Ilya Varchavsky – Les fantômes (03)

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - L'agent robot
L'agent robot de sécurité routière

­При́зраки - Les fantômes

Тре́тий эпизо́д - Episode trois

Он стоя́л у решётки, отделя́вшей тротуа́р от автостра́ды, прижа́в ладо́ни к лицу́, вдыха́я го́рький, те́рпкий за́пах духо́в. Ма́ленький острово́к све́та опоя́сывал ме́сто, где он находи́лся.

По автостра́де мча́лись автомоби́ли, тёмные и стреми́тельные. Он сде́лал неско́лько шаго́в вдоль решётки. Пятно́ све́та дви́галось за ним. Он сно́ва попыта́лся уйти́, и сно́ва оно́ его́ насти́гло. Он побежа́л. Пятно́ дви́галось вме́сте с ним. Ему́ каза́лось, что попади́ он туда́, в темноту́, и весь э́тот бред, не даю́щий спать по ноча́м, ко́нчится сам собо́й.

Перебро́сив но́ги че́рез решётку, он спры́гнул на шоссе́.

Вой сире́ны. Скре́жет тормозо́в. Огро́мный транспара́нт освети́л ночно́е не́бо: «Внима́ние! Челове́к на доро́ге!» Исполи́нское изображе́ние лица́ с гне́вно сжа́тыми губа́ми стреми́тельно надвига́лось на одино́кую фигу́рку в комбинезо́не.

— Неме́дленно наза́д!

— Хорошо́.

Тепе́рь, кро́ме фонаре́й, загора́вшихся при его́ приближе́нии, ка́ждые сто ме́тров вспы́хивали и га́сли фиоле́товые сигна́лы Слу́жбы наблюде́ния.

У перекрёстка в решётке был прохо́д. Он нево́льно отпря́нул наза́д, когда́ пе́ред его́ лицо́м захло́пнулась две́рца.

— Автомоби́ль зака́зан. Жди́те здесь.

— Не ну́жно. Мне… не́куда е́хать.

— Зака́з отменён. Вы́йдите из по́ля зре́ния фотоэлеме́нта.

То́лько сейча́с он вспо́мнил, что два дня ничего́ не ел.

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Il se tenait debout devant le grillage qui le séparait de la voie rapide. Pressant la paume de sa main contre son visage, il respira l'odeur amère et piquante du parfum. Autour de lui, il y avait comme un petit îlot de lumière.

De l’autre côté, le flot des voitures courait sur la chaussée, sombres et rapides. Longeant le grillage, il fit quelques pas. La tache de lumière qui le ceinturait le suivit. Il tenta de s’en éloigner, mais de nouveau le halo le rattrapa. Alors il se mit à courir. Le halo se déplaça avec lui. Il lui semblait que s'il pouvait atteindre l'obscurité, le délire qui l’assaillait et l’empêchait de dormir la nuit disparaîtrait de lui-même.

Enjambant la grille, il sauta et se retrouva sur la bande d'arrêt d'urgence longeant la chaussée.

Il y eut un hurlement de sirène, le crissement de freins. Un immense panneau illuminant la nuit annonça : « Attention ! Piéton sur la route ! ». Une gigantesque image, celle d'un visage aux lèvres serrées de colère, s'approcha rapidement de sa silhouette solitaire.

- Faites immédiatement demi-tour !

- Bien, bien…, répondit-il.

Désormais, en plus des lampadaires qui s'allumaient à chacun de ses pas, les gyrophares violets du service de surveillance autoroutière clignotaient tous les cent mètres.

A un croisement, dans le grillage, il trouva un passage. Il eut involontairement un mouvement de recul quand une portière claqua devant son visage.

Véhicule réservé. Patientez un instant.

- Ce n'est pas nécessaire. Je… je n’ai nulle part où aller...

- Commande annulée. Veuillez vous éloigner du champ de ma cellule photo-électrique.

C'est seulement alors qu’il se rappela qu'il n'avait rien mangé depuis deux jours.