Ilya Varchavsky – L’héritier (03)

Petites nouvelles russes - Ilya Varchavsky - L'héritier - Le Grand Analyseur
Le Grand Analyseur

Илья Варшавский - Ilya Varchavsky
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Насле́дник - L’héritier

Тре́тий эпизо́д - Episode trois

— Спра́шивай, — перебива́ет она́ [маши́на] его́ мы́сли.

— Скажи́, — го́лос старика́ дрожи́т, — скажи́, что э́то бы́ло тако́е?

— Резона́нсная бо́мба.

Стари́к нетерпели́во ма́шет руко́й:

— Ты мне говори́л об э́том уже́ два́дцать раз. Я про друго́е спра́шиваю. Что́ это: преступле́ние, несча́стный слу́чай, неизбе́жность?

— Самоуби́йство.

— Но почему́?! — крик стари́ка срыва́ется в фальце́те. — Почему́?! Ведь для самоуби́йства то́же должны́ быть каки́е-то причи́ны!

— Причи́на или по́вод.

— Молчи́! Ты издева́ешься надо мно́й, потому́ что я живо́й челове́к, а ты про́сто ло́вко со́бранная гру́да дета́лей. Вот отклю́чу тебя́ от сети́, тогда́ поймёшь!

— Не отключи́шь. Ты бои́шься одино́чества.

— Бою́сь! — всхли́пывает ста́рик. — Неуже́ли нигде́ не оста́лось ничего́ живо́го?! Скажи́, ты ведь всё зна́ешь!

— Не зна́ю.

— Ну, хоть како́е-нибу́дь де́ревце, трави́нка, му́ха?! Понима́ешь, са́мая обыкнове́нная му́ха?! Ведь я же уцеле́л.

— Мне не хвата́ет да́нных для отве́та на э́тот вопро́с. Скоре́е всего́ ничего́ не оста́лось. Сли́шком мала́ вероя́тность повторе́ния того́, что слу́чилось с тобо́й.

Стари́к встаёт и выхо́дит на ле́стницу. Сно́ва — покры́тый и́зморозью коридо́р. Бле́дный рассве́т не мо́жет проби́ться сквозь покры́тые льдом о́кна. Он ничего́ не добавля́ет к ту́склому све́ту ламп авари́йного освеще́ния.

Дли́нная тень дви́жется впереди́ уста́ло плету́щегося челове́ка. Она́ стано́вится неле́по большо́й и закрыва́ет всю сте́ну, когда́ стари́к подхо́дит к две́ри свое́й камо́рки.

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La machine, interrompt le vieil homme dans ses pensées.

Demande donc !

- Dis-moi, s’il te plaît, sa voix est toute tremblante, dis-moi, qu'est-ce que c'était ?

- Une bombe à neutrons.

Le vieux a un geste d’impatience.

- Tu m'en as déjà parlé vingt fois. Je te demande autre chose. C’était quoi : un crime, un accident, une fatalité du destin ?

— Un suicide.

- Mais pourquoi ?! Le vieil homme crie d’une voix de fausset : pourquoi ?! Après tout, il y a toujours une raison à vouloir se suicider !

- Cause ou raison...

- Cela suffit ! Tu te moques de moi parce que je suis un être vivant et que tu n’es qu'un tas de câbles astucieusement assemblés. Je vais te débrancher, alors tu comprendras !

- Tu ne le feras pas... Je sais que tu as peur de la solitude.

- Oui, j'ai peur ! sanglote le vieil homme. N'y a-t-il vraiment aucune âme qui vive, nulle part ? Dis-moi, toi qui sais tout !

- Je l’ignore.

- Ou juste, au moins un arbre, un brin d'herbe, une mouche ?! Essaie de me comprendre : une mouche, la plus commune des mouches ?! Après tout, moi j’ai bien survécu...

- Je n’ai pas suffisamment de données pour répondre à cette question. Très probablement, il ne reste aucun être vivant. La chance est très faible que ce qui s’est passé pour toi se soit répété.

Le vieil homme s’est levé et regagne l’escalier. Dans le couloir, les murs sont toujours aussi recouverts de givre. La pâle lueur de l'aube ne peut percer la glace qui couvre les fenêtres. Elle n’ajoute aucune clarté au faible éclairage du réseau de secours.

Une longue ombre se déplace, précédant le vieil homme qui avance avec peine. Quand enfin il arrive au seuil de l’étroit cagibi qui lui sert de chambre, elle s’étend et devient absurdement grande, couvrant à elle seule la paroi tout entière.