IIya Varchavsky – Un bal masqué (02)

Petites-nouvelles-russes - Les diables
Le marié, le marié ! entonnèrent les diables en frappant du pied.

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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Маскара́д - Un bal masqué

Второ́й эпизо́д - Episode deux

К нам подходи́л высо́кий ту́чный челове́к в костю́ме пира́та. Неле́по дли́нная шпа́га колоти́лась о кра́сные ботфо́рты. Чёрная повя́зка скрыва́ла оди́н глаз, пересека́я щёку там, где конча́лась ры́жая борода́. О́коло деся́тка черте́й и чертеня́т составля́ли его́ сви́ту.

— Одна́ко вы не трус! — сказа́л он, хло́пая меня́ по плечу́. — Кляну́сь Насле́дством Сатаны́, вы на ней сего́дня же́нитесь, чего́ бы мне э́то ни сто́ило!

— Жени́х, жени́х! — закрича́ли черти́, пу́скаясь вокру́г нас в пляс. — Да́йте ему́ Звёздного Эликси́ра!

Кто-то суну́л мне в ру́ку ма́ленький сере́бряный флако́н.

— Пе́йте! — суро́во сказа́л Пира́т. — Мо́жет быть, э́то ваш после́дний шанс.

Я машина́льно поднёс флако́н ко рту. Масляни́стая арома́тная жи́дкость обожгла́ мне нёбо.

— Жени́х, жени́х! — крича́ли, прито́пывая, черти́. — Он вы́пил Звёздный Эликси́р!

Повели́тельным же́стом Пира́т приказа́л им замолча́ть.

— Здесь нам тру́дно объясни́ться, — сказа́л он, обраща́ясь ко мне, — пойдёмте во двор. А вы, суда́рыня, сле́дуйте за на́ми, — отве́сил он насме́шливый покло́н дрожа́вшей де́вушке.

Он до́лго вёл нас чере́з пусты́е, запылённые помеще́ния, заста́вленные ста́рыми декора́циями.

— Нагни́те го́лову, — сказа́л Пира́т, открыва́я ма́ленькую две́рцу в стене́.

Мы вы́шли во двор. Чёрная каре́та с впряжённой в неё четвёркой лошаде́й была́ похо́жа на катафа́лк.

— Недурна́я пово́зочка для сва́дебного путеше́ствия! — захохота́л Пира́т, вта́лкивая меня́ и де́вушку в каре́ту. Он сел на ко́злы и взмахну́л бичо́м.

Око́ванные желе́зом колёса греме́ли по мостово́й. Вско́ре звук колёс стал ти́ше, и, су́дя по пока́чиванию каре́ты, мы вы́ехали на просёлочную доро́гу.

Де́вушка ти́хо всхли́пывала в углу́. Я обня́л её за пле́чи, и она́ неожи́данно прильну́ла ко мне в до́лгом поцелу́е.

Petites-nouvelles-russes - Topor

Un homme de haute stature et bedonnant, déguisé en pirate, venait de s’approcher. Il portait au côté une épée exagérément longue qui cliquetait contre ses bottes rouges. Sur son visage, un bandeau noir cachait un de ses yeux et couvrait son autre joue ; sous son menton pointait une barbe rousse. Une douzaine de démons et de diablotins composaient sa suite.

- Et bien, c’est donc que vous n’êtes pas un lâche ! me dit-il en me tapant sur l'épaule. Je jure par l’Héritage de Satan que vous l’épouserez aujourd'hui, quoiqu’il m’en coûte !

- Le marié ! le marié ! crièrent les démons en se mettant à danser autour de nous. Qu’on lui offre l'Elixir des étoiles !

Quelqu'un me glissa dans la main une petite fiole d'argent.

- Buvez ! dit sévèrement le Pirate. C'est là peut-être votre dernière chance…

Machinalement, je portai le flacon à la bouche. Un liquide huileux et parfumé me brûla les lèvres et le palais.

- Le marié, le marié ! entonnèrent de plus belle les diables en frappant du pied. Il a bu l’Elixir des étoiles !

D'un geste impérieux, le Pirate leur ordonna de se taire.

- Nous avons du mal à nous entendre dans tout ce vacarme, dit-il en se tournant vers moi, sortons... Et vous, madame, veuillez nous suivre. Et il fit une révérence moqueuse en direction de la jeune fille toute tremblante.

Un long moment, nous traversâmes des pièces vides, poussiéreuses, encombrées de vieilleries.

- Baissez la tête, dit le Pirate en ouvrant une porte basse qui donnait sur une cour.

Dehors, une calèche noire qui me fit penser à un corbillard, attelée de quatre chevaux, nous attendait.

Voici qui n’est pas un si mauvais wagon pour un voyage de noces ! s’exclama ironiquement le Pirate tout en riant, nous poussant la jeune femme et moi dans la voiture. Lui s'assit à l’avant, et tel un cocher fit claquer sa cravache.

J’entendais le cliquetis des roues cerclées de fer sur les pavés. Bientôt le bruit s’atténua et, à en juger par les secousses, nous avancions sur une route de campagne.

Près de moi, la fille sanglotait doucement. Je passai délicatement mon bras autour de ses épaules. Elle se serra tout contre moi et, de manière inattendue, me tendit ses lèvres...