A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 3d

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
Chapitre III – Ecureuils et tempêtes
Episode quatre- Четвёртый эпизо́д
Вдруг смотрю́ – одна́ бе́лка наце́лилась, хвост распуши́ла и прыг пря́мо на «Беду́», на па́лубу. За ней друга́я, тре́тья и, гляжу́, – как горо́х, посы́пались. В пять мину́т у нас на скале́ ста́ло чи́сто.
А мы что, ху́же бе́лок, что ли? Я реши́л то́же пры́гать. Ну, искупа́емся в кра́йнем слу́чае. Поду́маешь, вели́ка ва́жность! Э́то да́же поле́зно пе́ред за́втраком – искупа́ться. А у меня́ так: решено́ – зна́чит, сде́лано.
– Ста́рший помо́щник, за бе́лками – по́лный вперёд! – скомандова́л я.
Лом шагну́л, занёс уже́ но́гу над про́пастью, но вдруг изверну́лся, как ко́шка, и наза́д.
– Не могу́, – говори́т, – Христофо́р Бонифа́тьевич, уво́льте! Не бу́ду пры́гать, я лу́чше сгорю́…
И я ви́жу: действи́тельно сгори́т челове́к, а пры́гать не ста́нет. Есте́ственная боя́знь высоты́, боле́знь своего́ ро́да… Ну что тут де́лать! Не броса́ть же бедня́гу Лома!
Другой бы растеря́лся на моём ме́сте, но я не тако́в. Я нашёл вы́ход.
У меня́ с собо́й оказа́лся бино́кль. Прекра́сный морско́й бино́кль с двенадцатикра́тным приближе́нием. Я приказа́л Ло́му поста́вить бино́кль по глаза́м, подвёл его́ к кра́ю скалы́ и стро́гим го́лосом спра́шиваю:
– Ста́рший помо́щник, ско́лько бе́лок у вас на па́лубе?
Лом приня́лся счита́ть:
– Одна́, две, три, четы́ре, пять…
– Отста́вить! – кри́кнул я. – Без счёта приня́ть, загна́ть в трюм!
Тут чу́вство служебного до́лга взяло́ ве́рх над созна́нием опа́сности, да и бино́кль, как ни говори́те, помо́г: прибли́зил па́лубу. Лом споко́йно шагну́л в про́пасть…
Я гля́нул вслед – то́лько бры́зги подня́лись столбо́м. А мину́ту спустя́ мой ста́рший помо́щник Лом уже́ вскара́бкался на борт и приня́лся загоня́ть бе́лок.
Тогда́ и я после́довал тем же путём. Но мне, зна́ете, ле́гче: я челове́к быва́лый, могу́ без бино́кля.
А вы, молоды́й челове́к, учти́те э́тот уро́к, при слу́чае пригоди́тся: соберётесь, к приме́ру, с парашу́том пры́гать, непреме́нно возьми́те бино́кль, хоть плохо́нький, како́й-никако́й, а всё-таки, зна́ете, как-то ле́гче, не так высо́ко.
Ну, спры́гнул. Вы́нырнул. Забра́лся и я на па́лубу. Хоте́л Ло́му помо́чь, да он па́рень расторо́пный, оди́н спра́вился. Не успе́л я отдыша́ться, а он уже́ захло́пнул люк, встал во фронт и рапорту́ет:
– Приня́то без счёта по́лный груз бе́лок живьём! Каки́е после́дуют распоряже́ния?
Вот тут, зна́ете, поду́маешь, каки́е распоряже́ния.
На пе́рвое вре́мя я́сно, поднима́ть я́корь, ста́вить паруса́ да и ухо́дить подобру́-поздоро́ву от э́той горя́щей горы́. Ну его́ к дья́волу, э́тот фио́рд. Смотре́ть тут не́чего бо́льше, да и жа́рко ста́ло к тому́ же… Так что по э́тому вопро́су у меня́ сомне́ний не возни́кло. А вот что с бе́лками де́лать? Тут, зна́ете, поху́же положе́ние. Чёрт их зна́ет, что с ни́ми де́лать? Хорошо́, ещё вре́мя в трюм загна́ли, а то, зна́ете, проголода́лись него́дные зверю́шки, приня́лись грызть сна́сти. Ещё бы чуть – и ставь весь такела́ж.
Ну коне́чно, мо́жно бы ободра́ть с бе́лок шку́рки и сдать в любо́м порту́. Мех це́нный, добро́тный. Не без вы́годы мо́жно бы провести́ опера́цию. Но э́то как-то не́хорошо; они́ нас спасли́, во вся́ком слу́чае указа́ли путь к спаcе́нию, а мы с них после́дние шку́рки! Не в мои́х э́то пра́вилах.
Ну я реши́л так: до́ма разберёмся. А у нас, у моряко́в, где дом? В мо́ре. Мака́ров, адмира́л, по́мните, как говори́л: «В мо́ре – зна́чит до́ма». Вот и я так. Ла́дно, ду́маю, вы́йдем в мо́ре, а там поду́маем. Запро́сим в кра́йнем слу́чае инстру́кции в порту́ отправле́ния. Да-с.

