IIya Varchavsky – Une violette (03)

Petites nouvelles russes - L'ascenseur

L'ascenseur doucement ralentit sa course vertigineuse (© Mihai Popa)

Илья Варшавский

Ilya Varchavsky
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­Фиа́лка - Une violette

Тре́тий эпизо́д - Еpisode trois

Лифт мя́гко заме́длил стреми́тельное паде́ние.

— Здесь нам придётся переса́живаться, — сказа́ла учи́тельница, — скоростны́е ли́фты ни́же не спуска́ются.

Они́ до́лго стоя́ли у смешно́й две́ри с решётками, наблюда́я неторопли́вое движе́ние двух стальны́х кана́тов, набега́ющих на скрипя́щие ро́лики, пока́ сни́зу не вы́ползла стра́нного ви́да коро́бка с застеклёнными дверя́ми.

Учи́тельница с трудо́м откры́ла решётчатую дверь. Де́ти, пода́вленные непривы́чной обстано́вкой, мо́лча вошли́ в каби́ну.

Слегка́ пощёлкивая на ка́ждом этаже́, лифт опуска́лся всё ни́же и ни́же. Здесь уже́ не́ было ни светя́щихся пане́лей, ни насы́щенного арома́тами тёплого во́здуха. За́пахи утра́тили чару́ющую пре́лесть синте́тики и вызыва́ли у дете́й сму́тную трево́гу. Четырёхуго́льник бездо́нного коло́дца освеща́лся ре́жущим глаза́ све́том люминесце́нтных ламп. Шерша́вые бето́нные сте́ны ша́хты, каза́лось, гото́вы бы́ли сомкну́ться над их голова́ми и навсегда́ похорони́ть в э́том стра́нном, лишённом ра́дости ми́ре.

— До́лго ещё? — спроси́л ма́льчик.

— Ещё два́дцать этаже́й, — отве́тила учи́тельница. — Запове́дник располо́жен внизу́, ведь расте́ниям нужна́ земля́.

— Я хочу́ домо́й! — захны́кала са́мая ма́ленькая де́вочка. — Мне тут не нра́вится!

— Сейча́с, ми́лая, всё ко́нчится, — сказа́ла учи́тельница. Она́ сама́ чу́вствовала себя́ здесь не оч́ень у́ютно. — Потерпи́ ещё мину́тку.

Внизу́ что-то гро́мко ля́згнуло, и каби́на останови́лась.

Учи́тельница вы́шла пе́рвой, за ней, торопя́сь, проти́снулись в дверь ученики́.

— Все здесь?

— Все, — отве́тил ма́льчик.

Они́ стоя́ли в полутёмном коридо́ре, коне́ц кото́рого теря́лся во мра́ке.

— Иди́те за мной.

Не́сколько мину́т они́ дви́гались мо́лча.

— Ой, тут что-то ка́пает с потолка́! — взви́згнула де́вочка с ба́нтом.

— Э́то тру́бы, подаю́щие во́ду в запове́дник, — успоко́ила её учи́тельница. — Ви́дно, они́ от ста́рости на́чали протека́ть.

— А где же запове́дник? — спроси́л ма́льчик.

— Вот здесь. — Она́ приоткры́ла око́ванную желе́зом дверь. — Заходи́те по одному́.

Ошеломлённые внеза́пным перехо́дом от полумра́ка к я́ркому све́ту, они́ нево́льно зажму́рили глаза́. Прошло́ не́сколько мину́т, прежде́ чем любопы́тство заста́вило их огляде́ться по сторона́м.

Тако́го они́ ещё не ви́дели.

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - Gargouille

L'ascenseur doucement ralentit sa course vertigineuse et s’immobilisa.

- Nous devons faire étape ici, déclara l'enseignante, les ascenseurs à grande vitesse ne descendent pas plus bas.

Le groupe resta un long moment devant une drôle de porte fermée, regardant le mouvement lent de deux filins d'acier courir sur des rouleaux grinçants, jusqu'à ce qu'une grosse boîte à l’aspect bizarre, toute vitrée, émerge en rampant de plus bas.

L’institutrice avec difficulté ouvrit la porte grillagée. Les enfants, comme submergés face à tout cet environnement qui leur était inconnu, pénétrèrent en silence dans la cabine.

Avec un léger déclic à chaque nouvel étage, l'ascenseur s’enfonça lentement et de plus en plus bas. On ne voyait plus aucun panneau lumineux, on ne sentait plus l’air tiède et doux. Les odeurs avaient perdu le charme envoûtant des arômes de synthèse. Des senteurs nouvelles qu’ils ne connaissaient pas provoquaient une vague anxiété chez les enfants. Le puits sans fond dans lequel ils descendaient était éclairé par la lumière piquante de lampes fluorescentes. Il leur semblait qu’autour d’eux les murs bétonnés et rugueux étaient prêts à se refermer et à les ensevelir à jamais dans ce monde étrange et sans joie.

- C’est encore loin, Maîtresse ? demanda le petit garçon.

- Encore vingt étages. La réserve se trouve très profond, car les plantes ont besoin de terre naturelle pour pousser.

- Je veux rentrer à la maison ! gémit la plus petite des fillettes. Je n'aime pas ici !

- Ça y est, mon trésor, on y est, lui déclara la maîtresse. Elle-même ne se sentait pas très à son aise. Voilà, encore une petite minute...

Puis il y eut un bruit sourd et la cabine s'immobilisa.

L'enseignante sortit la première et les élèves se précipitèrent à sa suite.

- On a tout le monde ?

- Tout le monde ! répondit le garçon.

Le groupe se pelotonnait à l’entrée d’un couloir semi-éclairé, dont le bout se perdait dans l'obscurité.

- Suivez-moi, allez !

Pendant plusieurs minutes, ils avancèrent dans un silence absolu.

- Oh, y a quelque chose qui goutte du plafond ! s’écria d’une petite voix la fillette au ruban dans les cheveux.

- Ça vient des canalisations qui alimentent la réserve en eau, tenta de la rassurer l'institutrice. Elles fuient parce qu’elles sont très vieilles.

- Où est la réserve ? demanda le garçon.

- Nous y voici... Et elle poussa une porte en fer. Entrez l’un après l’autre.

Aveuglés par le passage soudain de la pénombre à la lumière vive, les enfants fermèrent instinctivement les yeux. Plusieurs minutes passèrent avant que la curiosité ne les pousse à les rouvrir et à regarder autour d'eux.

Jamais ils n’avaient vu pareille chose…