Introduction – Ilya Varchavsky
Sommaire et liens
"Je peux seulement dire que j'écris des nouvelles parce que je ne peux pas écrire de romans et, si je le pouvais, j'en écrirais certainement, mais alors je devrais expliquer pourquoi je n'écris pas de nouvelles..." I. Varchavsky. Lire la suite...
Robi - Lire ; Conflit - Lire ; Les fantômes - Lire ; Les vieux - Lire ; Journal intime - Lire ; L'automate - Lire ; Homunculus - Lire ; Un conte des temps présents - Lire ; Interlude musical : La poupée qui renaît à la vie - Ecouter ; La poupée - Lire ; Le juge - Lire ; L'héritier - Lire ; Le soleil se couche sur Donomag - Lire ; Perpetuum mobile - Lire ; Symposium - Lire.
Le jeu - Lire ; La boutique des rêves - Lire ; Le dictateur - Lire ; interlude musical : V. Vyssotski : La Marche des gredins de l’espace - Ecouter ; La Terre ne répond plus - Lire ; Tout bien selon les règles - Lire ; Opération Rock ‘n Roll - Lire : Sur l'atoll - Lire ; Une violette - Lire ; Le Café moléculaire - Lire.
Aux écrivains de science-fiction - Lire ; Le Panthéon de l'immortalité - Lire ; L’homme qui avait vu l’anti-monde - Lire ; Leçon de parapsychologie - Lire ; Un bal maqué - Lire ; L'amour et temps - Lire ; Interlude poétique : trois poèmes d'Alexandre Block - Lire ; Interlude musical : Ch. Aznavour : un amour éternel - Ecouter ; Les fourberies de Cupidon - Lire ; La petite clé - Lire ; L'album - Lire .
Introduction
Voici un auteur ignoré en France dont nous présentons ici quelques nouvelles, la plupart très brèves, qui permettront aux lecteurs de découvrir son univers. Ne vous étonnez pas d’y croiser un robot qui n’en fait qu’à sa tête, un vieil homme et une machine perdus dans un monde vidé de ses habitants, une âme amoureuse qui erre, égarée, le long d’une autoroute, et même Dieu tout-puissant qui joue à pile ou face avec une machine confectionnée par le Démon : c’est de la science-fiction (en russe : научная фантастика, de la ‘science fantastique’).
‘Donomag’ :
Nombre des récits que nous vous présentons ici sont extraits du recueil ‘Le soleil se couche sur Donomag’ (Солнце заходит в Дономаге), publié en 1966. Donomag, une ville imaginaire, tentaculaire, où les hommes et les machines cohabitent pour le meilleur (des mondes) et peut-être pour le pire.
Voici ce qu’en dit l’auteur en guise d’introduction :
« Le sociologue s'intéresse à la société en tant que telle, l'écrivain s'intéresse aux personnes de cette société.
« J'ai écrit des histoires sur les habitants de Donomag, le conflit entre l'homme et la science dans un système social où la science commence inévitablement à servir les objectifs de l'esclavage.
[…]
« Donomag est un pays fictif, je l'ai créé. Et il s'est détruit, même si je lui ai donné tout ce à quoi il aspirait… »
Lire (en russe) le recueil ‘Le soleil se couche sur Donomag’ (1966) dans son intégralité. Et écouter sur Youtube (en russe).
Quelques mots sur l’auteur :
Ilya Varchavsky (Илья Иосифович Варшавский) est né à Kiev en 1908. Diplômé de l'École navale de Leningrad, il travaille d’abord comme mécanicien de navires avant de devenir ingénieur. Il publie en 1929 un premier ouvrage : ‘Le tour du monde sans billet’ (Вокруг света без билета) et quelques billets dans divers périodiques (sous différents pseudonymes) avant de ne plus rien écrire (ou du moins de ne plus rien publier) jusqu’en 1962, soit plus de trente ans de silence.
Tout cela, raconta Varchavsky, commença à cause d'une dispute avec son fils Viktor, ingénieur cybernétique et grand fan de science-fiction :
« - Pourquoi perds-tu ton temps à lire des livres aussi creux ? reprocha le père. Ceux qui écrivent ça ne pondent que des absurdités !
- Et toi, essaie donc ! invente de telles absurdités ! lui rétorqua Viktor... »
Ce sera ‘Robi’ (Роби) qui marquera son retour sur la scène littéraire - la première nouvelle que nous vous présentons ici. ‘Robi’ sera suivi d’autres nouvelles qui seront rassemblées dans un premier recueil sorti en 1964 : ‘Le café moléculaire’ (Молекулярное кафе).
Durant la dizaine d’année qui suivit, Varchavsky publia plus de quatre-vingts récits. Il décédera à Léningrad, l’actuelle Saint-Pétersbourg, en 1974. Certains de ses écrits, parmi ceux que nous avons traduits, ne parurent que bien après sa mort.
