IIya Varchavsky – Aux écrivains de science-fiction (04)

Petites-nouvelles-russes : научная фантастика 3
L'imaginaire de la science-fiction

Илья Варшавский

Ilya Varchavsky
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­Для писа́телей-фанта́стов

Aux écrivains de science-fiction

Четвёртый эпизо́д - Episode quatre

д) Дельфи́ны

Проти́вники нау́чной фанта́стики ча́сто заявля́ют, что она́ уже́ исчерпа́ла тема́тику и существу́ет за счёт многокра́тного пережёвывания одного́ и того́ же. То, что э́та то́чка зре́ния лишена́ вся́кого основа́ния, ви́дно хотя́ бы из приме́ра вторже́ния дельфи́нов в фантасти́ческие произведе́ния.

На протяже́нии всей свое́й исто́рии челове́чество сосуществова́ло с дельфи́нами, но только́ неда́вно, когда́ они́ были́ уже́ почти́ истреблены́, учёные обнару́жили, что отноше́ние ве́са мо́зга к ве́су те́ла у э́тих живо́тных вы́ше, чем у челове́ка. Э́то породи́ло мно́жество дога́док о духо́вном ми́ре зуба́тых кито́в и, в ча́стности, афали́н.

Е́сли систематизи́ровать всё, что появля́ется в печа́ти о дельфи́нах, то мо́жно с доста́точной сте́пенью достове́рности утвержда́ть, что:

во-пе́рвых, дельфи́ны лю́бят люде́й. Хотя́ любо́вь тру́дно оце́нивать по како́й-ли́бо абсолю́тной и́ли относи́тельной шкале́, всё же есть основа́ния счита́ть, что не́жные чу́вства дельфи́на к челове́ку не́сколько слабе́е, чем у соба́ки, и не́сколько сильне́е, чем у свиньи́.

Во-вторы́х, дельфи́ны легко́ дрессиру́ются. Ка́жется, ненамно́го ху́же морски́х льво́в (так как после́дние облада́ют ме́ньшим объёмом мо́зга, чем дельфи́ны, то их спосо́бности не представля́ют интере́са ни для нау́ки, ни для фанта́стики).

В-тре́тьих, они́ разгова́ривают друг с дру́гом при по́мощи сви́ста. Ви́димо, язы́к дельфи́нов по бога́тству поня́тий и кра́сочности о́бразов не уступа́ет языку́ пе́вчих птиц. Одна́ко э́тот вопро́с подлежи́т уточне́нию, так как ещё нике́м не соста́влены ни дельфи́ньи, ни пти́чьи словари́.

К сожале́нию, э́то почти́ всё, что мо́жно сказа́ть в по́льзу дельфи́нов. Коне́чно, по сравне́нию с приручёнными медве́дями, разъезжа́ющими в мо́дных брю́ках на мотоци́клах, достиже́ния дельфи́нов ка́жутся бо́лее чем скро́мными, но фанта́стам ну́жно развива́ть дельфи́нью тема́тику, ина́че к чему́ же тако́й мо́щный мозг, каки́м их награди́ла приро́да? (Опя́ть-таки здесь име́ются в виду́ дельфи́ны.)

е) Чудо́вища

Чита́тель лю́бит всё необы́чное. Чем бо́льше чу́дищ встреча́ется в те́ксте, тем лу́чше.

В настоя́щее вре́мя уже́ испо́льзованы все мифологи́ческие персона́жи: кента́вры, драко́ны, пега́сы, цикло́пы и да́же а́нгелы, просты́е и шестикры́лые.

Изготовле́ние чудо́вищ для фантасти́ческих произведе́ний мо́жет быть осуществлено́ ме́тодом ма́ссового произво́дства. Существову́ют два спосо́ба:

Гибридиза́ция. В э́том слу́чае создаётся гибри́д са́мых отдалённых представи́телей фа́уны и фло́ры. Ро́зовый куст с тигри́ными голова́ми вме́сто буто́нов, де́вушка с те́лом змеи́, лета́ющие меду́зы, по́месь паука́ с ко́ршуном. Чем неожи́даннее совмеще́ние свойств в тако́м гибри́де, тем вы́ше эмоциона́льное возде́йствие на чита́теля.

Измене́ние масшта́бов. Оди́н из са́мых просты́х и де́йственных спо́собов, не тре́бующий осо́бых поясне́ний. Кло́п величино́ю с ло́шадь и́ли диноза́вр, умеща́ющийся в спи́чечной коро́бке, открыва́ют неисчерпа́емые возмо́жности для созда́ния динами́чного, захва́тывающего сюже́та.

Вот, по существу́, все основны́е пра́вила компози́ции фантасти́ческих произведе́ний. Сле́дует лишь доба́вить, что огро́мная рабо́та, уже́ проде́ланная по систематиза́ции фантасти́ческих иде́й, значи́тельно облегча́ет писа́телям вы́бор те́мы. Вы всегда́ мо́жете взя́ть науга́д не́сколько иде́й и совмести́ть их. Коли́чество возмо́жных сочета́ний при э́том насто́лько велико́, что хва́тит ещё на не́сколько поколе́ний фанта́стов.

