IIya Varchavsky – Le dictateur (05)

Petites nouvelles russes - Galatée
Galatée - 5 heures du matin : l'heure sombre

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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­Дикта́тор - Le dictateur­

Пя́тый эпизо́д - Episode cinq

Лю́пус Эст в бе́шенстве ходи́л по ко́мнате. Друзья́ трули́во опуска́ли глаза́, когда́ он повора́чивался к ним лицо́м. Они́ хорошо́ зна́ли хара́ктер дикта́тора.

Дела́ шли из рук вон пло́хо.

Втора́я про́поведь Про́ха собрала́ всего́ двои́х слу́шателей. Оди́н из них глухо́й старичо́к, не разобра́вший про́шлый раз ни одного́ сло́ва, пришёл с но́вым слуховы́м аппара́том, но в моме́нт наивы́сшего нака́ла ора́торских спосо́бностей Хинде́я подня́лся с ме́ста и ушёл. Второ́й (психиа́тр, брат жены́ того́ са́мого галате́йца) просиде́л до конца́, но, су́дя по многочи́сленным заме́ткам, кото́рые он де́лал в блокно́те, и попы́тке по́сле оконча́ния про́поведи прове́рить спосо́бность Про́ха запомина́ть многозна́чные чи́сла, руково́дствовался чи́сто профессиона́льным интере́сом к пропове́днику.

Не лу́чше подвига́лось де́ло у Пи́нты. Ему́ удало́сь бы́ло сколоти́ть штурмово́й отря́д из десяти́ галате́йцев, но, когда́ вы́яснилось, что речь идёт не о шту́рме одно́й из го́рных верши́н, а о каки́х-то други́х дела́х, о кото́рых Пи́нта говори́л весьма́ зага́дочно, отря́д распа́лся.

Лю́пус подошёл к свои́м помо́щникам. Те поспе́шно вста́ли.

- Да́льше так де́йствовать нельзя́, - сказа́л он, сверля́ их взгля́дом. - Ещё неде́ля, и мы ста́нем посме́шищем всей плане́ты. Необходи́мо меня́ть та́ктику. Сего́дня но́чью мы захва́тим золото́й запа́с Галате́и.

***

Бы́ло пять часо́в утра́ - са́мое тёмное вре́мя на Галате́е.

Отря́д, продвига́лся к скла́ду, сохраня́я по́лную тишину́.

Ше́дший пе́рвым Лю́пус сде́лал знак свои́м помо́щникам подойти́ к нему́ вплотну́ю.

- Стре́льбы не открыва́ть, - сказа́л он шёпотом, - охра́ну сни́мем ножа́ми. Пи́нта оста́нется охраня́ть вход, а мы с Про́хом займёмся се́йфами.

- Далеко́ до скла́да? - спроси́л прерыва́ющимся шёпотом Прох. Он о́чень уста́л тащи́ть на себе́ ква́нтовый вскрыва́тель се́йфов.

- Вот воро́та. Я иду́ пе́рвым. Сто́йте здесь. Когда́ бу́дет снят часово́й, я сви́стну.

Лю́пус исче́з во мра́ке. В ночно́й тишине́ бы́ло слы́шно то́лько тяжёлое дыха́ние Хинде́я.

Внеза́пно на скла́де вспы́хнул свет.

- Трево́га! Пожалу́й, Прох, нам лу́чше смы́ться, - прошепта́л Пи́нта. - Я так и знал, что у них там автома́тика!

- Прох! Пи́нта! - Лю́пус показа́лся в освещённых воро́тах. - Склад не охраня́ется. Зо́лото в сли́тках - пря́мо на земле́. Жми́те сюда́!

Petites nouvelles russes - Le commando

Lupus Est arpentait d’un pas furieux la pièce. Ses amis tout penauds baissaient les yeux chaque fois qu’il se tournait vers eux. Ils connaissaient sur le bout des doigts le caractère du dictateur.

Les choses allaient de mal en pis.

Sur la grand’place, le second sermon de Charles Hatan n’avait attiré que deux auditeurs. L'un d'eux, un vieil homme, dur d’oreille, qui la fois précédente n’avait rien capté du tout, était cette fois-ci venu appareillé d’une nouvelle prothèse auditive. Mais à l’acmé du discours du prédicateur, il s’était levé et était parti. Le second (un psychiatre - le frère de la femme du Galatéen que Lupus avait tenté de soudoyer) resta, lui, jusqu'à la fin. Mais, à en juger par les nombreuses notes qu'il avait prises dans son petit carnet et le fait qu’il avait proposé à Charlie, à la fin du sermon, de tester ses capacités à mémoriser des suites de nombres, il semblait que son intérêt envers le prédicateur n’avait été guidé que par des motifs d’ordre strictement professionnel.

Les choses, de son côté, n'allaient pas mieux pour Pinta. Il ne réussit à rassembler que dix Galatéens au sein de ses brigades d'assaut. Mais lorsque ceux-ci se rendirent compte qu'il ne s'agissait pas de partir à l'assaut des sommets de la planète, mais d'une toute autre forme d’assauts (à propos desquels Pinta était resté très évasif), le semblant de troupe se dispersa et Pinta ne les revit plus.

Lupus fit un pas vers ses subalternes qui se levèrent d’un bond.

- Ça n’peut pas continuer comme ça, leur dit-il en les dévisageant avec rage. Une semaine de plus et nous serons la risée de la planète entière. Il nous faut changer de tactique. Ce soir, nous ferons main basse sur leurs réserves d'or.

***

Il était cinq heures du matin - l'heure la plus sombre sur Galatée.

Dans un complet silence, une escouade de trois hommes se faufilait à pas de loup vers l'entrepôt où dormait l’or des Galatéens.

Lupus, qui marchait en tête, fit signe à ses deux complices de se rapprocher.

- N'ouvrez pas le feu, chuchota-t-il. Nous liquiderons les gardes au couteau. Pinta gardera l'entrée, tandis que Charlie et moi nous nous occuperons des coffres.

- Et il est loin encore cet entrepôt ? souffla Charles, haletant, épuisé de devoir trimballer un lourd ouvre-coffre quantique.

- Voilà la porte. Je passe le premier. Restez ici derrière. Quand la sentinelle sera neutralisée, je sifflerai.

Lupus disparut dans l'obscurité. Dans le silence de la nuit on n’entendait plus que le souffle pesant de Charles Hatan.

Soudain, dans l'entrepôt une lumière s'alluma.

- Alerte !... Peut-être, Charlie, qu’on ferait mieux de ficher le camp, murmura Pinta. Je me doutais bien que ces types étaient équipés de dispositifs de sécurité !

- Charlie ! Pinta !…

C’était Lupus qui les appelait depuis le seuil de l’entrepôt : - Il n’y a aucun garde ! La salle déborde d’or ! des lingots ! posés à même le sol ! Grouillez-vous les gars !