A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 12c

Petites nouvelles russes : Dans le Macintoch
Dans le Macintosh, illustration du dessin animé

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
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Chapitre XII - Rengaines hawaïennes

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Episode trois - Тре́тий эпизо́д

Lecture : Sergueï Tchonichvili (Сергей Чонишвили)

...Вы́шли мы, а куда́ идти́? И пошли́ мы наза́д, к мо́рю. Всё-таки как-ника́к родна́я стихи́я, да и костю́мы у нас для пля́жа са́мые подходя́щие.

Идём по песо́чку. На пля́же ни души́. По́здно уже́. Пото́м ви́дим — каки́е-то дво́е всё-таки сидя́т. Мы подошли́ к ним, разговари́лись. Они́ на поря́дки жа́луются.

— Чёрт зна́ет что тако́е! — говоря́т. — Мы арти́сты, подписа́ли контра́кт изобража́ть здесь гава́йцев. Ме́сяц це́лый учи́лись на до́сках по мо́рю е́здить, пе́сни разучи́ли, а вот, са́ми ви́дите…

Тут я всё по́нял. Хоте́л бы́ло объясни́ть, вдруг, понима́ете, ве́тер швырну́л мне под но́ги обры́вок газе́ты. А я давне́нько газе́ты в рука́х не держа́л. Не погнуша́лся, подобра́л. Встал под фонарём и углуби́лся в чте́ние. И, пове́рите ли, смотрю́ — фотогра́фия, на фотогра́фии — мой ста́ршый помо́щник Лом, тут же «Беда́» и траги́ческое описа́ние круше́ния у берегóв Брази́лии. И о Фу́ксе и обо мне́ не́сколько слов. Да каки́е ещё слова́! Я да́же слезу́ пусти́л — до чего́ тро́гательно: «Отва́жные морепла́ватели…», «Пропа́ли бе́з вести…».

Да. И тут же ря́дом в газе́те объявле́ние:

— «По́льзуйтесь возду́шным сообще́нием тихоокеа́нских ли́ний. Регуля́рные ре́йсы в Шта́ты и в Брази́лию».

— Вот что, Фукс, — говорю́ я, — пойди́те-ка купи́те биле́ты на самолёт в Брази́лию да закажи́те что́-нибудь из оде́жды. Мне ки́тель и шине́ль, а себе́ — по усмотре́нию.

Фукс рад стара́ться, умча́лся, а я тут, на пля́же, оста́лся — э́тих фальши́вых гава́йцев развлека́ть... А тут и Фукс верну́лся, докла́дывает об успе́хах:

— Костю́мы заказа́л, ны́нче же бу́дут гото́вы, а вот с биле́тами, Христофо́р Бонифа́тьевич, ху́до. Взял оди́н биле́т, а бо́льше и нет, все места́ про́даны…

— Ла́дно, — говорю́ я, — мы э́то положе́ние по́сле обду́маем…

Два часа́ до отлёта самолёта оста́лось. Распроща́лись мы с э́тими арти́стами, побежа́ли к портно́му, а он, негодя́й, за́пил, что ли, но то́лько ничего́ не сшил.

Я, зна́ете, возвы́сил го́лос, отчи́тываю его́, а он то́лько рука́ми разво́дит.

— Поми́луйте, — говори́т, — а у меня́ ничего́ не гото́во.

— Да́вайте, — заявля́ю, — что есть. Не в труса́х же мне лете́ть, в са́мом де́ле!

Ну, он поры́лся в шкафу́, достаёт макинто́ш.

— Вот, — говори́т, — то́лько и оста́лось из гото́вого.

— Ла́дно, — говорю́, — я беру́, получа́йте, ско́лько сле́дует. — Забра́л макинто́ш и пошёл.

— Вы бы, — сове́тует Фукс, — его́ всё-таки приме́рили. А то вдруг не впо́ру.

Ну, я ви́жу, де́льный сове́т. Встал тут же в тени́ банья́на, разверну́л обно́вку, наки́нул. Смотрю́, понима́ете, но́вое несча́стье: макинто́ш на мне не́сколько стра́нно сиди́т: он был вдво́е вы́ше меня́. И де́лать не́чего. Наза́д нести́ — всё равно́ ничего́ не подберёшь, сни́зу отре́зать — уж о́чень некраси́во полу́чится, а так носи́ть — э́то и ша́гу не сту́пишь, в по́лах запу́таешься. Но приду́мывать что́-то ну́жно, да поскоре́е…

И тут, зна́ете, Фукс, молоде́ц, не растеря́лся.

— О, — говори́т, — да ведь э́то же замеча́тельно! Мы в э́том макинто́ше по одному́ биле́ту вдвоём улети́м. То́лько разреши́те, прися́дьте немно́жечко… Так… Подста́вьте пле́чи…

Ну, и, зна́ете, взгромозди́лся на меня́, напя́лил э́то пальти́шко, застегну́л на все пу́говицы, одёрнул.

— А тепе́рь, — говори́т, — по́лный вперёд, да поскоре́е...

Пришли́ в аэропо́рт, к самолёту. Фукс предъяви́л биле́т, нас провели́, показа́ли ме́сто. Ну, усе́лись ко́е-как, — со́бственно, я усе́лся, а Фукс стои́т на сиде́нье и головой́ подпира́ет потолóк.

