями своего́ хозя́ина, мурлы́кая ти́хую пе́сенку, Гому́нкулус мастери́л ма́ленького ро́бота. Когда́ мы вошли́, он прила́живал к нему́ го́лову ку́клы, добы́тую в разгра́бленном им магази́не.

petites-nouvelles-russes - logo robot

Quelques minutes plus tard, une voiture avec trois policiers freinait devant la maison.

- C’est ici que se trouve le criminel ? demanda le brave agent en sortant son pistolet de son étui. Pouvez-vous me décrire l’agencement des pièces ?

- Vous n’y arriverez pas avec votre arme, lui dit Smirnov. Le corps du robot est en acier trempé chrome-molybdène. Attendez ici, je descends pour essayer de trouver une bâche. La seule façon de maîtriser Homunculus est de le capturer au filet.

Bientôt Smirnov remonta, accompagné du concierge de l’immeuble, un bonhomme costaud, qui tenait une grande bâche récupérée d’une camionnette.

A présent, nous étions six. Six hommes déterminés à venir à bout et abattre ce démon d’acier électronique. Six contre un, et pourtant chacun éprouvait au fond de lui une profonde angoisse.

- Il semble qu’il se cache dans le bureau, murmura Smirnov en regardant par la porte défoncée. Allez, suivez-moi ! Je vais tenter de le distraire un instant et alors vous lancerez la bâche sur lui. Surtout, soyez rapides, il est armé d'une barre métallique !

Dans un silence complet, chacun retenant son souffle, nous nous glissâmes lentement dans le couloir. Smirnov fut le premier à pénétrer dans le bureau. Aussitôt, nous entendîmes comme un râle, celui d'un homme qu’une main d’acier vient de saisir à la gorge.

Ce que nous vîmes ensuite dans la pièce nous figea de stupéfaction.

La tête appuyée contre le mur, Smirnov riait. Il riait d'un rire hystérique qu’il ne pouvait contenir.

Par terre, parmi des pièces éparpillées arrachées d’un poste de radio et entouré de toutes sortes de bouts de ferraille, assis devant les manuscrits de son créateur étalés sur le sol, Homunculus achevait la fabrication d’un petit automate. Lorsque nous entrâmes, il terminait d’y fixer la tête d’une poupée - celle qu’il avait rapportée du magasin -, et tendrement lui fredonnait une berceuse.

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Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - Homonculus loxodontus
Homonculus Loxodontus, Margriet van Breevoort, 2006

Homonculus Loxodontus, Margriet van Breevoort, 2006

Cette sculpture, faite de plastique et de résine époxy, rugueuse au toucher, fut installée en 2006 sur un siège devant l'hôpital pour enfants du centre médical universitaire de Leiden. Dans les pays post-soviétiques cette figure très originale est depuis devenue populaire sous le surnom de 'Jdoun' (Ждун) -  "Celui qui attend".

N'appelle-t-on pas en français la personne qui consulte un médecin un 'patient' ? celui qui, forcément, patiente...