Grégory Oster : Yégor et les frissons (02)

Grégory Oster - Григорий Остер

Légendes et mythes de l’allée de Lavrov

Леге́нды и ми́фы Лавро́вого переу́лка

Yégor et les frissons (02) Его́р и его́ мура́шки

Petites nouvelles russe - Егор
Yégor et les frissons ,illustration de Géorgy Youdine (Георгий Юдин)

[Его́р] бежа́л, бежа́л, добежа́л до угла́ и останови́лся.

— Ну, — спра́шивают мура́шки, — почему́ стои́м?

— А там, — говори́т Его́р, — за угло́м у́личное движе́ние. Автобу́сы хо́дят, тролле́йбусы. Вы́скочит из-за угла́, чик — и попола́м.

— Зна́ешь что, Его́р, — говоря́т ле́вые мура́шки, — дава́й лу́чше домо́й пойдём.

— Нет, — крича́т пра́вые, — не пойдём домо́й!

— Почему́?

— А вот придём мы домо́й, — говоря́т пра́вые мура́шки, — ра́зденемся, спать ля́жем… а тут землетрясе́ние. Всё трясётся, сте́ны разва́ливаются, потоло́к по голове́ — трах! Кры́ша све́рху — бац! Не пойдём домо́й.

— А что же нам де́лать? — спра́шивает Его́р. Ле́вые мура́шки посове́товались с пра́выми и говоря́т:

— Здесь бу́дем стоя́ть, где стои́м. Так оно́ споко́йней.

Стои́т Его́р на одно́м ме́сте. Час простоя́л, друго́й. Ску́чно ему́ ста́ло.

— Слу́шайте, мура́шки, — говори́т Его́р, — мо́жет, всё-таки́ домо́й пойдём?

— А землетрясе́ние? — спра́шивают мура́шки. Постоя́л Его́р ещё час.

— Идёмте, — говори́т, — домо́й. Не бу́дет землетрясе́ния.

— А ты, — спра́шивают мура́шки, — отку́да зна́ешь? Постоя́л Его́р ещё немно́жко и говори́т:

— Всё! Идём домо́й!

— Ни за что! — крича́т мура́шки.

— Ну, — говори́т Его́р, — вы как хоти́те, а я домо́й пошёл.

— Ну смотри́! — говоря́т мура́шки. — Ты как хо́чешь, а мы тут сойдём.

И сошли́. А Его́р домо́й пошёл. Оди́н, без мура́шек. И с тех пор мура́шки у него́ по спине́ бо́льше не бе́гали. Никогда́.

Petites nouvelles russes

Yégor court, court, jusqu’à ce qu’enfin il s’arrête au coin de la rue.

- Eh bien, lui demandent les frissons, pourquoi on s’est arrêtés ?

- Voyez, dit Yégor, toute cette circulation. Il y a des bus, des trolleys... Ils nous passeront dessus, et flip-flop ! ils nous couperont en deux.

- Tu sais quoi, Yégor, frémissent les frissons de gauche, il vaut mieux qu’on rentre à la maison.

- Non, crient ceux de droite, il ne faut surtout pas bouger de place !

- Pourquoi ?

- Parce que quand nous rentrerons à la maison, disent les frissons de droite, nous mettrons notre pyjama et irons nous coucher... et puis, et puis... il y aura un tremblement de terre. Le sol grondera, les murs s'effondreront, et patatras ! le plafond nous tombera sur la tête ! et puis le toit, vlan ! Ne rentrons surtout pas à la maison.

- Et que devons-nous faire alors ? demande Yégor.

Les frisons, ceux de gauche et ceux de droite, après s’être concertés répondent unanimement : - Restons ici, là où nous sommes. Ça vaut mieux comme ça.

Yégor reste donc au même endroit, sans bouger. Une heure passe, puis une autre. Yégor finit par s’ennuyer à rester comme ça à attendre.

- Écoutez, les frissons, peut-être bien qu'on pourrait rentrer à la maison après tout ?

- Et le tremblement de terre, tu y as pensé ? insistent les frissons. Alors Yégor patiente encore une bonne heure.

- Allons, rentrons ! dit-il enfin. Il n'y aura pas de tremblement de terre.

- Ah, tiens donc ? demandent les frissons, et comment peux-tu en être sûr ?

Et Yégor patiente encore un moment puis enfin se décide : - Ça suffit ! On rentre !

- C’est hors de question ! protestent les frissons.

- Eh bien, dit Yégor, faites comme vous voulez mais moi je rentre !

- Regardez-moi ça ! s’emportent les frissons. A ton aise, mais nous on bougera pas d’ici !

Et l’un après l’autre, les quarante frissons se laissent glisser par terre.

Et c’est ainsi que Yégor rentra chez lui. Tout seul. Et depuis ce jour il n’eut plus de frissons dans le dos, ni même la chair de poule. Plus jamais, jamais, jamais.

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