A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 3c

Petites nouvelles russes : Le feu de forêt
Le feu de forêt, image du dessin animé, 1980

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
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Chapitre III – Ecureuils et tempêtes

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Episode trois- Третий эпизо́д

По́сле всех э́тих собы́тий благоразу́мие подска́зывало поки́нуть э́тот преда́тельский фио́рд. Кто же его́ зна́ет, каки́е он ещё гото́вит сюрпри́зы? Но я челове́к, как вы зна́ете, сме́лый, насто́йчивый, да́же не́сколько упря́мый, е́сли хоти́те, и не привы́к отка́зываться от приня́тых реше́ний.

Так и в тот раз: реши́л гуля́ть – зна́чит, гуля́ть. И как то́лько «Беда́» вста́ла на́ воду, я перевёл её на но́вое, безопа́сное ме́сто. Вытрави́л цепь подли́ннее, и мы отпра́вились.

Идём ме́жду ска́лами по тропи́нке, и чем да́льше идём, тем порази́тельнее окружа́ющая приро́да. На дере́вьях бе́лки, пти́чки каки́е-то: «чик-чири́к», а под нога́ми сухи́е су́чья треща́т, и ка́жется: сейча́с вы́йдет медве́дь и заревёт… Тут же я́годы, земляни́ка. Я, зна́ете, нигде́ не ви́дел тако́й земляни́ки. Кру́пная, с оре́х! Ну, мы увлекли́сь, углуби́лись в лес, забы́ли совсе́м про обе́д, а когда́ спохвати́лись, смо́трим – по́здно. Уже́ со́лнце склони́лось, тя́нет прохла́дой. И куда́ идти́, неизве́стно. Круго́м лес. Куда́ ни посмо́тришь, везде́ я́годы, я́годы, одни́ я́годы…

Спусти́лись вниз, к фио́рду, ви́дим – не тот фио́рд. А вре́мя уже́ к но́чи. Де́лать не́чего, развели́ костёр, ночь ко́е-как прошла́, а у́тром поле́зли на́ гору. Мо́жет быть, ду́маем, отту́да, све́рху, уви́дим «Беду́».

Ле́зем в го́ру, неле́гко при мое́й компле́кции, но ле́зем, подкрепля́емся земляни́кой. Вдруг слы́шим сза́ди како́й-то шум. Не то ве́тер, не то водопа́д, трещи́т что́-то всё гро́мче, и как бу́дто попа́хивает дымко́м.

Я оберну́лся, гляжу́ – так и есть: ого́нь! Обступа́ет со всех сторо́н, стено́й идёт за на́ми. Тут уж, зна́ете, не до я́год.

Бе́лки поброса́ли гнёзда, пры́гают с ве́тки на ве́тку, всё вы́ше по скло́ну. Пти́цы подняли́сь, крича́т. Шум, па́ника…

Я не привы́к бе́гать от опа́сности, но тут, де́лать не́чего, на́до спаса́ться. И по́лным хо́дом за бе́лками, на верши́ну скалы́, – бо́льше не́куда.

Вы́лезли, отдыша́лись, осмотре́лись круго́м. Положе́ние, доложу́ вам, безвы́ходное: с трёх сторо́н ого́нь, с четвёртой – крута́я скала́… Я посмотре́л вниз – высо́ко, да́же дух захвати́ло. Картинка, в о́бщем, безра́достная, и еди́нственное отра́дное пятно́ на э́том мра́чном горизо́нте – на́ша «Беда́»-краса́вица. Стои́т как раз под на́ми, чуть кача́ется на волне́ и ма́чтой, как па́льчиком, ма́нит к себе́ на па́лубу.

А ого́нь всё бли́же. Бе́лок круго́м ви́димо-неви́димо. Осмеле́ли. У други́х, зна́ете, хвосты́ в огне́ пообгоре́ли, так те осо́бенно хра́брые, наха́льные, про́ще сказа́ть: ле́зут пря́мо на нас, толка́ются, нажима́ют, того́ и гляди́, спихну́т в ого́нь. Вот оно́ как костры́ разводи́ть!

Лом в отча́янии. Бе́лки то́же в отча́янии. Призна́ться, и мне не сла́дко, но я не подаю́ ви́ду, креплю́сь – капита́н не до́лжен поддава́ться уны́нию. А как же!

