Comment les lions ont disparu de Sibérie
Comment les lions ont disparu de Sibérie
Почему львы больше не живут в Сибири
Conte de Sibérie
Voici un petit conte bouriate qui raconte comment les lions ont un jour quitté la Sibérie pour aller dans des pays où le Crache-Tonnerre ne les poursuivrait pas...
La version originale russe a été publiée en 1989, à Irkoutsk, dans l'ouvage 'Contes du Lac Baïkal' (Байкала-Озера Сказки). La version française de ce conte est extraite du recueil 'Le Crache-Tonnerre' élaboré dans le cadre d’un atelier de traduction franco-sibérien.
L'ouvrage a été publié par les éditions alidades, avec le soutien de l’association Eurcasia.
Editions alidades 2017, 12,5 x 21 cm, cahier, 44 pages, 5,70 €
ISBN 978-2-919376-46-9
В давние времена львы жили в Сибири. Были они косматые, обросшие длинной шерстью и не боялись морозов.
Однажды встретил лев волка.
— Куда бежишь как сумасшедший?
— От смерти спасаюсь! — вымолвил волк.
— Кто же тебя напугал?
— Громкочихающий. Он раз чихнул — убил моего брата, во второй — сестру, в третий раз — ногу мне перебил. Видишь, хромаю.
Лев зарычал — горы задрожали, небо заплакало.
— Где этот громкочихающий? Я его в куски разорву! Голову брошу за дальнюю гору, ноги — на все четыре стороны!
— Что ты! Он и тебя не пощадит, убегай!
Схватил лев волка за горло:
— Покажи мне громкочихающего, иначе задушу!
Пошли они. Встречают мальчика-пастушонка.
— Этот? — злобно спрашивает лев.
— Нет, этот ещё не дорос.
Пришли они в степь. Пасёт стадо дряхлый старик.
— Этот? — оскалил зубы лев.
— Нет, этот перерос.
Идут дальше. Навстречу им скачет на быстром коне охотник. Лев и спросить волка не успел — охотник вскинул ружьё и выстрелил. Загорелась на льве его длинная шерсть. Бросился он бежать, за ним — волк. Остановились в тёмном овраге. Волк его спрашивает:
— Сильно чихает?
— Замолчи! Видишь, теперь — я голый, только грива осталась да кисточка на кончике хвоста. Дрожь меня бьёт.
— Куда же нам бежать от громкочихающего?
— Беги в лес!
Волк скрылся в дальнем перелеске, а лев убежал в жаркую страну, в безлюдную пустыню.
Так и перевелись в Сибири львы.
Il y a très longtemps, les lions habitaient la Sibérie. Ils étaient velus, couverts de longs poils et ne craignaient pas les grands froids.
Un jour un lion rencontra un loup :
– Où cours-tu comme ça comme un fou ?
– Je me sauve de la mort.
– Qui t’a fait peur ?
– Celui qui crache fort, le Crache-tonnerre ! Il a craché une première fois, il a tué mon frère, il a craché une deuxième fois, il a tué ma sœur, il a craché une troisième fois, il m’a cassé la jambe. Ne vois-tu pas que je boite ?
Le lion poussa des rugissements qui firent trembler les montagnes et pleurer le ciel.
– Où est-il, ce Crache-tonnerre ? Je vais le mettre en miettes ! Sa tête, je vais la jeter par-dessus la montagne la plus lointaine, ses pattes, je les enverrai un peu partout !
– Que dis-tu ? Il ne te ménagera pas toi non plus, sauve-toi !
À ces mots, le lion saisit le loup à la gorge :
– Montre-moi le Crache-tonnerre, sinon je t’égorge !
Ils partirent. Ils rencontrèrent un garçon, un petit berger.
– Est-ce lui ? demanda le lion courroucé.
– Non, celui-ci n’a pas encore assez grandi.
Ils gagnèrent la steppe. Sur la colline se tenait un vieillard cacochyme qui gardait son troupeau.
– Est-ce lui ? demanda le lion courroucé en montrant les dents.
– Non, celui-ci a dépassé l’âge.
Ils allèrent plus loin. Ils virent un chasseur galoper bride abattue à leur rencontre, son fusil dans le dos. Le lion n’eut pas le temps d’interroger le loup : au même moment le chasseur épaula et tira. La longue fourrure du lion s’embrasa. Il se mit à courir, suivi par le loup. Ils s’arrêtèrent dans un ravin sombre. Le lion se tordait de douleur par terre et rugissait de rage.
Le loup lui demanda :
– Alors, est-ce qu’il crache fort ?
– Tais-toi ! Ne vois-tu pas que maintenant je suis nu, il ne me reste que ma crinière et les petits pompons du bout de la queue. J’ai froid, je suis pris de frissons.
– Où donc aller pour nous sauver de ce Crache-tonnerre ?
– Va dans la forêt !
Le loup disparut dans un bois au loin et le lion s’en alla vers un pays très chaud, un désert dépeuplé.
C’est ainsi que les lions ont disparu de Sibérie.