Petites-nouvelles-russes - Topor

e) Dauphins et Science-fiction

Les opposants à la science-fiction prétendent souvent que le genre a déjà épuisé tous ses thèmes et ne perdure qu’en ressassant sans cesse les mêmes antiennes. Il s’agit là d’un point de vue totalement dénué de fondement. Ne serait-ce que, par l'exemple, l’irruption des dauphins dans les œuvres d’anticipation.

Tout au long de son histoire l'humanité a coexisté avec les dauphins, mais c'est seulement récemment, au moment où ces animaux ont déjà été presque tous exterminés, que les scientifiques ont découvert que le rapport entre le poids de leur cerveau et leur poids corporel était plus élevé que chez l'homme. Cela a engendré tout un tas de spéculations concernant l’univers mental dans lequel baignent les cétacés et, particulièrement, les grands dauphins.

Si l'on systématise tout ce qui paraît dans la presse sur ces animaux, alors on peut certifier avec un degré de certitude suffisant que :

Premièrement, les dauphins aiment les gens. Bien que l'amour soit difficile à évaluer sur une échelle absolue ou même relative, il y a de bonnes raisons de croire que les sentiments d’affection d'un dauphin envers les humains sont un peu plus faibles que ceux d'un chien mais un peu plus forts que ceux d'un cochon.

Deuxièmement, les dauphins sont faciles à dresser. (Ni plus ni moins, semble-t-il, que les otaries, mais comme ces dernières ont un volume cérébral inférieur à celui des dauphins, elles n'intéressent ni la science ni les auteurs de science-fiction).

Troisièmement, ils communiquent entre eux par des sifflements. Apparemment, leur langage, en terme de richesse de concepts et de pittoresque, n'est en rien inférieur au langage des oiseaux chanteurs. Cependant, cette question mériterait d’être éclaircie, car personne n'a encore compilé de dictionnaires en langues dauphin ou canari.

Malheureusement, c'est presque tout ce qu'on peut dire à propos des dauphins car comparés aux ours apprivoisés portant culottes à carreaux qui conduisent des motos dans les cirques, les capacités de ces braves cétacés semblent plus que modestes. Mais les écrivains de science-fiction se doivent de disserter à l’envi sur le thème des dauphins, sinon pourquoi la Nature les aurait-elle dotés d’un cerveau si puissant ? (Encore une fois, je fais ici référence aux dauphins.)

f) Des monstres et autres créatures

Le lecteur de science-fiction aime tout ce qui est inhabituel. Plus il y a de monstres dans le texte, mieux c'est.

A l'heure actuelle, toutes les créatures mythologiques ont déjà été utilisées : centaures, dragons, pégases, cyclopes et même les anges : les simples, à deux ailes, et les séraphins aussi.

Fabriquer des monstres pour des œuvres fantastiques peut être réalisé de manière quasi industrielle. Il existe pour cela deux façons :

1. L’hybridation. Dans ce cas, on préférera des hybrides entre espèces végétales et animales particulièrement éloignées. Un rosier qui, au lieu de bourgeons, porte sur ses branches des têtes de tigre, une jeune fille avec un corps de serpent, des méduses avec des ailes, voire même le croisement d’une araignée et d’un faucon. Plus la combinaison est inattendue, plus elle fera forte impression au lecteur !

2. Le changement de taille. Ce moyen, des plus simples et des plus efficaces, ne nécessite d’amples explications. Une punaise de lit de la taille d'un cheval ou un dinosaure qui tient dans une boîte d'allumettes ouvrent des possibilités inépuisables pour créer une intrigue aux multiples rebondissements.

En conclusion

Voici, en substance, toutes les règles de base qui président à la bonne composition d'œuvres fantastiques. Nous conclurons en disant que cet énorme travail de systématisation facilitera grandement la tâche des écrivains de science-fiction dans leur choix. Ils pourront ainsi toujours piocher quelques thèmes au hasard et puis les combiner. En science-fiction, les recombinaisons possibles sont si nombreuses qu’elles suffiront longtemps à inspirer d’innombrables générations d'écrivains.

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Addendum : les trois principes de la thermodynamique (ndt)

(Qui, comme les trois mousquetaires, sont au nombre de quatre)

Le premier principe de la thermodynamique, ou principe de conservation de l'énergie, affirme que l'énergie ne peut être ni créée ni détruite.

Le deuxième principe stipule que toute évolution thermodynamique d’un système s’accompagne d’une entropie (un ‘désordre’) croissante. (D’où l’irréversibilité de la flèche du temps).

Le troisième principe stipule que l'entropie d'un système thermodynamique en équilibre interne tend vers une constante universelle quand la température tend vers le zéro absolu (0° Kelvin).

Enfin, indiquons qu’il existe un principe dit ‘zéro’ de thermodynamique qui stipule que si deux systèmes sont en équilibre thermique stable avec un troisième, ils sont eux-mêmes en équilibre thermique stable.

Voilà des précisions qui aideront grandement, nous l’espérons, les auteurs de science-fiction en herbe ! 😉

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