Soudain, je vois qu'un écureuil plus décidé gonfle sa queue et plonge en direction du « Pitoyable », atterrissant directement sur le pont. Et derrière lui un deuxième, puis un troisième, tels des petits pois. En cinq minutes, la troupe avait déserté la falaise.
« Et quoi, sommes-nous pires que des écureuils ? » me suis-je dit ; et j’ai décidé moi aussi de plonger. Eh oui, en dernier recours, pourquoi ne pas sauter ? Pensez-y, jeune homme, c'est une chose très importante et même utile de prendre un bon bain avant de petit-déjeuner. Quant à moi, sitôt pensé, sitôt fait...
Je crie à Lom : - Lom, je vous ordonne de suivre ces écureuils - à toute vapeur ! C’est un ordre !
Lom fait un pas, soulève sa jambe au-dessus du vide, mais soudain, comme un chat, fait demi-tour.
- Je peux pas, Capitaine, dit-il, excusez-moi. Je préfère encore cramer que sauter...
Et je vois qu’il va vraiment brûler et qu’il ne sautera pas. La peur naturelle de l’altitude, le vertige, une sorte de maladie... Eh bien, que faire ? Je ne peux absolument pas abandonner ce pauvre garçon ainsi !
Quelque autre que moi n’aurait su que faire, mais je ne suis pas de ceux-là. J'ai trouvé une astuce.
Je portais une paire de jumelles avec moi. D’excellentes jumelles marines avec un grossissement douze. J'ordonne à Lom de les placer devant ses yeux et le conduis au bord de la falaise, puis je lui demande d'une voix sévère :
- Second Lom, combien d'écureuils voyez-vous sur le pont ?
Lom commence à les compter : - Un, deux, trois, quatre, cinq...
- Halte-là ! crié-je . Inutile de compter plus avant ! Fichez-moi tout ce petit monde à fond de cale !
D'un coup, chez mon second le sens du devoir a pris le pas sur la conscience du danger, et les jumelles, peu importe ce qu’on dira, lui viennent en aide : le pont lui paraît plus proche et il accepte calmement de s'élancer dans le vide...
Je le suis du regard, alors qu’il fend l'eau dans une gerbe d’embruns. Une minute plus tard, Lom est à bord du « Pitoyable » et commence à faire la chasse aux écureuils.
Ensuite, je prends le même chemin. Mais vous savez, c’était plus facile pour moi : je suis une personne qui a de l’expérience : je puis me jeter dans le vide sans besoin de jumelles.
Et vous, jeune homme, tenez compte de la leçon, elle vous sera utile en cas de besoin : si vous envisagez de sauter en parachute par exemple, veillez à prendre des jumelles avec vous, même si elles sont de qualité inférieure, quoi qu'il arrive. Mais quand même, voyez-vous, ça reste en quelque sorte plus aisé de sauter de moins haut...
Eh bien, je plonge et je refais surface. Je rejoins le pont du « Pitoyable ». Je veux aider Lom dans sa chasse, mais c’est un gars rapide, il s’était déjà débrouillé tout seul. Avant que j’aie le temps de reprendre mon souffle, il avait verrouillé l’écoutille de la cale, et, se tenant devant, me dit : – Un plein lot d’écureuils vivants, Capitaine ! Qu’ordonnez-vous d'en faire ?
Ici, savez-vous, il vous faut réfléchir et prendre les bonnes décisions...
Au début, il était certain qu’il fallait lever l’ancre au plus vite, mettre les voiles et s’éloigner rapidement de cette montagne ravagée par l’incendie. Eh bien, au diable ces fjords ! Il n'y avait plus rien à voir ici, et en plus, il commençait à faire sacrément chaud... Sur ce point j’étais bien décidé.
Mais que faire de tous ces écureuils ? A présent, la situation semblait pire. Diable, que faire d’eux ? La bonne chose était que Lom avait eu le temps de les mettre en cale, mais, voyez-vous, ces bestioles affamées menaçaient de ronger le cordage. Juste un peu, et ils vous auraient bouffé tout le gréement.
Bien sûr, vous pouvez les dépecer et rapporter leur peau dans n’importe quel port. Leur fourrure est précieuse et de bonne qualité. Il m’aurait été possible d’en tirer un bon prix. Mais ça n’aurait pas été juste : ces petites bêtes nous avaient sauvés, ou du moins nous avaient-elles montré le chemin du salut, et nous aurions été hommes à leur arracher jusqu’à leur dernière peau ? Evidemment, ce n’est pas ma vision des choses.
Eh bien, j'ai décidé ceci : nous résoudrons ceci à demeure. Et où est notre demeure à nous, les marins ? En mer. L’amiral Makarov¹, rappelez-vous ce qu’il disait : « La mer, c'est notre chez nous. » C'est comme ça que je suis. Bien, alors je me suis dit : « Reprenons la mer, et ensuite nous aviserons. En dernier recours, nous déciderons quoi en faire au prochain port. » Oui m’sieur !

