Deux guitares – Rien ne va !

 Deux guitares - Две гитары

Quand 'Plus rien ne va !'

Vladimir Vyssotski, 'La tsigane' (Цыганская) - 1967
extrait du film Courtes rencontres (Короткие встречи), réalisé par Koura Mouratov

Vladimir Vyssotski (1938 – 1980) est un des rares chanteurs russes de variété à avoir acquis une notoriété certaine à l’extérieur de son pays – à l’époque, on parlait de l’URSS. Son mariage avec la française Marina Vlady lui a permis de séjourner dans notre pays et d'y faire connaître son répertoire.

Longtemps, à quelques exceptions près, ses chansons furent interdites en Union soviétique, ses textes ne s'inscrivant pas dans les canons voulus par le système. Il est donc parfois difficile de connaître la date exacte de composition de toutes ses œuvres. Certaines ne seront officiellement diffusées dans le commerce que bien après sa mort, après la chute de l’URSS…

Vladimir Vyssotski semble avoir beaucoup appréciée ‘Deux guitares’, puisqu'il aurait enregistré jusqu'à 34 (!) versions de la chanson entre 1967 et 1979 (dont une en français). Les premières reprenant les paroles traditionnelles, librement inspirées par les vers d’Apollon Grigoriev.

Vladimir Vyssotski, Parle-moi donc, guitare !
(Поговори хоть ты со мной), 1967

Поговори хоть ты со мной, гитара,
Гитара семиструнная, вся душа,
Вся душа полна тобой, а ночь,
А ночь такая лунная.

Эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много раз.

В чистом поле васильки
Вам, дальняя дорога.
Эх сердце стонет от тоски,
А в глазах тревога.

Эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много раз.

На горе стоит ольха, а под горою вишня.
Полюбил цыганку я, а она, она замуж вышла.

Эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много раз.

У меня жена была, она меня любила.
Изменила только раз, а потом решила.

Эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много раз.

Если вас целуют раз,
вы наверно вскрикните,
Эх раз, да ещё раз,
а потом привыкните.

Эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много раз.

Parle-moi donc, guitare !
Guitare aux sept cordes : toute mon âme,
Toute mon âme est pénétrée par toi. Et la nuit,
La nuit s’illumine d’une lune pleine.

Allez, encore une fois,
Oui, encore de nombreuses, nombreuses fois.

Pour vous une plaine couverte de bleuets
et une longue route,
Le cœur est affligé
et l'anxiété trouble les yeux.

Allez, encore une fois,
Oui, encore de nombreuses, nombreuses fois.

Sur la montagne ne se dresse qu’un seul aune,
Et plus bas seulement un cerisier.
J’ai aimé la Tzigane,
mais elle a préféré se marier avec un autre.
Allez, encore une fois,…

J’ai épousé une femme qui m’aimait.
Elle ne m’a trompé qu’une fois,
et puis elle a recommencé...

Encore une fois,
Oui, encore de nombreuses, nombreuses fois.

Si on vous embrasse une seule fois,
peut-être sursauterez-vous,
une fois, et puis encore une fois...
ensuite vous vous y habituerez.

Allez, encore une fois,
Oui, encore de nombreuses, nombreuses fois.

Rien ne va comme il faudrait !

L’enregistrement le plus connu, ‘Rien ne va comme il faudrait’ (Всё не так, как надо) date de 1977 et fut gravé en France. Son texte , ‘existentialiste’, s’éloigne considérablement des poèmes originaux d’Apollon Grigoriev – même si on y retrouve certaines allusions.

В сон мне – жёлтые огни,
И хриплю во сне я:
– Повремени, повремени, –
Утро мудренее!
Но и утром всё не так,
Нет того веселья:
Или куришь натощак,
Или пьёшь с похмелья.

Да, эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много-много раз.
Да ещё раз, или пьёшь с похмелья.

В кабаках – зелёный штоф,
И белые салфетки.
Рай для нищих и шутов,
Мне ж – как птице в клетке!
В церкви смрад и полумрак,
Дьяки курят ладан.
Нет! И в церкви всё не так,
Всё не так, как надо.

