A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 16b

Petites nouvelles russes : Papou aux boomerangs
Papou aux boomerangs, Illustration Radna Sakhaltouev (Радна Сахалтуев)

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
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Chapitre XVI

Chez les Sauvages - О дикаря́х

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Episode deux - Второ́й эпизо́д

Идём в глубь страны́ по следа́м неда́вних собы́тий: вот здесь бумера́нг лежа́л, здесь сам Куса́ки… Одна́ко нет ни того́, ни друго́го.

Ну, поброди́ли, обыска́ли всё круго́м. Тот же результа́т. То́лько с доро́ги сби́лись. В мо́ре-то я хорошо́ ориенти́руюсь, а на су́ше, быва́ет, и заблужу́сь. А тут круго́м пусты́ня — ориенти́ров нет. К тому́ же жа́ра и го́лод… Фукс с Ло́мом ро́пщут потихо́ньку, а я креплю́сь: положе́ние обя́зывает, как ни говори́те. Да.

Неде́ли три так броди́ли. Изму́чились, похуде́ли. И вот, зна́ете, одна́жды разби́ли мы бивуа́к, прилегли́ отдохну́ть, а жара́ — как в ба́не. Ну, и размори́ло, засну́ли все.

Не зна́ю, ско́лько уж я проспа́л, но то́лько слы́шу сквозь сон: шум, возня́, вои́нственные кри́ки. Просну́лся, продра́л глаза́, гляжу́ — Фукс тут, под кусто́м, спит кре́пким сном, как младе́нец, а Ло́ма нет…

Посмотре́л круго́м — нигде́ нет. Ну, тогда́ беру́ бино́кль, осма́триваю горизо́нт и ви́жу — мой ста́рший помо́щник Лом сиди́т у костра́, а круго́м, понима́ете, дикари́ и, су́дя по поведе́нию, едя́т моего́ ста́ршего помо́щника…

Что дéлать? Я тогдá склáдываю ладóни рýпором и во всё гóрло кричý:

— Отстáвить есть моегó стáршего помо́щника!

Крикнýл и жду…

И вот, повéрите ли, молодóй человéк, слы́шу, как э́хо, доно́сится отвéт:

— Есть отстáвить есть вáшего стáршего помо́щника!

И действи́тельно, смотрю́ — отстáвили. Подняли́сь и все вмéсте направл́яются к нам.

Ну, встрéтились, поговори́ли, вы́яснили недоразумéние. Оказáлось, папуáсы с сéверного бéрега. У них тут и дерéвня былá недалекó, и мóре тут же, а Ло́ма они́ вóвсе и не собира́лись есть. Напрóтив, угости́ть нас хотéли, а Лом их уговори́л подáльше от бивуáка костёр разложи́ть: боя́лся потревóжить наш сон. Да.

Ну, подкрепи́лись мы. Они спра́шивают:

— Кудá, откýда, с каки́ми цéлями?

Я объясни́л, что хóдим по странé и скупа́ем ме́стное ору́жие стари́нных образцóв для коллéкции.

— А, — говоря́т, — кстáти попáли. Вообще́-то у нас э́того добрá не бывáет. Э́то хозя́йство мы давнó в Амéрику вы́везли, а сáми на винтóвки перешли́. Но сейчáс случáйно есть небольша́я пáртия бумерáнгов…

Ну, и отпра́вились мы в дерéвню. Притащи́ли они́ э́ти бумерáнги. Я как гля́нул, так срáзу и узнáл свой бумерáнг...

Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Un petit bateau

Nous nous enfonçons dans le pays en suivant la piste des récents événements : ici, sur le sol, il y avait un boomerang ; là, gisait l’amiral Kézako... Cependant, nous ne trouvons ni l’un ni l’autre.

Eh bien, nous avons cherché partout. Sans résultat. Et nous finissons par nous perdre nous-mêmes. En mer, je n’ai aucun mal à retrouver ma route mais à pied sec, je l’avoue, il m'arrive parfois de m’égarer. Et là, tout autour, c’est le désert, sans aucun repère. En plus, la chaleur nous accable et la faim nous étreint… Fuchs et Lom râlent en silence, mais moi, vous savez, noblesse oblige, bon gré, mal gré, je tiens bon. Hé oui !

Nous errons ainsi trois semaines environ. Nous étions épuisés et amaigris. Et voilà qu’un jour bivouaquant, nous nous allongeons pour nous reposer. Il faisait plus chaud que dans un four, si bien qu’exténués nous nous endormons.

Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, mais dans mon sommeil je n’entends que brouhahas et cris de guerre. Je me réveille et ouvre les yeux et là, à l’ombre d’un buisson, je vois Fuchs dormant profondément comme un bébé, mais plus de Lom alentour.

Je regarde, je regarde : personne. Alors je sors mes jumelles, scrute l'horizon et aperçois mon second près d’un grand feu, cerné, imaginez, de Sauvages qui, à en juger par leur comportement, sont prêts à le croquer.

Comment réagir ? Je porte alors mes paumes à la bouche en guise de mégaphone et leur crie à pleins poumons : - Cessez de vouloir bouffer mon second !!!

Et puis j’attends...

Et, le croirez-vous, jeune homme, une réponse me parvient en écho : - C’est ça ! nous cessons sous peu ce succulent souper...

Et en effet, je vois qu’aussitôt ils l’épargnent. Ils se lèvent et se dirigent tous droit sur nous.

Eh bien, nous avons fait connaissance et, en discutant, dissipé le malentendu. Il s’avérait que les Papous venaient d’un village à proximité situé sur la côte nord de l’Australie - la mer était toute proche -, et qu’ils n’avaient pas du tout l’intention de bouffer du Lom. Au contraire, ils désiraient nous préparer de quoi nous sustenter, mais mon second les avait persuadés d'allumer leur feu plus loin afin de ne pas troubler notre sommeil. Voilà l’histoire.

Et après nous avoir régaler, ils nous demandent : — Où allez-vous ? D’où venez-vous ? Que cherchez-vous ici ?

J’explique que nous parcourons le pays à la recherche d’armes locales, de modèles anciens pour ma collection.

- Ah, me répondent-ils, vous tombez pile-poil. En fait, nous n’utilisons plus de ce type d’armes. Ça fait un moment qu’on a expédié le tout en Amérique. Nous-mêmes les avons échangées contre des fusils. Mais justement aujourd’hui, comme par coïncidence, nous avons un petit lot de boomerangs...

Eh bien, nous nous rendons à leur village. Ils me montrent leurs boomerangs. Et dès le premier coup d’œil, je reconnais immédiatement le boomerang que je recherche…