A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 10c

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
Chapitre X - Cétacés et pingouins
Episode trois - Тре́тий эпизо́д
...А положе́ние, на́до вам сказа́ть, отврати́тельное: я́хта лежи́т на са́мом краю́ утёса, ма́чта торчи́т над мо́рем, уны́лый прибо́й пле́щет у подно́жия скалы́.
Ну, мы снаряди́лись и пошли́ обсле́довать наш острово́к. Ходи́ли, ходи́ли — ничего́ хоро́шего не нашли́. Всю́ду хо́лодно, неую́тно, одни́ ска́лы круго́м.
Еди́нственно с чем хоро́шо, так э́то с то́пливом.
Уж не зна́ю отку́да, то́лько нанесло́ на э́тот острово́к обло́мков поги́бших корабле́й.
А с друго́й стороны́, нам и то́пливо ни к чему́. Запа́сы у нас на исхо́де, круго́м ни фло́ры, ни фа́уны, а камня́ми, ско́лько их ни вари́, всё равно́ сы́т не бу́дешь.
«Аппети́т, говоря́т, прихо́дит во вре́мя еды́». Возмо́жно. Но у меня́ в э́том отноше́нии не́сколько необы́чный органи́зм. Когда́ го́лоден, то́лько тогда́ и ощуща́ю прису́тствие аппети́та.
В це́лях борьбы́ с э́той ненорма́льностью я подтяну́л куша́к поту́же, терплю́. Лом и Фукс то́же на го́лод жа́луются. Попро́бовали ры́бу лови́ть — не клюёт.
Лом вспо́мнил, что в старину́ в таки́х слу́чаях борщ из подмёток вари́ли, доста́л штормовы́е сапоги́, два дня вари́л — никако́го результа́та. Да и поня́тно, зна́ете: в былы́е-то времена́ сапоги́ из воло́вьей ко́жи де́лали, а у нас вся штормова́я оде́жда из синтети́ческого каучу́ка. Коне́чно, в дождь, в сыру́ю пого́ду оно́ удо́бнее — не промока́ет, а что каса́ется кулина́рных ка́честв тако́й о́буви, пря́мо ну́жно сказа́ть: ни вку́са у неё, ни пита́тельности.
При́зрак голо́дной сме́рти встаёт перед на́ми. По ноча́м пресле́дуют кошма́ры…
И вот одна́жды смотрю́ — подхо́дит к на́шему островку́ льди́на. А на льди́не пингви́ны. Вы́строились в одну́ шере́нгу, как на смотру́, кла́няются.
Я то́же поклони́лся. А сам ду́маю: как бы с ва́ми, господа́ пингви́ны, познако́миться побли́же? И упусти́ть жа́лко: пти́чки жи́рные, упи́танные, так и про́сятся на жарко́е.
Вста́ли мы на краю́ утёса и смо́трим на них с вожделе́нием. Льди́на э́та уткну́лась в наш о́стров. Пингви́ны загалде́ли, то́пают нога́ми, ма́шут кры́льями, бро́дят по ска́лам, круго́м пти́чий го́мон, суета́…, то́же смотря́т на нас. Шу́мно, ве́село…
Лом оживи́лся, подвяза́л фа́ртук, собра́лся стря́пать. Пото́м ста́ли помога́ть Ло́му, натаска́ли дров целу́ю го́ру. Он отобра́л что посу́ше, развёл костёр. Ну, доложу́ вам, и костёр! Дым столбо́м, как из вулка́на. Пе́рвого пингви́на зажа́рили на ве́ртеле, и мы тут же, сто́я, отве́дали, замори́ли червячка́.
Тут на верши́не о́строва был небольшо́й ледничо́к, так он от жары́ раста́ял, понима́ете, разогре́лся, получи́лось э́такое кипя́щее о́зеро. Ну, я реши́л воспо́льзоваться и устро́ить ба́ньку. Сперва́ постира́ли, разве́сили оде́жду для просу́шки, а са́ми сиди́м па́римся. И тут я недосмотре́л. Не сле́довало бы осо́бенно увлека́ться. Анта́рктика как-ника́к, ну́жно бы уче́сть э́то, а я пренебрёг, сам ещё дрови́шек подки́нул. Я люблю́, зна́ете, ба́ньку погоряче́е. Тут вско́ре и результа́т после́довал.
