IIya Varchavsky – Opération Rock ‘n Roll (01)

Petites nouvelles russes - La résurrection d'Allan Bellard 1
La résurrection d'Allan Bellard

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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­Воскреше́ние А́лана Бе́лларда - La résurrection d’Alan Bellard­
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(Publié en 1994)
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Пе́рвая часть - Première partie

Note du traducteur : cette nouvelle, publiée en 1994 sous le titre ‘Opération Rock ‘n Roll’ (Опера́ция 'Рок-н-ролл) bien après le décès de l’auteur, survenu en 1974, est restée, je pense, ‘dans les cartons’, inachevée dans sa finition. J’ai choisi ici d'en présenter de larges extraits en respectant le fil du récit.

Пе́рвый эпизо́д - Premier épisode

Возвраще́ние созна́ния бы́ло похо́же на рассве́т.

В рассе́ивающейся мгле проступа́ли нея́сные ко́нтуры каки́х-то о́бразов, не свя́занных с конкре́тными представле́ниями. Э́то был стра́нный, отвлечённый мир, в кото́ром не́ было ни про́шлого, ни настоя́щего.

Где-то на поро́ге созна́ния рожда́лась мысль.

"Жив!" - поду́мал Бе́ллард, лёжа с закры́тыми глаза́ми. Он ощуща́л своё те́ло, как бы погружённое в горя́чую ва́нну, чу́вствовал на лице́ тепло́ от залива́ющего его́ мо́щного исто́чника све́та, ви́дного да́же че́рез закры́тые ве́ки.

Он мучи́тельно пыта́лся вспо́мнить, что произошло́.

Коне́чно, э́то была́ автомоби́льная катастро́фа. Бы́ло безу́мием сади́ться за руль по́сле тако́го коли́чества ви́ски. Как э́то получи́лось? Он пыта́лся обогна́ть "па́ккард", иду́щий на сумасше́дшей ско́рости, и тут вы́скочил э́тот грузови́к с потуше́нными фа́рами. Пе́рвый раз в жи́зни он по-настоя́щему растеря́лся. А́лан Бе́ллард - Космона́вт с Желе́зными Не́рвами вёл себя́ как сопли́вый юне́ц. Коне́чно, винова́то ви́ски. Фре́ди напои́л его́ до тако́го состоя́ния, что глу́по бы́ло сади́ться за руль. Сам Фре́ди спосо́бен пить ско́лько уго́дно. Пожа́луй, э́то еди́нственное, что уме́ет де́лать по-настоя́щему генера́л Фред Гро́уз. Ещё в лётном учи́лище он э́тим сла́вился. Лётчик он парши́вый. Хорошо́ де́лать карье́ру, когда́ папа́ша миллиарде́р. В три́дцать шесть лет генера́л, нача́льник Управле́ния Косми́ческих Иссле́дований! Чёрт его́ зна́ет, почему́ так жжёт всё те́ло! Бо́ли нет, то́лько жжёт.

Бе́ллард попыта́лся пошевели́ть пра́вой руко́й. Рука безде́йствовала. Столь же безуспе́шной оказа́лась попы́тка пошевели́ть па́льцами ног. Он осторо́жно про́бовал вы́звать хоть како́е-то движе́ние в своём те́ле, которо́е хорошо́ ощуща́л, но оно́ ему́ не подчиня́лось.

Неуже́ли парали́ч? Он чу́вствовал, как его́ лоб покрыва́ется ка́плями холо́дного по́та. Парали́ч - э́то коне́ц всему́. Инвали́д, навсегда́ прико́ванный к посте́ли. Никаки́х средств к существова́нию. По контра́кту с Управле́нием Косми́ческих Иссле́дований он и́ли его́ семья́ могли́ рассчи́тывать на пе́нсию то́лько в слу́чае ава́рии при выполне́нии зада́ния. Соверше́нно очеви́дно, что он от них не полу́чит ни гроша́.

