Grégory Oster : Cathy, l’arme fatale (01)

Petites nouvelles russes - C'est la guerre !
C'est la guerre ! - illustration Nikolaï Vorontsov (Николай Воронцов)

Grégory Oster - Григорий Остер

Légendes et mythes de l’allée de Lavrov

Леге́нды и ми́фы Лавро́вого переу́лка

Cathy, l’arme fatale (01) Ка́тька-ору́жие

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(extraits -отрывки)

Никто́ не по́мнит, с чего́ начала́сь война́ ме́жду Лавро́вым переу́лком и сосе́дним проходны́м дворо́м. То ли мальчи́шки из проходно́го не пропусти́ли лавро́вых че́рез свой двор, когда́ те из шко́лы шли, то ли лавро́вые похва́стались, что мы, мол, живём в переу́лке, а вы в како́м-то проходно́м дворе́. А мо́жет быть, про́сто в ближа́йшем кинотеа́тре крути́ли сли́шком мно́го фи́льмов про войну́. Так ли, ина́че ли — война́ начала́сь и шла це́лых три неде́ли, пока́ не ко́нчилась по́лной побе́дой Лавро́вого переу́лка.

Пра́вда, внача́ле война́ шла с переме́нным успе́хом и каза́лось да́же, что победа́ бу́дет за ребя́тами из проходно́го двора́.

Бо́льше всех пострада́л в э́той войне́ ры́жий котя́ра Ва́ська, про кото́рого да́же нельзя́ бы́ло с уве́ренностью сказа́ть, что он из Лавро́вого переу́лка. Ва́ська в переу́лке то́лько гуля́л и то по вечера́м, а где жил и спал, неизве́стно. Тем не ме́нее проходны́е пойма́ли Ва́ську и привяза́ли ему́ к хвосту́ жестя́нку. Ва́ська сре́ди бе́ла дня с позо́ром и гро́хотом мча́лся че́рез переу́лок и ора́л так, что все его́ знако́мые ко́шки в у́жасе попря́тались в подва́́лы вме́сте с мыша́ми.

Ободрённые э́той блестя́щей и грохо́чущей побе́дой над Ва́ськой, проходны́е реши́ли дать Лавро́вому переу́лку генера́льное сраже́ние. Они́ назна́чили сраже́ние в четве́рг, в пять часо́в дня, на пустыре́ за кирпи́чным до́мом. Не яви́ться на э́то сраже́ние лавро́вым бы́ло ника́к нельзя́. Э́то означа́ло признат́ь своё пораже́ние и покры́ть себя́ ве́чным неувяда́ющим позо́ром. А ме́жду тем и яви́ться лавро́вые не могли́.

Война́ с проходны́ми заста́ла Лавро́вый переу́лок, мо́жно сказа́ть, враспло́х. Как назло́, в те времена́ Лавро́вый переу́лок не мог вы́ставить ни одного́ сто́ящего геро́я. (...)

Что же каса́ется велича́йшего из всех геро́ев Лавро́вого переу́лка Тя́пы Та́почкина, то он тогда́ ещё лежа́л на второ́м этаже́ на своём балко́не в коля́ске, уку́танный в пелёнки. (...)

Коро́че говоря́, тяжёлые то бы́ли времена́ для Лавро́вого переу́лка. Одни́ геро́и соста́рились, други́е ещё не подросли́, а тре́тьих вообще́ ещё не́ было.

Petites nouvelles russes - Les gamins de l'allée
Illustration Nikolaï Vorontsov (Николай Воронцов)

Personne ne se souvient comment commença la guerre entre les gamins de l’allée de Lavrov et ceux du passage du porche voisin. Soit au retour de l'école ces derniers n’autorisèrent pas ceux de l’allée à traverser leur cour, soit ce furent les Lavroviens qui se vantèrent d’habiter dans une allée - pour ainsi dire une vraie rue -, traitant ceux d’à côté de ‘Porcherons’, parce qu’en quelque sorte ils vivaient sous un porche ouvert à tout venant¹. Ou peut-être simplement passait-on à cette époque trop de films de guerre au cinéma de quartier…

D'une manière ou d'une autre, la guerre éclata et se prolongea trois longues semaines avant de s’achever par la victoire totale de Lavroviens.

Certes, au début, l’issue du conflit parut bien indécise et il sembla même que la victoire reviendrait aux gamins du porche, les Porcherons.

Durant cette guerre, ce fut le malheureux Basile qui endura les pires souffrances, sans qu’il fût même possible de savoir avec certitude dans quel camp il était. Basile était un gros chat roux qui fréquentait l’allée de Lavrov seulement le soir venu, et nul ne savait où il vivait et dormait.

Néanmoins, de perfides Porcherons capturèrent le matou et attachèrent une boîte de conserve au bout de sa queue. Et le pauvre Basile, à la vue et au su de tous, galopant, couvert de honte, miaula si fort que tous les chats et chattes du voisinage se réfugièrent avec horreur dans les sous-sols auprès des souris.

Encouragés par cette brillante et tonitruante victoire, les Porcherons déclarèrent la guerre totale. La date et le lieu de la bataille furent programmés pour le jeudi suivant à cinq heures de l'après-midi, sur le terrain vague derrière la maison en brique. Les Lavroviens ne pouvaient s’y soustraire d’aucune façon. Cela aurait signifié reconnaître la défaite et se couvrir d’un indéfectible et éternel opprobre. Et pourtant ils ne pouvaient non plus se résoudre à s’y rendre.

Il faut dire que cette guerre, déclenchée par les Porcherons, avait pris les Lavroviens, pour ainsi dire, par surprise. Par malheur, à cette époque, ceux-ci ne pouvaient se prévaloir d’aucun champion digne de ce nom. Quant au plus grand héros de tous les temps de l’allée de Lavrov, le petit Tapochkine, il dormait encore dans son berceau, au première étage de chez ses parents, enveloppé dans ses langes.

Bref, les temps étaient difficiles pour les Lavroviens : certains de leurs champions avaient vieilli, d’autres n’avaient pas eu le temps de grandir et les derniers enfin n’étaient tout simplement pas encore nés...

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