IIya Varchavsky – Les fourberies de Cupidon (05)

Petites nouvelles russes - Varvara Stepanovna
Varvara Stepanovna

­Проде́лки Аму́ра - Les fourberies de Cupidon

Пя́тый эпизо́д - Episode cinq

Как в тумáне броди́л он по го́роду, по́лному собла́знов, проклинáя себя́ за то, что так неразу́мно связáл свою́ жизнь со сварли́вой стáрой жéнщиной.

Всё же, поосты́в немнóго, он реши́л пойти́ домóй, наде́ясь, что все недоразумéния э́того дня ула́дятся сáми собóй.

Увы́! Надéждам его́ не суждено́ бы́ло сбы́ться. Верну́вшись в свою́ кварти́ру, он обнару́жил, что семе́йные отноше́ния пре́рваны весьма́ основа́тельно при по́мощи двух платяны́х шкафо́в и си́тцевой занавéски. В шкафу́, две́рцы кото́рого открывáлись непосре́дственно в но́вую экологи́ческую ни́шу Филимóна Оре́стовича, лежáли его́ ли́чные ве́щи и аккура́тная сто́пка посте́льного белья́, вы́деленная при раздéле иму́щества. Холостя́цким лóжем отны́не дóлжен был ему́ служи́ть у́зкий дивáнчик, испо́льзовавшийся рáньше для приёма госте́й. У окна́ стоя́ли клéтки с пти́цами.

Филимóн Орéстович загляну́л на ку́хню. Его́ бы́вшая жена́ мы́ла там окно́ — ве́рный признáк бушу́ющего в ней негодовáния, хорошо́ извéстный по прéжним ссóрам.

Поразмы́слив, Филимóн Орéстович реши́л вести́ себя́ так, сло́вно ничегó не случи́лось.

— Слу́шай, Ва́ренька, — сказáл он примири́тельным тóном. — Я тут остáвил «Литерату́рку». Ты eё кудá прибрала́?

— Вы́терла стеклó.

— Гм… Ну, допусти́м, — на э́тот раз Филимóн Орéстович был воплоще́нием крóтости и всепрощéния. — А пое́сть у нас не найдётся? Я, знаéшь ли, как-то проголодáлся.

Варвáра Степáновна мóлча указáла на холоди́льник. У Филимóна Орéстовича бы́ло мелькну́ла надéжда, что всё ужé обошлóсь. Не тут-то бы́ло! Он откры́л две́рцы и сра́зу убеди́лся, что принци́п «твоё-моё» восторжествовáл и здесь. В отведённой ему́ полови́не красовáлась почáтая буты́лка вина́ и остáтки сего́дняшнего пи́ршества, тогда́ как вожделённый сейча́с кефи́р находи́лся на вра́жеской территóрии.

— Забира́й свою́ жратву́ и вымета́йся, — сказáла Варвáра Степáновна. — Мне ещё ну́жно тут полы́ мыть.

Оскорблённый в са́мых лу́чших чу́вствах, Филимóн Орéстович отпрáвился к себé, не поу́жинав.

Спал он из рук вон плóхо. От гастрономи́ческих изли́шеств у него́ и в самóм дéле приключи́лся при́ступ пе́чени. Дивáн был жёсткий и неудóбный, простыня́ всё врéмя сползáла. Но бóльше всего́ терзáло уязвлённое самолю́бие. Как э́то его́, отдáвшего лу́чшие гóды жи́зни э́той жéнщине, вы́швырнули, как парши́вого пса. Поду́мешь, ца́ца, медици́нская сестрá на пе́нсии. Не таки́е ещё бе́гают в по́исках мужéй. Красáвицы и молоды́е. Не зря пи́шут, что жéнщин бóльше, чем мужчи́н. Так, постепéнно распаля́ясь от со́бственных мы́слей, к утру́ Филимóн Оре́стович при́нял решéние. К чёрту Варвáру Степа́новну. Сегóдня же он отпра́вится в Вычисли́тельный центр искáть но́вую подру́гу жи́зни.

Petites nouvelles russes - Un couple d'inséparables

Comme dans un brouillard, Philémon errait de par les rues, dans cette ville aux milles tentations, se maudissant d'avoir si imprudemment lié sa vie à celle de cette satanée vieille grincheuse.

Pourtant, après s'être un peu dégrisé, il décida qu’il était temps de rentrer, espérant que tous les fâcheux malentendus se fussent d’eux-mêmes dissipés.

Hélas ! Ses espoirs furent vains. De retour à l’appartement, il constata que sa relation conjugale était définitivement obturée par un rideau de coton imprimé et deux armoires. Derrière les portes de celle qui donnait directement sur sa nouvelle niche écologique, Philémon trouva ses effets personnels et une pile bien pliée et repassée de linge de lit que son épouse lui allouait en partage des biens matrimoniaux. Désormais, c’est sur un canapé étroit - qui servait auparavant de divan pour les invités - qu’il lui faudrait dormir en célibataire. Et près de la fenêtre Varvara avait posé les cages à oiseaux.

Philémon jeta un regard vers la cuisine. Son ex-femme y lavait les vitres. C’était là un signe évident de l’indignation qui bouillonnait en elle ; un signe bien reconnaissable, de par leurs précédentes querelles.

Après réflexion, Philémon Orestovitch prit le parti de se comporter comme si de rien n'était.

- Écoute, Varenka¹, dit-il d'un ton conciliant, j'ai dû laisser mon journal de ton côté. Tu ne l’aurais pas vu par hasard ?

- J’ai nettoyé les vitres avec.

- Hum... Bien..., admettons... Le timbre de voix de Philémon se voulait l'incarnation même de la douceur et de la mansuétude. N’y aurait-il pas quelque chose à manger ? Je..., enfin, vois-tu..., j'ai un peu faim...

Varvara Stépanovna, silencieusement, montra du doigt le réfrigérateur. Philémon eut alors comme une lueur d'espoir : tout allait peut-être s’arranger. Mais il n’en fut rien ! Ouvrant la porte du frigo, il comprit immédiatement que le principe du ‘chacun pour soi’ y régnait là aussi en maître absolu. Dans la moitié qui lui avait été consentie, il trouva la bouteille à moitié entamée de ‘Liebfraumilch’ et les reliefs de son dernier festin, tandis que le kéfir qu’il convoitait campait en territoire ennemi.

- Prends ta bouffe et déguerpis de ma cuisine, lui asséna Varvara Stépanovna. Je dois encore laver le parterre.

Offusqué en son for intérieur, Philémon décida de retourner dans ses appartements sans même souper.

Durant la nuit, tout alla de mal en pis. Ses derniers excès gastronomiques lui déclenchèrent une crise de foie. Le canapé se montra dur et inconfortable, le drap qui le couvrait glissait sans cesse. Mais ce qui taraudait le plus notre héros, ce fut un amer sentiment d’amour-propre blessé : comment cette femme, à qui il avait consacré les meilleures années de sa vie, pouvait-elle le traiter ainsi, tel un chien galeux ? «  Non mais pour qui se prend-elle, celle-là ? Elle, une simple infirmière à la retraite... Combien y en a-t-il qui courent pour trouver un mari ? Des belles et des plus jeunes… Pas étonnant qu'on écrive qu’il y a plus de femmes que d'hommes qui cherchent à se marier !  »

Ainsi, progressivement enflammé par son propre raisonnement, au matin, Philémon prit une décision irrévocable : « Au diable Varvara Stépanovna ! », ce jour même, il irait au Centre cybernétique pour trouver enfin la compagne idéale.

1- Varenka (Ва́ренька) : diminutif affectif de Varvara.