A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 19b

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
Chapitre XIX - Une voix de sirène
Second épisode - Второ́й эпизо́д
Экипа́ж «Беды́» опя́ть соедини́лся, и мы ста́ли стро́ить пла́ны возвраще́ния. И вот я поразмы́слил: мы-то с Фу́ксом попа́ли на парохо́д зако́нным поря́дком, как потерпе́вшие бе́дствие, а Лом — во-пе́рвых, «за́яц», а во-вторы́х, вро́де бе́глого престу́пника. Кто его́ зна́ет, э́того капита́на? Пока́ по-хоро́шему — и он хоро́ш, а узна́ет об э́той исто́рии, вы́даст Ло́ма властя́м. Сло́вом, я посове́товал.
— Сиди́те, — говорю́, — тут. Вы тепе́рь привы́кли. Поку́шать мы вам принесём. Да так и безопа́снее бу́дет.
Ну, Лом согласи́лся без спо́ров.
— То́лько, — говори́т, — скучнова́то бу́дет. Там темно́, а я тепе́рь вы́спался. Не зна́ю, чем заня́ться.
— Ну, — возража́ю я, — э́то мо́жно приду́мать. Стихи́ хорошо́ в темноте́ сочиня́ть, и́ли вот попро́буйте до миллио́на счита́ть — э́то о́чень помога́ет от бессо́нницы…
— А мо́жно петь, Христофо́р Бонифа́тьевич? — спра́шивает он.
— Да ка́к вам сказа́ть? — говорю́. Осо́бенно я не рекомендова́л бы, но е́сли нра́вится — по́йте, то́лько про себя́.
Да. Ну, достоя́ли ва́хту. Смени́лись. Лом наза́д в бу́нкер поле́з, мы с Фу́ксом — на па́лубу. Вдруг, смотрю́, вылеза́ют кочега́ры как ошпа́ренные.
Я спра́шиваю.
— Что случи́лось?
— Да там, — отве́чают они́, — в бу́нкере, кака́я-то не́чисть завела́сь. Во́ет, как сире́на, а что во́ет — непоня́тно.
Ну, я по́нял сра́зу.
— Посто́йте, — говорю́, — я спущу́сь, вы́ясню, в чём там де́ло.
Спуска́юсь, слы́шу — действи́тельно, зву́ки ужа́сные: мело́дия не́сколько неопределённая, и слова́ не о́чень скла́дные, но го́лос, го́лос… Не зна́ю, как вам и переда́ть. Я раз на Цейло́не слы́шал, как слоны́ трубя́т, так то́ было ра́йское пе́ние.
Да. Прислу́шался я и по́нял, что э́то Лом поёт.
Ну, поле́з в бу́нкер, хоте́л отчита́ть его́ за несоблюде́ние осторо́жности. И пока́ лез, догада́лся, что сам винова́т: опя́ть, зна́ете, нето́чно о́тдал распоряже́ние. Всегда́ у меня́ с Ло́мом на э́той по́чве недоразуме́ния.
Ле́зу и слы́шу:
Я ста́рший помо́щник
С корве́та «Беда́».
Его́ поглоти́ла
Морска́я вода́.
И вот я тепе́рь
На чужо́м корабле́,
Сижу́, как престу́пник,
На жёстком угле́…
И ничего́, зна́ете, не ска́жешь: действи́тельно про себя́ поёт, всё ве́рно… Вот то́лько насчёт корве́та он, коне́чно, не́сколько преувели́чил. Како́й там корве́т!.. А впро́чем, э́то своего́ ро́да украше́ние ре́чи. В пе́сне э́то допуска́ется.
Я всё-таки Ло́ма останови́л.
— Вы, — говорю́, — не так меня́ по́няли, дорого́й. Вы лу́чше про нас по́йте, то́лько что́бы никто́ не слы́шал. А то́ как бы неприя́тностей не вы́шло.
Ну, замолча́л он, согласи́лся.
