Zochtchenko – La galoche (03)

Petites nouvelles russes : La galoche 2
La galoche

La galoche - Гало́ша

Episode trois - Третий эпизод

На другóй день пошёл к председáтелю нáшего дóма.

Давáй, говорю́, бумáгу. Галóша ги́бнет.

А вéрно, говори́т, потеря́л? И́ли закру́чиваешь? Мóжет, хóчешь схвати́ть ли́шний предмéт ширпотрéба?

Ей-бóгу, говорю́, потеря́л.

Он говори́т:

Конéчно, на словá я не могу́ положи́ться. Вот éсли б ты мне удостоверéние достáл с трамвáйного пáрка, что галóшу потеря́л, тогдá бы я тебé вы́дал бумáгу. А так не могу́.

Я говорю́:

Так они́ же меня́ к вам посылáют.

Он говори́т:

Тогдá, говори́т, напиши́ мне в крáйнем слу́чае заявлéние.

Я говорю́:

А что там написáть?

Он говори́т:

Пиши́: сегó числа́ пропáла галóша. И так далéе. Даю́, де́скать, расписку́ о невы́езде впредь до выяснéния.

Написáл заявлéние. На другóй день фóрменное удостоверéние получи́л.

Пошёл с э́тим удостоверéнием в кáмеру. И там мне, предстáвьте себé, без хлопóт и без волоки́ты выдавáют мою́ галóшу.

Тóлько когдá надéл галóшу на́ ногу, почу́вствовал пóлное умилéние. Вот, ду́маю, лю́ди рабóтают! В какóм-нибудь другóм мéсте разве́ стáли бы вози́ться с моéй галóшей стóлько врéмени? Да вы́кинули бы её с трамвáя тóлько и делóв. А тут недéлю не хлопотáл, выдавáют обрáтно. Однó досáдно, за э́ту недéлю во врéмя хлопóт пéрвую галóшу потеря́л. Всё врéмя носи́л её под мы́шкой в пакéте и не пóмню, в какóм мéсте её остáвил. Глáвное, что не в трамвáе. Э́то ги́блое дéло, что не в трамвáе. Ну, где её искáть?

Но затó другáя галóша у меня́. Я её на комóд постáвил. Другóй раз стáнет ску́чно, взглянéшь на галóшу, и как-то легкó и безоби́дно на душé станови́тся. Вот, ду́маю, слáвно канцеля́рия рабóтает. (...)

Сохраню́ э́ту га́лошу на памя́ть. Пуща́й пото́мки любу́ются.

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Le lendemain, je me rends chez le responsable de notre immeuble.

- Fais-moi une attestation, dis-je. Ma galoche se morfond.

- Est-il bien vrai, qu'il me répond, que tu l’as perdue cette galoche ? ou cherches-tu à m’emberlificoter ? Peut-être que tu veux récupérer de la marchandise à l’œil ?

- Par Dieu ! que je m’exclame, pour de bon que je l'ai perdue !

Il dit : - Evidemment, je ne peux me fier à ta parole. Maintenant, si tu m’amènes un certificat du dépôt de tram attestant que tu l’as bel et bien perdue cette galoche, alors tu auras le papier de ma part. Mais sans ça je ne peux rien faire.

Moi : - Mais c’est justement eux qui m'envoient !

Lui : - Alors, dit-il, écris-moi une déclaration sur l’honneur.

Moi : - Que dois-je écrire ?

Lui : - Écris : ‘A telle date ma galoche a disparu’. Et ainsi de suite. Et ajoute : ‘Je promets de ne pas quitter la ville avant la conclusion de l’enquête’...

J'ai rédigé cette déclaration sur l’honneur. Le lendemain, je reçois l’attestation officielle.

Je me rends avec au bureau des objets trouvés. Et là, imaginez-vous, sans tracas et autres formalités administratives on me rend ma galoche.

Ce n'est que lorsque je l’ai eu rechaussée que je me suis senti submergé de tendresse. « Voilà des gens qui font bien leur boulot ! » que je me suis dit. Si elle avait atterri à un autre endroit, auraient-ils consacré tant de temps à s’en préoccuper ? Sûrement, ils l'auraient balancée du tram, juste comme ça, voilà l’affaire. Et là, en me démenant moins d’une semaine, on me l’a rendue.

Une chose embêtante pourtant : cette semaine, alors que je m’échinais à la chercher, j'ai perdu ma première galoche, l’autre. Je l’emmenais tout le temps avec moi, sous le bras, dans un sac, et je ne me rappelle plus où j’ai pu la laisser. Sûr et certain que c’est pas dans le tram. Et c'est fichtrement dommage que ce ne fût pas précisément dans le tram. Eh bien, où la chercher à présent ?

Mais il me reste la seconde. Une pièce unique. Je l'ai posée sur la commode. Parfois, pris d’ennui, je la regarde et, d’une certaine manière, mon âme se sent légère et conciliante. Et je me dis que notre Administration fonctionne du tonnerre.

Je conserverai cette galoche en souvenir. Pour que nos descendants puissent un jour l’admirer.¹

1- Cette dernière phrase (absente de la version sonore) conclut la version de la nouvelle parue initialement en 1926 sous le titre ‘La galoche’ (Галоша).

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