IIya Varchavsky – L’homme qui avait vu l’anti-monde (03)

Petites-nouvelles-russes - Le talisman
Le talisman

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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Челове́к, кото́рый ви́дел антими́р

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L’homme qui avait vu l’anti-monde

Тре́тий эпизо́д - Episode trois

Он [Горст] жил в ста́ром, запу́щенном до́ме на берегу́ Обво́дного кана́ла. Мы до́лго шли по мра́чным двора́м, загромождённым штабеля́ми дров, пока́ не останови́лись у две́ри под одно́й из многочи́сленных а́рок.

— Да́льше меня́ провожа́ть не ну́жно, — сказа́л он, подава́я мне ру́ку. — Извини́те, что не приглаша́ю вас к себе́, но в настоя́щее вре́мя э́то про́сто невозмо́жно. Ду́маю, что вы поймёте меня́ пра́вильно и не оби́дитесь.

Прошло́ две неде́ли. Горст не появля́лся.

Я был уве́рен, что он заболе́л, но не реши́лся яви́ться к нему́ без приглаше́ния.

Мне каза́лось, что его́ нежела́ние ви́деть меня́ у себя́ бы́ло как-то свя́зано с та́йной талисма́на, кото́рую он тща́тельно оберега́л.

Все э́ти дни я обду́мывал ра́зные спо́собы навести́ть его́ без ри́ска показа́ться назо́йливым.

Одна́жды ве́чером, тще́тно прожда́в его́ в скве́ре бо́льше двух часо́в, я набра́лся сме́лости и отпра́вился к нему́ на́ дом.

С больши́м трудо́м на полутёмной ле́стнице я отыска́л дверь с нацара́панной на́дписью: «И. П. Горст».

Мне откры́ла дверь де́вочка лет двена́дцати. Я спроси́л, как здоро́вье Изеки́иля Петро́вича. Она́ мо́лча провела́ меня́ в коне́ц коридо́ра и так же мо́лча указа́ла на дверь.

Я постуча́л, но никто́ не отозва́лся.

Зайдя́ в ко́мнату, я уви́дел Го́рста, сидя́щего в кре́сле у стола́. Снача́ла меня́ испуга́л его́ останови́вшийся взгляд. Мне показа́лось, что он мёртв. Одна́ко э́то бы́ло то́лько пе́рвым впечатле́нием. Его́ но́здри раздува́лись в ме́дленном ри́тме дыха́ния йо́гов. Очеви́дно, он был целико́м погружён в созерца́ние зага́дочного антими́ра.

Я по́нял, что мой прихо́д оказа́лся оч́ень некста́ти, и сде́лал уже́ не́сколько шаго́в к две́ри, но непреодоли́мое любопы́тство заста́вило меня́ верну́ться, что́бы взгляну́ть на таи́нственный талисма́н, к кото́рому был прико́ван взгляд Го́рста.

Э́то была́ обыкнове́нная рю́мка, напо́лненная до краёв. О её содержи́мом бы́ло легко́ догада́ться по этике́ткам многочи́сленных уже́ опорожнённых буты́лок, стоя́вших на столе́.

Petites-nouvelles-russes - Topor

Gorst logeait dans une vieil immeuble délabré sur les quais du canal Obvodny¹. Lui et moi traversâmes plusieurs cours sombres, encombrées de piles de bois de chauffage, jusqu'à ce qu’enfin nous arrivions devant une porte située sous un des nombreux porches.

- Il n'est pas nécessaire d’aller plus loin, me dit-t-il en me tendant la main. Désolé de ne pas vous convier d’entrer, mais pour le moment ce n'est tout simplement pas possible. Je pense que vous me comprendrez sans en être froissé...

Deux semaines passèrent sans que Gorst ne réapparût.

J'étais persuadé qu'il était souffrant, mais je n'osais me rendre chez lui sans y être invité.

Il me semblait que sa réticence à me recevoir était en quelque sorte liée au secret de cet objet mystérieux qu’il avait évoqué, ce talisman qu'il protégeait soigneusement.

Plusieurs jours, je réfléchis à la façon de lui rendre visite sans risquer d'être malvenu.

Un soir, après l'avoir attendu en vain plus de deux heures dans le parc de nos rencontres, je pris mon courage à deux mains et me rendis chez lui.

Avec beaucoup de difficulté, dans la pénombre d’une cage d’escalier, je trouvai une porte portant un nom mal griffonné : « I. P. Gorst. »

Une fillette d'environ douze ans m’ouvrit. Je lui demandai des nouvelles d'Izéchiel Pétrovitch, comment se portait-il ? Elle me conduisit sans un mot au bout du corridor et tout aussi silencieusement me désigna une porte.

Je frappai... Aucune réponse. Je me décidai à entrer.

Dans la chambre, je vis Gorst, assis dans un fauteuil près d’une table. Au début, son regard étrangement fixe me fit peur. Je pensai qu'il était mort. Cependant, cette première impression s’estompa. Ses narines se dilataient au rythme lent de la respiration d’un yogi. De toute évidence, il était en transe, complètement plongé dans la contemplation d’un de ses mystérieux anti-mondes.

Je compris que mon arrivée complètement inopportune pouvait le déranger dans son voyage et je me tournai déjà vers la porte, mais une curiosité irrésistible me poussa à porter mon regard vers le talisman mystérieux sur lequel ses yeux étaient rivés.

C'était un verre, un verre bien ordinaire, rempli à ras bord. Son contenu se laissait facilement deviner d'après les étiquettes des nombreuses bouteilles vides qui trônaient sur la table.

1- Canal de Saint-Petersbourg.

En 2015, le studio 'Skalnaïa 20' (Скальная 20) réalise un court-métrage directement inspiré de la nouvelle d'Ilya Varchavsky...

L’homme qui avait vu l’anti-monde
(Челове́к, кото́рый ви́дел антими́р), 2015

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Quand la science confirmerait la fiction...

Des astronomes proposent une idée fascinante : il pourrait exister dans l'Univers un monde invisible, un "Univers Miroir", constitué de matière noire, tout aussi riche et diversifié que l'Univers visible...

Pour en savoir plus, lire : 'Des scientifiques proposent l'existence d'un "Univers Miroir", et savent comment le dévoiler' in Techno-Science.net, 02.01.2024.

A moins qu'eux aussi aient trop goûter au nectar du talisman... 😉

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