— Ве́рно, — говори́т, — а я не поду́мал. Не ста́ну я бо́льше петь, я уж лу́чше посчита́ю…
Вы́лез я, успоко́ил кочега́ров. Объясни́л, что, мол, э́то в то́пке ого́нь гуде́л.

L'équipage du « Pitoyable » à nouveau réuni au grand complet, nous commençons à réfléchir comment rentrer chez nous. Je me dis : « Fuchs et moi sommes montés à bord de ce navire marchand légalement, recueillis comme naufragés, mais Lom est un passager clandestin, et, en quelque sorte, un criminel en fuite. Que sait-on du capitaine de ce navire ? Pour l'instant, tout baigne, et il est de bonne composition, mais s'il a vent de cette histoire, ne livrera-t-il pas Lom aux autorités japonaises ? »
En bref, je conseille à mon second : - Restez sous ce tas de houille, Lom, vous vous y êtes fait maintenant. Fuchs et moi vous apporterons de quoi manger. Oui, ce sera plus sûr ainsi.
Lom accepte sans discuter tout en ajoutant : - Je risque de m’ennuyer dans cette obscurité, et maintenant que j'ai bien dormi, je ne sais pas comment je vais m’occuper.
- Eh bien, objecté-je, on peut y remédier. Dans le noir, une bonne solution est de composer des poèmes ou d’essayer de compter les moutons jusqu’à un million : c’est un excellent remède contre l’insomnie…
- Et chanter, capitaine, est-ce que je peux ? me demande-t-il.
- Que puis-je vous dire ? Je ne vous le recommande pas particulièrement, mais si ça vous chante, chantez donc ! Mais seulement pour vous-même...
Fuchs et moi finissons notre travail et sommes relevés. Lom a regagné sa cachette. A peine remonté sur le pont, soudain, je vois les chauffeurs sortir de la soute tout échaudés.
- Que se passe-t-il ? leur demandé-je.
- Il y a en bas, dans la chaufferie, quelque esprit maléfique qui hurle d’une voix de sirène, et ce qu’il vitupère est incompréhensible...
Eh bien, je pige tout de suite : - Attendez, je vais descendre voir ce qui se passe.
Je descends et là j'entends effectivement des sons terribles : la mélodie est un peu vague et les paroles confuses, mais la voix, la voix... Je ne sais comment vous la décrire : un jour, me trouvant à Ceylan, j’ai entendu des éléphants barrir, eh bien, en comparaison de ce que j’entendais là, c'était un chant céleste.
Je comprends que c’est Lom qui vocalise depuis sa cachette.
Alors je m’apprête à le gronder, à lui dire de faire plus attention. Mais je me rends compte qu'une fois de plus c'est de ma faute : vous savez, je n’avais pas été suffisamment clair. Lom et moi avions toujours des malentendus sur le sens de mes ordres.
J’arrive et j'entends :
Je suis le second
De la corvette le « Pitoyable ».
Que les flots de la mer
Ont engloutie.
Et me voici à présent
Sur ce navire inconnu,
Comme un criminel,
Assis sur un tas d’anthracite…
Et vous savez, il n’y avait rien à rectifier : ce qu’il chantait correspondait à ce que ce pauvre garçon avait enduré, tout était vrai... Juste à propos de la corvette, bien sûr, c’était un peu exagéré. Le « Pitoyable », une corvette ?¹... Cependant, ce n’était là qu’une sorte d'embellissement, une licence poétique, comme on dit. Dans une chanson, c'est autorisé.
Malgré tout, je le prie d’arrêter : - Vous m’avez mal compris, Lom. Chantez donc « sur » nous si ça vous chante, mais seulement « pour » vous ! Sinon, ça risque de mal tourner...
Eh bien, il s'est tu et a acquiescé : - C’est vrai, capitaine, je n’y avais pas pensé. Je ne chanterai plus, je préfère alors compter...
Je suis remonté sur le pont calmer les chauffeurs, leur expliquant que ce n’était que le feu qui grondait dans le foyer de la chaudière…

