Valse de guerre – Cils noirs, yeux noirs – Dans la clairière

Cils noirs, yeux noirs, interprété par Igor Kravtsov, Bratsk (Игорь Кравцов, Братск)

Cils noirs, yeux noirs

Чёрные ресницы, чёрные глаза

(1944)
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Première version - Первая версия
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Musique d’Albert Harris - Музыка: Альберт Гаррис

Paroles de Victor Iltchenko - Слова: Виктор Ильченко

De grosses larmes coulaient de tes yeux...

Ты стояла молча ночью на вокзале,
И в глазах нависла крупная слеза.
Видно, в путь далёкий друга провожали
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Вот умчался поезд, рельсы отгудели,
Милый друг уехал, может, навсегда.
И с тоской немою вслед ему глядели
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Он недаром кончил школу боевую,
Метко поражает лютого врага
И не забывает девушку простую —
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Пишет письма редко, но зато в газетах
Пишут очень часто про его дела.
И, о нём читая, гордостью сияют
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Сокол краснозвёздный в небо вылетает,
Для врагов-фашистов страшен, как гроза.
О таких в народе песни сочиняют,
О таких мечтают чёрные глаза.

Petites nouvelles russes - Etoile rouge

Cette nuit-là à la gare tu te tenais silencieuse.
De grosses larmes coulaient de tes yeux.
Et, accompagnant ton ami qui s’éloignait, le suivaient
Tes cils noirs, tes yeux noirs.

Le train s'est éloigné, le grincement des rails a cessé,
Ton cher ami est parti, peut-être pour toujours.
Et remplis d’un désir muet, l’ont suivi
Tes cils noirs, tes yeux noirs.

Ce n'est pas en vain qu'il a fait l'école militaire,
Qu’il frappe implacablement l’ennemi féroce,
Et pour autant il n’oublie pas la fille toute simple,
Ses cils noirs, ses yeux noirs.

S’il t’écrit rarement, très souvent les journaux
Relatent ses exploits.
Et, en lisant cela, ils brillent de fierté
Tes cils noirs, tes yeux noirs.

Le Sokol¹ portant l’étoile rouge s'envole dans le ciel,
Pour combattre – tel l’orage - l’ennemi nazi.
Les gens composent des chansons pour de tels héros.
Pour de tels héros rêvent tes yeux noirs.

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1 - Sokol (Сокол) [le faucon] : avion de chasse soviétique durant la Seconde guerre mondiale.

Une chanson en dispute d’auteur...
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Si la paternité de son compositeur - Albert Garris (Альберт Гаррис) (1911—1974) - n’est pas contestée, celle de l’auteur des paroles reste sujette à caution…Il existe de cette chanson (comme pour bien d’autres !) au moins deux versions (Lire en russe).

Son auteur (putatif) en aurait été, selon les sources communément admises, Victor Iltchenko (Виктор Лукьянович Ильченко) (1924—1949), décoré Héros de l’Union soviétique, pilote de chasse, ayant combattu sur tous les fronts lors de la Grande guerre patriotique. Rien, pourtant, dans sa biographie ne mentionne ses supposés talents d’écrivain…

Voici donc ce qui pourrait être (?) la version originale…

Cils noirs, yeux noirs

Чёрные ресницы, чёрные глаза

(1944)
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Seconde version - Вторая версия
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Musique d’Albert Harris - Музыка: Альберт Гаррис

Paroles de Nicolas Dorizo - Слова: Николай Доризо

Cils noirs, yeux noirs, interprété par Oleg Tchouprine (Олег Чуприн), 2021

Вот умчался поезд, рельсы отгудели
И как дорогая, девичья слеза
Заблестела песня, та, что все мы пели
Чёрные ресницы, чёрные глаза.
Заблестела песня, та, что все мы пели
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Путь не малый пройден, век не малый прожит,
Но летит та песня поезду вослед
До сих пор мне сердце по ночам тревожит
Песня тех военных, незабвенных лет.
До сих пор мне сердце по ночам тревожит
Песня тех военных, незабвенных лет.

Мы её певали на ночном привале
В сердце эту песня бережно неся
По своим любимым с ней мы тосковали
Чёрные ресницы, чёрные глаза.
По своим любимым с ней мы тосковали
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Много глаз девичьих у родной России
Их как звёзд на небе – сосчитать нельзя
Но во всей России лишь один такие
Чёрные ресницы, чёрные глаза.
Но во всей России лишь один такие
Чёрные ресницы, чёрные глаза.

Petites nouvelles russes - Etoile rouge

Voici que le train s’était éloigné et que le grincement des rails s’était tu.
Et la chanson, celle que tous nous chantions, résonnait, brillante
Aussi brillante que les larmes de la chère jeune fille
Aux cils noirs, aux yeux noirs.

Le chemin parcouru est bien long, bien des années sont passées,
Mais cette chanson vole dans le sillage du train.
Et la nuit, jusqu'à présent encore, dans mon cœur résonne
La chanson de ces années de guerre mémorables.

Nous l'avons chantée quand nous faisions halte la nuit.
Portant tendrement cette chanson dans nos cœurs,
Avec elle, nous nous languissions de nos bien-aimées -
Aux cils noirs, aux yeux noirs.