Ска́лы горя́чие, не сту́пишь. Жар пошёл кве́рху, гуди́т, как в трубе́. Вдруг как гря́нет!

La situation est, je dois l’avouer, des plus sombres : le « Pitoyable » gît, échoué au bord du récif, son mât dépassant à peine des flots, et dans un lugubre clapotis, les vagues battent le pied de la falaise.
Eh bien, prenant avec nous tout ce que nous pouvons, nous partons explorer notre îlot. Nous marchons et marchons encore, sans rien découvrir. L’île est froide, parsemée de rochers, n’offrant aucun abri. La seule chose de positif c'est que nous trouvons de quoi faire du feu : je ne sais d’où ils viennent, mais de nombreux débris d’épaves jonchent le rivage.
D’un autre côté, à quoi nous servirait ce bois ? Nos réserves s’épuisent, il n’y a alentour ni flore ni faune, et peu importe combien de temps vous cuisez des pierres, celles-ci ne sauront apaiser votre faim.
On dit que l’appétit vient en mangeant. Peut-être. Mais à cet égard, mon organisme n’était pas vraiment habitué à tel régime. Ce n’est que lorsque j’ai faim que je ressens quelque appétit.
Dans le but de résister, je me serre la ceinture et tente de prendre mon mal en patience. Lom et Fuchs se plaignent également de la faim. Nous essayons de pêcher, mais aucun poisson ne pite.
Lom, qui se souvient qu'autrefois, en période de disette, on préparait le bortsch¹ à partir de semelles de chaussures, tente pendant deux jours de faire cuire ses bottes de tempête - sans résultat. Et c’est compréhensible, vous savez : autrefois, les bottes étaient en cuir, mais de nos jours elles sont en caoutchouc synthétique. Bien sûr, celles-ci, imperméables à la pluie, sont plus adéquates, mais pour e qui est de leurs qualités nutritionnelles et gustatives, il faut le dire franchement : elles n'ont aucun intérêt...
Le spectre de la famine se dressait devant nous. Des cauchemars hantaient nos nuits...
Et puis un jour, venue du pôle sud, j’aperçois une langue de glace flottant à la dérive, et des pingouins juchés dessus. Ils sont tous alignés et inclinent leur jabot comme à la parade.
Je m’incline aussi me murmurant à moi-même : « Comment faire plus intimement connaissance, messieurs les pingouins ? » Il serait dommage de s’en priver : ce sont des volatiles bien gras et dodus qui ne demandent qu'à être rôtis.
Fuchs, Lom et moi nous tenons au bord de la falaise et les regardons avec gourmandise lorsque la plate-forme de glace qui les porte vient s’échouer sur notre île. Les pingouins commencent à s’agiter, à taper du pied, à battre des ailes, sautillant de rocher en rocher. Ce ne sont que piaillements et brouhaha, tout en nous yeutant eux aussi du coin de l’œil. Du charivari, de la gaîté…
Lom retrouve des couleurs, il noue son tablier et se prépare à cuisiner ; et nous de l’aider en apportant une montagne de bois. Puis choisissant le plus sec il allume un feu.
Eh bien, laissez-moi vous dire que pour un feu ce fut un beau feu ! Sa fumée monte jusqu’au ciel, comme celle d’un volcan. Un premier pingouin est rôti à la broche, et, immédiatement, sans même nous asseoir, nous le dégustons en guise d’amuse-gueule.
Il y avait un petit glacier au sommet de l'île qui s’est mis à fondre à cause de la chaleur du feu. Imaginez ! il s'est transformé en une sorte de jacuzzi. Eh bien, je décide d'en profiter et d’en faire notre lavoir. Nous lavons d’abord nos vêtements, les étendons et les mettons à sécher, puis nous prenons nous-mêmes un bon bain de vapeur.
Et là, j’ai manqué de vigilance. Il ne fallait pas si vite s'emballer. Nous étions près de l'Antarctique après tout, j'aurais dû en tenir compte. Au lien de ça, sans m’en préoccuper, j’ajoute moi-même plus de bois dans le foyer. Voyez-vous, j’adore les bains bien chauds !
Et le résultat ne se fait pas attendre...
Les roches, chauffées à blanc, sont si brûlantes qu’on ne peut marcher dessus. La chaleur monte encore, bourdonnant comme à l’intérieur d’une tuyauterie. Soudain, un grand boum ! et tout explose…