Nulle part, à ma connaissance, il ne fit référence à sa 'judaïcité', si ce n'est dans un propos rapporté : "Je suis allé chercher un emploi à Bakou - ils ne m'avaient envoyé nulle part ailleurs ; en tant que Juif, c'est naturel. Et à Bakou, ils m'ont embauché au tout premier endroit où j'ai postulé. Ça m'avait frappé ! J'ai demandé, comment est-ce possible ? Ils m'ont expliqué : ils te prennent tout de suite, parce que tu n'es pas Russe..." (Mikhaïl Kheifets, En souvenir d'Ilya Iosifovich Varshavsky) ;
En cela, il s'inscrivait dans une longue 'tradition' d'auteurs soviétiques de S.F. d'origine juive. Lire (en anglais) : The Secret Jewish Language of Soviet Era Science Fiction.
Lire (en russe) 'D'une entame d'une autobiographie' (Из начатой автобиографии).
Lire (en russe) une biographie d'Ilya Varchavsky et la liste de ses œuvres.
Lire (en russe) une anthologie de ses œuvres.
Les férus francophones pourront rechercher quelques traductions de ses nouvelles dans d’anciennes anthologies consacrées à la science-fiction soviétique : Lien.
« Планета есть колыбель разума, но нельзя вечно жить в колыбели. » Константин Циолковский. 1911
"La Terre est le berceau de l'Intelligence, mais l'on ne peut éternellement passer sa vie dans un berceau." Constantin Tiolkovsky. 1911
La science-fiction russe et soviétique :
Si la France peut s’enorgueillir de posséder l’écrivain qui a, en quelque sorte, rendu le genre universel, en la personne de Jules Verne, la science-fiction, - le roman d’anticipation -, est restée dans notre pays un domaine largement ignoré de la ‘grande’ littérature. Par contre, en Russie, dès avant la Révolution de 1917, et plus encore ensuite en URSS, ce genre a su se forger une place de premier plan. Des auteurs, tels qu’Alexis Tolstoï, Mikhaïl Boulgakov, Ivan Efremov, les frères Arcadi et Boris Strougatski, et tant d’autres en témoignent.
Durant l’ère soviétique, la confiance dans un progrès technique et social qui devait propulser l’humanité dans un monde radieux – et dont la figure emblématique fut peut-être Iouri Gagarine, le premier homme dans l’espace - était presque érigé en ‘dogme d’État’. Enfin, dans ce meilleur des Mondes à venir, les robots allaient délivrer ‘les prolétaires de tous les pays’ des corvées les plus pénibles et les plus dangereuses ! ‘L’Union des Soviets’¹ avait vocation à gouverner non seulement la Planète entière mais à s’étendre aussi jusqu’aux confins de l’univers (du ‘Cosmos’ pour reprendre la terminologie russe).
Tout cet idéal, cette utopie, se termina, nous le savons aujourd’hui tragiquement : par la catastrophe de Tchernobyl (1986), précédant la chute de l’URSS (fin 91). Mais cela, me direz-vous, est une autre histoire. Une uchronie qu’ont semblé pourtant évoquer, si ce n’est prédire, plusieurs auteurs de science-fiction bien des années auparavant. Ainsi, projetant leurs lecteurs dans des mondes lointains ou imaginaires, s’ingéniaient-ils parfois à une critique à peine voilée du système techno-industriel ; le subterfuge de la science-fiction leur permettant d’échapper (parfois) aux fourches de la censure soviétique.
1- L’Union soviétique (URSS) était, à ma connaissance, le seul Etat moderne dont le nom ne comportait aucune référence – et donc limite - géographique quelconque.
Pour en savoir plus :
- P. et V. Lajoye : ‘Étoiles rouges - La littérature de science-fiction soviétique’ (2017) : Lien.
- Le Livre d'Or de la science-fiction : La science fiction soviétique : Lien.
- Affiches de propagande soviétique à la gloire de la conquête spatiale : Voir.
Notes sur la traduction :
Les nouvelles ont été découpées en petits épisodes afin d’en rendre la lecture plus aisée sur Internet.
Comme l’écriture est contemporaine et le style fluide, ces nouvelles peuvent être un bon moyen d’approfondir, pour des étudiants, l’apprentissage du russe. C’est dans ce but que nous y avons généralement fait figurer les accents toniques, essentiels à la compréhension de cette langue. Cet accent tonique que l’on voudrait, comme en français, voir une bonne fois pour toutes ‘cloué’ à un seul endroit...
Remerciements :
- Svetlana Weiss qui m’a accompagné tout au long de ces traductions ;
- Olga Moutouh pour sa relecture, ses remarques et ses corrections ‘côté russe’ ;
- Martine Guille et Bernard Pollet pour leur relecture ‘côté français’.
Conception Web : Eléna Ogievetsky – EK-PRINT-WEBDESIGN, que je remercie chaleureusement.
Georges Fernandez, janvier 2023 ©
Quand l'imagination d'un créateur rejoint la science-fiction :
Robot - Un spectacle de Blanca Li, 2013