Zochtchenko – La galoche (02)
Mikhaïl Zochtchenko - Михаил Зощенко
La galoche - Гало́ша
Episode deux - Второй эпизод
На другóй день поéхал в кáмеру.
Нéльзя ли, говорю́, брáтцы, галóшу заполучи́ть обрáтно? В трамвáе сня́ли.
Мóжно, говоря́т. Какáя галóша?
Галóша, говорю́, обыкновéнная какáя. Размéр двенáдцатый нóмер.
У нас, говоря́т, двенáдцатого нóмера, мóжет, двенáдцать ты́сяч. Расскажи́ примéты.
Примéты, говорю́, обыкновéнно каки́е: зáдник, конéчно, обтрёпан, вну́три бáйки нéту, сноси́лась бáйка.
У нас, говоря́т, двенáдцатого нóмера мóжет бóльше ты́щи. Нет ли специáльных при́знаков?
Специáльные, говорю́, при́знаки имéются. Носóк, врóде бы, на́чисто отóрван, éле дéржится. И каблукá, говорю́, почти́ нéту. Сноси́лся каблу́к. А бокá, говорю́, ещё ничегó, покá что, удержáлись. Галóша, говорю́, конéчно, не нóвенькая, но дорогá как пáмять о потрáченных деньгáх.
Посиди́, говоря́т, тут. Сейчáс посмóтрим.
Вдруг вынóсят мою́ галóшу.
То есть ужáсно обра́довался. Пря́мо умили́лся.
Вот, ду́маю, слáвно аппарáт рабóтает. И каки́е, ду́маю, идéйные лю́ди, скóлько хлопóт на себя́ при́няли из-за однóй галóши.
Я им говорю́:
Спаси́бо, говорю́, друзья́, по гроб жи́зни. Давáйте поскорéй её сюдá. Сейчáс я надéну. Благодарю́ вас.
Нéту, говоря́т, уважáемый товáрищ, не мóжем дать. Мы, говоря́т, не знáем, мóжет, э́то не вы потеря́ли.
Да я же, говорю́, потеря́л. Что вы, объéлись?
Они говоря́т:
Вéрим и вполне́ сочу́вствуем, и óчень вероя́тно, что э́то вы потеря́ли и́менно э́ту галóшу. Но отдáть не мóжем. Принеси́ удостоверéние, что ты действи́тельно потеря́л галóшу. Пуща́й домоуправлéние завéрит э́тот факт, и тогдá без изли́шней волоки́ты мы тебé вы́дадим то, что закóнно потеря́л.
Брáтцы, говорю́, святы́е товáрищи, да в дóме не знáют про э́тот факт. Мóжет, они́ не даду́т такóй бумáги.
Даду́т, говоря́т, э́то и́хнее дéло дать. На что они́ у вас существу́ют?
Поглядéл я ещё раз на галóшу и вы́шел.
Le lendemain, je me rends aux objets trouvés.
- Est-il possible, dis-je, frères, de récupérer ma galoche ? On me l’a prise dans le tram.
- Possible, qu’on me répond. Quelle galoche ?
- Une galoche, dis-je, bien ordinaire. Pointure douze.
- Ici, qu’on me dit, des galoches de pointure douze, on en a peut-être douze mille. Décrivez-nous l’objet...
- Elle a des marques bien habituelles, dis-je : l’arrière, bien sûr, est effiloché, et elle n’a pas de semelle intérieure – elle est tout usée.
- Nous avons ici, qu’on me répond, peut-être plus d'un millier de galoches de cet acabit. A-t-elle des signes particuliers ?
Moi : - Elle a des signes particuliers évidemment. Sa pointe paraît complètement arrachée et tient à peine. Et, j’insiste, elle n’a presque plus de talon. Tout usé qu’il est. Mais ses bords, dis-je, tiennent toujours bon ; jusqu’à présent, ils ont résisté. Cette galoche, ajouté-je, bien sûr, n’est pas toute neuve, mais elle m’est chère comme le souvenir de l'argent laissé en route.
- Asseyez-vous ici, qu’ils me disent. Nous allons voir ça tout de suite.
Et voilà que soudain, ils ressortent ma galoche.
Pour le dire franco, j’en ai été terriblement heureux. Vraiment touché.
Et je pense « Leur service fonctionne du tonnerre... » Et je pense encore : « Tous des gens motivés ; combien de tintouin - et tout ça pour une simple galoche... »
Je les félicite : - Merci éternellement mes amis, dis-je. Je vais me l’enfiler illico. Merci, merci, merci...
- Que nenni, qu’ils me répondent, cher camarade, nous ne pouvons vous la remettre. Ils ajoutent : peut-être que ce n’est pas vous qui l’avez perdue.
- Mais que si, dis-je : je l'ai bel et bien perdue. Vous déraillez ou quoi ?
Ils rétorquent : - Nous vous croyons et sympathisons pleinement, et il est très probable que vous ayez perdu précisément cette galoche-ci. Mais nous ne pouvons la rendre. Fournis-nous d’abord la preuve que tu l’as vraiment perdue.
...Que votre gérant d’immeuble te fasse un certificat, et puis, sans autres formalités administratives, nous te rendrons ce que tu auras légalement perdu.
- Frères, dis-je, mes très chers camarades, mais dans mon immeuble, ils ne savent rien de l’histoire. Peut-être qu'ils ne me feront pas un tel papier.
- Ils vous le feront, me rassurent-ils, c’est leur affaire après tout. Sinon à quoi est-ce qu’ils servent ?
Je regarde à nouveau ma galoche et je sors…