M. Zochtchenko – Un flair de chien

Petites-nouvelles-russes - Prisse-le-chien

Mikhaïl Zochtchenko - Михаил Зощенко
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Un flair de chien -  Собачий нюх

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(1923)
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Traduction : Michel Davidenkoff
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in 'Contes De La Vie De Tous Les Jours', Noir sur blanc, 1987

У купца Еремея Бабкина сперли енотовую шубу. Взвыл купец Еремей Бабкин. Жалко ему, видите ли, шубы.

— Шуба-то,— говорит,— больно хороша, граждане. Жалко. Денег не пожалею, а уж найду преступника. Плюну ему в морду.

И вот вызвал Еремей Бабкин уголовную собаку-ищейку. Является этакий человек в кепочке, в обмотках, а при нем собака. Этакая даже собачища — коричневая, морда острая и несимпатичная.

Ткнул этот человек собачку свою в следы возле двери, сказал «пс» и отошел. Понюхала собака воздух, повела по толпе глазом (народ, конечно, собрался) и вдруг к бабке Фекле, с пятого номера, подходит и нюхает ей подол. Бабка за толпу. Собака за юбку. Бабка в сторону — и собака за ней. Ухватила бабку за юбку и не пущает.

Рухнула бабка на колени перед агентом.

— Да,— говорит,— попалась. Не отпираюсь. И,— говорит,— пять ведер закваски —это так. И аппарат — это действительно верно. Все,— говорит,— находится в ванной комнате. Ведите меня в милицию.

Ну, народ, конечно, ахнул.

— А шуба?— спрашивают.

— Про шубу,— говорит,— ничего не знаю и ведать не ведаю, а остальное — это так. Ведите меня, казните.

Ну, увели бабку.

Снова взял агент собачищу свою, снова ткнул ее носом в следы, сказал «пс» и отошел.

Повела собачища глазом, понюхала пустой воздух и вдруг к гражданину управдому подходит.

Побелел управдом, упал навзничь.

— Вяжите,— говорит,— меня, люди добрые, сознательные граждане. Я,— говорит,— за воду деньги собрал, а те деньги на прихоти свои истратил.

Ну, конечно, жильцы навалились на управдома, стали вязать. А собачища тем временем подходит к гражданину из седьмого номера. И теребит его за штаны.

Побледнел гражданин, свалился перед народом.

— Виноват,— говорит,—виноват. Я, — говорит,— это верно, в трудовой книжке год подчистил. Мне бы, говорит, жеребцу, в армии служить и защищать отечество, а я живу в седьмом номере и пользуюсь электрической энергией и другими коммунальными услугами. Хватайте меня! Растерялся народ.

«Что,— думает,— за такая поразительная собака?» А купец Еремей Бабкин заморгал очами, глянул вокруг, вынул деньги и подает их агенту.

— Уводи,— говорит,— свою собачищу к свиньям собачьим. Пущай,— говорит,— пропадает енотовая шуба. Пес с ней...

А собачища уж тут. Стоит перед купцом и хвостом вертит.

Растерялся купец Еремей Бабкин, отошел в сторону, а собака за ним. Подходит к нему н его калоши нюхает.

Заблекотал купец, побледнел.

— Ну,— говорит,— бог правду видит, если так. Я,— говорит,— и есть сукин кот и мазурик. И шуба-то,— говорит,— братцы, не моя. Шубу-то,— говорит,— я у брата своего зажилил. Плачу и рыдаю! Бросился тут народ врассыпную. А собачище и воздух некогда нюхать, схватила она двоих или троих — кто подвернулся — и держит.

Покаялись эти. Один казенные денежки в карты пропер, другой супругу свою утюгом тюкнул, третий такое сказал, что и передать неловко.

Разбежался народ. Опустел двор. Остались только собака да агент.

И вот подходит вдруг собака к агенту и хвостом виляет. Побледнел агент, упал перед собакой.

— Кусайте,—говорит, — меня, гражданка. Я,— говорит,— на ваш собачий харч три червонца получаю, а два себе беру...

Чего было дальше — неизвестно. Я от греха поскорее смылся.

Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Chien noir

On a fauché la pelisse de raton de Iéréméi Babkine, commerçant. Et voyez-vous, il en est tout chagrin.

- Cette pelisse, dit-il, était drôlement chouette, citoyens. Ça me fend le cœur. C'est pas une question de sous, mais que je trouve ce truand, je lui crache à la gueule !

