M. Zochtchenko – L’étudiant et le scaphandrier (02)

Le conte de l’étudiant et du scaphandrier
Расска́з о студе́нте и водола́зе
Second épisode - Второ́й эпизод
А раз одна́жды стоя́т ребя́та во дворе́ до́ма. Тут всё правле́ние. Чле́ны. Контро́льная коми́ссия. Водола́з то́же сбо́ку стои́т. И вдруг идёт по́ двору Ко́стя Мала́шкин со свое́й Шу́рочкой. И так как-то ми́ло иду́т. Любо́вно. А водола́з наро́чно гро́мко говори́т контро́льной коми́ссии:
На мо́рде, говори́т, прока́за, а, ме́жду прочи́м, любо́вь кру́тит и ба́рышень до са́мых двере́й провожа́ет.
Тогда́ студе́нт провожа́ет свою́ да́му и возвраща́ется наза́д.
Он возвраща́ется наза́д, подхо́дит до компа́нии и ударя́ет това́рища водола́за по мо́рде. Водола́з, коне́чно, удивля́ется тако́му наха́льству и хлоп, в свою́ о́чередь, студе́нта. Студе́нт брык на́земь. Водола́з к нему́ подбега́ет и хлоп его́ обра́тно по брю́ху и по ра́зным ва́жным места́м.
Тут, коне́чно, контро́льная коми́ссия оттесни́ла водола́за от студе́нта. Поста́вили того́ на́ ноги. Натёрли его́ сла́бую гру́́дку сне́гом и отвели́ домо́й.
Тот ничего́, отдыша́лся и ве́чером вы́шел подыша́ть све́жей прохла́дой.
Он вы́шел подыша́ть прохла́дой и на обра́тном ходу́ встреча́ет водола́за. И тогда́ он сно́ва бы́стрым те́мпом хо́дит до водола́за и обра́тно бьёт его́ в ха́рю.
То́лько на э́тот раз не́ было контро́льной комис́сии, и водолаз́, това́рищ Фили́ппов, поря́дочно отутю́жил на́шего студе́нта. Так что пришло́сь его́ на шине́льке домо́й относи́ть.
То́лько прохо́дит, мо́жет, полторы́ неде́ли. Студе́нт соверше́нно поправля́ется, встаёт на но́жки и идёт на домово́е собра́ние.
Он идёт на домово́е собра́ние и там обра́тно встреча́ет водола́за.
Водола́з хо́чет его́ не уви́деть, а тот подхо́дит до него́ вплотну́ю и сно́ва ударя́ет его́ по зуба́м.
Тут сно́ва происхо́дит безобра́зная сце́на. Студе́нта кида́ют, враща́ют по́ полу и бьют по всем места́м. И сно́ва уно́сят на шине́льке.
То́лько на э́тот раз де́ло оказа́лось серьёзней. У студе́нта буква́льно, как говори́тся, ста́ли отнимат́ься пере́дние и за́дние но́ги.
А де́ло бы́ло к весне́. Запева́ли пти́чки, и насту́рции цвели́. И наш голу́бчик-студе́нт по́сле э́той би́твы ежедне́вно сиде́л у раскры́того окна́, отдыха́л. И водола́з завсегда́ отвора́чивался и проходи́л ми́мо. А когда́ к водола́зу подходи́л наро́д, да́же хотя́ бы с контро́льной коми́ссии, он ужа́сно си́льно вздра́гивал и башку́ наза́д отки́дывал, бу́дто его́ бить собира́лись.
Че́рез неде́ли две студе́нт ещё три ра́за бил водола́за и два ра́за получи́л сда́чи, хотя́ не так чувстви́тельно.
А в тре́тий и в после́дний раз водола́з сда́чи не дал. Он то́́лько потёр поби́тую мо́рду и говори́т:
Я, говори́т, перед ва́ми сдаю́сь. Я, говори́т, чере́з вас, това́рищ Ко́стя Мала́шкин, соверше́нно извёлся и фо́рменно до ру́чки дошёл.
Тут они́ полюбова́лись друг дру́гом и разошли́сь.
Студе́нт вско́ре расста́лся со свое́й Шу́рочкой. А водола́з уе́хал на Чёрное мо́ре ныря́ть за Чёрным при́нцем.
На э́том де́ло и ко́нчилось.
Так что си́ла си́лой, а про́тив си́лы име́ется ещё одно́ явле́ние.
И это́т расска́з есть удиви́тельнейшее собы́тие из любо́вной жи́зни.

