Grégory Oster : Yégor et les frissons (01)

Petites nouvelles russes : Егор и его мурашки
Yégor et les frissons , illustration de Géorgy Youdine (Георгий Юдин)

Grégory Oster - Григорий Остер

Légendes et mythes de l’allée de Lavrov

Леге́нды и ми́фы Лавро́вого переу́лка

Yégor et les frissons (01) Его́р и его́ мура́шки

Жил в Лавро́вом переу́лке ма́льчик по и́мени Его́р. И был э́тот Его́р ужа́сно боязли́вый. С утра́ до ве́чера боя́лся. И но́чью то́же… Он боя́лся, и от стра́ха у него́ по спине́ мура́шки бе́гали. Бе́гали, бе́гали, бе́гали и уста́ли. Надое́ло им бе́гать. Пришли́ они к Его́ру и говорят:

— Ну чего́ ты бои́шься?

— Всего́ бою́сь!

— Разве́ мо́жно, — говоря́т ему́ мура́шки, — всего́ боя́ться? Ты бы хоть чего́-нибу́дь стра́шного боя́лся.

— А оно́, — говори́т Его́р, — всё стра́шное.

— Что оно́?

— Ну, вообще́… — говори́т Его́р, — всё.

Ста́ли мура́шки стыди́ть Его́ра, а он стыди́ться не хо́чет.

— Вам, — говори́т, — хорошо́ за мое́й широ́кой спино́й. Спря́тались там и бе́гаете. А мне тут, впереди́, стра́шно.

— Ла́дно! — сказа́ли мура́шки. — Е́сли так, тогда́ дава́й мы к тебе́ на пле́чи ся́дем. Пусть нам то́же ви́дно бу́дет, что там впереди́.

— Э́то пожа́луйста, — согласи́лся Его́р. — То́лько вы там на плеча́х сми́рно сиди́те. Не о́чень бе́гайте. А то мне щеко́тно бу́дет.

Забрали́сь мура́шки к Его́ру на пле́чи. Два́дцать мура́шек на ле́вое плечо́, два́дцать на пра́вое. Се́ли в ряд и смо́трят. /.../

А Его́р как раз погуля́ть вы́шел. На у́лицу. Вы́шел Его́р на у́лицу, и чу́вствуют мура́шки, что начина́ет Его́р боя́ться.

— Чего бои́шься? — спра́шивают мура́шки. — Нет же ничего́ стра́шного.

— А вон, — говори́т Его́р, — ви́дите, мальчи́шка идёт, с портфе́лем?

— Ну и что?

— А е́сли э́то хулига́н? Вот он сейча́с как подско́чит ко мне, как тра́хнет портфе́лем. А в портфе́ле у него́, мо́жет быть, кирпичи́. Специа́льно положи́л. И́ли что-нибу́дь желе́зное.

— Почему́ желе́зное?! Отку́да желе́зное? — заволнова́лись мура́шки. — В портфе́лях уче́бники но́сят и тетра́дки мя́гкие.

— А он, — говори́т Его́р, — металлоло́м собра́л, а пото́м в портфе́ль положи́л. Вон, гляди́те, он портфе́ль из ле́вой руки́ в пра́вую перекла́дывает. Сейча́с подско́чит!

— Его́р, Его́р! — закрича́ли мура́шки, кото́рые на пра́вом плече́ сиде́ли. — Ты к нему́ ле́вым бо́ком поверни́сь! На вся́кий слу́чай!

— Нет, — закрича́ли ле́вые мура́шки, — не повора́чивайся, стой как стои́шь! Е́сли сми́рно стоя́ть, он, мо́жет, не тро́нет!

— Ты, Его́р, беги́, — крича́т пра́вые мура́шки, — беги́, мо́жет, он не дого́нит!

Поверну́лся Его́р — и бежа́ть!..

Petites nouvelles russes : Le garçon qui ne se lavait jamais la figure

Dans l’allée de Lavrov vivait un garçon qui s’appelait Yégor. Et ce Yégor était terriblement peureux. Du matin au soir, il avait peur. Et la nuit aussi. Il avait peur, et la peur lui donnait des frissons, des frissons qui lui couraient dans le dos comme des fourmis. Et ces frissons couraient, couraient, couraient jusqu’à être épuisés. Fatigués de toujours courir, un moment, ils se tournent vers Yégor : - Mais de quoi donc as-tu peur ?

- J'ai peur de tout ! répond Yégor.

- Comment est-ce possible d'avoir peur de tout ? Tu devrais au moins avoir peur de quelque chose d’effrayant.

- Mais, dit Yégor, tout est effrayant.

- Tout quoi ?

- Eh bien, en général… tout, tout.

Les frissons commencent à vouloir se moquer, mais Yégor refuse d’avoir honte.

- Vous, leur rétorque-t-il, vous êtes bien tranquilles, à l’abri derrière mon dos. Vous vous planquez là et, à l’aise, vous courez et gigotez, pendant que moi, par devant, je continue à avoir peur.

- D'accord, d’accord ! disent les frissons. S’il en est ainsi, nous allons nous asseoir sur tes épaules afin de voir de nos propres yeux ce qui te menace.

- Très volontiers, acquiesce Yégor. Mais seulement si vous vous tenez tranquilles. Ne remuez pas trop, car j’ai peur... des chatouilles.

Les frissons escaladent les épaules du garçon : vingt frissons s’assoient sur son épaule gauche, vingt sur la droite. Les voilà installés, bien en rang : quarante frissons qui regardent droit devant.

Yégor sort donc se promener, dehors, en pleine rue. Alors les frissons ressentent d’un coup que le garçon commence à avoir peur.

- De quoi as-tu peur ? demandent les frissons. Y a aucun danger.

- Et ça là-bas, dit Yégor, vous voyez ce chenapan qui arrive, avec son cartable ?

- Et alors ?

- Et si c’est un voyou ? Et s’il veut me sauter dessus et me frapper avec son cartable ? Et peut-être qu'il a mis des briques dedans. Qu’il les a mises exprès. Ou bien quelque chose en ferraille.

- Quoi en ferraille ?! D'où viendrait ce fer ? Les frissons commencent à s’agiter. Dans un cartable on ne range que des livres de classe et des cahiers tout souples.

- Mais lui, dit Yégor, aura ramassé une barre de fer et l'aura mise ensuite dans son cartable. Regardez, il le change de main. Maintenant, il va nous sauter dessus !

- Yégor, Yégor ! s’écrient les frissons perchés sur son épaule droite, tourne ton côté gauche vers lui ! Au cas où !

- Non, protestent à grands cris les frissons de gauche, ne te tourne pas, reste sans bouger ! Peut-être qu’il ne nous touchera pas !

- Que nenni, Yégor, cours, cours ! crient les frissons de droite, peut-être qu'il ne nous rattrapera pas !

Et Yégor se retourne et détale comme un lapin !…

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