Et voilà que Iéréméi Babkine fait venir un chien limier de la Criminelle. Arrive une espèce de type en casquette, en bandes molletières, avec un chien. Que dis-je ! Un monstre - brun, au museau aigu et peu sympathique.

Le type fourre le nez du chien dans les traces près de la porte, dit « psss » et s'écarte. Le chien flaire l'odeur, scrute la foule à la ronde (car toute une foule s'était rassemblée), s’approche soudain de la vieille Fekla, celle de l'appartement N° 5, et renifle son ourlet. La vieille plonge dans la foule. Le chien s'accroche à l'ourlet et ne lâche pas.

La vieille s'élance de côté. Le chien la suit. Il reste accroché à la jupe de la bonne femme et ne la lâche pas.

La vieille s'écroule sur ses genoux devant l'agent.

- Eh oui, dit-elle, je me suis fait pincer. Je ne nie rien. Les cinq seaux de levain — tout ça, c'est vrai. Et l'appareil — c'est exact. Le tout, dit-elle, se trouve dans la salle de bain. Emmenez-moi au poste !

Bon, évidemment, les gens restent baba.

— Et la pelisse ? demande-t-on.

— Au sujet de la pelisse, dit-elle, j'ignore tout et ne sais rien de rien, mais le reste — c'était vrai. Emmenez-moi, dit-elle, châtiez-moi !

Bon, on a emmené la vieille.

L'agent prend de nouveau son monstre, lui fourre de nouveau le nez dans les traces, dit « psss » et s'écarte.

Le monstre promène de nouveau ses yeux sur les gens, renifle l'air et s'approche soudain du citoyen gérant d’immeuble.

Le gérant blêmit, il tombe à la renverse.

— Attachez-moi, dit-il, bonnes gens, citoyens conscients. Moi, dit-il, j'ai encaissé l'argent pour l'eau, mais ce fric je l’ai dépensé pour satisfaire mes lubies.

Bon, naturellement, les locataires tombent à bras raccourcis sur le gérant pour l'attacher. Et pendant ce temps, le monstre s'approche de l'occupant du sept. Et tiraille son pantalon.

Ce citoyen blêmit, il se prosterne devant la foule.

— Coupable, dit-il, je suis coupable. Moi, dit-il, j'ai effacé une année de mon livret de travail. Un étalon comme moi, dit-il, devrait servir dans l'armée et défendre la patrie, et voilà que je vis dans l'appartement sept et que je profite de l'énergie électrique et des autres services municipaux. Prenez-moi !

La foule est bouche bée. Elle pense : qu'est-ce que c’est que ce chien ahurissant

Et Iéréméi Babkine, commerçant, se met à cligner des yeux, regarde autour, sort de l’argent et le donne à l'agent.

— Emporte ton monstre, dit-il, chez les chiens de ma chienne ! Tant pis, dit-il, pour la pelisse en raton. Que le diable les emporte elle et lui…

Mais le monstre est déjà devant lui. Il reste devant le commerçant et remue la queue.

Le marchand s'affole, s'écarte, mais le chien le suit. Il s’approche et renifle ses galoches.

Le marchand devient gris, blêmit.

- Bon, dit-il, Dieu voit la vérité, c'est comme ça. Moi, dit-il, je suis un fils de pute et un truand. D'ailleurs, dit-il, la pelisse n’est pas à moi. Cette pelisse, dit-il, je l'ai escroquée à mon frère. Je pleure et je gémis !

Alors le peuple s'enfuit en panique. Et le monstre n'a même pas le temps de humer l'air. Il en attrape deux ou trois au hasard, et ne démord pas.

Ils se repentent tous. L'un a flambé les deniers de l'Etat aux cartes, un autre a caressé son épouse à coups de fer à repasser, le troisième a dit des trucs tels que je rougirais de les reproduire.

La foule s’est dispersée. La cour est vide. Restent seuls le chien et l’agent.

Et soudain le chien s'approche de l'agent et remue la queue. L’agent blêmit, il s'écroule devant le chien.

— Mordez-moi, citoyen dit-il ! Moi, dit-il, je touche trois roubles d’or pour votre bouffe de chien, et j'en empoche deux.

Comment tout ça a continué ? Je l'ignore. Je me suis tiré dare-dare devant ce malheur.

Petites-nouvelles-russes : Un flair de chien
Un flair de chien (illustrateur inconnu)

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