A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 2b

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
Chapitre II – Une impitoyable destinée
Episode deux - Второ́й эпизо́д
И вот, наконе́ц, долгожда́нный моме́нт наста́л. Сейча́с, возмо́жно, собы́тие э́то прошло́ бы и незаме́ченным. Но в то вре́мя таки́е похо́ды бы́ли в дико́винку. Сенса́ция, так сказа́ть. И не мудрено́, что с утра́ в тот день то́лпы любопы́тных запруди́ли бе́рег. Тут, зна́ете, фла́ги, му́зыка, о́бщее ликова́ние… Я встал в руль и скома́ндовал:
– Подня́ть паруса́, отда́ть носово́й, руль на пра́вую!
Паруса́ взви́лись, распусти́лись, как бе́лые кры́лья, взя́ли ве́тер, а я́хта, понима́ете, стои́т. Отда́ли кормово́й коне́ц – всё равно́ стои́т. Ну, ви́жу – ну́жно принима́ть реши́тельные ме́ры. А тут как раз букси́р шёл ми́мо. Я схвати́л ру́пор, кричу́:
– Эй, на букси́ре! Прими́ коне́ц, чёрт побира́й!
Букси́р потяну́л, пыхти́т, мы́лит во́ду за кормо́й, то́лько что на дыбы́ не встаёт, а я́хта – ни с ме́ста… Что за при́тча?
Вдруг что́-то у́хнуло, я́хта накрени́лась, я на мгнове́ние потеря́л созна́ние, а когда́ очну́лся, смотрю́ – конфигура́ция берего́в ре́зко измени́лась, то́лпы рассе́ялись, вода́ киши́т головны́ми убо́рами, тут же пла́вает бу́дка с моро́женым, ве́рхом на ней сиди́т молодо́й челове́к с киноаппара́том и кру́тит ру́чку.
А под борто́м у нас це́лый зелёный о́стров. Я посмотре́л – и всё по́нял: пло́тники недогляде́ли, поста́вили све́жий лес. И, предста́вьте, за ле́то я́хта всем борто́м пусти́ла ко́рни и приросла́. А я ещё удивля́лся: отку́да таки́е краси́вые ку́стики на берегу́? Да. А я́хта постро́ена кре́пко, букси́р до́брый, кана́т про́чный. Как дёрнули, так полбе́рега и отнесло́ вме́сте с куста́ми. Неда́ром, зна́ете, све́жий лес не рекоменду́ется употребля́ть при судострое́нии… Неприя́тная исто́рия, что и говори́ть, но, к сча́стью, всё ко́нчилось благополу́чно, без жертв.
В мои́ пла́ны заде́ржка не входи́ла, поня́тно, но тут ничего́ не поде́лаешь. Э́то, как говори́тся, «форсмажо́р» – непредви́денное обстоя́тельство. Пришло́сь встать на я́корь и очи́стить борта́.
Я и мой ста́рший помо́щник Лом весь день провози́лись с э́той рабо́той. Наму́чились, призна́ться, изря́дно, вы́мокли, замёрзли…
И вот уже́ ночь спусти́лась над мо́рем, звёзды вы́сыпали на не́бе, на суда́х бью́т полно́чную скля́нку. Я отпусти́л Ло́ма спать, а сам оста́лся на ва́хте. Стою́, размышля́ю о тру́дностях и пре́лестях предстоя́щего похо́да. И так э́то, зна́ете, размечта́лся, не заме́тил, как и ночь прошла́.
А у́тром меня́ ждал стра́шный сюрпри́з...

...Et à présent, enfin, le moment tant attendu était arrivé. Aujourd’hui, peut-être que cet événement passerait inaperçu. Mais à cette époque, une telle entreprise était une curiosité et, pour ainsi dire, faisait sensation. Il n’est pas étonnant que ce matin-là nombre de curieux eussent envahi la berge. Imaginez donc : des drapeaux, de la musique, une foule en liesse...
- Qu’on lève les voiles, en avant toute, barre à tribord ! ai-je commandé debout fièrement sur le pont.
Les voiles, comme des ailes blanches, se sont déployées sous le vent et… Mais le yacht, voyez-vous, n’avance pas d’une brasse. Malgré avoir Bien largué les amarres rien n’y faisait. Eh bien, je vois qu’il me faut prendre des mesures drastiques. Et juste à ce moment-là, un remorqueur passe. Je prends le porte-voix et le hèle :
- Hé, du remorqueur ! Halez-nous, que diable !
Le remorqueur tirait, soufflait, se cabrant sur les flots, faisant écumer l'eau à sa poupe, mais le yacht ne bougeait pas... « Non mais c’est quoi cette histoire ? me suis-je étonné. »
Soudain il y a eu un grondement, le yacht s'est incliné, j'ai perdu connaissance un instant, et, retrouvant mes sens, j'ai vu que la configuration de la berge avait radicalement changé : la foule s'était dispersée, la surface de l’eau était jonchée de chapeaux, un stand de glaces flottait à deux brasses de nous, un jeune homme se trouvait perché dessus, tenant une caméra dont il tournait la manivelle.
Et de dessous la coque de mon voilier émergeait une île toute verte. J'ai regardé et j'ai tout compris : les charpentiers avaient négligé d’utiliser du bois sec. Et imaginez, au cours de l’été, tout le coffrage du yacht avait pris racine et des branches avaient poussé dru. Je m’en étais d’ailleurs alors étonné : « D’où sortent donc d’aussi belles frondaisons ?... »
Comme la coque avait été solidement charpentée, dès que la robuste corde accrochée au puissant remorqueur l’avait halée, la moitié de la berge et toutes ses frondaisons avaient été arrachées et emportées. Ce n’est pas pour rien, voyez-vous, que le bois vert n’est pas recommandé pour la construction navale… Une regrettable histoire, certes, mais heureusement, tout s’est bien terminé, sans qu’on dénombrât la moindre victime.
Ce retard ne faisait bien sûr pas partie de mes plans, mais que pouvais-je y faire ? Ceci, comme on dit, était un cas de force majeure - un imprévu. J'ai dû jeter l’ancre et poncer la coque.
Mon second et moi avons passé toute la sainte journée à cette tâche. Nous avons beaucoup trimé, je dois l'avouer, nous étions trempés et frigorifiés jusqu’aux os...
Et voilà que la nuit tombe sur la mer, un flot d’étoiles se déverse dans le ciel, la cloche annonçant minuit résonne sur le pont des navires¹. J’envoie Lom dormir et je reste de quart. Debout, réfléchissant aux difficultés et aux plaisirs du périple à venir, perdu dans mes rêves . Et, voyez-vous, je n’ai pas vu passer la nuit.
Mais au matin, une terrible surprise m'attendait...
En absence d’horloges fiables, c’était alors un sablier (en russe : sklianka – склянка) - qu’on retournait toute les demi-heures - qui permettait de mesurer le temps. (source en russe : culture.ru).

