Ilya Varchavsky – Les vieux (03)

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - Les vieux - 'Tornado' et son programmateur
'Tornado' et son programmateur

Старики́ - Les vieux

Тре́тий эпизо́д - Episode trois

— Был у ше́фа? — спроси́л «Смерч».

— Был.

— Обо мне́ он не говори́л?

— Почему́ ты спра́шиваешь?

— На днях он сюда́ приходи́л с нача́льником АХО. Дал указа́ния. Э́того мо́нстра, говори́т, на сва́лку, за нена́добностью. Э́то он про меня́.

— Глу́пости! Никто́ тебя́ на сва́лку не отпра́вит.

— Мне бы схе́мку подремонти́ровать, ла́мпы смени́ть, я бы тогда́ зна́ешь как?..

— Ла́дно, что-нибу́дь приду́маем.

— Ла́мпы бы смени́ть, да где их ны́нче доста́нешь? Ведь, по́ди, уже́ лет два́дцать, как сня́ли с произво́дства?

— Ничего́. Вот разде́лаемся с пла́ном, соберу́ тебе́ но́вую схе́му на полупроводника́х. Я уже́ ко́е-что прики́нул.

— Пра́вда?!

— Подремонти́руем и бу́дем на тебе́ студе́нтов учи́ть. Ведь ты рабо́таешь совсе́м по друго́му при́нципу, чем э́ти, ны́нешние.

— Коне́чно! А по́мнишь, каки́е зада́чи мы реша́ли, когда́ гото́вили твой пе́рвый докла́д на междунаро́дном конгре́ссе?

— Ещё бы не по́мнить!

— А когда́ ты поссо́рился с Лю́дой, я тебе́ дава́л оптима́льную та́ктику поведе́ния. По́мнишь? Э́то бы́ло в ты́сяча девятьсо́т… како́м году́?

— В ты́сяча девятьсо́т шестьдеся́т седьмо́м. Мы то́лько что пожени́лись.

— Скажи́… тебе́ eё сейча́с о́чень не хвата́ет?

— О́чень.

— Ох, как я зави́дую!

— Чему́ ты зави́дуешь?

— Ви́дишь ли… — Автома́т замо́лк.

— Ну, говори́.

— Не зна́ю, как э́то лу́чше объясни́ть… Я ведь совсе́м не бою́сь… э́того… конца́. То́лько хо́чется, что́бы кому́-то ме́ня не хвата́ло, а не так про́сто… на сва́лку за нена́добностью. Ты меня́ понима́ешь?

— Коне́чно, понима́ю. Мне о́чень тебя́ бу́дет не хвата́ть.

— Пра́вда?!

— Че́стное сло́во.

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- Tu as vu le patron ? demanda 'Tornado'.

- Je l’ai vu.

- Avez-vous parlé de moi ?

- Pourquoi me demandes-tu cela ?

- Il y a quelques jours, il est venu ici, avec le chef de la maintenance. Il a donné des instructions… ‘Ce monstre, a-t-il dit, est bon pour la casse ! On ne peut rien en faire’. Et c’était de moi qu’il parlait.

- Tu dis des bêtises ! Personne ne t’enverra à la casse.

- Si seulement on réparait mes circuits, me changeait quelques lampes... tu sais, je serais alors capable de…

- Bien sûr, nous y veillerons.

- Mais pour les lampes, où pourras-tu en trouver ? Ça fait vingt ans qu’on ne les fabrique plus...

- Ce n’est pas grave. Ecoute : on va finir avec le travail planifié, et ensuite je te monterai un nouveau circuit de semi-conducteurs. J'ai déjà une idée comment bricoler ça.

- C’est vrai ?

- Nous allons réparer tout ça et alors tu serviras pour la formation des étudiants. Après tout, tu fonctionnes sur des principes complètement différents de ces nouveaux modèles...

- Bien sûr ! Te souviens-tu des problèmes que nous avons dû résoudre alors que tu préparais ton premier rapport pour ce congrès international ?

- Si je m’en souviens !...

- Et la fois où vous vous êtes disputés avec Ludmila, et que je t’ai conseillé les stratégies de comportement les plus optimales. Tu t’en souviens ? C'était en mille neuf cent... en quelle année déjà ?

— En mille neuf cent soixante-sept. Nous venions elle et moi de nous marier.

- Dis-moi… elle te manque beaucoup à présent ?

- Beaucoup.

- Oh..., que je l'envie !

- Pourquoi ? Serais-tu jaloux ?

- Eh bien… tu vois... La machine se tut.

- Allons ! parle donc, dis-moi...

- Je ne sais pas comment expliquer ça... Je n'ai pas du tout peur... peur de cette... fin. Je voudrais juste que quelqu'un pense encore à moi, après. Ce n’est pas facile, tu sais... Etre mis au rebut, envoyé à la casse comme un objet inutile. Tu comprends ?

- Bien sûr, je comprends. Tu me manqueras beaucoup...

- C’est vrai ?!

- Oui, c’est vrai, honnêtement.