Пото́м зареве́ли мото́ры, самолёт разбежа́лся, хлоп, хлоп по воде́, подня́лся. Лети́м, ночь круго́м. В не́бе звёзды. Мото́ры реву́т, а в остально́м всё споко́йно. Пассажи́ры усну́ли, я то́же вздремну́л, оди́н Фукс бо́дрствует во все́й каби́не.

Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Un petit bateau

Nous quittons la salle de concert, mais pour aller où ? Alors, nous décidons de retourner au bord de la mer. Après tout, « elle est notre demeure... » et notre accoutrement hawaïen est idoine pour la plage...

Nous marchons sur le sable. Il n'y a pas âme qui vive. Il est déjà bien tard. C’est alors que nous apercevons deux bonshommes assis là. Nous nous approchons et entamons la conversation. Ils semblent dépités et se plaignent amèrement : — Le diable sait ce qui s’est passé, nous confient-ils. Nous sommes des artistes et avions signé un contrat pour un show hawaïen. On a passé un mois entier à nous entraîner, sur des planches en pleine mer, à apprendre des chants traditionnels, et maintenant, voyez vous-même...

Là, d’un coup, je comprends tout. Je suis sur le point de leur expliquer le quiproquo mais soudain, le vent jette à mes pieds une page de journal. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu un journal entre mes mains, et je n'ai pas hésité à le ramasser. Je m’approche d’un réverbère et me plonge dans sa lecture. Et, croyez-le ou non, il y avait photos sur photos, et sur l’une d’elle - je vous le donne en mille - mon second, Lom, et juste dessous un long article sur le naufrage tragique du « Pitoyable » au large des côtes brésiliennes, ainsi que quelques mots sur Fuchs et moi. J’en ai même versé une larme ; c’était si touchant, si émouvant : « De braves marins … Portés disparus… ».

Et sur la même page, je vois une publicité : « Envolez-vous sur Pacific Airways. Liaisons régulières vers les États-Unis et le Brésil. »

- Voilà ce que vous allez faire, Fuchs, dis-je : allez nous acheter deux billets pour le Brésil et trouvez-nous aussi quelques vêtements décents. Un uniforme et un pardessus pour moi, et pour vous ce qui vous conviendra.

Fuchs, tout heureux, s’empresse d’aller faire ces emplettes, tandis que moi, je reste sur la plage pour divertir ces ersatz hawaïens... Et puis Fuchs revient et me fait part du résultat de sa mission : — J'ai commandé les costumes, ils seront prêts aujourd'hui, mais pour l’avion, capitaine, ça se présente mal : je n’ai pu acheter qu’un seul billet. Plus aucune autre place…

- OK, dis-je, nous aviserons plus tard...

Il ne nous restait que deux heures avant le décollage. Nous disons au revoir aux deux artistes et nous rendons chez le tailleur. Et lui, ce scélérat, qui avait dû trop boire ou quoi, n’a rien cousu du tout !

Vous savez, j'ai élevé la voix et l'ai tancé, mais il a juste écarté les bras : - Pardonnez-moi, mais je n’ai rien de prêt...

- Bon, proposez-moi alors ce que vous avez ! m’exclamé-je. Je ne vais pas prendre l’avion en caleçon quand même !

Eh bien, il fouille dans son armoire et en sort un Macintosh¹.

- Voilà tout ce qu'il me reste, dit-il...

- C’est d’accord, je vous le prends. Je lui règle le prix et sors le manteau sous le bras.

- Vous devriez quand même l’essayer, Capitaine, me conseille Fuchs en chemin. Il pourrait ne pas vous aller…

Eh bien, je me dis que c'est un sage conseil. A l'ombre d’un banian², je déplie mon nouveau costume et le passe sur mes épaules. Et là, voyez-vous, une nouvelle contrariété : il me va un peu bizarrement et fait deux fois ma taille. Et il n'y a rien à faire : le rapporter serait inutile, le couper par le bas serait pire encore, et en le portant comme ça, je ne pourrais faire un pas sans m’emmêler les pinceaux dans ses ourlets. Il me faut trouver une solution, et vite…

Et là, vous savez, Fuchs, a eu une idée de génie : - Oh, dit-il, mais c’est impeccable ! Nous prendrons l’avion pour le prix d’un seul billet, vous et moi dans ce Macintosh. Permettez, Capitaine..., pliez un tout petit peu les genoux... Voilà... Avancez vos épaules… Bien...

Et donc, imaginez, il a grimpé sur mon dos, a enfilé le Macintosh, l’a ajusté et l’a boutonné soigneusement.

- Et maintenant, Capitaine, à toute berzingue, courons, courons...

Nous arrivons à l'aéroport. Fuchs tend son billet et on lui indique sa place. Eh bien, nous nous y sommes assis comme on a pu. Plus précisément, c’est moi qui étais assis : Fuchs se tenait debout sur le siège, touchant le plafond de sa tête.

Ensuite les moteurs ont rugi puis l’hydravion a décollé, soulevant des gerbes d’eau. : flop, flop, flop ! Nous nous envolons, la nuit est partout. Les étoiles illuminent le ciel. Les hélices vrombissent, tout est calme. Les passagers se sont endormis, je pique moi aussi un petit roupillon, seul Fuchs ne dort pas...

1- Un Macintosh (ou Mackintosh) est une sorte de manteau imperméable nommé d'après son créateur écossais, Charles Macintosh. Un pardessus particulièrement adapté au climat londonien...
2- Le banian (ou figuier-banian d’Inde) est une espèce voisine du figuier qui peut se développer jusqu’à devenir gigantesque.