Petites nouvelles russes : La situation est désespérée
"La situation est désespérée"

Après tous ces événements, la prudence nous poussait à quitter ces fjords sournois. Qui sait quelles autres surprises nous menaçaient ? Mais je suis un homme, comme vous le savez, courageux, décidé - voire un peu têtu, si vous voulez -, et je n'ai pas l'habitude de renoncer.

Et, pour de bon, j’étais bien décidé à la faire cette excursion – et donc excursion ce sera ! Et dès que le « Pitoyable » fut de nouveau à flot, je choisis un mouillage plus sûr et tirai une chaîne plus longue. Puis Lom et moi nous mettons en route.

Nous cheminons le long d’un sentier entre les falaises, et plus nous avançons, plus la nature environnante est époustouflante. Il y a des écureuils et quelques oiseaux dans les arbres. On entend leurs gazouillis et le craquement des branches sèches sous nos pieds. Il semble qu’à tout instant un ours va surgir en rugissant...

Et partout des baies et des fraises des bois. Voyez-vous, je n’avais jamais vu de telles baies et de si grosses fraises des bois, de la taille d’une noix ! Eh bien, nous nous sommes laissé tenter. Nous enfonçant dans l’épaisse frondaison, nous oublions complètement l’heure du déjeuner, et quand nous reprenons nos esprits, il est trop tard. Le soleil déjà se couche et l’air fraîchit. Nous ne savons plus où diriger nos pas. La forêt nous entoure. Et partout où nous regardons, seulement des baies, des baies, des baies et des fraises des bois...

Nous sommes descendus jusqu'au fond du premier fjord qui se présentait mais ce n’était pas le bon. Et déjà la nuit était tombée. Il n'y avait rien d’autre à faire que d’allumer un feu.

La nuit se passe comme elle se passe, et au matin, nous décidons de grimper jusqu’au point le plus haut. Peut-être, pensions-nous, verrions-nous de là-haut Le « Pitoyable ».

La montée ne fut pas facile vu ma corpulence, mais dans la grimpette nous nous sommes restaurés de quelques fraises des bois. Quand, soudain, nous entendons du bruit derrière nous. C'était soit celui du vent, soit d’une cascade : des craquements de plus en plus forts ; et il nous semble sentir comme de la fumée.

Me retournant, je m’aperçois... du feu ! Ses flammes nous entourent de toutes parts, nous poursuivent. Dans ces moments-là, il n’est plus temps de cueillir des baies, vous savez.

Les écureuils abandonnent leurs nids et sautent de branche en branche, de plus en plus haut. Les oiseaux s’envolent et piaillent. Partout du brouhaha, de la panique...

Je ne suis pas homme, d’habitude, à fuir le danger, mais là il n’y avait rien à faire, seulement tenter de se sauver. Et à toute vitesse, courir derrière les écureuils, jusqu'au sommet de la falaise. Nulle autre part où aller.

Arrivés là et tentant de reprendre notre respiration, nous regardons tout autour. La situation, je vous le dis, est désespérée : sur trois côtés, le feu nous entoure et sur le quatrième l’escarpement de la falaise...

Je regarde en bas, depuis le sommet, j’en ai le souffle coupé. Définitivement, le tableau est noir, et le seul endroit rassurant dans ce sombre horizon est notre élégant « Pitoyable ». Il se dresse juste en dessous plus bas, se balançant légèrement sur les flots et de son mât, tel un doigt pointé vers nous, semble nous faire signe de rejoindre son pont.

Et l’incendie se rapproche. De tous côtés, des myriades d’écureuils. Ils s’enhardissent. Certains ont la queue roussie par les flammes, alors que d’autres, plus téméraires et impudents, littéralement, nous grimpent dessus, nous poussent, nous bousculent, et presque nous jetteraient dans le brasier. Voilà comme se propage un feu de bivouac !

Lom est désespéré. Les écureuils sont également désespérés. Et j’avoue, je ne me sens pas non plus dans mon assiette, mais je ne le montre pas, je tiens bon : un capitaine ne doit jamais céder au découragement. Il ne manquerait plus que ça !