Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 4e

Petites nouvelles russes : A toute vitesse
A toute vitesse ! illustration Vadim Tchélak (Вадим Челак)

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
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Chapitre IV – Ce que mangent les écureuils

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Episode cinq - Пя́тый эпизо́д

А я, понима́ете, заби́лся в каю́ту, вспо́мнил ту бе́лку, что у Га́денбека, взял бума́гу, ци́ркуль, лине́йку и стал черти́ть.

Че́рез час мы вме́сте с Ло́мом пошли́ к кузнецу́ и заказа́ли ему́ два колеса́, как у парохо́да, а тре́тье вро́де ме́льничного. Кузне́ц попа́лся расторо́пный, поня́тливый. Сде́лал всё к сро́ку.

На друго́й день, с утра́, привезли́ всё э́то хозя́йство на «Беду́». Парохо́дные колёса пристро́или по борта́м, ме́льничное посереди́не, и с двух сторо́н натяну́ли се́тку. Соедини́ли все три колеса́ о́бщим ва́лом и запусти́ли бе́лок.

Грызуны́, зна́ете, ошале́ли от све́та, от све́жего во́здуха, понесли́сь как бе́шеные одна́ за одно́й. Вся на́ша маши́на закрути́лась, и «Беда́» без парусо́в пошла́ так, что полице́йские на своём ка́тере насилу́ за на́ми угна́лись.

Со всех корабле́й на нас смо́трят в бино́кли, на берегу́ то́лпы наро́да, а мы идём, то́лько во́лны разбега́ются в сто́роны.

Пото́м разверну́лись, вста́ли наза́д, к прича́лу. Э́тот са́мый чино́вник пришёл, расстро́ился совсе́м. Брани́тся, кричи́т, а сде́лать ничего́ не мо́жет.

А вéчером на автомоби́ле прикати́л сам Га́денбек. Вы́лез из маши́ны, встал, посмотрéл, сложи́л рýки на животé, покрути́л пáльцами.

– Капитáн Вру́нгель, – говори́т, – э́то у вас бéлки? Как же, по́мню. Во скóлько вы их оцéниваете?

– Так, ви́дите ли, – говорю́ я, – не в ценé дéло. Вы же знáете, докумéнты на них утрáчены.

– Э, пóлно, – возражáет он, – не тревóжьтесь, капитáн, вы не мáльчик, должны́ понимáть – у нас с э́тим дéлом прóсто. Вы цéну скажи́те…

Ну, я назвáл хорóшую цéну; он помóрщился, но, не торгу́ясь, тут же расплати́лся, забрáл бéлок вмéсте с колёсами, а напослéдок спрáшивает:

– Чéм вы их кóрмите?

– Халвóй и ананáсами, – отвéтил я и распрощáлся.

Не понрáвился мне э́тот Га́денбек. Да и Гáмбург вообщé не понрáвился.

Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Un petit bateau

Et moi, voyez-vous, reclus au fond de ma cabine, je me souviens de cet écureuil que j’avais vu chez Hadenbeck. Je tire une feuille de papier, prends un compas, une règle et commence à dessiner.

Une heure plus tard, Lom et moi trouvons un forgeron à qui je passe commande de deux roues comme celles des anciens bateaux à vapeur, et d'une troisième telle la roue d’un moulin. Le forgeron s’avéra compréhensif et réactif. Tout fut réalisé à temps.

Le lendemain matin, nous avions les pièces. Nous fixons les roues de bateau sur les flancs du « Pitoyable » et la roue du moulin au milieu du pont. Là, des deux côtés, nous tendons un filet, les trois roues étant reliées par un arbre de transmission.

« Allez ! au travail, mes petits loupiots ! »

Mes rongeurs, savez-vous, deviennent comme fous. Excités par la lumière, l'air frais, ils se démènent et courent les uns après les autres. L’ensemble de la machinerie se met en branle. Sans besoin de voile, le « Pitoyable » s'élance alors si prestement que le patrouilleur a bien du mal à nous suivre.

Depuis le pont des navires, on nous regarde à la jumelle, il y a une foule de gens sur le rivage, et nous fonçons, seules les vagues fusent le long des flancs du « Pitoyable ».

Puis nous rentrons au port. Le fonctionnaire de la veille, n’en croyant pas ses yeux, jure et crie, mais il doit bien se rendre à l’évidence.

Et le soir, c'est Hadenbeck, Monsieur Hadenbeck en personne, qui arrive. Sortant de son automobile, il regarde, croise les mains sur son ventre en tournant ses pouces.

- Capitaine Wrounguel, dit-il, sont-ce bien là vos écureuils ? Bien sûr, ce sont eux. Combien en voulez-vous ?

- Eh bien, voyez-vous, que je lui rétorque, ce n’est pas une question de prix. Les documents, vous savez...

- Allons ! m’interrompt-il, ne vous inquiétez pas pour ça, capitaine, ne faites donc pas le naïf, comprenez que ce n’est pas compliqué pour nous. Dites combien...

A ce moment, je lui donne mon prix. Il grimace, mais sans plus marchander, il me paie cash. Prenant les écureuils et les roues, il finit par me demander : - Que leur donnez-vous à manger ?

- Halva et ananas, que je lui réponds dans un adieu.

Je n'ai pas apprécié ce Hadenbeck. Et je n’ai pas non plus du tout aimé Hambourg.