Et voilà qu’un jour, les gars de l’immeuble se trouvent dans la cour. Tout le Conseil de maison est réuni : ses membres, la Commission de contrôle aussi. Le scaphandrier se tient de côté. Et soudain, voilà Kostia Malachkine qui traverse l’esplanade, sa Chourotchka au bras. Et plus ou moins, ils se pavanent. Amoureusement.
Le scaphandrier s’adressant délibérément à haute voix à ceux de la Commission de contrôle : - C’est de la gale qu’il a sur le museau ce type-là, et le voilà tout frétillant d’amour qui escorte les jolies demoiselles jusqu’à leur porte.
Sur ce, après avoir raccompagné sa dame, l'étudiant s’en revient.
Là, il s'approche de la compagnie et vlan ! assène au camarade scaphandrier une torgnole en pleine poire. Le scaphandrier, bien sûr, devant une telle impudence en reste baba et, à son tour, vlan ! tombe à bras raccourcis sur l’étudiant qui s’écroule vite fait. Filippov se jette sur lui et vlan ! dans le ventre, et vlan ! et dans diverses parties sensibles de son anatomie.
Ici, bien sûr, les gens de la Commission séparent les deux belligérants, relèvent l’étudiant, frottent de neige sa frêle poitrine endolorie et le ramènent chez lui.
Qu’importe ! S’en remettant, Malachkine sort le soir-même, pour s’en aller respirer à la fraîche.
Il sort et voilà que sur le chemin du retour il croise à nouveau le scaphandrier. Alors, s’avançant d’un pas rapide, il lui file, en guise de revanche, un coup en pleine poire.
Mais cette fois-ci, pas de Commission de contrôle. Et le scaphandrier, le camarade Filippov, lui passe un tel savon qu’on ramasse l’étudiant à la petite cuiller et qu’on le ramène – ou plutôt le porte - chez lui.
Mais au bout de seulement peut-être une semaine et demie, voilà notre étudiant tout à fait rétabli, et qui, sur ses petites jambes, se rend à la réunion du Conseil de maison.
Arrivé là, sur qui tombe-t-il à nouveau ? notre scaphandrier.
Celui-ci fait mine de pas le voir, mais l’étudiant s'approche et le cogne à nouveau, cette fois-ci, vlan ! dans les dents.
S’en suit, là-encore, une scène abominable : le camarade Filippov l’envoie valser, le jette à terre et le rosse de partout. Et de nouveau, on ramasse l’étudiant à la petite cuiller.
Mais cette fois, l’affaire s’est avérée bien plus grave. Notre étudiant a littéralement commencé à perdre les pédales, celles de devant comme celles de derrière.
Sur ce voilà qu’arrive bientôt le printemps. Les oiseaux gazouillaient et les capucines étaient en fleurs. Et après tous ces combats, notre tendre étudiant passait ses journées assis devant sa fenêtre ouverte, recouvrant peu à peu la santé. Le scaphandrier en passant, invariablement, détournait la tête et passait son chemin. Et quand il croisait du monde, même ceux de la Commission de contrôle, il sursautait, avait un mouvement de recul, comme si on allait lui tomber dessus.
Deux semaines plus tard, l’étudiant, par trois fois, tomba à tour de bras sur le scaphandrier et reçut par deux fois sa quote-part en retour. Bien que moins sévèrement.
Mais au troisième et dernier assaut, le scaphandrier déclara forfait. Il se contenta de torcher son museau tuméfié et dit : - Camarade Kostia Malachkine, je rends les armes. Vous m’avez épuisé et je suis littéralement au bout du rouleau.
Là, ils se toisèrent l’un l’autre avec respect, puis se séparèrent.
Bientôt, l’étudiant rompit d’avec sa Chourotchka. Et le scaphandrier partit sur les rives de la mer Noire explorer l’épave du ‘Prince Noir’¹.
L’affaire en resta là.
Bien sûr la force est la force, mais il existe en ce monde, s’opposant à la force, autre chose.
Voilà, c’était l’histoire d’un des événements les plus étonnants de la vie amoureuse.
1- Le 14 novembre 1854, Lors de la Guerre de Crimée, le vaisseau britannique le ‘HMS Prince’ connu aussi sous le nom ‘Le Prince noir’ (The Black Prince ou The Black Sea Prince) coula par le fond emportant avec lui sa fabuleuse cargaison : trente barils d'or en livres sterling et en roubles, augurant ainsi dès le début du XX° siècle une véritable chasse au trésor (et, de facto, la naissance de la plongée sous-marine professionnelle en Russie). Des recherches qui, semble-t-il, se poursuivent encore... Pour en savoir plus, lire en russe : ‘L’or du Prince Noir’ et en anglais : ‘Wreck of British ship from Crimean War’.