Ско́лько у него́ де́нег в ба́нке? Во вся́ком слу́чае не бо́льше двух ты́сяч до́лларов. Полови́на из них уйдёт на опла́ту счёта больни́цы. Остально́го не хва́тит и на не́сколько ме́сяцев са́мой скро́мной жи́зни. Как глу́по, что они́ с Ме́ри ничего́ не откла́дывали. Он зараба́тывал не так уж ма́ло. Ме́ри всегда́ трево́жилась о бу́дущем, но он её успока́ивал. Говори́л, что контра́кт с Управле́нием Косми́ческих Иссле́дований надёжнее любо́го страхово́го по́лиса. Что бы с ним ни случи́лось, она́ и де́вочки бу́дут обеспе́чены. Тру́дно бы́ло предположи́ть, что опа́сность подстерега́ет не в ко́смосе, а на автомоби́льном шоссе́.

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - Gargouille

Lentement il recouvre conscience et c’était comme si l’aube pointait...

Dans les brumes qui se dissipent, les contours vagues de certaines images lui reviennent, sans qu’elles ne soient liées à aucune idée précise, dans un monde étrange et abstrait, sans passé ni présent.

Quelque part, à l’orée de sa conscience, une première pensée lui vient : « Je suis vivant ! »

Bellard est allongé, les yeux fermés. Il sent son corps comme s’il était plongé dans un bain chaud, ressentant sur son visage la chaleur d'une puissante source de lumière, une lumière qui le pénètre même les paupières fermées.

Péniblement, il lutte pour tenter de se souvenir de ce qui s’est passé.

Bien sûr : l’accident - un accident de voiture. C'était fou d’avoir voulu prendre le volant après avoir avalé tant de whisky. Comment était-ce arrivé ? Il tentait de doubler une Packard qui roulait à vive allure, et puis ce camion qui a surgi tous phares éteints...

Pour la première fois de son existence, il avait totalement perdu le contrôle de la situation. Lui, Alan Bellard, l'astronaute aux nerfs d’acier s’était comporté comme un jeune morveux. Bien sûr, le whisky était coupable - Freddy l’avait tellement fait boire. Ça avait été stupide de sa part de vouloir prendre quand même le volant. Freddy, lui, était capable de boire autant qu'il le voulait. C’était peut-être la seule chose que Freddy - le général Fred Groose - savait vraiment faire. Même à l'école de formation des pilotes, il était connu pour ça. Mais quel piètre pilote il était ! C'est bien de faire une belle carrière quand papa est plein aux as. A trente-six ans, déjà général et chef du Centre d’Exploration spatiale !...

Pourquoi diable a-t-il la sensation que tout son corps le brûle ? Il ne ressent aucune douleur, seulement cette sensation de brûlure.

Il tente de bouger son bras droit. Sa main est inactive. Il fait une tentative tout aussi vaine de bouger ses orteils. Il essaie, prudemment, de provoquer au moins un mouvement, quelque part dans son corps, un corps qu’il ressent mais qui ne lui obéit plus.

Paralysé ? Il sent son front se couvrir d’une sueur froide. « Paralysé, la fin de tout : invalide, grabataire pour toujours, sans plus aucun moyen de subsistance... »

Par contrat avec le Centre d’Exploration spatiale, lui et sa famille ne pouvaient compter bénéficier d’une pension qu’en cas d'accident durant une mission. Là, ce n’était pas le cas : il était évident qu'ils ne percevraient pas le moindre cent d'eux.

« Combien d'argent reste-t-il sur mon compte ? Pas plus de deux mille dollars, en tout cas. La moitié servira à payer la facture de l'hôpital. Le reste ne suffira même pas à tenir quelques mois, même en nous privant de tout… »

Comme ça avait été stupide que lui et Mary n'aient rien mis de côté. Certes, il avait un bon salaire mais Mary s’était toujours inquiétée de l'avenir. «  Un contrat avec le Centre d’Exploration spatiale vaut mieux que n'importe quelle police d'assurance... », l’avait-il rassurée. Quoi qu'il arriverait, se disait-il alors, elle et les filles seraient toujours à l’abri du besoin.

...Difficile pour lui d'imaginer que le danger ne s’était pas se trouver dans l'espace, mais sur une route, au volant d’une automobile.