IIya Varchavsky – Une violette (01)

Petites nouvelles russes - Дономага
Donomag, l'hyperstructure la plus grandiose de la planète.

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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­Фиа́лка - Une violette

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(1966)

Пе́рвый эпизо́д - Premier épisode

Го́род простира́лся от поля́рных льдов до экваториа́льного по́яса. За́падные и восто́чные грани́цы Го́рода омыва́лись во́лнами двух океа́нов.

Там, за ле́сом нефтяны́х вы́шек, присоса́вшихся к морско́му дну, раски́нулись други́е города́, но э́тот был са́мым больши́м.

На два киломе́тра вторга́лся он в глубь земли́ и на со́рок киломе́тров поднима́лся ввысь.

Подо́бно гига́нтскому спру́ту, лежа́л он на су́ше, опусти́в огро́мные тру́бы в во́ду.

Э́ти тру́бы засасы́вали всё необходи́мое для синтезирова́ния проду́ктов пита́ния и предме́тов обихо́да Го́рода.

Очи́щенная таки́м о́бразом вода́ нагнета́лась в подзе́мные рекупера́торы, отбира́ла от плане́ты тепло́, отдава́ла его́ Го́роду и сно́ва слива́лась в океа́н.

Кры́ша Го́рода была́ е́го лёгкими. Здесь, на необозри́мых просто́рах регенерацио́нного сло́я, располо́женного вы́ше облако́в, со́лнечные лучи́ расщепля́ли проду́кты дыха́ния сорока́ миллиа́рдов люде́й, обогаща́я во́здух Го́рода кислоро́дом.

Он был таки́м же живы́м, как и те, кто его́ населя́л, вели́кий Го́род, са́мое грандио́зное сооруже́ние плане́ты.

В подзе́мных этажа́х Го́рода бы́ли располо́жены фа́брики. Сюда́ поступа́ло сырьё, отсю́да непреры́вным пото́ком лили́сь в Го́род пи́ща, оде́жда — всё, в чём нужда́лось многочи́сленное и тре́бовательное населе́ние Го́рода.

Тут, в све́те фосфоресци́рующих раство́ров, без вмеша́тельства челове́ка текли́ таи́нственные и бесшу́мные проце́ссы Си́нтеза.

Вы́ше, в бесконе́чных лабири́нтах жилы́х кварта́лов, как во вся́ком го́роде, рожда́лись, умира́ли, рабо́тали и мечта́ли лю́ди.

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - Gargouille

La Ville s'étendait des glaces polaires jusqu’à la ceinture équatoriale. Ses rivages à l’est et à l’ouest étaient baignés par les vagues des deux océans.

Plus loin encore, au-delà de la forêt des plates-formes pétrolières accrochées au fond de la mer qui la cernait, se trouvaient d'autres villes, mais Elle, elle était la plus grande.

Elle s’enfonçait sous terre sur deux mille mètres et s’élevait à plus de quarante kilomètres au-dessus du sol. Comme une pieuvre géante, elle recouvrait le continent, plongeant ses canalisations, telles d’énormes tentacules, sous les eaux.

Ces longs tuyaux aspiraient tout ce qui était nécessaire à la synthèse des aliments et aux autres commodités de la grande Cité.

L'eau, ainsi purifiée et traitée, était captée dans des récupérateurs souterrains. Elle ramenait la chaleur depuis les entrailles de la planète et la distribuait en ville, avant que de nouveau aller se déverser dans l'océan.

Les toits de l’immense Cité étaient ses poumons. Ici, sur de vastes étendues de couches régénératrices, au-dessus des nuages, les rayons du soleil dissociaient les molécules carbonées exhalées par le souffle de quarante milliards d’humains, fournissant ainsi à la ville son oxygène.

Elle était aussi vivante que ceux qui l'habitaient. Elle : la grande Cité, l’hyperstructure la plus grandiose de toute la planète.

Ses usines étaient situées dans ses sous-sols. Là, s’y déversaient toutes les matières premières nécessaires à la production de nourriture, à la confection de vêtements et d’autres biens qui alimentaient la ville en un flux continu, assurant à sa population, nombreuse et exigeante, tout ce dont elle avait besoin.

Ici, sous les lumières phosphorescentes, à l’écart de toute intervention humaine, goutte à goutte sourdaient de mystérieux et silencieux processus de synthèse.

Et plus haut, dans les labyrinthes sans fin des quartiers d’habitation, comme partout dans la ville, des êtres naissaient, mouraient, travaillaient et rêvaient...