Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 4b
Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
Chapitre IV – Ce que mangent les écureuils
Episode deux - Второй эпизо́д
Есть там [в Норвéгии] фи́рма однá – произвóдит телефóны, радиоприёмники… Так вот, проню́хали эти́ фабрикáнты про мой зуб и забеспокóились. Да и поня́тно: ведь éсли все стáнут на зуб принимáть, никтó и приёмников покупáть не бу́дет. Урóн-то какóй! Тут забеспокóишься. Ну, и реши́ли недóлго ду́мая завладéть мои́м изобретéнием, да и мои́м зу́бом заоднó. Сначáла, знáете, так э́то, по-хоро́шему, прислáли деловóе письмó с предложéнием продáть мой дефéктный зуб. А я рассуди́л, ду́маю: «С какóй же стáти?» Зуб ещё ничегó, кусáть мóжно, а что с дупло́м, так э́то уж, извини́те, моё дéло. У меня́ вот оди́н знакóмый есть, так он дáже лю́бит, когдá зу́бы боля́т.
– Конéчно, – говори́т, – когдá боля́т, действи́тельно и бóльно и неприя́тно, но затó, когдá пройду́т, уж бóльно хорошо́!
Да. Ну, я отвéтил, что не продаю́ зуб, и всё тут…
Так, ду́маете, они́ успокóились? Как бы не так! Реши́ли вы́красть мой зуб. Появи́лись каки́е-то негодя́и, хóдят по пятáм за мной, загля́дывают в рот, шéпчутся… Ну и стáло мне не по себé: хорóшо, как оди́н зуб, так уж и быть, ну а как для ве́рнóсти заберу́т совсéм, с головóй? Кудá я без головы́ пойду́ плáвать?
Вот я и реши́л уйти́ от грехá, а сам, чтóбы защити́ться от злоумы́шленников, при́нял осóбые мéры: взял дубóвую схо́дню, оди́н конéц засу́нул под ворóта пакгáуза, другóй под дверь кýбрика и приказáл Лóму грузи́ть «Беду́» баллáстом.
Я́хта осе́ла до фальшбóрта, схо́дня согнýлась, как пружи́на, одни́м тóлько крáешком держи́тся под две́рью. Я перед сном осмотрéл, провéрил готóвность э́того сооружéния и спокóйно улёгся спáть. Дáже вáхту не вы́ставил: не́зачем. И вот, знáете, под ýтро пришли́. Я слы́шу осторо́жные шаги́, скрип две́ри, потóм вдруг – трах! – схо́дня вы́скочила из-под две́ри, разогнýлась…
Я выхожý – и ви́жу: подéйствовала моя́ катапýльта, да ещё как! Тут на берегý былá радиостáнция, так э́тих негодя́ев забро́сило на са́мую верхýшку, на мáчту. Они́ там зацепи́лись штанáми, вися́т и орýт на весь гóрод.
Как уж их снимáли, не могý вам сказáть – не ви́дел.
Тут как раз пришёл и отвéт из пóрта с предписáнием сдать бе́лок в Гáмбург. Был там знамени́тый зоопáрк Га́денбека, так как он скупа́л разли́чных зверéй.

Il y a en Norvège une entreprise de téléphone qui fabrique aussi des radios... Et donc, ils ont eu vent de ma dent creuse et s’en sont inquiétés. Et c’est compréhensible : après tout, si tout le monde commence à pouvoir capter directement par sa denture les ondes hertziennes, personne n’achètera plus de récepteurs. La faillite, quoi ! Ça les turlupinait. Eh bien, sans réfléchir à deux fois, ils ont décidé de faire main basse sur mon invention, et sur ma dent par la même occasion.
D’abord, voyez-vous, ils m’ont fait une offre commerciale. En bonne et due forme. Une lettre me disant qu’ils étaient prêts à racheter ma quenotte. Et je me suis demandé : « Pourquoi diable ? La dent tient toujours, je peux encore mordre avec, et pour ce qui est de son trou, eh bien, excusez-moi, mais c'est mon affaire… » Je connais même quelqu’un qui aime avoir mal aux dents.
« Bien sûr, comme il dit, quand ça fait mal, ça fait mal, mais quand ça passe, alors on se sent vachement bien ! »
Voilà. Eh bien, je leur ai répondu que ma dent n’était pas à vendre. Un point c’est tout…
Mais pensez-vous qu'ils se soient calmés ? Que nenni ! Ils ont décidé de me la voler. Des malfrats se sont mis à me suivre partout, voulant voir jusqu’à l’intérieur de ma bouche, chuchotant entre eux... Bon, là j'ai commencé à me faire du mouron : « Si ce n’est que la dent, d'accord, mais s'ils m’arrachent toutes mes quenottes, et puis la tête avec ? Comment naviguerai-je sans avoir toute ma tête ? »
J’ai donc décidé de m'en préserver. Prenant moi-même les mesures appropriées afin de nous protéger d’éventuels intrus, je coinçai une extrémité de notre solide passerelle en chêne au portail de l’entrepôt auprès duquel nous étions amarrés, l’autre sous la porte du cockpit, puis ordonnai à Lom de lester d’un lourd ballast le « Pitoyable ».
Celui-ci s'enfonça jusqu'au pavois¹, la passerelle se plia, tendue tel un ressort, son extrémité à peine retenue par le dessous de la porte. Avant l'extinction des feux, j'inspectai à deux fois l'état de nos défenses et puis j’allai me coucher, l’esprit tranquille, sans même organiser des tours de garde. Et donc, imaginez, voilà ces scélérats qui au petit matin s'avancent à pas de loups. J’entends le grincement de la porte, puis soudain – boïng ! la passerelle d’un coup se détend et se redresse...
Je sors et constate que ma catapulte a fonctionné du tonnerre. Il y avait non loin une grande antenne radio, et ces margoulins, expédiés au sommet de son mât, accrochés par leur fond de culottes, pendouillant, criaient à la cantonade qu'on vienne les délivrer.
Je ne puis vous dire comment on les a descendus de là. Je n’en fus pas témoin.
Juste à ce moment-là, la capitainerie du port me commande de conduire mes écureuils à Hambourg, en Allemagne, où se trouve le célèbre zoo Hagenbeck qui acquérait alors divers animaux pour sa ménagerie...

