A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 13a

Andreï Nekrassov - Андрей Некрасов
­

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
­
­­

Chapitre XIII - Mama mia, quel boa !

­

Premier épisode - Пе́рвый эпизо́д

Глава́ XIII, в кото́рой Вру́нгель ло́вко расправля́ется с уда́вом

До утрá так пролетéли, а у́тром проснýлись. Я смотрю́ в свою́ щёлочку, прислýшиваюсь — в каби́не замéтное оживлéние, все ли́пнут к óкнам, покáзывают друг дру́гу и, су́дя по поведéнию, любýются ви́дами Кордильéр. Фукс тóже склони́лся к окну́, а я вóлей обстоя́тельств принуждён пропускáть такóе рéдкое зрéлище и сидéть в темнотé, как какóй-нибудь престýпник в тюрьмé.

И так, знáете, оби́дно стáло и скýчно! Я сам себя́ утешáю: дýмаю, пусть смóтрят на здорóвье, а я найду́ заня́тие. Достáл тру́бочку, наби́л, закури́л, задýмался. Вдруг слы́шу — пáника в каби́не. Пассажи́ры повскакáли с мест, кричáт, и чáще други́х раздаётся слóво «пожáр».

Я чýвствую, Фукс меня́ бьёт пя́тками по бокáм, как ослá. Я егó ущипнýл, а сам вы́глянул посмотрéть… и всё пóнял. Дым от моéй тру́бки вáлит изо всех отвéрстий и действи́тельно создаёт впечатлéние пожáра.

Тру́бку — в кармáн, я скорéе вы́тряс пéпел. Сижý, молчý. А тут лётчик просýнул гóлову в каби́ну. А он, предстáвьте себе́, и сам стру́сил.

Смотрю́, побледнéл, áхнул, ухвати́лся за какóй-то рычáг… Трах! Ну, затéм шум мотóров ути́х, тóлько слы́шно — вéтер свисти́т. Потóм хлóпнуло где-то вверху́, как из пу́шки, каби́на вздрóгнула, рвану́лась.

Пассажи́ры недоумевáют, а я сра́зу догадáлся, в чём дéло. Тепéрь-то э́тим никого́ не удиви́шь. А в то врéмя э́то бы́ло послéднее слóво тéхники. Éсли какáя авáрия — взрыв, пожáр и́ли крыло́ отва́лится, — лётчик одни́м движéнием отделя́ет каби́ну, и онá самостоя́тельно опускáется на парашю́те. Полéзное приспособлéние, что и говори́ть, но в дáнном слу́чае применéние егó бы́ло я́вно преждеврéменным.

В другóй обстанóвке я бы поспо́рил с лётчиком, указáл бы емý на оши́бку, но тут, сами́ понимáете, дéлать не́чего. Самолёт лети́т дáльше, по генера́льному кýрсу, тóлько кры́лья сверка́ют. Мы не торопя́сь сади́мся всё ни́же. Дым от тру́бки нéсколько рассе́ялся, но пассажи́ры и не ду́мают успокáиваться. Напрóтив, смотрю́ — волнéние растёт, перехóдит мо́жно сказа́ть в ти́хую пáнику, и Фукс не́рвничает: тогó и гляди́, вско́чит с мéста.

Оди́н я сохрани́л споко́йствие и соображáю: рейс, конéчно, пре́рван, билéты дáльше недействи́тельны, но оди́н из нас, как ни верти́, всё равнó «зáяц». Начну́тся расспрóсы, пóиски виновáтого, предста́вят дéло так, что я причи́на ава́рии, а тогдá и не разде́лаешься.

Petites nouvelles russes : Dans l'avion
"Au feu ! au feu !" ,illustration Viktor Bokovnia (Виктор Боковня)

Chapitre dans lequel Wrounguel vient habilement à bout d’un boa

Nous avons volé jusqu’au matin et quand nous nous réveillons je perçois parmi les passagers une joyeuse excitation. Je jette un coup d’œil à travers la fente de la boutonnière. Tout le monde a le nez collé aux hublots, montre du doigt et, à ce que j’entends, admire la vue sur la Cordillère des Andes. Fuchs se penche également, alors que moi, dans l’obscurité de notre pardessus, je me vois privé de profiter de ce spectacle aussi rare que grandiose, tel un criminel au fond de sa geôle.

Et donc, imaginez combien j’étais déçu et frustré ! Je me console pourtant : « Qu’ils regardent tant qu’ils veulent, je peux trouver à m’occuper autrement... » Je sors ma pipe, la bourre, l'allume et réfléchit. Soudain, j'entends comme un mouvement de panique dans la cabine. Les passagers se dressent de leur siège, poussent des cris. Et, parmi eux, une clameur domine : « Au feu ! Au feu ! ».

Je sens Fuchs qui, comme à un âne, me donne des coups de talons dans les côtes. A mon tour, je lui pince les fesses puis jette un œil pour voir ce qui se passe. Là, j'ai tout compris. De la fumée sort par tous les trous du Macintosh comme si dedans un incendie couvait...

Je fourre ma pipe dans ma poche, j’époussette rapidement les cendres. Sans bouger je me tais. Et là, voilà que le pilote sort la tête du poste de commande. Et imaginez à quel point lui-même est effrayé ! je vois combien il est pâle. Le souffle coupé, d’un geste, il tire sur une manette : et patatras !...

Alors, le ronronnement des moteurs se tait, on n’entend plus que le souffle du vent. Puis un bruit venu de quelque part au-dessus, comme celui d'un canon. La cabine tremble et sursaute.

Les passagers sont tous perplexes, mais je devine immédiatement ce qui se joue. De nos jours, cela ne surprendrait personne. Mais à l'époque, c'était encore une technologie révolutionnaire. En cas d'accident ou d’explosion, d’incendie, de perte d'une aile, il suffit au pilote d’un geste pour séparer l’habitacle du reste de l’avion. Un habitacle accroché alors à un parachute qui, avec ses passagers, va se poser de lui-même. Un dispositif judicieux, certes, mais qui, en l’occurrence, était ici clairement prématuré.

Dans d’autres circonstances, j'aurais pris le temps d’aller discuter avec le pilote et lui aurais expliqué son erreur, mais là, comme vous le comprenez, il était trop tard : le reste de l’avion continuait son vol, suivant sa route, seules scintillaient encore ses ailes. Pendant que nous, attachés sur nos sièges, descendions, descendions.

La fumée de ma pipe s’est bien quelque peu dissipée, pourtant les passagers ne paraissent pas recouvrer leur sérénité. Au contraire, je vois que le trouble grandit, se transforme en une sourde panique. Même Fuchs, qui en a vu d’autres, est nerveux, prêt à bondir de son siège.

Je suis bien le seul à garder mon calme et à analyser froidement la situation : le vol, bien sûr, a été interrompu, les billets ne sont donc plus valables, mais, d’une manière ou d’une autre, à y regarder de plus près, j’ai voyagé à l’œil, en passager clandestin. On enquêtera, cherchera un coupable, voire même on me désignera comme étant à l’origine de l’avarie, sans que je puisse me disculper…