Nombreuses sont les filles de Russie aux beaux yeux,
Aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel –
Si nombreuses qu'on ne peut les compter.
Mais dans toute la Russie, il n'y en a qu'une qui ait de tels
Cils noirs, de tels yeux noirs.

Selon d’autres sources en effet, ce serait le poète Nicolas Dorizo (Николай Константинович Доризо) (1923-2011) qui serait l’auteur du texte original et l’aurait écrit à l’âge de 16 ans – en 1939 ou 1940…

C’est d’ailleurs sur ses paroles que fut réalisé en 1951, à ma connaissance, le premier enregistrement de la chanson par Vladimir Trochine (Владимир Константинович Трошин) (1926-2008). Mais ceci reste à confirmer…

Cils noirs, yeux noirs, interprété par Vladimir Trochine (Владимир Трошин), 1951

Quel fut véritablement l’auteur des paroles de la chanson ‘Cils noirs, yeux noirs’ ? voilà qui est aujourd'hui encore difficile à déterminer : chacun peut être tenté de considérer qu'une bonne chanson est la sienne… Lire (en russe)...

Petites nouvelles russes - Etoile rouge

Dans la clairière

На полянке

(1944)
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Musique d’Albert Harris - Музыка: Альберт Гаррис

Paroles de Iouri Tséïtline - Слова: Юрий Цейтлин

На полянке возле школы
Встали танки на привал,
И гармошки зов весёлый
Всю деревню вмиг собрал.

От полудня до заката
Заливался гармонист
Разрумянились девчата:
«Хорошо как играет танкист!»

А потом гармонь в сторонку
Парень с шумом отложил
И с курносенькой девчонкой
Он шутя заговорил:

«Подари мне на прощанье
Взгляд твоих чудесных глаз!
Предстоит нам расставанье —
Мы на запад уходим сейчас!

А когда покончим с немцем
Буду я с войны идти,
Но меня потянет сердце
Вот по этому пути.

Как услышишь ты гармошку —
Это значит, я иду.
Только выглянешь в окошко
И тебя я с собою возьму!»

Уж давно умчались танки,
Но такое не забыть.
И с тех пор на ту полянку
Ходит девушка грустить.

Часто там она встречает
Утра розовый рассвет
Речь танкиста вспоминает:
Может шутка, а может быть нет...

Petites nouvelles russes - Etoile rouge

Dans une clairière près de l'école
Les chars ont fait halte un moment,
Et à l'appel joyeux de l'accordéon
En un instant, tout le village s’est rassemblé.

De midi au coucher du soleil
L'accordéoniste jouait
Et les filles rougissaient :
« Comme il joue bien le tankiste ! »

Et puis, dans le son du soufflet,
Le gars a posé son accordéon
Et s’adressant à la fille au nez retroussé
Il lui dit en plaisantant :

« Avant que de partir
Offre-moi ton regard, tes yeux si merveilleux !
Nous devons nous séparer -
Nous partons vers l'ouest à présent !

« Mais quand on en aura fini avec les Allemands
Je reviendrai de la guerre,
Et mon cœur aspirera
A revenir vers toi.

« Quand tu entendras l'accordéon
Ça voudra dire que je serai de retour.
Regarde alors juste par la fenêtre
Et je te prendrai avec moi ! »

Les chars depuis longtemps sont repartis,
Mais elle ne peut oublier.
Et depuis lors dans cette clairière
La fille se promène, toute triste.

Elle y croise souvent
L’aube rosée du matin
Et elle se souvient des phrases du tankiste :
Peut-être n’était-ce qu’une blague, peut-être pas ?...

La mélodie de la chanson traverse, comme un leïtmotiv, le film de Piotr Todorovski (Пётр Ефимович Тодоровский) ‘Fidélité’ (Верность) réalisé en 1965, qui remporta, cette année-là, le prix du meilleur premier film à la Mostra de Venise. Pourtant, le nom de son compositeur, d’Albert Harris, ne figure nulle part dans le générique du film… Etrange oubli ?

Visionner sur Youtube dans son intégralité (en russe) le film ‘Fidélité’ (Верность) (1965).

Petites nouvelles russes - Valses de guerre - Верность
Affiche du film 'La fidélité' (Верность), réalisé par Piotr Todorovski en 1965
Petites nouvelles russes - Valses de guerre - Albert Harris
Albert Harris ((1911-1974))

Albert Harris, un musicien juif errant…

Albert Harris (1911-1974), de son véritable nom Aaron Hekelmann, était un Juif polonais né à Varsovie. Il rejoint l’URSS durant la Grande guerre patriotique, période pendant laquelle il compose plusieurs chants de guerre dont, en 1943, ‘Les Partisans’ (Партизаны) – Ecouter sur Youtube -, sur des paroles de Vladimir Dykhovitchny (Владимир Абрамович Дыховичный). En janvier 1945, Albert Harris quitte illégalement – et définitivement - l’Union soviétique et retourne en Pologne, nouvellement libérée de l’occupant nazi. En 1950, il fuit à nouveau la Pologne alors sous le joug soviétique et séjourne dans différents pays avant de s’installer aux Etats-Unis. C’est là qu’il décédera en 1974 dans l’anonymat le plus complet.

Pour en savoir plus (en russe) : Histoire de la chanson ‘Dans la clairière’.

Dans la clairière (На полянке), interprétée par Guéorgi Vinogradov (Георгий Виноградов) en 1965.

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