Ilya Varchavsky – Les fantômes (02)

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - L'homme amoureux
L'homme amoureux d'une machine

­При́зраки - Les fantômes

Второ́й эпизо́д - Episode deux

[— Я вас люблю́!]

— Я не поняла́, что вы лю́бите. Заказны́е блю́да — с семи́ часо́в утра́. Но́чью я вам могу́ предложи́ть то́лько то, что есть в програ́мме.

— Я вас люблю́!

Он шагну́л вперёд, но вме́сто бе́лой поло́ски шеи с кашта́новыми завитка́ми воло́с его́ гу́бы встре́тила пустота́, напоённая горькова́тым за́пахом духо́в.

На пу́льте вспыхну́л кра́сный сигна́л. Методи́чно пощёлкивая, автома́т отсчи́тывал секу́нды.

— Время́ истекло́! Повтори́те вы́зов че́рез пять мину́т.

Изображе́ние исче́зло. Он ещё раз вдохну́л за́пах её духо́в и на́чал одева́ться.

Он шёл ми́мо зда́ний с тёмными о́кнами по бесконе́чному пусты́нному тротуа́ру. Загора́ющиеся при его́ приближе́нии свети́льники сейча́с же га́сли, как то́лько он проходи́л ми́мо. Небольшо́е, я́рко освещённое простра́нство впереди́, и да́льше — таи́нственный полумра́к.

Он подошёл к тёмной витри́не магази́на, вспы́хнувшей я́рким пятно́м, когда́ его́ фигу́ра пересекла́ инфракра́сный луч, па́дающий на фо́тоэлеме́нт.

— Вам что-нибу́дь ну́жно?

— Нет… то есть… вообще́ нужно́.

— Заходи́те!

Он подня́лся во второ́й эта́ж. Изображе́ние белоку́рой продавщи́цы приве́тливо ему́ улыбну́лось.

— Вам ну́жен пода́рок?

— Да.

— Же́нщине?

— Да.

— Украше́ния ? Цветы́?

— Нет. Духи́…

— Каки́е духи́ она́ лю́бит?

— Не зна́ю… Забы́л назва́ние.

— Не беда́, найдём по катало́гу. Сади́тесь, пожа́луйста!

Он никогда́ не подозрева́л, что на све́те существу́ет тако́е разнообра́зие за́пахов. И всё не те, что нужно.

— Подобра́ли?

— Нет.

— Сейча́с я сменю́ плёнку.

Опя́ть не то. От пря́ных арома́тов слегка́ кружи́тся голова́.

— Вот э́ти.

— У ва́шей да́мы отли́́чный вкус. Это фрагме́нты вступле́ния к двена́дцатой симфо́нии за́пахов. Оди́н флако́н?

— Да.

Ле́нта конве́йера вы́несла из мра́ка шкату́лку и останови́лась. Он откры́л про́бку и вы́лил на ладо́нь неско́лько ка́пель янта́рной жи́дкости.

— Спаси́бо! До свида́ния!

— Вы забы́ли взять флако́н.

— Не ну́жно, я переду́мал.

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- Je vous aime !...

- Je n'ai pas compris ce que vous aimez. Les repas personnalisés ne sont servis qu’à partir de sept heures du matin. De nuit, je ne puis vous proposer que ce qui est au programme.

- Je vous aime ! répéta-t-il.

Il s'avança, mais au lieu de boucles de cheveux bruns sur une nuque blanche, ses lèvres ne rencontrèrent que le vide ; un vide où flottait la légère amertume d’un parfum.

Une lumière rouge clignota sur la télécommande de l’appareil. La machine égraina méthodiquement les secondes.

- Le temps imparti est écoulé ! Tentez une nouvelle connexion dans cinq minutes.

L'image avait disparu. Il renifla une fois de plus la fragrance du parfum et commença à s'habiller.

***

Il marchait, suivant des bâtiments aux fenêtres sombres, le long d’un interminable trottoir désert. Les lampes qui s'allumaient à son approche s'éteignaient aussitôt après son passage dessinant un petit halo de lumière qui s’ouvrait devant lui et qui, au-delà, se perdait dans une mystérieuse pénombre.

Il fit quelques pas vers la vitrine obscure d’un magasin qui s'illumina vivement lorsque sa silhouette croisa le faisceau infrarouge de la cellule photoélectrique.

- Désirez-vous quelque chose ?

- Non... c'est-à-dire... enfin, oui...

- Entrez, je vous en prie !

Il monta au premier étage. L'image de la vendeuse blonde lui fit un sourire amical.

- Est-ce pour un cadeau ?

- Oui.

- Pour une dame, je suppose ?

- Oui, c’est ça.

- Un bijou ? des fleurs ?

- Non, plutôt un parfum…

- Quel parfum aime-t-elle ?

— Je ne sais pas… J'ai oublié le nom.

- Ce n’est pas grave, on le trouvera dans le catalogue. Asseyez-vous, je vous en prie...

Il ne soupçonnait pas qu'il y ait eu au monde une telle variété de senteurs. Pourtant il ne put retrouver le parfum qu’il cherchait.

- Vous avez trouvé ?

- Non.

— Je vais vous proposer une autre gamme.

Toujours pas le parfum qu’il recherchait. Tous ces arômes épicés lui donnaient le vertige.

- Voilà : c’est celui-là !

- Votre dame a un goût excellent. Il s’agit de ‘Fragments d’introduction à la douzième symphonie des senteurs’. Un flacon ?

- Oui, s’il vous plaît.

Sur un tapis roulant, une boîte sortit d’une obscure réserve et s'arrêta devant lui. Il ouvrit le bouchon et versa quelques gouttes ambrées dans sa paume.

- Merci ! déclara-t-il, au revoir !

— Attendez, vous oubliez votre flacon.

- Non merci, j'ai changé d'avis...