IIya Varchavsky – Une violette (06)

Petites nouvelles russes - Une violette 1
"C'était le jardinier qui tendait à l'enfant la violette qu’il venait de cueillir..."

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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­Фиа́лка - Une violette

Шесто́й эпизо́д - Episode six

Ма́льчик был уже́ в дверя́х, когда́ случи́лось чу́до. Кто-то сза́ди дёрнул его́ за рука́в. Он оберну́лся, и садо́вник протяну́л ему́ со́рванную фиа́лку. При э́том он с ви́дом загово́рщика приложи́л па́лец к губа́м.

— Э́то… мне?! — ти́хо спроси́л ма́льчик.

Садо́вник кивну́л голово́й.

— Мы тебя́ ждём! — кри́кнула ма́льчику учи́тельница. — Ве́чно ты заде́рживаешься!

— Иду́! — Он су́нул цвето́к за па́зуху и шмы́гнул в коридо́р.

В э́тот ве́чер ма́льчик лёг спать ра́ньше, чем обы́чно. Погаси́в свет, он положи́л фиа́лку ря́дом на поду́шку и до́лго лежа́л с откры́тыми глаза́ми, о чём-то ду́мая.

Бы́ло уже́ у́тро, когда́ мать услы́шала стра́нные зву́ки, доноси́вшиеся из де́тской.

— Ка́жется, пла́чет малы́ш, — сказа́ла она́ му́жу.

— Вероя́тно, переутоми́лся на э́той экску́рсии, — пробурча́л тот, перевора́чиваясь на друго́й бок. — Я ещё ве́чером заме́тил, что он како́й-то стра́нный.

— Ну́жно посмотре́ть, что там стрясло́сь, — сказа́ла мать, надева́я хала́т.

Ма́льчик сиде́л на крова́ти и го́рько пла́кал.

— Что случи́лось, малы́ш? — Она́ се́ла ря́дом и обняла́ его́ за пле́чи.

— Вот! — Он разжа́л кула́к.

— Что́ это?

— Фиа́лка! — У него́ на ладо́ни лежа́ло не́сколько смя́тых лепестко́в и обмя́кший сте́бель. — Э́то фи́алка, мне её подари́л садо́вник. Она́ так па́хла!

— Ну что ты, глу́пенький?! — сказа́ла мать.— Нашёл о чём пла́кать. У нас до́ма таки́е чуде́сные ро́зы.

Она́ вста́ла и принесла́ из сосе́дней ко́мнаты ва́зу с цвета́ми.

— Хо́чешь, я тебе́ их отрегули́рую на са́мый си́льный за́пах?

— Не хочу́! Мне не нра́вятся э́ти цветы́!

— Но они́ же гора́здо краси́вее твое́й фиа́лки и па́хнут лу́чше.

— Непра́вда! — сказа́л он, удари́в кулако́м по поду́шке. — Непра́вда! Фиа́лка — э́то совсе́м не то, она́… она́… — И он сно́ва запла́кал, потому́ что так и не нашёл ну́жного сло́ва.

Petites nouvelles russes - Une violette 1

Le garçon s’apprêtait déjà à passer la porte quand le miracle se produisit. Derrière lui, il sentit qu’on lui tirait la manche. Il se retourna. C’était le jardinier qui lui tendait la violette qu’il venait de cueillir. En même temps, le vieux porta son doigt à ses lèvres :

- Chut... fit-il, d’un air conspirateur.

- C'est… c’est pour moi ?! demanda doucement le garçonnet.

Le jardinier hocha la tête.

- Allons ! nous t'attendons ! cria l’enseignante. Toujours en retard celui-là !

- J'arrive, Maîtresse ! Et l’enfant glissa la fleur sous le col de son tablier puis s'élança dans le couloir.

Ce soir-là, il se coucha plus tôt que d’ordinaire. Éteignant sa lumière de chevet, il plaça la violette à côté de lui sur l'oreiller et resta longtemps les yeux ouverts, comme perdu dans ses pensées.

***

Le jour était déjà levé quand sa mère entendit des sons inhabituels provenant de la chambre de l’enfant.

- On dirait que notre poussin pleure, dit-elle à son mari couché près d’elle.

- Probablement que l’excursion d’hier l’a trop fatigué, marmonna le père en se retournant de l'autre côté. N’as-tu pas remarqué qu’hier soir il semblait un peu bizarre.

- Je vais voir ce qu’il a, déclara la mère en enfilant sa robe de chambre.

Le garçon était assis sur son lit et pleurait à chaudes larmes.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive mon bébé ? Elle s'assit à côté de l’enfant et le prit dans ses bras.

- Regarde ! Il desserra le poing qu’il tenait fermé.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Une violette ! Dans sa paume gisaient quelques pétales froissés et une tige molle. C’est une violette. Le jardinier me l’avait donnée. Elle sentait si bon !

- Eh bien, c’est pour ça que tu pleures ? lui répondit sa mère. Bêta que tu es ! Nous avons de si belles roses à la maison…

Elle se leva et alla chercher dans la pièce voisine un grand vase de fleurs.

- Veux-tu que j’augmente l’intensité de leur parfum ?

- Non ! Je veux pas ! Je n'aime pas ces fleurs !

- Mais elles sont bien plus jolies que ta violette, et elles sentent bien meilleur...

- Non ! C’est pas vrai ! répondit l’enfant en frappant l'oreiller de son poing. C’est pas vrai ! La violette, elle, elle… elle… Et il se remit à pleurer, car il ne parvenait pas à trouver les mots justes.