Valse de guerre – La valse du hasard
La valse du hasard, interprétée par Valentina Tolkounova (Валентина Толкунова)
La valse du hasard
Случайный вальс
(1943)
Paroles de Evguèni Dolmatovski - Слова: Евгений Долматовский
Musique de Marc Fradkine - Музыка: Марк Фрадкин
Dansons jusqu'au matin...
Ночь коротка,
Спят облака,
И лежит у меня на ладони
Незнакомая ваша рука.
После тревог
Спит городок.
Я услышал мелодию вальса
И сюда заглянул на часок.
Припев:
Хоть я с вами почти не знаком,
И далеко отсюда мой дом,
Я как будто бы снова
Возле дома родного.
В этом зале пустом
Мы танцуем вдвоём,
Так скажите хоть слово,
Сам не знаю о чём.
Будем кружить,
Петь и дружить,
Я совсем танцевать разучился
И прошу вас меня извинить.
Утро зовёт
Снова в поход.
Покидая ваш маленький город,
Я пройду мимо ваших ворот.
La nuit est courte,
les nuages dorment
Et je serre dans ma paume
Votre main étrangère.
Après l'alarme,
La petite ville s'est endormie,
J'ai entendu la mélodie d'une valse
Et là je m'y suis arrêté un moment.
Refrain :
Bien que je vous connaisse à peine,
Et que mon foyer est bien loin d'ici,
C'est comme si j'étais de retour
Dans la maison qui m’a vu naître...
Dans cette salle vide
Nous dansons tous les deux,
Alors dites-moi au moins un mot,
Je ne sais quoi, peu importe...
Nous allons être amis,
Chanter et valser.
J'ai complètement oublié comment danser
Et je vous demande de me pardonner.
Le matin appelle
De nouveau à reprendre la marche,
En quittant votre petite ville,
Je passerai devant votre porte.
En février 1942, le poète Evguèni Dolmatovski (Евгений Аронович Долматовский) (1915-1994) publia dans le journal "Armée rouge" (Красная армия) un poème intitulé "Danser jusqu'au matin" (Танцы до утра). Au cours de l’année 1943, dans les tourments de la guerre, le poème fut adapté musicalement, en collaboration avec le compositeur Marc Fradkine (Марк Григорьевич Фрадкин) (1914-1990).
L'histoire vraie d'une brève rencontre :
Dans ses mémoires, Dolmatovski a rapporté que l’évènement relaté dans la chanson était associée à un fait réel que lui avait raconté Marc Fradkine.
Un pilote de l’aviation soviétique traversait un soir un village prés du front. Le pilote entendit de la musique et, s’approchant, il vit un groupe de jeunes gens qui dansait. Il y avait-là une fille toute seule et le jeune pilote l’invita a danser sur l’air d’une valse. La fille s'appelait Zina.
Mais bientôt, ils durent se dire au revoir. Dehors, le chauffeur qui conduisait le jeune pilote klaxonnait. Après avoir rapporté cette brève rencontre à Fradkine, le pilote lui aurait déclaré : « Vous, les compositeurs qui composez des chansons, j'ai une demande : écrivez une chanson sur ce que je viens de raconter. Si vous décrivez tout exactement Zina comprendra qu'il s'agit d'elle et de moi. Peut-être qu'elle l’entendra, qu’elle répondra. » Et en effet, la jeune fille écrivit à la radio pour avoir les coordonnées du pilote…
La fin de la romance est plus triste. Entre temps, lors d’un vol de reconnaissance le 8 septembre 1943, le jeune pilote de 28 ans - Vassili Vassiliev (Василий Васильев) – avait trouvé la mort, ainsi que tout son équipage. La lettre de Zina resta ainsi à jamais sans réponse.
La valse du hasard, interprétée par Evguéni Beliaev (Евгений Беляев), 1977
Une chanson longtemps interdite d'antenne :
La chanson, quant à elle, connut un sort difficile. Son titre originel : "La valse de l’officier" (Офицерский вальс) et les paroles durent être modifiés à la demande, semble-t-il, de Joseph Staline en personne.
La version originale débutait par ces lignes :
Ночь коротка,
Спят облака,
И лежит у меня на погоне
Незнакомая ваша рука.
La nuit est courte,
Les nuages dorment,
Et sur mes épaulettes
Votre main inconnue s’est posée.
Le dictateur soviétique, après avoir écouté la chanson, aurait déclaré : « Comment la main d’une fille fragile peut-elle se poser sur l'épaule d'un officier ? C'est un géant. Veut-on humilier notre armée ? Et pourquoi l’avez-vous appelé la valse ‘La valse de l’officier’ ? Un officier doit se battre, et non danser... » En 1946, la chanson fut interdite et il fallut attendre la mort du dictateur et le dégel sous Khrouchtchev pour qu’on l’entendît à nouveau.
Pour en savoir plus (en russe), lire : La chanson 'la valse du hasard'.