A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 4a

Andreï Nekrassov - Андрей Некрасов
Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
Chapitre IV – Ce que mangent les écureuils
Premier épisode - Пе́рвый эпизо́д
О нрáвах скандина́вских нарóдов и о применéнии бе́лок в морскóм дéле
Пришли́ назáд в Норвéгию, в гóрод Ста́вангер. Э́ти моряки́ оказáлись благорóдными людьми́ и при́няли нас великолéпно.
Меня́ и Лóма помести́ли в лу́чшей гости́нице, я́хту за свой счёт покрáсили сáмой дорогóй крáской. Да что там я́хту, – бе́лок и тех не забы́ли: вы́писали на них докумéнты, офóрмили как груз, а потóм прихóдят и спрáшивают:
– Чем прика́жите корми́ть вáших ми́лых живóтных?
А чем их корми́ть? Я в э́том дéле ничегó не понимáю, никогдá белóк не разводи́л. Спроси́л у Лóма, тот говори́т:
– Тóчно не скажу́, но, пóмнится, орéхами и соснóвыми ши́шками.
И вот, представля́ете, какáя случа́йность: я свобóдно объясня́юсь по-норвéжски, а вот э́ти два сло́ва забы́л. Вéртятся на языкé, а вспóмнить не могу́. Как отши́бло. Ду́мал, ду́мал, как быть? Ну и приду́мал: послáл Лóма вмéсте с норвéжцами в бакалéйную лáвочку.
– Посмотри́те, – говорю́, – мóжет быть и найдёте что подходя́щее.
Пошёл он. Потóм верну́лся, доложи́л, что всё в поря́дке: нашёл, мол, и орéхи и ши́шки. Меня́, признáться, нéсколько удиви́ло, что в лáвке торгу́ют ши́шками, но, знáете, в чужóй странé чегó не бывáет! Мóжет, ду́маю, для самовáров и́ли, там, ёлки украшáть, мáло ли для чегó?
А вéчером прихожу́ на «Беду́» – посмотрéть, как идёт окра́ска, загляну́л в трю́м к бе́лкам – и чтóбы вы ду́мали! Лом оши́бся, но до чегó же уда́чно оши́бся!
Гляжу́ – сидя́т мои́ бе́лки, как на имени́нах, и за óбе щеки́ уплетáют орéховую халву́. Халвá в бáнках, и на кáждой, на кры́шке, нарисо́ван орéх. А с ши́шками ещё лу́чше: вмéсто ши́шек привезли́ ананáсы. Ну и действи́тельно, кто не знáет, легкó мóжет спу́тать. Ананáсы, прáвда, размéром побóльше, в остальнóм похóжи, и зáпах тот же. Лом там, в лáвочке, как уви́дел, ткнул пáльцем тудá-сюдá, – вот онó так и получи́лось.
Ну, стáли нас води́ть по теáтрам, по музéям, покáзывать разли́чные достопримечáтельности.
Вообщé ну́жно сказáть, прия́тная э́та странá. И нарóд там хорóший, такóй, знáете, ти́хий нарóд, привéтливый, доброду́шный.
Ну, а в то врéмя жи́ли там ещё по стари́нке. Ти́хо жи́ли. Но не все.

Sur les coutumes des peuples scandinaves et sur l'emploi des écureuils dans les affaires maritimes
De retour sur les côtes de Norvège, nous débarquons à Stavanger¹. Les marins de cette ville se sont révélés être des gens au grand cœur et nous ont reçus magnifiquement.
Ils nous ont hébergés, Lom et moi, dans le meilleur hôtel et ont repeint à leurs frais le « Pitoyable » de la meilleure des peintures. Sans oublier non plus nos écureuils : nous rédigeant pour eux des documents, les enregistrant comme fret, puis nous demandant : – Que désirez-vous que l'on serve à vos adorables petites bêtes ?
Que devions-nous leur donner à manger ? Je n’en savais fichtre rien, je n’ai jamais élevé d’écureuils. J'ai demandé à Lom.
– Je ne peux pas le dire avec certitude, mais je crois me souvenir : des noisettes et des pommes de pin, m’a-t-il répondu.
Et imaginez quelle coïncidence : moi qui parle couramment le norvégien, j’avais complètement oublié ces deux mots. Je les avais sur le bout de la langue, mais pas moyen de m'en souvenir. Comme envolés. J'ai réfléchi, réfléchi, comment faire ? Eh bien, j’ai eu une idée : j’ai envoyé Lom et les Norvégiens à l’épicerie : - Jetez-y un œil, peut-être que vous leur trouverez quelque chose...
Lom y va et en revient, disant qu’il avait ramené des noisettes et des pommes de pin. Je dois reconnaître que je fus un peu surpris que le magasin vendît des pommes de pin, mais vous savez, tout peut arriver dans un pays étranger ! Peut-être, pensais-je, que c’est pour chauffer l’eau de leurs samovars ou décorer les arbres de Noël, qui sait pour quoi ?
Le soir, je reviens au port afin de voir comment avance la peinture du « Pitoyable », j’en profite pour jeter un coup d’œil sur mes écureuils - et devinez quoi ! Lom s’était complètement fourvoyé. Mais quelle jolie erreur !
Dans la cale, mes écureuils étaient assis solennellement, comme s’ils fêtaient un anniversaire, se repaissant de halva² aux noisettes tiré de bocaux, bocaux sur le couvercle desquels était dessinées des noisettes. Et pour les pommes de pin c’était encore autre chose : au lieu de cela, Lom avait rapporté des ananas. Eh bien, en effet, un ignorant peut facilement être trompé. Les ananas sont, certes, plus gros, mais, peu ou prou, ils ressemblent aux pommes de pin et ont le même parfum. Lom, dans la boutique, avait pointé son doigt ici et là sur ce qu’il voyait. Voilà ce qui s’était passé...
Puis ensuite, les Norvégiens ont commencé à nous emmener au théâtre, au musée, à nous montrer différentes curiosités touristiques.
En général, il faut le reconnaître : la Norvège est un pays agréable. Ce sont de braves gens, savez-vous, calmes, amicaux, toujours de bonne humeur. Voyez-vous, à cette époque, les gens vivaient encore là-bas à l'ancienne. Paisiblement.
Mais pas tous...
2- Le halva est une confiserie orientale confectionnée à partir de crème de sésame (tahini), de miel, de fruits, d'amandes, de pistaches ou, dans ce cas, de noisettes.