Эх раз, раз, да ещё раз,
Да ещё много-много-много раз.
Да ещё раз, всё не так, как надо.

Я – на гору впопыхах,
Чтоб чего не вышло.
А на горе стоит ольха,
А под горою вишня.
Хоть бы склон увить плющом,
Мне б и то отрада,
Хоть бы что-нибудь ещё.
Всё не так, как надо!

Эх раз, раз, да ещё раз,...

Я тогда по полю, вдоль реки.
Света – тьма, нет бога!
А в чистом поле васильки,
Дальняя дорога.
Вдоль дороги – лес густой
С Бабами-Ягами,
А в конце дороги той –
Плаха с топорами.

Эх раз, раз, да ещё раз,...

Где-то кони пляшут в такт,
Нехотя и плавно.
Вдоль дороги всё не так,
А в конце – подавно.
И ни церковь, ни кабак –
Ничего не свято!
Нет, ребята, всё не так,
Всё не так, ребята!

Эх, раз, да ещё раз,
Да ещё много, много-много-много раз,
Да ещё раз: Всё не так, ребята!

Dans mon rêve, dans les feux des gyrophares,
Je râle. Dans mon sommeil je me répète :
Pas tout de suite, juste attendre un peu,
Au matin tout devrait finir par s’éclaircir...
Mais quand arrive le matin rien ne va,
Je n’y trouve aucune joie :
Ou bien fumer à jeun,
Ou boire encore avec une bonne gueule de bois,

Allez, une fois, encore une fois,
Encore de nombreuses, nombreuses fois !
Oui encore une fois ou bien boire avec une gueule de bois

Dans les troquets aux murs vert damassé,
Dans les troquets aux serviettes blanches,
Paradis pour les mendiants et les bouffons,
Je tourne comme un oiseau en cage !
Dans la puanteur et la pénombre des églises,
Où des diacres font brûler l’encens,
Rien ne va ! Non, même dans les églises,
Rien ne va comme il faudrait.

Allez, une fois, encore une fois...
Oui encore de nombreuses, nombreuses fois !
Encore une fois, rien ne va comme il faudrait.

J’ai escaladé en toute hâte la montagne,
Pour que rien de mal n’arrive.
Mais sur la montagne je n’y voit qu’un seul aulne,
Seul plus bas pousse un cerisier.
Ah, si la pente pouvait se couvrir de lierre,
Cela serait déjà bien suffisant pour moi !
Juste y trouver encore quelque chose !
Mais là-haut aussi rien ne va comme il faudrait !

Allez, une fois, encore une fois...

J’irai donc par les champs, le long de la rivière,
Dans une nuée de lumière, et sans dieu aucun :
Seulement dans la plaine des bleuets à perte de vue,
Seulement la longue route.
Mais le long de la route la forêt est profonde -
C’est le domaine des sorcières maléfiques -,
Et au bout de cette route juste
Le billot du bourreau et ses haches qui m’attendent.

Allez, une fois, encore une fois...

Quelque part, là où des chevaux marquent le pas
Et dansent sans entrain, lentement,
Tout au long de cette route rien ne va,
Et au bout, à la fin, c’est pire encore  !
Il n’y a aucune église, aucun troquet,
Rien de sacré !
Rien, les gars, plus rien ne va !
Plus rien ne va, les gars !

Allez, une fois, encore une fois...
Oui encore de nombreuses, nombreuses fois !
Oui, encore une fois : rien ne va comme il faudrait, les gars.

Deux guitares… en version française

Vladimir Vyssotski a enregistré une version en langue française de sa chanson… à mon avis, moins convaincante...

Vladimir Vyssotski, Plus rien de va !
(version française de Charles Level, 1977)

Voici enfin une autre version de 'Deux guitares' en français, chantée celle-là par Charles Aznavour, un Arménien d’origine et donc… presque un Tsigane !

3 commentaires

Laisser un commentaire/Оставить комментарий

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *