A. Nekrassov – Le capitaine Wrounguel Chapitre 6e

Petites nouvelles russes : La bagarre des gentlemen
Le carnage..., illustration Constantin Rotov (Константин Ротов)

Les aventures du capitaine Wrounguel
Приключе́ния капита́на Вру́нгеля
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Chapitre VI – Hello chère Angleterre !

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Episode cinq - Пя́тый эпизо́д

Тогдá и ми́стер Дéнди не вы́держал. Спры́гнул с весóв и с грóмким кри́ком налетéл на ми́стера Бо́лдуина. Тут начала́сь всеóбщая потасóвка. Несдобровáть бы и нам, но спасли́ призы́. Неда́ром мы их зарабáтывали!

Как тóлько ми́стер Дéнди спры́гнул, нáша чáшка взвилáсь под сáмые стропи́ла, и мы оттýда, как из лóжи, наблюдáли побóище.

А побóище, доложу́ вам, получи́лось изря́дное. Кругóм пыль столбóм, треск добрóтных англи́йских лбов, хруст стари́нной áнглийской мéбели…

Джентльмéны разошли́сь, бьют друг дру́га по чём попáло, весь зал усы́пан вы́битыми зуба́ми, манжéтами, воротничка́ми. Бойцы́ па́дают оди́н за други́м. Стрáшное бы́ло зрéлище!

Вскóре, одна́ко, то́лпы бойцо́в поредéли, би́тва ути́хла, мы спусти́лись по гру́дам бездыхáнных тел и напрáвились к вы́ходу.

В э́тот миг ми́стер Бо́лдуин шевельну́лся, тя́жко вздохну́л.

– А извéстно ли… – прохрипéл он серди́то.

Тогдá и председáтель очну́лся, приподня́лся на локтя́х, позвони́л в колокóльчик.

– Нет, не извéстно, ничегó не извéстно! – смирéнно произнёс он и ру́хнул зáмертво.

Снóва стáло ти́хо. Мы вы́шли, вздохну́ли пóлной гру́дью, осмотрéлись круго́м и побежáли на «Беду́».

А там по́дняли я́корь, постáвили парусá и пóлным хóдом пошли́ в Пóртсмут – выруча́ть наш табу́н.

К счáстью, в дóки ещё не пришлá весть о послéдних собы́тиях. Нам откры́ли пóрты, вы́пустили селёдок и дáже пожелáли счáстливого плáвания. Ну, мы пошли́ не спешá, а чéрез час на горизóнте откры́лся óстров Уáйт. Мы обошли́ егó и, сто́я на прáвом борту́, дóлго смотрéли, как тáют в тумáне ни́зкие берега́ Áнглии.

Я ещё не успокóился пóсле пережи́тых волнéний. Лом стоя́л гру́стный. Оди́н Фукс был довóлен.

Э́тот успéл-таки схвати́ть с весóв золоту́ю цепóчку с я́корем на концé и тепéрь разгля́дывал её, разы́скивая прóбу.

Ско́ро, одна́ко, и Фукс расстрóился.

– В нáшем дéле за э́то бьют подсвéчниками, – неожи́данно сказáл он, плю́нул за борт и протяну́л мне цепóчку.

Я осмотрéл её и обнару́жил причи́ну егó недовóльства: на цепóчке, на крáйнем звенé, соверше́нно чётко бы́ло вы́бито: «Завóд иску́сственных драгоцéнностей „Алхи́мик“. Сдéлано в Áнглии».

– Ну что ж, отли́чная рабóта и мáрка соли́дная, – сказáл я, возвращáя Фу́ксу цепóчку.

Постоя́л ещё, вы́курил тру́бку и пошёл спать.

А у́тром, чем свет, Лом пришёл буди́ть меня́ на ва́хту и доложи́л, что «Бедá» вы́шла в Атланти́ческий океа́н.

– Прощáй, дóбрая Áнглия, стáрая Áнглия!

Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Un petit bateau

A ce moment, Mister Dandy n’y tenant plus saute du plateau de la balance et se précipite sur Mister Boldwin en poussant un grand cri. Puis une bagarre générale éclate. Tout cela aurait pu aussi mal tourner pour nous, mais nos récompenses nous ont sauvés. Nous ne les avions pas gagnées en vain !

Dès que Mister Dandy eut sauté de la balance, le plateau sur lequel nous étions encore, Lom, Fuchs et moi, s'envola jusqu'aux chevrons de la charpente, et de là, installés comme aux premières loges, nous assistâmes au carnage.

Et laissez-moi vous dire que ce fut là un sacré carnage ! De la poussière partout et tout autour l’entrechoquement de vigoureux fronts anglais, les crépitations de vieux meubles britanniques...

Ces gentlemen se déchaînent, se frappent les uns les autres avec tout ce qui leur passe par la main, la salle entière est jonchée de dents cassées, de boutons de manchettes et de cols déchirés. Les combattants tombent comme des mouches. Le spectacle est terrible !

Mais bientôt, la foule des combattants s'éclaircit. La bataille s'apaise et enfin nous descendons de notre perchoir, devant piétiner des piles de corps exsangues afin de regagner la sortie.

À cet instant, Mister Boldwin s’agite, soupire lourdement et, dans un dernier souffle, de dépit, ajoute : - Et le Lord Chairman sait-il que...

Le Lord Chairman, reprenant ses esprits, se redresse sur ses coudes et sonne la fin de séance : - Non, je ne sais pas, on ne sait rien ! dit-il d’une voix défaite avant de s’écrouler raide mort.

Autour de nous, le silence est devenu total. Nous sortons, prenant une profonde inspiration et, jetant un dernier coup d’œil, courons jusqu’au « Pitoyable ».

De là, nous avons levé l'ancre et mis les voiles vers Portsmouth pour exfiltrer nos harengs. Heureusement, la nouvelle des derniers événements n’était pas encore arrivée jusqu’aux docks. On nous a ouvert les bassins et rendu nos chers petits. On nous a même souhaité bon voyage.

Eh bien, sans forcer l’allure, une heure plus tard, l’île de Wight apparaissait à l’horizon. Nous la contournons et, tous trois sur le pont, longtemps nous contemplons la côte anglaise qui se fond et disparaît dans le brouillard.

J’étais pour ma part encore tout remué par ce que nous venions de vivre. Lom se tenait debout tristement. Seul Fuchs semblait ravi.

En effet, le gaillard avait réussi à sauver une chaîne en or de la bataille, une chaîne avec une ancre au bout, et l'examinait avec attention, à la recherche d’un poinçon.

Mais bientôt, il se tourne vers moi, tout décontenancé : - Dans ma branche, on vous frappe à coups de chandeliers pour ça, dit-il de manière surprenante. Et le voilà qu’il crache par-dessus bord et me tend la chaîne.

Je l’examine et découvre la raison de son désappointement : sur l’ultime maillon de la chaîne, était gravé en anglais : « Imitation plaqué or - Fabrication anglaise. »

- Eh bien, voilà du bel ouvrage et une marque de qualité, ai-je répondu en la lui rendant…

Je reste sur le pont un moment encore, fumant ma pipe avant d’aller me coucher.

Le lendemain, avant l’aube, Lom vient me réveiller et m’informe que le « Pitoyable » pénètre dans l’océan Atlantique.

- Adieu, chère Angleterre, vieille Angleterre !