IIya Varchavsky – Les fourberies de Cupidon (10)

Petites nouvelles russes - Les carillons de la noce
Les carillons de la noce

­Проде́лки Аму́ра - Les fourberies de Cupidon

Деся́тый эпизо́д - Episode dix

Говоря́т, что в моме́нт си́льных потрясе́ний пе́ред челове́ком проно́сится вся его́ жизнь. Ну, е́сли и не вся, то хотя́ бы важне́йшие eё эта́пы.

Так и сейча́с, закры́в глаза́, Филимо́н Оре́стович за коро́ткое вре́мя вспо́мнил проше́дшие три́дцать лет. По сравне́нию с его́ ны́нешним состоя́нием они́ каза́лись года́ми настоя́щего сча́стья, кото́рое он так неразу́мно упусти́л, преда́вшись несбы́точным иллю́зиям.

Он ра́достно улыбну́лся и напра́вился в ку́хню, откуда́ доноси́лись сла́достные его́ у́ху зву́ки переставля́емой посу́ды…

Е́сли бы а́втор зада́лся це́лью написа́ть нового́дний расска́з, то лу́чшего конца́ и приду́мать нельзя́. Вновь соединённые супру́ги под звон кура́нтов поднима́ют бока́лы в честь электро́нного Де́да Моро́за.

Одна́ко, как утве́рждают фило́софы, жизнь — о́чень сло́жная шту́ка. Пусть они́ да́же немно́го преувели́чивают, но, во вся́ком слу́чае, она́ сложне́е примити́вных сюже́тных схем. Что же каса́ется гибри́да Аму́ра с компью́тером, то да́же воображе́ние фанта́ста не всегда́ мо́жет предугада́ть, на каки́е па́кости э́тот ублю́док спосо́бен. Ита́к, терпе́ние, чита́тель!

…С ра́достной улы́бкой вошёл Филимо́н Оре́стович в ку́хню. Он тут же заме́тил на столе́ то́чно тако́й же конве́рт.

— Ну, чего́ тебе́? — спроси́ла Варва́ра Степа́новна.

— Зна́чит, ты то́же?.. — Филимо́н Оре́стович указа́л на конве́рт.

— А ты как ду́мал?! Что ж я, по-тво́ему, одна́ и помира́ть буду́?

— Эх, стару́ха, стару́ха! — вздохну́л Филимо́н Оре́стович. — Мно́го мы с тобо́й глу́постей понаде́лали. Ну, тепе́рь всё! За́втра идём в загс1.

— Ишь, како́й пры́ткий! — усмехну́лась она́. — Я своего́ ещё и не ви́дела.

— Так посмотри́! — Филимо́н Оре́стович петухо́м прошёлся по ку́хне.

— Ты что, обалде́л?!

— Обалде́ешь тут! — Он засмея́лся и, взяв со стола́ конве́рт, извлёк отту́да извеще́ние. Тут же смех ко́мом застря́л у него́ в го́рле. На пло́тной бума́ге с водяны́ми зна́ками зака́зчица торже́ственно извеща́лась, что лу́чшего му́жа, чем не́кий Авре́лий Ма́ркович Октовиа́нов, прожива́ющий в посёлке Ручьи́, у́лица така́я-то, со́бственный дом, ей не сыска́ть.

Petites-nouvelles-russes - Topor

On dit souvent que lors d’un choc très violent, une personne voit défiler toute sa vie devant lui. Et si ce n’est toute sa vie, du moins les moments les plus importants.

D’un coup, en cet instant, fermant les yeux, Philémon Orestovitch se souvint de leurs trente années de vie commune. Comparée à ce qu’il vivait à présent, cette période lui semblait avoir été des siècles de vrai bonheur. Un bonheur absurdement perdu à cause de rêves chimériques.

Le sourire aux lèvres, il entra dans la cuisine où résonnait un doux cliquetis de vaisselle que Varvara était en train de ranger...

A ce moment de notre récit, si l'auteur que je suis avait décidé d'écrire un conte de Noël, il lui eut été impossible de trouver meilleure fin que : « et de nouveau, unis pour la vie, les époux levèrent leur verre en l'honneur du Père Cyber-Noël, au son des carillons… »

Cependant…

Cependant, selon les philosophes, la vie est chose bien compliquée. (Sûrement, exagèrent-ils un peu, mais, en tout cas, elle est plus complexe que tous les scenarii puérils d'intrigues romanesques.) Quant à savoir ce que peut réserver un hybride de Cupidon et d’ordinateur, même l'imagination fertile d'un auteur de science-fiction ne peut toujours prédire de quelle fourberie un tel bâtard est capable. Alors, lecteurs soyez patients !

... C’est donc avec un sourire guilleret que Philémon pénétra dans la cuisine. Là, immédiatement il remarqua, posée sur la table, une enveloppe exactement semblable à la sienne.

- Eh bien, qu’est-ce t’as encore ? demanda Varvara Stépanovna.

-Et donc, toi aussi ?... Philémon pointa un doigt vers l'enveloppe.

- Et qu’imaginais-tu ?! Tu pensais peut-être que j’allais passer le reste de ma vie toute seule et puis attendre que je sois morte ?

- Eh oui, ma vieille ! soupira Philémon, nous avons commis beaucoup de bêtises toi et moi. Eh bien, maintenant ça suffit ! Demain, nous irons officialiser nos nouvelles épousailles au bureau d’état-civil.

- Regardez-moi ça ! Comme ce monsieur va vite en besogne ! gloussa-t-elle. Je n'ai pas encore lu le nom de celui qui m’est destiné.

- Alors ouvre donc ! Philémon se pavanait dans la cuisine fier comme un coq.

- Qu’est-ce t’as, tu es tombé sur la tête ?!…

- Et comment ne pas tomber sur la tête ! Il rit de toutes ses dents et, prenant d’autorité l’enveloppe, la décacheta lui-même et l’ouvrit. Immédiatement, son rire s’étouffa au fond de sa gorge. Sur papier épais filigrané, l’Agence matrimoniale informait solennellement sa cliente qu’il n’y avait pour elle meilleur mari que… un certain Aurèle Markovitch Oktovianov, demeurant dans le village de Routchi¹, dans telle rue, où il possédait sa propre maison.

1- Routchi (Ручьи) : Ancien village, aujourd’hui quartier situé en périphérie nord-est de Saint-Pétersbourg.